Le dernier voyage du Hindenburg

« sabotage.

Les survivants de l'équipage furent très peu coopérants lorsqu'ils furent interrogés sur ce point.

On apprit, après la Seconde Guerre mondiale, qu'Hermann Goering, commandant supérieur des forces aériennes na­ zies, avait envoyé des instructions aux hommes de l' Hin­ denburg: 'Ils ne devaient pas chercher à trouver une ex­ plication!' Même en dehors de l'hypothèse de sabotage, la perte du dirigeable était déjà un sérieux coup pour le prestige de l'Allemagne nazie.

Mais, s'il devait apparaître qu'un saboteur ennemi avait pu traverser le cordon de sé­ curité dont on entourait le dirigeable, cette révélation au­ rait pu être notablement plus Vexante pour l'Allemagne, de même qu'elle aurait pu aussi être un stimulant pour des mouvements de résistance contre les nazis.

Pour cette raison, on garda le silence.

Aucun soupçon ne se mani­ festa.

Un des officiers du Hindenburg se souvint beau­ coup plus tard des instructions qu'il avait reçues.

'Ne donnez pas d'opinions.

Répondez uniquement aux ques­ tions.

Rien de plus.' Avant le dernier voyage du Hindenburg, il n'y avait ja­ mais eu de victimes parmi les passagers des dirigeables al­ lemands utilisés au transport de passagers civils.

Le Graf Zeppelin, le dirigeable le mieux réussi de tout ce qui fut construit, entra en service en 1928 et effectua 590 vols en neuf ans.

Il transporta seize mille passagers et parcourut 1694903 km.

La construction du Hindenburg avait commencé en 1931.

Spécialement prévu pour la traversée de l'océan Atlan­ tique, il pouvait transporter soixante-dix passagers et treize tonnes de frêt.

Les cabines, promenoirs et salons A gauche : Le Hindenburg était l'or­ gueil de l'Allemagne nazie.

Nous voyons ici le dirigeable sur l'aérodro­ me de Francfort peu avant son der­ nier voyage .

A droite: Le luxueux salon du Hin­ denburg.

Ci-dessous : Le capitaine Pruss (à gauche}, commandant du Hinden­ burg dans la cabine de pilotage.

étaient particulièrement élégants.

Dans le bar, il y avait même un petit piano léger en aluminium.

Le point faible du Hindenburg consistait évidemment dans ses 250 000 m3 d'hydrogène hautement inflamma­ bles, qui remplissaient les seize réservoirs à gaz.

Le projet initial du docteur Eckener prévoyait l'utilisation d'hé­ lium, gaz ininflammable.

A cette époque, les Etats-Unis avaient l'exclusivité de la fabrication de l'hélium.

Et, de­ puis la prise de pouvoir par Hitler en 1933, les Améri­ cains refusaient toute licence d'exportation pour ce gaz d'importance stratégique.

Les réservoirs à gaz du Hindenburg durent par consé­ quent être modifiés, cependant que les instructions pour la prévention des incendies devinrent plus sévères.

Le personnel portait des chaussures avec semelles de cordes et des vêtements en éUlliante antistatique.

Les passagers devaient remettre toutes leurs allumettes et tous leurs briquets avant d'embarquer; au fumoir, particulièrement isolé, le steward allumait cigares et cigarettes avec un briquet spécial.

Le Hindenburg entra en service en mai 1936 et fit de nombreux voyages vers Lakehurst et Rio de Janeiro sans accident.

Il était toujours complet.

Ce ne fut cependant pas le cas du voyage du 3 mai 1937, qui devait partir de Francfort vers 1 'Amérique du Nord.

Pour conserver les apparences et ne pas permettre un voyage avec un appa­ reil aux trois quarts vide, les autorités donnèrent des pla­ ces gratuites à diverses personnes présentes.

Parmi les bé­ néficiaires, quelques-uns avaient poliment refusé.

C'était étrange.

Il semblait que le public était au courant d'un. »