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Des artistes pour quoi faire ?

Publié le 08/04/2004

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La question initiale interrogeait la fonction des artistes et l’utilité de leurs productions, remettant en question l’activité artistique comme métier. S’il est vrai que l’intérêt de cette activité n’apparaît pas au premier coup d’œil, et surtout lorsqu’on la compare à des productions techniques considérées comme de plus en plus indispensables, que celle-ci s’exprime essentiellement dans le jeu et la représentation, tous deux éloignés de la réalité quotidienne, il n’en reste pas moins certain qu’elle nous ouvre d’autres espaces inconnus, donne sens à d’autres réalités sans doute peu conformes à notre raison mais susceptibles de nous faire découvrir notre goût pour la liberté. La fonction artistique ne répond certes pas à un besoin économique et social mais à un besoin spirituel de l’homme. L’artiste nous fait sortir de la sphère de l’utilité et nous entraîne dans celle du sens ? D’un sens ouvert à tous par la création, par l’émotion, par le rêve, d’un sens non pas indéfini mais infini, au-delà du temps et de l’espace. C’est peut-être ce qui explique que les artistes ne pourront jamais être chassés définitivement d’aucune cité car ils offrent à tous les hommes la possibilité exceptionnelle de satisfaire leur désir d’absolu et de liberté. Face à la montée d’un utilitarisme excessif qui risque fort d’engendrer une déshumanisation, les artistes nous aident à nous élever à notre humanité véritable et à nous réaliser pleinement. Ce qu’ils font ne sert à rien d’autre qu’à nous faire plus humains encore, ce qui reste pleinement nécessaire (barbarie lors de la shoah)

* Le mot "artiste" désigne une activité spécifique et particulière dont il s'agit de problématiser l'utilité et la finalité.    * Caractère polémique de la question: les artistes n'ont-ils pas une pratique déterminée? Sont-ils productifs ? Leur pratique est-elle si peu définie au point qu'on puisse s'interroger sur son sens?    * Formulation du sujet ambivalente et ambiguë:

 - "pour quoi faire": pour faire quel type d'objet, pour exercer quelle activité? et à quoi servent les artistes ?

  • 1. Les buts (de fait et/ou de droit) des activités artistiques.
  • 2. Travail et art.
  • 3. Les artistes comme travailleurs spécialisés : spéculation, aliénation et déshumanisation du travail et des travailleurs ; voire, mise en cause de l'art comme « supplément d'âme «.

 

« Éléments de réponse et de réflexion: Réflexions préalables:Dans sa vivacité polémique, la question semble refléter l'incompréhension, les malentendus dont la créationartistique et le statut de l'artiste dans une société -utilitariste et pragmatique- peuvent faire l'objet.

Il convient dedégager la spécificité et l'originalité de la création d'art: émancipation, autonomie à l'égard de toutes normes,particularité de la contemplation esthétique, vision recréatrice de l'univers...

En cela, l'esthétisme permet à l'hommede se dépasser lui-même, de s'affranchir de la contingence culturelle, idéologique, économique, en un mot,temporelle.

D'où résulte un pouvoir de distanciation face à des faits singuliers et une propension à atteindre l'Absolu(cf.Hegel). Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegeldéfinit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparitiondu christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. LA CONDITION DE L'ARTISTELes lieux communs sur l'artiste.Évitez de tomber dans la mythologie de l'artiste : génial, libre sous tous rapports, « créant » sous le coup del'inspiration, puis reprenant aussitôt une vie nonchalante et bohème. La réalité de la condition de l'artiste.Les grands artistes ont presque toujours fait preuve :a) d'un travail acharné — parfois pressés par des commandes qui leur permettaient de subsister, sinon contraintspar un puissant (cf.

Michel-Ange, retenu à Rome par le pape Jules II et peignant le plafond de la chapelle Sixtine,1609/1611);b) d'un intérêt pour les œuvres de leurs prédécesseurs (les jeunes peintres s'exercent à reproduire les tableaux des. »

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