Des catalogues de complaintes

« éditeur), qui avait fait connaître une civili­ sation dont, par le monde juif et le monde grec, nous sommes, sans le sav'Oir toujours, les héritiers lointains.

Littérature anglaise Une biographie de Malcolm Lowry C'est en 1957 que Malcolm Lowry est mort, pour avoir trop absorbé de drogues et s'être trop adonné aux plaisirs de l'alcool .

Des cures de désintoxication n'avaient pas pu venir à bout de son obsession de la boisson et du mescal.

Il était né en 1909, à Liscard, dans le Cheshire.

Après des études menées rondement, il se fait matelot, et la mer, les voyages, le long chemine­ ment des bateaux, où il se reconnaît, lui inspi­ rent son premier ouvrage, Ultra-marine, vérita ·· ble quête de soi-même à travers les événements de la vie, quête qui deviendra le thème majeur de son œuvre.

Lowry, déjà adonné à la boisson, va passer son existence à s'interroger sur lui­ même , à tenter de se découvrir, à vouloir dé­ passer son écartèlement : l'amitié, l'amour, les départs l'y aideront.

En Espagne, où il fit un voyage mémorable, il rencontra sa première femme et partit avec elle pour le Mexique où la déchirante aventure qu'il vit lui fait écrire les premières pages de ce qui sera son princi­ pal livre : Au-dessous du volcan.

Entrepris en 1936, celui-ci sera maintes fois recommencé.

Il faudra dix ans à Lowry pour l'écrire, dix an­ nées qui sont, auprès de sa seconde femme, les plus âpres qu'il ait vécues.

Instable, fé'brile, il a du mal à se fixer, mais là où il tente de se fixer, à Dollarton, en Colombie-britannique, tou­ tes les difficultés semblent se liguer contre lui : la pauvreté, l'incendie, les inondations.

L'alcool et la drogue l'aident à surmonter, avec quelques amis fidèles et quelques rencontres heureuses, la misère morale et la maladie.

En 1946, paraît son livre, qui sera traduit en fran­ çais en 1949.

Etrange chef-d'œuvre , brftlant, bruyant, plein de phrases magiques , plein de mystères, il séduit à la passion une partie des lecteurs et répugne, sans demi-mesure, aux autres.

Y a-t-il une clé ? Où est-elle ? Malcolm Lowry entraîne l'imagination dans des labyrin­ thes touffus où elle se perd.

Influencé d'abord par Melville dont il partage le goût de la mer, par Conrad aussi qu'il admirait beaucoup, il devait être encore plus déterminé par l'amitié qui le lia au poète américain Aiken dont les modes d'expression firent une forte influence sur lui.

Mais si on trouve ainsi quelques modè­ les on comprend qu'ils n'ont servi que de réac­ teurs et mis l'écrivain en demeure de découvrir dans le langage le secret de lui-même.

Mais le trouva-t -il jamais ? C'est la question qu'on peut se poser au terme de cette première biogra­ phie de l'écrivain, due à Douglas Day (chez Bu­ chet-Chastel, 49,80 F).

Littérature américaine L'épopée de la liberté impossible La liberté, celle des grands espaces américains, celle des pionniers ivres de conquête n'existe plus, pas plus aux Etats-Unis qu'ailleurs .

C'est un rêve perdu , mais un rêve obsédant qui, au lendemain de la guerre a jeté sur les routes, dans une grande aventure, toute une jeunesse qui essayait de s'y retrouver dans un monde où elle ne trouvait plus ses assises.

Ainsi naquit cette beat generation dont le principal porte­ paroles vient de faire l'objet d'une longue étude détaillée : Kérouac le vagabond, d'Ann Char­ ters (aux éditions Gallimard dans la collection « Du monde entier », 45 F).

Kérouac, ou plutôt Jean-Louis Lebris de Ké­ rouac est né en 1922, à Lowell {Massachussets), dans une famille franco-canadienne d'origine bretonne.

Son ascendance celte explique-t-elle le mysticisme qui a donné à son œuvre sa pro­ fondeur singulière et son étrangeté 't La bau­ tise d'autre chose, d'une autre existence, d'uu « ailleurs » le jette sur les routes.

Il y fait des rencontres étranges, un certain Neal qui est le héros d'On the raad (Sur la route), personnage en rupture de société et qui mène sa vie en va­ gabond, à bord de vieilles voitures fourbues, au milieu de filles faciles, dans une sorte de fuite éperdue de la réalité.

Auprès de cet être coloré, Kérouac a attrapé le virus du désen­ chantement.

Il tâte un peu de l'étude à Colum­ bia, s'engage dans la marine marchande puis dans l'US Navy et découvre sa vocation d'écri­ vain.

Il va écrire sa vie, celle des siens, celle des gens qu'il rencontre et en faire la grande épopée moderne de la liberté impossible.

Toute une foule malade de la civilisation grouille dans son œuvre, des ·poètes surréalistes , des homo­ sexuels, des prostituées, des clochards, sa mère, son père, son frère et, par-dessus tout, avec le bruit lancinant des moteurs, la route, cette route perpétuelle qui sert de décor à la vie de l'écrivain comme à celle de tant d'autres qu'il rencontre.

Ce n'est pas parce que Kérouac a mis à la mode le zen, la drogue et les errances qu'il faut le prendre pour un hippie.

Ce grand poète de l'impuissance est un écrivain de race et non un râté; il a su dépasser sa misèr-e pour en faire , à travers le langage, l'expression J nême de sa propre liberté toujours remise en ques­ tion.

Tristena, Bharma Burns, Desolation An­ gels, Lonesome, etc., tous ces livres aux titres romantiques sont des chefs-d'Œuvre d'écriture; les mots sont des trouvailles où résonnent dans un rythme syncopé, tous les bruits du siècle, un chant sur fond de musique pop où éclate l'obsession de la chair, de la drogue et de JDieu .

Cette expérience manquée, Kérouac a v oui u la mener jusqu'au bout, presque toujours seul, jusqu'aux frontières de la folie et jusqu'à la mort.

Il est mort en 1969.. »