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Y a-t-il des choix absolument définitifs ?

Publié le 25/01/2004

Extrait du document

Le premier se précipite sur un pouvoir tyrannique abominable... sa vie ne sera qu'une suite d'horreurs.► 3. L'idée impliquée par ce mythe est celle de notre destinée personnelle. Chacun sent que son existence, même à travers les changements les plus importants, voulus ou subis, a une unité : «mon» enfance, «ma» jeunesse, «mon» apprentissage, «mes» diplômes, «mes» amis, etc. ; tous les aspects successifs sont précisément des aspects parce que je les rattache à ma personne, même quand je n'y pense pas explicitement. C'est pourquoi le mythe platonicien du choix de la destinée se retrouvera chez d'autres penseurs, avec des expressions différentes (« choix nouménal» chez Kant, par exemple). Une sorte d'unité cachée soude les événements, les décisions, les réalisations d'une vie.La notion de choix un et définitif correspond au désir d'affirmer la cohérence de l'existence personnelle et de donner à la liberté le plus grand pouvoir possible ; il résulte d'une sorte de logique de l'existence.Cependant les faits débordent la logique.

« perfection (c'est ce qu' Aristote explique dans l'Éthique à Nicomaque, I, 6).

Mais est-il possible de comprendre ce déroulement? Est-ce désordonné ou logique? N'y a-t-il aucune unité en notrevie personnelle?Dans le mythe final de la République Platon décrit les âmes aux Enfers (lieuxsacrés, à ne pas confondre avec l'enfer satanique), devant le choix de leurdestinée terrestre à venir : les «lots» sont devant elles, en très grandnombre, dans une grande diversité; «Chacun est responsable de son choix;Dieu est innocent, hors de cause.» Le premier se précipite sur un pouvoirtyrannique abominable...

sa vie ne sera qu'une suite d'horreurs. 3.

L'idée impliquée par ce mythe est celle de notre destinée personnelle.Chacun sent que son existence, même à travers les changements les plusimportants, voulus ou subis, a une unité : «mon» enfance, «ma» jeunesse,«mon» apprentissage, «mes» diplômes, «mes» amis, etc.

; tous les aspectssuccessifs sont précisément des aspects parce que je les rattache à mapersonne, même quand je n'y pense pas explicitement.

C'est pourquoi lemythe platonicien du choix de la destinée se retrouvera chez d'autrespenseurs, avec des expressions différentes (« choix nouménal» chez Kant,par exemple).

Une sorte d'unité cachée soude les événements, les décisions,les réalisations d'une vie.La notion de choix un et définitif correspond au désir d'affirmer la cohérencede l'existence personnelle et de donner à la liberté le plus grand pouvoirpossible ; il résulte d'une sorte de logique de l'existence.Cependant les faits débordent la logique.

En voici un seul exemple, celui de Jacques Fesch ; cet homme donned'abord l'image du «scélérat de naissance» : il a abandonné femme et enfant, dilapidé l'argent donné par sa mère,préparé un vol ; celui-ci a mal tourné, Fesch a assommé un homme à coups de marteau, tué un gardien de la paix.En prison, il se convertit, fait une ascension morale et spirituelle.

La conversion est un retournement de l'être (lesGrecs employaient le terme métanoïa, qui implique la notion de changement).Il faut donc reconnaître que notre liberté est vivante, temporelle; le mythe est faux parce qu'il durcit l'unitépersonnelle en supprimant la durée réelle de la vie ; il fait du temps une illusion, alors que c'est la condition de notreexistence.

Cependant, si notre liberté n'est pas fixée par un choix définitif, a-t-elle le pouvoir d'aller vers un étatdéfinitif? 2.

Être définitivement dans le Bien? 1.

La conversion de Jacques Fesch en prison a précédé de peu sa montée à l'échafaud (nuit du 30 septembre auln octobre 1957) à laquelle il aspirait pour deux raisons : expier (se racheter) ; aller vers le Christ, au Paradis.

Lemystère d'une conversion religieuse s'inscrit dans le mystère de la foi ; l'existence de Jacques Fesch était alorsparvenue à sa fin, elle se trouvait presque hors du temps, le terme étant tout proche.

La philosophie, devant cefait, ne peut que constater ce qui s'est passé ; elle n'a pas le pouvoir de l'expliquer, ni le moyen rationneld'enseigner, de communiquer ce chemin.

Pourquoi cela lui échappe-t-il? Sans doute parce que si elle croyaitl'expliquer elle le ramènerait à des éléments que nous pourrions maîtriser, qui se situeraient dans le déroulement denotre durée ; or on constate dans la verticalité de la conversion définitive une sortie du temps, une ascensionabrupte, une fois pour toutes – et non ce progrès dans la vertu qui est menacé de retomber : Aristote avait lasagesse de nous conseiller d'attendre la fin... 2.

Mais le Sage? Spinoza ne décrit-il pas un état de liberté parfaite etbienheureuse ?La béatitude n'est pas la récompense de la vertu, mais c'est la vertu elle-même ; elle nous met dans la joie non parce que nous réprimons les attraitsdu plaisir (libidines) : au contraire, c'est parce que nous vivons dans cettejoie que nous pouvons réprimer ces attraits (Éthique, V, 42);Dans la démonstration de cette proposition, il précise que le pouvoir deréprimer les attraits du plaisir (désordonné) «se lève» (oritur) avec labéatitude ; autrement dit, ce pouvoir de la parfaite Vertu écarte touteretombée.

Le scolie final souligne combien le Sage est puissant.

La voie quimène à cette béatitude paraît très difficile dans la mesure où on ne l'a pasdécouverte.Comment la découvrir? Comment sortir de la triste existence de ceux qui vontau hasard, « ballottés par les événements» (même scolie final)? Le Sage «selaisse peu entraîner par l'émotion» dit ce même scolie, qui précise : « En tant qu'on le considère comme tel », ce qui signifie que l'existant réel (par exempleSpinoza lui-même) ne coïncide pas parfaitement avec la sagesse.

«Il se laissepeu entraîner» : il n'a pas anéanti en lui tout désordre de l'émotion.

Il vitencore dans le temps.

«Dieu seul est sage », disait Pythagore . 3.

Un choix définitivement fixé dans le Bien ferait disparaître la puissance de choisir, qui serait seulement unecondition transitoire ; il faudrait situer le choix sur le terrain d'une lutte entre les passions et la volonté du Bien.

Cetantagonisme serait la condition d'une liberté imparfaite ; être devenu réellement libre, ce serait alors sortir, par la. »

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