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DES MÉTHODES DIFFÉRENTES QUI ONT ÉTÉ SUIVIES JUSQU'ICI DANS LES RECHERCHES PHILOSOPHIQUES. — DE LA VRAIE MÉTHODE PHILOSOPHIQUE.

Publié le 15/06/2011

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I. Réflexions sur les rapports généraux du Bon Sens, de la Révélation et de la Philosophie.

1. Comme les plus grandes vérités sur l'âme et sur Dieu ne sont pas connues seulement par la philosophie , il faut, avant de s'occuper de la méthode philosophique , distinguer la philosophie elle-même des autres voies par lesquelles nous arrivons à ces vérités. 2. Les vérités principales sur la nature de Dieu et sur la nature de l'homme sont d'une immense importance pour nous , puisqu'elles se rapportent en définitive à nos éternelles destinées; et, en raison de cette importance, elles n'ont pas été abandonnées aux lenteurs et aux incertitudes par lesquelles la science humaine est obligée de passer. Dieu a mis l'homme en possession de ces vérités par deux voies plus promptes et plus sûres. 3. D'une part nous avons le bon sens ou la raison, faculté dont nous étudierons plus tard le rôle important, et sans laquelle nulle vérité ne nous serait accessible. L'existence de Dieu, sa providence, la spiritualité et l'immortalité de l'âme, nos devoirs, etc., sont des vérités de bon sens que la philosophie et la réflexion peuvent et doivent éclaircir, mais qu'elles ne créent point.

« sont certains avant toute recherche philosophique.

Il est vrai que la philosophie, usant du droit général de se rendrecompte , peut demander sur quoi repose l'autorité du bon sens ? comme aussi sur quoi repose l'autorité duchristianisme? mais c'est là tonte autre chose que renier l'un ou l'autre.11.

En second lieu, et par une conséquence immédiate, s'il arrive que la philosophie ne parvienne pas à se rendrecompte de toute vérité contenue dans le bon sens ou contenue dans la révélation, la certitude de la vérité qui auraainsi échappé à sa recherche, n'en sera ni plus ni moins que ce qu'elle était auparavant.

Comme si un fait se refuseaux essais d'explication tentés par un physicien, ce fait n'en sera d'ailleurs ni plus ni moins certain.12.

En troisième lieu, il répugne, et c'est là une vérité de bon sens, que si la philosophie s'y prend bien, elle puissearriver à contredire ce qui était certain avant elle ; si donc il y avait contradiction entre ses solutions et celles quisont données par le bon sens et par la révélation, cette contradiction indiquerait de sa part un vice de procédé.

Onpeut remarquer à ce sujet l'utilité de l'orthodoxie pour les progrès de la philosophie.

La révélation donnant d'avancela solution de plusieurs problèmes importants, il devient plus facile de les résoudre philosophiquement; et d'un autrecôté les erreurs philosophiques sont aperçues et signalées plus vite, par suite plus vite et plus sûrement rectifiées.13.

En quatrième lieu, et enfin il peut arriver, 1° que certaines vérités qui ressortent du bon sens, ne soient pasexprimées formellement par la révélation ni par la philosophie; 2° que certaines vérités enseignées par la révélationne soient pas renfermées d'avance dans le bon sens et qu'elles échappent momentanément ou absolument à lavérification philosophique ; 3° que certaines vérités purement philosophiques ne se trouvent exprimées d'avance nipar le bon sens ni par la révélation, c'est—à—dire que ces trois choses, le bon sens, la révélation, la philosophie,ont des parties qui leur sont communes, et des parties qui sont propres à chacune d'elles.

Ainsi sont réservés, sansempiètement et sans concession fâcheuse, les droits (lu bon sens, ceux de la révélation et ceux de la philosophie.Abordons maintenant l'examen de la méthode philosophique. II.

Des Méthodes qui ont été suivies jusqu'ici dans les recherches philosophiques. 1.

La question de la méthode n'a été traitée que longtemps après le début de la science.

On peut même dire quec'est de nos jours seulement qu'on l'a regardée comme la première de toutes, et celle dont la solution influe surtoutes les recherches ultérieures.

La raison de ce fait est clans notre nature.

Créés pour connaître , ardents à lapoursuite de la vérité, nous ne soupçonnons nullement qu'elle puisse ne pas se rendre à nos premiers efforts.

C'esten nous trompant que nous apprenons que nous pouvons nous tromper; et c'est après nous être trompés plusieursfois, que nous comprenons la nécessité de chercher la vérité d'après des règles certaines.2.

A proprement parler, la science ne suit donc d'abord aucune méthode.

Le seul désir de connaître, détermine auhasard ses premiers essais.

L'homme alors ne réfléchit pas même pour choisir les objets de son étude; il s'attacheinstinctivement à ceux qui attirent davantage son attention : c'est pourquoi, entre le monde spirituel et le mondematériel, il préfère celui-ci.

Car nous nous occupons naturellement et sans effort des corps, tandis qu'il faut nousfaire une sorte de violence, pour réfléchir et examiner les choses qui ne se révèlent en aucune manière à nos sens.Les sciences cosmologiques eurent donc la priorité.

Par exemple, en Grèce, les premières théories scientifiques,celles qui datent de Thalès et de Pythagore, ont pour but l'explication de l'univers.

C'est la question la plusambitieuse qui ait jamais été posée, elle a dû être néanmoins la première; car elle est le but définitif des recherchescosmologiques, et quoiqu'elle soit subordonnée à un nombre immense d'autres questions, ce n'est que plus tardqu'on s'en est aperçu et qu'on a pu s'en apercevoir.

On a donc posé cette question sans se douter qu'elle fût horsde la portée de l'esprit humain, et par suite de la même illusion, on a cru que pour y répondre il suffisait dedévelopper une grande hardiesse (le génie.

En d'autres termes, on s'est fait une question insoluble, et tenantnéanmoins à la résoudre, on a imaginé, supposé, fait des hypothèses.Quant au monde spirituel, il n'en fut question qu'en sous-ordre, et on l'assimila au monde matériel.3.

Ainsi, étude du monde matériel , dans lequel on absorba le monde spirituel, emploi de l'hypothèse : voilà les deuxcaractères de la méthode au début de la science grecque, si on doit donner le nom de méthode à des procédésaussi aventureux.4.

Deux siècles plus tard, à l'époque de Socrate, la science, après avoir parcouru sous toutes leurs formes lesgrandes questions qui avaient été posées sur l'origine de l'univers, et n'avoir abouti qu'à des systèmes fictifs et àdes contradictions de tout genre, fut appelée à s'occuper directement du monde spirituel, jusque-là englobé, enquelque sorte , dans le monde matériel.

Ici , le point de départ de la science est changé, ce n'est plus la nature ,c'est l'homme.

Ce changement est le premier effort de la réflexion, car il est évidemment contraire à notre inclinationnaturelle, par laquelle notre attention est portée vers les objets sensibles.

La philosophie grecque, à proprementparler, ne date donc que de Socrate.

Du reste, l'hypothèse ne fut point proscrite et continua de dominer.

Platon etAristote firent sans doute des observations nombreuses et profondes; mais, en premier lieu, ces observations nefurent point faites par esprit de méthode, et avec conscience de la légitimité du procédé; et en second lieu, ellesfurent souvent dénaturées par les suppositions et les exagérations qui se mêlaient à elles.

La philosophie parcourutencore ici un cercle de systèmes, de divagations, et aboutit à une dissolution semblable à celle qui avait précédéSocrate.5.

Les philosophes d'Alexandrie (2e siècle de l'ère chrétienne) changèrent l'objet de leurs recherches, ils étudièrentDieu et cherchèrent dans une inspiration soudaine la vérité que les philosophes des siècles précédents avaientcherchée dans l'hypothèse.

Mais au fond, cette inspiration que l'esprit exalté s'imagine devoir à la divinité, ne diffèrepas de l'hypothèse.6.

Dans cet intervalle avait paru le christianisme, qui n'était point une science humaine, mais un enseignement venud'en haut, destiné, non à faire naître dans l'intérieur des écoles d'interminables disputes, mais à répandre dans lesmasses et à travers le monde entier, des doctrines toutes faites, des solutions simples et saisissantes, sublimes etpopulaires, sur les points les plus importants que la philosophie eût jamais agités.

Le christianisme, en se répandant,. »

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