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1596 -1650 RENÉ DESCARTES

Publié le 02/09/2013

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1596 -1650

RENÉ DESCARTES n'a vécu que cinquante-quatre ans, et bien que sa vie ait toujours été au service de sa pensée, il n'est pas inutile de connaître la première, car il y a entre l'une et l'autre une harmonie que Baillet, son contemporain et biographe, a fait ressortir.

Né en 1596 à la Haye, en Touraine, d'un père magistrat au Parlement de Rennes, il fut instruit au collège alors réputé de La Flèche, tenu par les Jésuites, dans la rhétorique et la philosophie scolastique; il vint ensuite à Paris s'initier à la vie mondaine et se lier, entre autres, avec le Père Mersenne, de l'ordre des Minimes, passionné comme lui de mathématiques, et son futur correspondant; puis il termina ses études de droit à Poitiers. A vingt et un ans, poussé par son désir de voir le monde et de compléter une instruction trop théorique, il s'engage comme officier dans l'armée du prince de Nassau qui combattait les Espagnols, puis dans celle du duc de Bavière; mais ce fut plutôt prétexte à voyager, à rencontres avec des savants, à méditations. L'une de ces dernières, qui eut lieu le Io novembre 1619, lui découvrit à la fois la méthode pour parvenir à la vérité, et la première vérité elle-même.

Il continua cependant de voyager sans rien publier. Elle est la première partie de sa vie, toute d'études et de recherches actives.

A l'âge de trente-trois ans, il se fixe en Hollande où il travaille à un traité de la lumière qu'il ne publie pas à cause de la condamnation de Galilée. En 1637, enfin, il se décide à publier des traités scientifiques où il expose les découvertes qu'il a faites sur les principes de l'optique, de la physique, et sur l'application de l'algèbre à la géométrie; la préface en est le Discours de la Méthode.

Peu après paraissent les Méditations métaphysiques, qui soulevèrent de si nombreuses objections de la part de théologiens catholiques et protestants, de philosophes thomistes ou matérialistes qu'un ouvrage naquit des Réponses qu'il leur fit.

Les Principes de la philosophie concernent plutôt les lois de la physique et de la mécanique céleste.

Le corps humain et ses rapports avec l'âme feront l'objet particulier du Traité des passions de l'âme.

La retraite dans laquelle vivait Descartes était très favorable à ses travaux; le séjour de Paris lui était funeste, pensait-il, car il lui faisait perdre en visites et en conversations un temps précieux; dans les villes des Pays-Bas il était, au contraire, tranquille, car inconnu de ses voisins.

Par malheur, la reine Christine de Suède insista pour qu'il vînt à Stockholm lui donner des leçons; ce qu'il finit par faire, et ce qui occasionna sa mort, en 165o, car il était demeuré fragile depuis son enfance. Son corps, ramené à Paris, fut déposé à Saint-Etienne-du-Mont.

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....,.""""'"'-" - LA pensée de Descartes comporte une partie négative qui n'a d'habitude grande importance que chez les mystiques, « la voie purgative », et dont il nous entretient au début du Discours, quand il fait l'examen critique des arts et des sciences de son temps.

L'éloquence et la poésie ne peuvent pas s'enseigner, elles doivent tout à des aptitudes innées.

L'histoire ne fait que détruire des préjugés, elle n'apprend rien de positif.

La théologie, fondée sur la révélation, demande des lumières qui sont refusées à l'homme, elle n'est d'ailleurs pas indispensable au salut.

La morale serait infiniment utile si elle pouvait s'appuyer sur des maximes démontrées, et non pas sur des préceptes qui flattent l'orgueil comme ceux des stoïciens.

Quant à la philosophie, elle n'est jusqu'ici qu'un recueil de conjectures, elle atteint parfois le vraisemblable, alors que c'est le vrai qu'il faut trouver.

L'autorité d'un penseur, fût-il aussi grand qu'Aristote, ne peut remplacer une évidence.

Où donc trouver le critérium de la certitude? Dans les mathématiques seules : ses principes sont évidents, ses conséquences rigoureuses, ses conclusions irréfutables.

Et pourtant elles ne connaissent d'application que dans les arts mécaniques.

S'il était possible d'appliquer la méthode mathématique, avec sa rigueur, à la philosophie, nous aurions un instrument parfait.

En attendant, il faut douter.

Descartes pense donc qu'il ne faut rien garder des opinions qu'il a reçues dans sa jeunesse et des sciences qu'il a étudiées.

Pourquoi rien? Pourquoi ce doute radical? Ne vaudrait-il pas mieux être plus modeste et se contenter, comme le faisaient les scolastiques, d'avoir des demi­ lumières des choses divines qu'une lumière complète des choses humaines? Descartes ne le croit pas.

Il suffit qu'une seule partie de l'édifice branle pour que la maison entière soit menacée.

Il faut tout reprendre à pied d'œuvre.

Mais à côté de cette audace dans la pensée, Descartes montre une grande prudence dans l'action.

On peut suspendre sa pensée, on ne peut s'arrêter d'agir, ou alors on se laisse aller à l'événement, ce qui est pire.

Ayant décidé d'abattre sa maison, il a besoin d'être pourvu d'une autre afin d'être logé commodément pendant qu'on travaillera à l'édification du logis définitif.

Autrement dit il se donne des règles d'action qui sont sa « morale provisoire ».

Il commence par mettre hors de question les principes religieux et politiques qui servent de fondement à toute vie en société, quelle qu'elle soit.

Ceux qui se réclament de Descartes à notre époque lui ont souvent reproché pareille atti­ tude.

Se fondant sur une de ses paroles, ils ont prétendu que Descartes n'était pas sincère, qu'il portait un « masque » par crainte d'être poursuivi comme novateur.

D'autres y ont vu une inconséquence.

Mais ils ont tort : Descartes était sincèrement catholique et monarchiste.

Ses raisons sont sérieuses : la plupart des hommes ne sont pas capables de suivre la méthode qui leur permettrait de discerner le vrai du faux.

Ces grandes organisations peuvent être détruites facilement grâce à l'esprit de dénigrement; il est difficile d'en construire de nouvelles; enfin et surtout, un philosophe qui remet tout en question dans le domaine de la théorie ne peut avancer que s'il assure son existence dans la vie pratique.

Aussi de nos jours un théoricien de la révolte admettra, pour que cette révolte soit fructueuse, un certain nombre de postulats qui lui permettent d'agir.

Un nihilisme absolu est d'ailleurs le comble de la frivolité.

Descartes, débarrassé de ces bagages encombrants que sont les questions politiques et religieuses, va pouvoir aborder le seul problème qui lui importe : celui de la vérité.

Si toute opinion, toute sensation peut être mise en doute; si même il est possible qu'un esprit malin nous trompe constamment, une chose demeure indubitable : c'est que pour douter, il faut penser; et que si l'on pense, on existe.

Descartes emploie d'ailleurs des termes qu'on appellerait aujourd'hui existentiels : je doute, je pense, j'existe.

Ce n'est pas un raisonnement abstrait, une série de déductions; c'est une suite d'évidences qui se complètent l'une l'autre, et qui sont perçues directement; autrement dit, ce sont des intuitions intellectuelles.

En creusant cette première vérité qui est celle du «je pense », on découvre celle du «j'existe »; si j'existe, ce n'est pas par moi-même, car je n'ai pu me donnerl'être, ni mes parents non plus, et il faut bien que ce soit grâce à un être infini qui ne doive rien aux autres êtres.

L'existence de Dieu n'est donc pas connue grâce à un raisonnement ni à l'expérience, comme chez les scolastiques, mais grâce à une intuition intellectuelle.

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