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''El desdichado'' de Gérard de Nerval

Publié le 03/07/2012

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Le deuxième tercet est relié au premier dans la relation d’expérience privilégiée qui font du poète un chevalier ayant vaincu la mort (l’Archéron), grâce à une conjonction de coordination. Le vers 12 évoque, par une périphrase, assimile Nerval à Orphée et prépare par analogie à Eurydice au vers 14. Les deux images suggèrent deux types de femmes magiques et inaccessibles, de celles qui hantent l’univers Nervalien. Une renvoie au monde païen, l’autre au monde chrétien. L’harmonie des vers 13 et 14, les assonances en « o «, en « i «, la régularité syntaxique, l’alternance régulière des mots de une ou deux syllabes est en liaison avec le pouvoir magique des chants d’Orphée. Le tercet, sous une forme métaphorique retrace une double expérience affective et de souffrance qui assimile à Eurydice, présentée comme un remède contre la mort.
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé, Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie : Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé, Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie. Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ; J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène... Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron : Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. Gérard de Nerval, Odelettes (1853)

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« EL DESDICHADO - GERARD DE NERVAL INTRODUCTION : PRESENTATIONLes Chimères est une suite de sonnets très étroitement à la vie de Nerval et au reste de son œuvre.

Ils sont comme une plongée dans la vie réelle et dans la vie rêvéede l’auteur.

Les Chimères tourne autour de cette identité fragmentée, de cette quête désespérée.

Ses obsessions le hantent depuis longtemps et se traduisent autantdans cette œuvre que dans d’autres tels que Voyages en Orient ou dans ses traductions : Il y a toujours cette quête identitaire.Pourtant, il ne faut pas lire Nerval d’un point de vue autobiographique car ce serait omettre la magie des mots, l’originalité des images, le charme de l’étrange.

Enfin,Les Chimères est un recueil parfois difficile à analyser en en faisant une lecture biographique, alchimique ou trop spécialisée.

La poésie de Nerval est une poésiemystérieuse.

Devant des textes si originaux, on peut proposer 3 démarches : - Une objective en se servant des notes (qui aident à la compréhension de l’œuvre).

–Unelecture biographique.

–Une lecture plus spécialisée du poème.Ce sonnet irrégulier est placé sous le signe de l’errance, du désespoir, de la solitude.

Ce sonnet décrit une succession de situations qui s’opposent sur le plan temporelet sur le plan affectif.Le jeu de temps, pourtant proches, (Passé composé, présent) l’alternance constante entre la lumière (symbole de joie, de bonheur) et l’obscurité (symbole de mort,d’oubli) donne à l’œuvre un mouvement discontinu.

Les ruptures successives conduisent le poète à se définir, à s’interroger sur une identité incertaine.

L’utilisationrépétée de la première personne du singulier (lyrisme) fait du texte la transcription d’une expérience personnelle, et elle met en scène le phénomène de dédoublementd’une personnalité.

Le poème a une structure spéciale : Dans le premier quatrain, il exprime sa situation au présent puis il évoque une succession de souvenirsheureux en Italie (Quatrain 2), puis deux rencontres déterminantes, liées à une interrogation pressante sur son identité (Quatrain 3).

Enfin, l’expérience décisive quipermet au poète de s’associer à Orphée.

Il termine ensuite l’œuvre sur une note plus optimiste. LECTUREIl y a des pauses aménagées (une césure associée au tiret).Attention aux points de suspension au premier tercetIl faut lire les mots qui ont une graphie différemment, mais sans exagérer.

Il faut faire attention aux enjambements, à la ponctuation et à la respiration. DEVELOPPEMENT1er quatrain :La situation du poète est définie au présent.

Le premier quatrain est dominé par la perte, le malheur.

Le poète y définit sa situation présente (On remarquel’abondance de la 1ère personne du singulier, tantôt par des pronoms personnels : « je », tantôt par des adjectifs possessifs : « ma » et « mon »), et les raisons de cettesituation.La strophe est construite sur deux mouvements séparés par les 2 points à la fin du vers 2 : les deux derniers vers explicitent les deux premiers.Dans le premier mouvement, le poète a un ton affirmatif : « je suis », il définit son identité.

Trois caractérisations forment un groupe ternaire, et sont soulignées parun ton catégorique, puis par un titre aristocratique.

La première caractérisation est composée de trois adjectifs substantivés (« ténébreux », « veuf », « inconsolé »),pour aussi souligner son unicité (marqué par le triple emploi de l’article défini « le »).

On peut noter une arythmie marquée par le tiret associé à la césure, unedissonance dans cette caractérisation, surement due mal être du poète.

L’adjectif « ténébreux » est en relation avec les deux autres et dénote la maussaderie, lamélancolie, le spleen.

Polysémiquement, on peut penser au Beau Ténébreux, héros de chevalerie espagnol.

C’est le type des amants fidèles et des chevaliers errants.Les deux autres adjectifs substantivés expliquent le caractère « ténébreux ».

L’adjectif « veuf » évoque la perte, la solitude, ce qui explique aussi le fait qu’il n’a pluspersonne pour le consoler, le soutenir.

Harmoniquement, on parle d’une gutturale sombre : « ténébreux », avec un « é » plaintif à la rime.

L’assonnance en « e »souligne le caractère plaintif.

Les adjectifs substantivés longs soulignent la durée de cet état.

Le vers 2 est plus harmonieux que le premier, il est sans rupture etquelque part, il s’oppose au vers 1 dans lequel on a une énumération marquée par cette arythmie.

En même temps, il y a corrélation entre ces deux vers puisque levers 2 suggère la situation malheureuse du personnage : perte du pouvoir, du prestige (Prince d’Aquitaine, ascendance prestigieuse : Nerval pensait descendre deschevaliers du Périgord), mais aussi de l’idéal ( la tour abolie), le tout souligné par le titre du poème : El Desdichado, le déshérité.

La tour abolie fait aussi référence àl’idéal détruit, ce qui expliquerait l’aspect mélancolique.Les 2 points sont l’explication de l’errance, de la solitude, et la séparation entre les 2 mouvements.Deux constatations dans les vers 3 et 4 : la perte de l’être aimé : « Ma seule étoile est morte », souligné par l’antithèse entre « étoile » (la clarté, la lumière) et« morte » (éteinte) : mort de la lumière, de l’inspiratrice.

Cette antithèse est marquée typographiquement : italique.

Il y a une polysémie du mot « étoile : il peutrenvoyer à la femme aimée, à un guide, à la fortune ( la bonne étoile).

Il y a la même rupture qu’au vers au vers 1, une pause marquée.

Elle met en relief laconséquence : l’instrument de musique, le luth, est en deuil (luth : instrument aristocratique Prince d’Aquitaine).

Le « luth » préfigure la lyre d’Orphée évoquée à lafin du poème.

La conséquence de la perte de la femme aimée, du luth, est la perte de l’inspiration, rapport à la lyre d’Orphée.

Le chant devient mélancolique : c’est laperte de l’inspiration avec l’apparition d’une oxymore « Soleil de noir de la Mélancolie », qui marque un lien avec la gravure de Dürer.Ce quatrain établit l’image désolée d’un poète errant, à la recherche de lui-même, à la recherche de son destin. 2ème quatrain :Le deuxième quatrain s’oppose au précédent.

Il est une invocation à la femme qui l’a consolée, et l’évocation d’un séjour lumineux, heureux dans Naples et sa région.La strophe est faite d’une réminiscence alternée de moments heureux et de moments douloureux.

L’alternance des temps (passé composé, impératif, imparfait)souligne les étapes pas lesquels le poète est passé : douleur et obscurité d’une situation apparentée à la mort, juxtaposé à la consolation ; la présence consolatrice,réconfortante de la femme.

D’où le souhait, à l’impératif : « rends moi » car le poème remémore une situation malheureuse.

L’appel est exprimé à l’impératif etconcerne d’abord le paysage puis ses éléments : un élément végétal, emblématique consolateur qui rappelle, la souffrance au passé.

On note l’utilisation d’unegraphie différente, l’italique, qui souligne ses sentiments.

Il y a un décor végétal, harmonieux qui reste dans une espèce d’éternité de la mémoire, du souvenir (présent) qui exprime tout le charme de ce pays.

Avec ces quelques éléments, le poète suggère un ensemble d’expériences et de sentiments personnels.

Ce quatrain estextrêmement musical : assonances en « i », en « é », allitérations en « l » ( montée de la plante sur un tuteur).

Cette strophe est plus lumineuse, plus heureuse, ce quifait le contraste avec le quatrain précédent. 1er tercet :Le premier tercet s’oppose au vers 1.

Il commence par une quadruple interrogation sur une identité : « suis-je » (parallèlement aux vers 1 et 2), qui comporte deuxallusions à deux situations qui ont placé le poète dans une relation privilégiée avec deux femmes : Adrienne, qui aurait donné un baiser au poète (« Le baiser de lareine »), et « la sirène », qui connote la baie de Naples (Certains y auraient vu Ondine, personnage d’une vieille chanson du Valois où elle est la reine des poissons.).Il est difficile de dire si ces interrogations dans le vers charnière se correspondent ou s’excluent.

En tout cas, elles s’interrogent sur une identité divine.

Dans lapremière partie de l’alexandrin : « Suis-je Amour ou Phébus ? », elles impliquent une identité divine : Phébus, nom du dieu grec du soleil, Apollon, qui est aussi ledieu de la poésie.

Les deux autres interrogations : « Lusignan ou Biron ? » tournent autour de l’ascendance aristocratique « Lusignan » : Roi de Chypre, épouxlégendaire de la fée Mélusine et « Biron » : Seigneur fidèle d’Henry IV.

Nerval pensait descendre d’une famille apparentée aux deux hommes.

Ces identitésrappellent « Le Prince d’Aquitaine » évoqué au début du poème.

Les points de suspensions sont mis au service du doute de l’auteur.

Ensuite, l’auteur évoque deuxexpériences : la rencontre avec la reine et avec la sirène.

(En marge du manuscrit, Nerval lui-même suggère le rapprochement avec une reine d’Ethiopie, sur qui ilexerce une réelle fascination.

Plus grand portrait dans Voyage en Orient.

).

La sirène connote le séjour à Naples du poète, à Octavie, et à la petite Ondine.L’évocation de ces deux expériences fait apparaître par les indications de temps et par l’utilisation du passé composé, la persistance du passé dans le présent.

Lesdeux expériences étant rapportées de façon informative, il est difficile de savoir si le poète en parle pour se rappeler son bonheur, ou par regret.

En tout cas, ce tercetévoque des événements essentiels de la vie du poète.

La ponctuation du vers 11 ouvre sur une information inachevée, un monde de non-dits rempli de réminiscence. 2ème tercet :Le deuxième tercet est relié au premier dans la relation d’expérience privilégiée qui font du poète un chevalier ayant vaincu la mort (l’Archéron), grâce à une. »

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