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Le désespoir témoigne-t-il de la grandeur de l'homme ?

Publié le 11/03/2004

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Il y a donc une sorte de consolation du désespoir: on pourrait dire que l'auto-régulation du désespoir est dans le dépassement de lui-même. Le vrai désespoir ne s'arrête pas au suicide; le suicide apparaît comme une tentation provisoire; c'est en le surmontant que le désespéré parvient à une sorte de prise de conscience de ce qui lui manquait et le manque-d'être se transmue alors en une sorte de plus-être. L'allégresse du désespoir qui s'est sorti de son propre désespoir est dans une totalité mentale qui se saisit en tant que plénitude.

« l'apanage de la conscience malheureuse.

Contre la béa­ titude tranquille de l'homme figé dans le contentement de soi, à l'encontre de la satisfaction stérile d'un opti­ misme qui se prend pour une fin en soi, le désespoir apparaît comme un moyen de salvation.

C'est par lui que nous pouvons nous élever au-dessus de cette tran­ quillité passive, et c'est par le pessimisme que l'on atteint l'infini.

S'il est vrai, comme le voulait Pascal, que « l'hom­ me n'est produit que pour l'infinité », seul le « silence éternel des espaces infinis » pourra nous donner le moyen de dépasser notre existence quotidienne par un arra­ chement radical à notre situation immédiate.

2.

Mais le pessimisme est aussi beaucoup plus créa­ teur que l'optimisme satisfait.

Certes, ce breuvage amer du désespoir peut aboutir à une sorte de déchéance, à un abandon.

Mais le désespoir surmonté est ce par quoi l'on atteint la limite de la grandeur humaine : c'est l'épreuve de la force, l'expérience de la violence qui pourront nous être données ainsi.

Ou bien l'homme sortira victorieux et grandi de l'épreuve du désespoir, ou bien il abdiquera et sera vaincu par lui.

Le problème est donc d'arriver à dominer son désespoir sans tomber dans l'abîme qui entoure, de tous côtés, ce chemin si étroit, cette via perardua, cet itinéraire ontologique qui est comme l'instance la plus ténue entre les obstacles innom­ brables.

3.

Aussi le désespoir n'est-il le propre que de « cons­ ciences qui comptent », pour parler comme Rauh.

L'ex­ périence morale du désespoir ne se prouve pas, elle s'éprouve.

A cet égard, celui-là seul est homme qui vit son désespoir, et qui ne renonce pas à l'assumer.

Le déses­ poir est la meilleure preuve que l'on assume réellement sa condition humaine.

Car on ne ruse pas avec le déses­ poir.

On le fait ou on le fuit.

Il montre l'âme.. »

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