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Désir, loi et liberté

Publié le 02/02/2004

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La question est de savoir si une intervention extérieure de la loi sur les désirs, pour les limiter et les orienter, est nécessaire et, surtout, si elle est philosophiquement légitime. Mesure et démesure du désirLe rapport du désir et de la loi est d'abord celui d'une mesure, d'une évaluation, par la raison, des orientations subjectives. En grec, logos (« raison ») signifie aussi « proportion » : il s'agit donc de ramener le désir à une mesure acceptable, c'est-à-dire conforme à la nature, afin de bien vivre. C'est le projet d'Épicure, pour qui l'intervention rationnelle consiste en une triple distinction entre désirs naturels et nécessaires, désirs naturels non nécessaires, et désirs ni naturels ni nécessaires.Le problème n'est ici que d'ordre technique, puisqu'il s'agit de faire en sorte que le désir n'entre pas en contradiction avec lui-même, car à force de tout désirer, on ne peut non seulement rien obtenir, mais on méconnaît aussi la nature du désir : le désir de tout n'a rien d'un désir. A l'opposé, un désir conforme à la nature étant toujours le résultat d'un besoin d'ordre physique, il est toujours susceptible d'être comblé.La loi est alors en quelque sorte l'instrument du désir. Elle ne s'oppose pas à lui, mais à sa démesure potentielle. Or, cela repose sur l'idée que le désir n'est pas démesuré par nature, puisque bien au contraire il est la mesure du bien-vivre en tant et seulement en tant qu'il est naturel. Le désir n'est jamais démesuré que du fait de l'opinion, tandis que revenir à son origine corporelle et s'y tenir suffit pour bien faire et surtout bien vivre.

« Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élément essentiel dela vie heureuse.

Conforme à la nature humaine, il procure un critère parfait detous les choix que nous avons à faire.

Il réside dans la sensation qui, nousmettant en rapport avec le monde, est la règle qui nous fait choisir ouexclure.

Ce bien est inné et personnel, puisque chacun est juge de ce qui luiconvient : c'est de notre propre point de vue sensible que nous jugeons dece qui est pour nous un plaisir ou une douleur.

Ainsi, nous ne recherchons pasles plaisirs qui engendrent de l'ennui, et l'on peut préférer endurer certainesdouleurs si elles sont le moyen d'accéder à un plus grand plaisir.

L'épicurismen'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir à tout prix et fuit ladouleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui est la sensation,critère complexe d'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à un paradoxe :"Nous en usons parfois avec le bien comme s'il était le mal, et avec le malcomme s'il était le bien", (Épicure). Une des constances de la philosophie d' Epicure est de vanter le plaisir.

On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné » dans la « Lettre à Ménécée ».

Mais l'épicurisme ne correspond guère à l'image populaire que l'on en garde : celle du « bon vivant ».

Dans cette lettre, on lit : « Tout plaisir est de par sa nature propre un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ».

C'est à une compréhension véritable du plaisir, et à une gestion rationnelle des désirs que la philosophie d' Epicure nous invite, philosophie des « sombres temps », de l'époque troublée, violente, des successeurs d' Alexandre le Grand . La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur.

Car si tous les hommes cherchent le bonheur, ils sont, selon le mot d' Aristote , comme des archers qui ne savent pas où est la cible, incapables de la définir et de l'atteindre. Epicure commence par expliquer que nous n'avons rien à redouter des dieux, vivants bienheureux qui ne se soucient pas des hommes, et que la mort n'est rien pour nous.

Débarrassés du souci du jugement divin et de lasurvie de l'âme, nous sommes alors aptes à bien vivre notre vie présente.

Bien vivre notre existence veut direparvenir au bonheur ici-bas, et cela n'est possible que par un bon usage des plaisirs et des désirs. L'homme est un être de désir, et selon qu'il parvient ou échoue à satisfaire ses désirs, il est heureux ou misérable. Or, le bonheur est d'abord l'absence de souffrance physique ou psychologique.

C'est pourquoi Epicure déclare : « Une théorie non erronée des désirs sait rapporter tout choix à la santé du corps et à la tranquillité de l'âme puisque c'est là la perfection même de la vie heureuse.

Car tous nos actes visent à écarter la souffrance et lapeur. » Eprouver du plaisir, c'est d'abord combler un manque : boire quand on a soif, se rassurer quand on a peur.

En soi, un plaisir est toujours bon, une souffrance, un désir non comblé, toujours mauvais. Ainsi Epicure nous incite à classer nos désirs, et à adopter face à eux une stratégie telle que nous serons facilement comblés et rarement insatisfaits. Il y a d'abord les désirs naturels (dont certains sont naturels et nécessaires et d'autres seulement naturels) ; et ensuite les désirs vains.

Les désirs naturels et nécessaires comprennent tous les désirs tels que, s'ilsne sont pas satisfaits, nous mourons (boire, manger, dormir).

Les désirs seulement naturels peuvent être le désir demanger tel ou tel plat, ou encore le désir sexuel, etc. Mais il importe de comprendre qu'il y a des désirs vains ; désir de richesse, de gloire, d'immortalité, etc.

Ces désirs ont une particularité importante ; ils sont insatiables, illimités, ils n'ont jamais de fin. Quand je connais un désir naturel, il cesse d'être dès qu'il est satisfait.

Une fois que j'ai mangé, je n'ai plus faim.

Ces plaisirs sont naturels parce qu'ils sont bornés : ils ont une limite naturelle.

A l'inverse, les désirs nonnaturels peuvent être dits vains parce qu'ils ne seront jamais comblés ; ils résident dans le principe du « toujours plus », l'illimité.

L'homme qui veut être riche, admiré, aimé, n'en a jamais fini de son désir. Il est facile de comprendre que si je veux parvenir au bonheur, à la santé du corps et à la tranquillité de l'âme, je dois éliminer les désirs vains.

Le plaisir naît de ce qu'un désir est comblé.

Mais les désirs vains sont pardéfinition illimités.

Le plaisir que leur satisfaction procure est illusoire et ne sert qu'à les relancer.

A peine comblé, jeveux autre chose, je veux plus ; je ne cesse de désirer, donc de manquer, donc de souffrir.

L'homme des désirsvains, du « toujours plus », Platon le comparait déjà à un panier percé ; se condamner à ne jamais être comblé. La première et principale leçon d' Epicure est donc celle-ci : ne pas céder aux désirs vains ; se contenter des désirs naturels.

Vivre en accord avec la nature consiste d'abord à ne pas céder au vertiges des désirs illusoires.Epicure les nomme vains, notre époque parlerait d'une course à la consommation.. »

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