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Le désir peut-il être désintéressé ?

Publié le 06/12/2010

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Par définition, le désir aspire toujours à être satisfait : il tend vers la possession de son objet («cet obscur objet du désir«, plus ou moins défini). Dans le meilleur des cas, le désir est interprété comme une aspiration, dans le pire, comme une convoitise. Comment alors, un désir pourrait-il être désintéressé, lui qui ne vise qu’à la satisfaction de son objet ? Les notions de désir et de désintérêt semblent être aux antipodes l’une de l’autre. Pourtant il nous arrive parfois de parler de désir sans objet ou d’actes désintéressés. Ce désintéressement présumé ne revient-il pas à un décentrement du désir intéressé, une tension vers autre chose que sa seule satisfaction ?

« beau.

L'Agapè, calquée sur l'amour de Dieu foncièrement inégale, asymétrique et immotivée envers des créatureshumaines imparfaites et pour tout dire souvent méprisables, est amour inconditionnel, inconditionné, sans espoir degratification. Pour Platon, il faut se désintéressé de l'objet beau pour tendre vers l'idée même du Beau : et il en est de même pour les autres Idées : il faut sublimer le désir que nous éprouvons pour les choses et l'orienter vers lacontemplation des Idées qui ne sont plus des choses et dont la possession ne nous intéresse pas : «la beauté quiréside en un corps quelconque est sœur de la beauté d'un autre corps et que, si l'on doit chercher la beauté quiréside en la forme, il serait bien fou de ne pas tenir pour une et identique la beauté qui réside en tous les corps.Quand il aura compris cela, il deviendra amoureux de tous les beaux corps, et son violent amour d'un seul serelâchera : il le dédaignera, il le jugera sans valeur » Platon, Le Banquet . L'Homme naturel a tout ce qu'il désire car il ne désire que ce qu'il a.

Mais lorsqu'il fut forcé de vivre avec les autres, il actualisa sa raison et pour Rousseau, cette culture de la raison est le début de la fin.

Si la vie de l'Hommeprimitif était heureuse, c'est parce que ses désirs étaient très modérés, or ce bonheur, cet équilibre sera rompu parl'activité de l'intelligence.

Aux besoins naturels de l'Homme vont s'ajouter des passions factices dont la plusredoutable est le désir de surpasser les autres et l'ambition de les "écraser".

La racine du mal social, c'est pourRousseau l'amour propre.

"N'ayant regardé jusqu'à présent que lui-même, le premier regard qu'il jette sur sessemblables le porte à se comparer à eux, le premier sentiment qu'excite en lui cette comparaison est de désirer lapremière place.

Voilà, continue Rousseau, le point où l'amour de soi se change en amour propre et où commencent ànaître toutes les passions qui tiennent de celle-là.

" Le passage de L'Etat de nature à la société marque la prise de conscience par l'homme que son intérêt est indissociable de l'intérêt collectif.

les intérêts particuliers (égoïstes) s'effacent devant l'intérêt général.

Cetteabsorption n'ôte pourtant rien à la liberté de chacun car, en se donnant à tous on ne se donne à personne.

Cettevolonté générale n'asservit donc en aucune façon, mais au contraire, elle seule garantit contre la servitude.

De plus,c'est en élaborant le Contrat social que les hommes subordonnent leurs propres désirs à l'intérêt de communauté. Enfin, nous souhaitons toujours obtenir quelque chose même si nous le faisons inconsciemment.

Nos désirs sont toujours inassouvis car des désirs satisfaits ne sont plus des désirs.

Pour qu'il y ait désir, il faut un manque.Nous désirons uniquement ce que nous ne possédons pas.

La vie même pourrais se résumer à la recherche exclusivede l'apaisement de nos désirs.

L'homme est parfois prêt à tout pour obtenir ce qu'il désire, que ce soit des désirspuérils ou vitaux.

Spinoza définira le désir comme l'essence même de l'homme.

L'homme et le désir sont donc toutdeux indissociables. La structure même du désir semble rendre impossible un désir purement désintéressé.

Les rapports humains sont d'ailleurs fortement marqués par cette pulsion qui pousse l'homme à désirer et à satisfaire son désir par tous lesmoyens.

Pourtant, en changeant d'objet, en se décentrant légèrement, le désir parvient, non pas à êtredésintéressé, mais à subordonner sa propre satisfaction à un intérêt supérieur.. »

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