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Le désir est-il seulement créateur d'illusions ?

Publié le 25/02/2004

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Et quand l'enfant, en grandissant, voit qu'il est destiné à rester à jamais un enfant, qu'il ne pourra jamais se passer de protection contre des puissances souveraines et inconnues, alors il prête à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée des Dieux, dont il a peur, qu'il cherche à se rendre propices et auxquels il attribue cependant la tâche de le protéger. Ainsi la nostalgie qu'a de son père l'enfant coïncide avec le besoin de protection qu'il éprouve en vertu de la faiblesse humaine ; la réaction défensive de l'enfant contre son sentiment de détresse prête à la réaction au sentiment de détresse que l'adulte éprouve à son tour, et qui engendre la religion, ses traits caractéristiques. » Freud. Pour Épicure, c'est la peur de la mort et le désir d'immortalité - désir vain par excellence - qui précipite l'homme dans la quête insensée de biens illusoires. Une métaphysique matérialiste va permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort. Les hommes ont peur de la mort. Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu. Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres. Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.
Désirer, c'est croire qu'un objet nous comblera. Or, aucun objet particulier ne peut me satisfaire. Preuve en est: le désir renaît sans cesse de ses cendres. Donc, le désir se condamne à ne viser que des illusions. MAIS, Le désir est créateur de sens et de valeur. C'est lui qui donne un prix aux choses et constitue l'essence de l'homme.

« se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé oumalade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rienpour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme,et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière,certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décomposelorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première àse décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et demouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps àcommencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : «Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans lasensation, et que la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la sourcede toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de toutmal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicurecomme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition dessensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie dela conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisquelorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais quec'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dansla vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. De plus, Épicure distingue différents types de désirs:• Les désirs naturels et nécessaires au bien-être du corps et de l'âme,qui s'appliquent aux objets susceptibles de supprimer la douleur, tels laboisson qui étanche la soif ou la pain qui calme la faim.• Les désirs naturels et non nécessaires.

Les objets de ces dernierssont, par exemple, les mets délicats qui permettent de varier le plaisir.Ces désirs ne sont naturels que pour autant qu'ils ne se transformentpas en débauche.

Ainsi, le désir sexuel est naturel à condition qu'il nedevienne pas « un appétit violent des plaisirs sexuels assorti de fureuret de tourment ».• Les désirs ni naturels ni nécessaires qu'il faut refouler si l'on veutconnaître la sérénité (désirs de gloire, de richesse, d'immortalité,ambition...).

Ces désirs sont de « vaines opinions » qui trouvent leurorigine dans la crainte de la mort, notamment. Épicure nous invite donc à mettre fin à tous les plaisirs non naturels etnon nécessaires qui occasionnent le plus souvent des désagréments,des frustrations, qui freinent l'accès à l'ataraxie (absence de trouble oude douleur). Le désir est producteur de fantasmes« Ce qui caractérise l'illusion, c'est d'être dérivée des désirs humains»(Freud, L'Avenir d'une illusion).

La psychanalyse ne voit dans le désir qu'une simple machine à produire desfantasmes.

Pour Freud, le désir recherche moins l'objet qu'il croit désirer que le fantasme inconscient dontcelui-ci est le support.

Il traduit un combat inconscient entre le Principe de plaisir et le Principe de réalité. Le désir est croyance illusoire au bonheur"Qui ne croit pas manquer d'un bien ne le désire pas", nous fait remarquer Platon dans Le Banquet.

Le désirest la recherche d'un objet que l'on imagine être source de satisfaction.

Mais, à peine assouvi, il s'empressede renaître.

Le désir n'est jamais repu parce qu'il n'a pas d'objet qui lui soit par avance assigné.

L'homme secrée l'illusion que l'objet de ses désirs pourra le satisfaire, le combler.

Mais sitôt prise, la proie prisée estméprisée.

Le désir entretient un rapport à la fois donjuanesque et désabusé avec ses objets.

Que l'on songeici à l'illusion amoureuse, à la décristallisation chez Stendhal...Schopenhauer montrera que la recherche du bonheur, le désir d'être heureux est l'illusion suprême qui résumetoutes les autres : l'individu s'imagine être une fin en soi, alors qu'il n'est qu'un moyen de l'espèce.

Et le mêmeauteur d'ajouter : « Il n'y a qu'une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour êtreheureux.

» Les hommes oscillent entre souffrance et ennui.

Souffrance de ne pouvoir satisfaire leurs désirs.Ennui de les avoir satisfait.... »

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