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Désirer, est ce renoncer à son intérêt ?

Publié le 02/04/2009

Extrait du document

 

§  Le désir semble se définir comme étant par essence désir du bonheur, au sens où il est fondamentalement une recherche de ce qui peut nous rendre heureux. En ce sens, il semble marquer la nature même de la condition humaine, puisqu’il semble être ce qui caractérise en propre l’homme, ce dernier étant l’être se caractérisant par sa recherche du bonheur. Le désir semble donc intrinsèquement lié au bonheur, néanmoins, il semble en même temps n’être jamais satisfait.

§  En effet, si le désir est fondamentalement désir du bonheur, il n’en reste pas moins qu’il semble se caractériser comme étant recherche perpétuelle, sans fin, voire quête vaine du bonheur, qui n’aboutit jamais. Dès lors, le désir serait renoncement de l’homme à son intérêt, au sens où tout désir serait marque de la misère de l’homme… Dès lors, le désir, plus que la marque du bonheur de l’homme, semble être ce qui marque bien plutôt la vanité de son existence.

§  Dès lors, c’est le désir lui-même dans son processus interne même de mouvement ininterrompu et jamais satisfait, qui semble empêcher l’homme d’accéder à l’objet de ses aspirations : le bonheur, objet de tous ses intérêts. En effet, le désir serait alors un état malheureux de l’homme en ce sens où il serait une suite ininterrompue qui ne parviendrait jamais à l’objet de sa quête.

§  Néanmoins, si le désir semble être une suite de déceptions, ne peut-il pas être également pris comme une suite d’espoirs, qui marquerait une positivité intrinsèque du désir ?

§  Le désir, qui est par essence désir du bonheur, est-il paradoxalement la marque de la nature malheureuse de l’homme en tant qu’il est voué à n’être jamais satisfait, se faisant renoncement à l’intérêt de l’homme en tant que renoncement au bonheur, où cette insatisfaction même peut-elle être le signe d’une positivité intrinsèque du désir, le désir étant en lui-même et par lui-même le bonheur qui est objet de toutes les recherches de l’homme ?

 

 

  • I) Le désir du bonheur est le propre de la nature humaine.
  • II) Le désir est la marque de la misère de l’homme.
  • III) La positivité du désir ne vient pas de son objet mais du mouvement du désir lui-même : le désir est en lui-même bonheur, tourné vers l’intérêt de l’homme.

 

 

 

« II) Le désir est la marque de la misère de l'homme. § Le désir de bonheur, en tant qu'il est ce qui outrepasse les limites de la nature, serait donc ce dontla satisfaction est toujours différée, marquant ainsi le malheur et la misère de l'homme bien plusque son bonheur.

Dans son ouvrage Le monde comme volonté et comme représentation , Schopenhauer évoque le désir, qui est essentiellement désir de bonheur, comme un mécanisme quientretient lui-même la souffrance qui le met en mouvement, et donne pour cela trois image dudésir comme désir toujours insatisfait : l'image d'Ixion, attaché sur une roue qui représente la rouedu temps : il est torturé de manière ininterrompue ce qui marque le supplice du temps qui est lasuccession ininterrompue des désirs, un désir satisfait donnant toujours lieu à un autre désir, etcela, en tant que processus sans fin.

La seconde image mythique est celle de Tantale, condamnéà une soif perpétuelle jamais étanchée, de même que le désir n'est jamais satisfait.

Enfin, latroisième image est celle des Danaïdes, condamnée à remplir perpétuellement un tonneau sansfond, l'espoir succédant à la déception et entretenant ainsi le processus.

Le désir est donc commeune machine infernale qui se remonte toujours d'elle-même et il n'y a jamais de terme dernier audésir.

Il n'y a donc jamais de terme à la souffrance et l'homme est selon Schopenhauer malheureuxquand son désir est insatisfait, mais aussi quand il est satisfait, car il s'ennuie.

Il y a donc deuxformes de douleurs conséquentes au désir : le manque ou absence et l'ennui.

L'homme n'est doncjamais en repos quant à son désir et le désir qui est un désir du bonheur, se fait paradoxalementla marque du malheur de l'homme.

L'homme passe sa vie à attendre ce qui va le décevoir quand ill'aura. § Dès lors le désir peut se formuler tel que la fait Pascal dans la Pensée 172 (édition Brunschvicg) :« Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à êtreheureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais ».

Rien dans le monde ne peut rendre leshommes heureux pour Pascal : autrefois, il y a eu dans l'homme un véritable bonheur, dont il nereste maintenant que la marque, la trace.

Le désir est donc fondamentalement cette nostalgied'une complétude originaire dont il est la trace sensible dans l'homme.

Le désir est doncsouffrance.

Or, cette trace qu'il s'agit de combler afin d'accéder à l'objet de tout désir, c'est-à-dire le bonheur, se présente pour Pascal comme un gouffre infini que l'homme par lui-même nepeut pas combler, dans la mesure où il est un être par essence fini.

Aucun objet ne suffit donc àcombler le désir qui est toujours infini, illimité.

Dès lors, le bonheur, qui pourtant est l'objet de toutdésir, est toujours au-delà, et la réalisation du désir est alors toujours différée.

Ce qui fait que ledésir est la marque de la misère de l'homme est qu'il est infini et qu'il ne peut être comblé parquelque objet que je parviendrais à obtenir.

Par l'attitude désirante, je suis fondamentalementasservi à la roue du temps.

Le désir est donc cette attitude paradoxale, cet abîme decontradiction, visant par essence le bonheur mais vouant l'homme au malheur. Tout désir est-il voué alors au malheur ? N'y a-t-il pas une positivité du désir malgré tout ? En effet, cette positiviténe peut elle pas venir du fait que malgré tout, l'attente de la satisfaction de désir est toujours espoir ? III) La positivité du désir ne vient pas de son objet mais du mouvement du désir lui-même : le désir est en lui-même bonheur, tourné vers l'intérêt de l'homme. § Le désir, s'il est succession de déception dans la mesure où il est infini et donc jamais satisfait estnéanmoins toujours en même temps succession d'espoirs, ce qui semble être la marque de sapositivité.

Dans les paragraphes 60 et 61 de l' Anthropologie d'un point de vue pragmatique , Kant pose une positivité du désir en lui-même : la satisfaction est alors dans le fait même de désirer.

La douleurest nécessaire, mais elle est perçue par Kant comme un stimulant qui empêche la vie de se tenir aurepos.

Dès lors, l'inquiétude qui est le mouvement même du désir en tant qu'il est en perpétuelmouvement, est pour Kant la vie elle-même.

La douleur ne doit pas alors être pensée commel'expression de la vanité du désir, mais comme la condition de la jouissance liée à la promotion de lavie.

L'impossibilité pour l'homme de trouver une satisfaction dans la vie n'est donc plus l'expression del'absurdité de la condition humaine, mais l'expression de passage d'un état à un état supérieur.

Il fautse rechercher les plaisirs de façon telle qu'on présente toujours la possibilité d'en trouver un plusgrand, de façon à ca que le stimulant soit conservé. § Dès lors, « les appétits sont comme la tendance de la pierre qui va le plus droit mais non pas toujoursle meilleur chemin vers le centre de la terre », Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain , § 31.

Au nom du bonheur, i faut parfois refuser un plaisir immédiat.

La condition humaine est telle queles plaisirs les plus forts supposent qu'on fasse le deuil des premiers plaisirs.

L'inquiétude des plaisirsest alors l' « aiguillon de la vie » qui nous incite à dépasser l'état présent et qui nous conduit vers lafélicité.

« L'inquiétude est essentielle à la félicité des créatures ».

L'inquiétude que produit le désir quiest une suite perpétuelle de désirs est donc ce qui caractérise l vie elle-même et il est par suite cequi est la félicité, c'est-à-dire le bonheur lui-même.

C'est donc le désir dans son mouvement même quiest le bonheur, et il y a donc une positivité du désir en lui-même.. »

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