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Devant quoi l'angoisse s'angoisse-t-elle ?

Publié le 17/01/2004

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Troublante question que celle ici posée. En effet, appartenant au domaine affectif, l'angoisse (du latin angere qui signifie « serrer, étrangler ») semble justement être une réaction d'inquiétude obscure quant à son objet. Si nous nous sentons manifestement angoissés, nous sommes comme incapables de dire « ce » qui nous angoisse. La philosophie questionnant l'existence fut l'une des premières à conférer à l'angoisse le statut de moteur essentiel (certes négatif dans sa forme) dans le rapport complexe entre l'individu et son existence. La psychanalyse reconnaît également, quant à elle, le caractère imprécis de la menace ressentie par l'angoissé. Si la peur est toujours peur devant quelque chose de précis (des souris, de la solitude...), l'angoisse ne donne pas à la conscience son objet. De fait, devant quoi s'angoisse-t-on ? L'objet de l'angoisse est-il, philosophiquement ou psychanalytiquement définissable ? Celui-ci est-il révélateur d'un sens fondamental de l'existence ?

Qu'est-ce que l'angoisse ? • Au niveau psychologique, elle correspond à un ensemble de phénomènes affectifs dominés par une sensation d'oppression, accompagnant ordinairement la crainte d'une souffrance. • L'angoisse, surtout dans la philosophie « existentielle « (Sartre, etc.) apparaît comme un sentiment métaphysique, lié à la condition de l'homme. Ainsi, dans.la philosophie de Heidegger, l'angoisse est un signe de l'Être : dans l'angoisse de la mort, l'homme conçoit son être véritable.

« de satisfaction de celle-ci (Cf.

Introduction à la psychanalyse , chapitre 25).

L'angoisse serait donc questionnée en fonction de la théorie de l'inconscient.

La pulsion (de vie et de mort) provoquerait, non déchargée, contenue, unetelle angoisse devant (évidemment) rien de distinguable.

L'angoisse serait alors une réponse de l'inconscient et dontl'objet serait lié à la sexualité. II.

L'angoisse comme critère d'authenticité humaine Sartre et Heidegger ont, quant à eux, déplacé le terrain sur lequel se joue laréflexion sur l'objet propre de l'angoisse.

Si l'angoisse est « angoisse devantrien d'étant » (Cf.

Heidegger, Être et Temps , § 40), celle-ci se caractérise comme une modalité fondamentale liée à la conscience humaine de sonexistence.

La finitude (fragilité et mortalité de l'existence humaine) préside àcette prise de conscience du caractère angoissant d'exister. Sartre, tout d'abord, détermine l'angoisse comme relevant du sentiment de sasituation d'existant.

La « facticité » de cette situation d'exister maintenant etici, redoublée par l' « absurde » de celle-ci (l'existence échappe à touteconceptualisation et ne peut être justifiée rationnellement), donne à l'existantd'une liberté absolue.

Loin d'être fédératrice de positivisme, cette consciencedonne plutôt à l'individu un sentiment d'angoisse à l'égard de cette libertéinéluctable.

Sartre affirmera ainsi que nous sommes condamnés à la liberté(Cf.

l'Être et le Néant ).

Il retrouve, en ce sens, la conscience humaine de sa totale liberté comme source de l'angoisse.

Bien qu'elle ne s'exprime plus entermes religieux, comme chez Kierkegaard, mais en termes de« responsabilité » puisque l'individu doit, dans sa condition absurde et finied'existant, donner à chaque action son sens propre.

Il est responsable de sadestinée, qu'il doit prendre totalement en charge.

Cette conscience est celled'une existence qui est fondamentalement libre dans son ouverture,conscience d'une existence qui « précède l'essence ».

Selon Sartre, l'angoisse est donc la saisie réflexive de la liberté et de ses conséquences par elle-même.

Il rejoint intégralement Kierkegaardsur la coloration métaphysique dont est teintée l'angoisse, angoisse du vertige de toutes les possibilités. C'est enfin Heidegger qui, dans sa recherche de « répétition expresse de la question de l'Être » tombée, selon lui,dans l'oubli dès sa naissance en Grèce, s'intéresse à l'angoisse de l'existant qu'il nomme « Dasein » (« être-là ») et que nous sommes tous.

L'angoisse désigne, chez l'Allemand, une affection fondamentale (Cf.

Être et Temps , § 40) qui renvoie dans l'insignifiance le réseau rassurant des significations d'usage dans nos vies quotidiennes.

L'angoisseest telle « devant rien d'étant », rappelant en cela que la menace qui nous angoisse n'est jamais manifeste ouprésente concrètement.

Angoisse d'un « a-venir », le sien, celui de l' « ex-sistant » (« ex-sistere » signifie à la fois « sortir de » et « provenir de ») qui comprend qu'il est inscrit dans un mouvement permanent (le « projet »), sansrepères et comme seule certitude la mort (le Dasein est, selon Heidegger, un « projet-jeté »).

L'angoisse est donc une modalité affective fondamentale, qui nous apprend sur notre être authentique et nous conduit à mieux l'assumer: l'homme est un « être-pour-la-mort » (« Sein zum Tode ») et la conscience de cette situation l'angoisse et l'isole en même temps.

Mais cette angoisse est positive puisque la conscience de la négativité de son objet à le pouvoirde mener à une vie « authentique ».

De sorte que l'on pourrait dire, avec Heidegger, que l'individu s'angoisse devantla vérité de l'existence, qu'il s'angoisse devant cela même qui est la solution à cette angoisse. Conclusion L'objet de l'angoisse est certes, soit abstrait, soit flou, soit métaphysique.

Il n'est, de sorte, jamais identifiablepar sa présence effective.

L'angoisse semble appartenir à l'avenir, qui semble être fondamentalement son sensgénéral.

Angoisse de l'incertain à venir. Elle trouve, en cet objet qui n'en est pas un, un écho, une réponse signifiante et donc positive à son attente.S'angoisser c'est toujours être renvoyé à soi-même dans une situation de crise (rupture, licenciement, deuil...)où la conscience appelle silencieusement à abandonner les banalités pour ressaisir « ses possibilités les pluspropres » (Heidegger).. »

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