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Le développement de la technique obéit-il à une fatalité ?

Publié le 08/03/2004

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technique
Ainsi, quels que soient les événements qui le précèdent, le résultat final est nécessaire ; Le fatalisme rend donc impossible toute liberté humaine. Le problème de la fatalité dans le développement de la technique implique que ce même développement est appelé à se réaliser de manière continuelle, inéluctable, sans que l'homme n'y puisse rien. Ainsi, on peut par exemple penser qu'on ne " lutte pas contre le progrès " et qu'un retour dans le passé serait non seulement impossible mais encore néfaste. Une sorte de robinsonnade aussi impossible qu'absurde. Cependant, on peut s'interroger sur la valeur et les présupposés d'une telle thèse. Le développement de la technique est-il si indépendant que nous ne puisions rien faire pour le contrôler ? L'homme peut-il se laisser dépasser par ce développement ? Ne sommes-nous que les spectateurs du développement des techniques, sans pouvoir en être les acteurs ? Ne pouvons-nous qu'être passifs et non actifs ? En effet, nous faisons quotidiennement l'expérience de notre aliénation à certains objets techniques dont on ne pourrait plus se passer (téléphone mobile, ordinateur, etc). Aussi, le développement de la technique obéit-il à une fatalité ?
  • I) Le progrès technique est une fatalité aliénante.
a) L'homme est, par nature, un homo faber. b) La technique progresse avec la raison. c) L'histoire de l'homme est l'histoire du progrès technique (Bergson).
  • II) La technique n'est pas une fatalité.
a) L'homme peut limiter le progrès. b) La technique est mauvaise. c) Dire oui et non à la technique (Heidegger).
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technique

« application autorisée à partir du XVIIe siècle par la naissance du mécanisme et le développement de la scienceexpérimentale.

On parle alors d'un progrès parallèle des sciences et des techniques, c'est-à-dire d'une améliorationindéfinie des connaissances de type scientifique et des applications techniques qu'il est possible d'en tirer. b) Un auto développement funeste et inévitable? Cependant l'idée même de saisir le développement de la technique comme « progrès » a été contestée.

On a pu eneffet faire valoir que tout « progrès » technique n'est pas nécessairement un développement en bien, mais peut êtreun développement en mal, comme le progrès d'une maladie.

C'est ce qu'a souligné en particulier le philosophecontemporain Michel Henry, qui voit la source de ce développement pour ainsi dire pathologique de la techniquedans le fait qu'elle s'est constituée en domaine autonome, liée à la seule science mathématique de la nature,séparée des autres modes de connaissance et des autres domaines de la culture, et qui a mis hors jeu le monde-de-la-vie et la vie elle-même.

« Le progrès technique, écrit M.

Henry, qui était compris traditionnellement comme l'effetd'une découverte théorique "géniale", c'est-à-dire accomplie par un individu exceptionnel (Pasteur), a lui aussitotalement changé de nature.

Par ce biais de l'activité individuelle de l'inventeur et de sa vie propre, il étaitrattaché aux progrès de la culture en général et appréhendé comme une de ses branches.

Mais rien de tel ne seretrouve aujourd'hui dans le développement de la technique s'accomplissant comme autodéveloppement.

On peutseulement dire : si des techniques a, b, c, sont données dont la composition est la technique d, celles! seraproduite, inévitablement, comme leur effet assuré, peu importe par qui et où.

Ainsi s'explique la simultanéité desdécouvertes en divers pays, leur inéluctabilité aussi.

Leur "application" n'est pas la suite éventuelle et contingented'un contenu théorique préalable, celui-ci est déjà une "application", un dispositif instrumental, une technique.Aucune instance n'existe, d'autre part, qui serait différente de ce dispositif et du savoir scientifique matérialisé enlui pour décider s'il convient ou non de le "réaliser".

Ainsi l'univers technique prolifère-t-il à la manière d'un cancer,s'autoproduisant et s'autonormant lui-même, en l'absence de toute norme, dans sa parfaite indifférence à tout cequi n'est pas lui — à la vie.

» (La Barbarie, p.

98). Dans ces conditions, le développement de la technique serait bien une fatalité au double sens du mot.

Il nous fautcependant examiner de plus près la valeur de la technique. 2.

Le projet d'une technique libératrice Descartes : « des connaissances fort utiles »« Sitôt que j'eu acquis quelques notions générales touchant la physique [...],j'ai remarqué jusque où elles peuvent conduire [...].

Elles m'ont fait voir qu'ilest possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie ; etqu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, onen peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force des actionsdu feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps quinous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les diversmétiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tousles usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres etpossesseurs de la nature » (Discours de la méthode, 1637, 6e partie). Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes met au jour un projet dont nous sommes les héritiers.

Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception de lascience, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs de la nature ».

Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme, de la domination technicienne du monde. Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa compréhension antérieure.

Dans le « Discours de la méthode », Descartes polémique avec la philosophie de son temps et des siècles passés : la scolastique, que l'on peut définir comme une réappropriation chrétienne de la doctrine d' Aristote . Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une « philosophie pratique ».

La philosophie spéculative désigne la scolastique, qui fait prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur l'agir. Aristote et la tradition grecque faisaient de la science une activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre but que de comprendre le monde, d'en admirer la beauté.

La vie active est conçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne non seulement des hommes, mais des dieux. Descartes subvertit la tradition.

D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.

Avec le cartésianisme, un idéal d'action, demaîtrise s'introduit au cœur même de l'activité de connaître. La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes lescommodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé […] » La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».. »

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