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Le développement de la technique est-il un processus aveugle ?

Publié le 28/10/2005

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technique
Nous verrons qu'à côté de beaucoup d'actes explicables par l'imitation, ou par l'association automatique des images, il en est que nous n'hésitons pas à déclarer intelligents ; en première ligne figurent ceux qui témoignent d'une pensée de fabrication, soit que l'animal arrive à façonner lui-même un instrument grossier, soit qu'il utilise à son profit un objet fabriqué par l'homme. Les animaux qu'on classe tout de suite après l'homme au point de vue de l'intelligence, les Singes et les Éléphants, sont ceux qui savent employer, à l'occasion, un instrument artificiel. Au-dessous d'eux, mais non pas très loin d'eux, on mettra ceux qui reconnaissent un objet fabriqué : par exemple le Renard, qui sait fort bien qu'un piège est un piège. Sans doute, il y a intelligence partout où il y a inférence ; mais l'inférence, qui consiste en un fléchissement de l'expérience passée dans le sens de l'expérience présente, est déjà un commencement d'invention. L'invention devient complète quand elle se matérialise en un instrument fabriqué. [...] En ce qui concerne l'intelligence humaine, on n'a pas assez remarqué que l'invention mécanique a d'abord été sa démarche essentielle, qu'aujourd'hui encore notre vie sociale gravite autour de la fabrication et de l'utilisation d'instruments artificiels, que les inventions qui en jalonnent la route du progrès en ont aussi tracé la direction. »   3. Le projet techniciste - l'homme comme quasi maître de la nature     DESCARTES « Sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique [ndé. Sciences de la nature] et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusques à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées, sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes.

Le développement de la technique est-il un processus aveugle ? Cette question nous plonge dans ce qu'on appelle la technocratie. En effet il y aurait une sorte de pouvoir indépendant, le pouvoir de la technique comme si la technique était indépendante. En ce sens la technique serait autonome, et nous n'y jouerions aucun rôle. Cependant la technique a une origine humaine. L'homme est un homo faber, et la technique est donc le fruit du travail humain. Cependant son évolution semble peu à peu se détacher de son origine humaine. Il semble donc nécessaire de réguler ce processus qui semble aveugle, quasi non raisonnable. Parfois le progrès de la technique semble aller contre son origine humaine. Son progrès semble inquiétant à l'instar d'une sorte de frankensteinisation de la technique. Il semble donc nécessaire sans entraver son processus de lui adjoindre un contrôle, tout du moins un moteur réflexif régulateur – pour que d'aveugle la technique devienne éclairée.

 

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« ARISTOTE, Partie des animaux« Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plusintelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il ades mains.

En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capablede bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bienêtre non pas un outil, mais plusieurs.

Car elle est pour ainsi dire unoutil qui tient lieu des autres.

C'est donc à l'être capable d'acquérir leplus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loinle plus utile, la main.

Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bienconstitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que,dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pourcombattre), sont dans l'erreur.

Car les autres animaux n'ont chacunqu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de lechanger pour un autre, mais ils sont forcés, pour ainsi dire, de garderleurs chaussures pour dormir et pour faire n'importe quoi d'autre, et nedoivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de leur corps nichanger l'arme qu'ils ont reçue en partage.

L'homme, au contraire,possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisibled'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.

Carla main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute autrearme ou outil.

Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.

» Ce texte a donc pour objet de montrer que non seulement l'homme n'est pas le moins bien pourvu desanimaux, mais même qu'il est celui qui a été pourvu d'un organe tout à fait spécial, qui peut remplir lafonction de tous les autres moyens qui ont été donnés aux autres animaux : la main.En effet, « les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de lechanger pour un autre ».

Ils ne peuvent pas même s'en séparer momentanément.

Le lion doit garder sesgriffes et l'aigle ses serres.

Le renversement de perspective par rapport au mythe de Prométhée est doncradical : l'homme est en réalité le mieux pourvu car il possède la main qui représente, virtuellement, tous lesautres outils naturels donnés aux êtres vivants.Avec cette main, il possède de « nombreux moyens de défense » et il lui est toujours loisible d'en changer,de sorte qu'il possède l'arme qu'il veut, quand il veut.

Car la main peut devenir «griffe, serre, corne [...] outoute autre arme ou outil ».La main est donc un outil naturel qui « tient lieu des autres » et c'est là toute sa spécificité.

Pourquoi, alors,la nature a-t-elle donné à l'homme seul cet outil « de loin le plus utile » ?C'est que la nature ne fait rien en vain, selon Aristote, et si elle a doté l'homme de la main, c'est parce qu'ilest seul capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques.Seule, en effet, l'activité humaine est véritablement inventive.

La technè est chez l'homme une dispositiontournée vers la création, et « accompagnée de raison », ce qui l'oppose de ce fait, aux autres animaux.La nature a donc donné à l'homme des mains à la mesure de ce que peut lui permettre de faire sonintelligence.

L'outil, en effet, n'est pas seulement le prolongement naturel de la main, il est la traductionmatérielle de son intelligence.C'est pourquoi Aristote peut affirmer que « ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plusintelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains ».

2.

L'homme est avant tout homo faber BERGSON« A quelle date faisons-nous remonter l'apparition de l'homme sur la terre ? Au temps où se fabriquèrent lespremières armes, les premiers outils.

On n'a pas oublié la querelle mémorable qui s'éleva autour de ladécouverte de Boucher de Perthes dans la carrière de Moulin-Quignon.

La question était de savoir si l'onavait affaire à des haches véritables ou à des fragments de silex brisés accidentellement.

Mais que, sic'étaient des hachettes, on fût bien en présence d'une intelligence, et plus particulièrement de l'intelligencehumaine, personne un seul instant n'en douta.

Ouvrons, d'autre part, un recueil d'anecdotes sur l'intelligencedes animaux.

Nous verrons qu'à côté de beaucoup d'actes explicables par l'imitation, ou par l'associationautomatique des images, il en est que nous n'hésitons pas à déclarer intelligents ; en première ligne figurentceux qui témoignent d'une pensée de fabrication, soit que l'animal arrive à façonner lui-même un instrumentgrossier, soit qu'il utilise à son profit un objet fabriqué par l'homme.

Les animaux qu'on classe tout de suiteaprès l'homme au point de vue de l'intelligence, les Singes et les Éléphants, sont ceux qui savent employer, àl'occasion, un instrument artificiel.

Au-dessous d'eux, mais non pas très loin d'eux, on mettra ceux quireconnaissent un objet fabriqué : par exemple le Renard, qui sait fort bien qu'un piège est un piège.

Sansdoute, il y a intelligence partout où il y a inférence ; mais l'inférence, qui consiste en un fléchissement del'expérience passée dans le sens de l'expérience présente, est déjà un commencement d'invention.L'invention devient complète quand elle se matérialise en un instrument fabriqué.

[...] En ce qui concernel'intelligence humaine, on n'a pas assez remarqué que l'invention mécanique a d'abord été sa démarcheessentielle, qu'aujourd'hui encore notre vie sociale gravite autour de la fabrication et de l'utilisation. »

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