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Que deviendrait une société sans artistes

Publié le 21/03/2004

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Ils reposent à la fois sur les frustrations actuelles et sur les impressions laissées par les événements infantiles. Limité, borné, voué à l'impuissance et à la pauvreté, à l'opacité de formations issues du refoulement et de l'enfance: tel est l'imaginaire du profane. A cette limitation s'oppose la fécondité de l'artiste. Profane ne s'évade pas d'une sphère bornée. Créateur authentique de Beauté accède à une double possibilité qui lui fait retrouver la réalité au sens plein et objectif du terme. Infériorité névropathique, caractère subjectif de ses scénarios imaginaires, scénarios par lesquels il ne peut communiquer avec personne. Artiste s'évade de la simple subjectivité arbitraire et inessentielle par un double travail: il fait de ses scénarios une matière pour une forme cad une structure dynamique constituant l'objet esthétique en tant que tel. Exemple: contenu = angoisse, souffrance de l'artiste expressionniste comme "Le cri". Forme = couleurs, tonalités sourdes ou intenses, jeu de mouvement où l'homme est en proie à l'angoisse. Rêve abandonne toute détermination individuelle pour devenir chose de tous où tous se reconnaissent de manière universelle.

« miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avonspu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

Lalaideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beaucheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Lepoète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. — Sans artistes authentiques: la société ne dispose que d'artistes soumis au pouvoir et à ses directives.

On aboutit alors au totalitarisme, au conformisme et à l'uniformité de la pensée: société déshumanisée, de pursautomates.

Si l'on connaît bien le concept de sublimation chez Freud, on peut faire valoir qu'une société sansartistes suppose l'impossibilité de toute sublimation.

Dès lors, risque de disparaître, en même temps que l'art, touteactivité théorique (la science par exemple), tandis que se multiplieraient les comportements pathologiques, l'absencede sublimation signifiant, soit un refoulement généralisant des déséquilibres, soit un défoulement direct des pulsions.Cf; Le texte de Freud ci-dessous. De nombreux témoignages d'artistes convergent vers une idée commune ils n'auraient pas pu se passer decréer, et de créer ces oeuvres-ci.

La création obéit donc à des impératifs d'ordre quasi vital.

Prenons l'exemplede la psychanalyse.

Freud montre que l'artiste est au départ un homme introverti, « qui frise la névrose »(Introduction à la psychanalyse).

La création lui permet de donner à ses pulsions une satisfaction détournée,incarnée dans l'oeuvre d'art.

Celle-ci revêt du coup une fonction salutaire au sens fort, pour l'artiste (ellepréserve sa santé mentale) et pour la société, qui se retrouve dans l'oeuvre achevée alors qu'elle étaitmenacée par les pulsions qui y présidaient.

C'est le processus de « sublimation », qui définit une utilité vitale des oeuvres d'art.. »

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