Devoir de Philosophie

Ai-je le devoir de faire le bonheur des autres ?

Publié le 03/01/2004

Extrait du document

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon la représentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable. Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la raison. Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien. Entre la loi et lui (cad son vouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques. A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant la question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non. Ou bien cette action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action) est un impératif hypothétique. Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le système de KANT. Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle « problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant à une fin réelle).

La morale populaire nous enseigne qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir des droits, mais aussi des devoirs. Le devoir en général est moral : il tient compte d’autrui, sinon la notion ne se poserait pas
( nous agirions librement ). Tenir compte d’autrui, c’est lui garantir une satisfaction, un bien-être minimal.
Pourtant, comme le remarque Nietszche, dans sa Généalogie de la morale, le devoir ( exprimable sous la forme d’un « Tu dois… « perpétuel ) est contraignant et même cruel vis-à-vis d’autrui car il ne souffre pas de concessions et ne fait pas de cadeau à autrui : il instaure un rapport de créancier à débiteur ( qui en doit toujours à l’autre ). Si l’un s’y soustrait pour n’agir qu’à sa tête, il devra, encore une fois, le payer de sa vie pour le respect de l’intérêt universel ou général.
Ainsi, si le devoir est une forme cruelle de rapport social, devons-nous faire le bonheur des autres, se soucier d’eux pour notre action ?
Ce qui s’impose à nous est d’assurer notre propre bonheur ; personne ne peut le déterminer à notre place. Cependant, les autres représentent une condition non négligeable pour mon bonheur. Est-ce qu’un pur bonheur égoïste est de notre intérêt ? Le bonheur collectif ou commun satisfait pleinement l’homme : ce serait même pour Aristote son « Souverain Bien «. Pour le réaliser, il s’agirait de concéder certains devoirs, ceux qui concernent l’individu qui sait vivre en société : le citoyen. Par l’intermédiaire du devoir de respect de la loi, nous respectons la réalisation du bonheur de chacun. Mais, dans le fond, si le bonheur ne peut qu’appartenir à chacun, existe-t-il vraiment ? Est-il une fin conciliable entre les individus ? Peut-on individuellement le vivre sans outrage de la part d’autrui ?
Le bonheur ne peut être garanti. Cependant, n’avons-nous pas pour impératif ou pour devoir de garantir notre liberté, condition de détermination de toutes fins? Le devoir de liberté ne doit-il pas être rationnel pour pouvoir échapper à l’esclavage de nos désirs d’utiliser les autres comme nos objets, de façon préjudiciable pour nous ?

« • Kant soucieux de distinguer les vrais des faux problèmes, explique que le problème du bonheur ne peut pas êtrerésolu, parce que la notion de bonheur («Un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute macondition future») est paradoxale: soit le bonheur est intense comme un plaisir, mais alors on ne peut pas le penser(ni l'éprouver) dans la durée; soit il dure, mais alors il apparaît comme inférieur au plaisir et s'accompagne d'unecertaine mélancolie.• Autrement dit, on n'est jamais satisfait d'être satisfait.

Kant conclut que le bonheur est un «idéal del'imagination», et que nul ne peut savoir avec certitude ce qu'il veut, tout désir allant de pair avec des mauxpossibles.• Pour parvenir à penser le bonheur, il faut le distinguer de la notion religieuse de félicité éternelle.

Il faut admettreque le bonheur est contingent et dépend, quoi qu'en disent les stoïciens, de choses qui ne dépendent pas de nous.Peut-être est-ce là le secret du bonheur: être grandi par ce qui ne dépend pas de nous.

Comme dans l'amour. « Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principesempiriques.

» KANT. Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus exactement de critiquede la métaphysique), « Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la moraleavec les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage surla morale : « Critique de la raison pratique » (1788).On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de notreexpérience interne), du monde (le tout complet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu(considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous ne pouvons que nous livrer à des spéculationsmétaphysiques qui dépassent les limites de l'expérience effective possible.

Un savoir métaphysique transcendant,portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est impossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, quis'interroge sur les conditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travail accompli, KANT cherche àappliquer cette même méthode critique à la morale, en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité del'action morale.C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la métaphysique ».

Et passant en revue lesthèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans ladeuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs »), demettre fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'ya pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce quele bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, donton attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série deconséquences en réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander… » Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT.

On saitque pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celuide la nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtresraisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de la nature mais bien plutôt selon leurvolonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à deslois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et quisont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'iln'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entre la loi et lui (cad sonvouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, ils'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant laquestion de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.

Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le systèmede KANT.

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle «problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant àune fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, […] unbut qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposenteffectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique qui représentela nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE.

»L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, maisseulement un impératif hypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheurpropre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pasabsolument, mais seulement comme moyen pour un autre but.

»Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne «non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique.

«Cet impératif peut être nommé « l'impératif de la MORALITE.

»Ainsi, selon KANT, y a-t-il à distinguer entre bonheur et moralité.

Alors que la moralité est tout entière tournée vers. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles