Devoir de Philosophie

Est-ce un devoir de travailler ?

Publié le 04/09/2005

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Suggestion de plan : Première partie : Le travail : une notion historiquement déterminée Il serait erroné de considérer que le rapport d'obligation au travail est un universel. D'abord, il faut se souvenir que l'aristocratie a érigé au contraire l'oisiveté en une valeur et qu'elle a exercé son mépris à l'égard des classes laborieuses ; la guerre, en tant que confrontation politique entre états, avait plus de prix que d'assurer le quotidien dans sa répétitivité et son étroitesse. Les mains blanches, qui n'avaient pas à toucher à la terre, ni à se salir, étaient celles des possédants capables de ne pas éreinter leur existence dans l'effort. Le marxisme utilise l'idée autrement, considérant que le travail obligatoire est une forme moderne de l'esclavage : « Le domaine de la liberté commence là où cesse le travail. « Marx, Karl. Il est certain que les démocraties contemporaines ont érigé la valeur du travail en une espèce d'universel incontournable, d'abord parce qu'elles en avaient besoin d'un point de vue économique, ensuite parce qu'elles en avaient besoin d'un point de vue social, comme facteur d'équilibre du tout (« Le travail constitue la meilleure des polices. « Nietzsche). Roger Caillois dans Les jeux et les hommes insiste sur cette réprobation qui pèse sur le jeu, et montre par exemple que le travail est seul présenté comme une forme de la justice, tout autre accumulation d'argent étant regardée avec suspicion (la loterie est notamment réprouvée en ce qu'elle est par essence « injuste « : « Le travail fourni est la mesure de la justice. «) Il ne faut bafouer ni l'égalité, ni l'effort. Deuxième partie : Les limites de l'oisiveté Pourtant, l'impression d'un être livré à une pure gratuité ressemble à une espèce de sommeil improductif, non pas seulement, du point de vue de la nécessaire transformation des choses naturelles en objets de consommation manufacturés ou finis, mais encore du point de vue de l'esprit, qui a besoin de s'attacher à des buts, des projets constructifs, afin de se dépasser lui-même.

« labeur, de la peine et de la nécessité. Deuxième partie.

L’humanisation de l’homme dépend de son aptitude à travailler. Le travail est formateur.

« L’oisiveté est la mère de tous les vices », comme dit le proverbe, cela signifie qu’acontrario le travail est la matrice de toutes les vertus : endurance, persévérance, discipline, estime de soi, sens del’entraide etc.

En ce sens, travailler n’est pas seulement une contrainte mais une obligation : un devoir que l’hommea envers lui-même afin de lui donner l’occasion de développer « les facultés qui sommeillent en lui », comme l’évoqueMarx dans les Manuscrits de 1844.

(voir cours).

Ces facultés sont l’observation, l’anticipation, le calcul, l’habileté, laperfectibilité etc.

En un mot, le travail humanise l’homme, il est facteur de progrès (l’animal ne travaille pas).

Ilpermet à l’homme de faire passer ses potentialités de la puissance à l’acte et de l’inscrire dans une histoire : celledes progrès du genre humain.

Autrement dit, en travaillant, l’homme travaille à édifier sa propre nature.

La sortie dumonde animal de l’instinct et la longue route vers l’acquisition de la rationalité suppose que l’homme se confronte àla nature par le travail. Transition critique : pour autant, si l’homme a l’obligation de travailler pour devenir un homme, certaines formes detravail dégradent son humanité, en particulier celles qui l’aliènent dans le processus de production, c’est-à-dire quifont que l’homme devient l’esclave de la machine ou d’un employeur qui ne voit en lui seulement qu’une force detravail. Troisième partie.

L’homme n’a pas le devoir de travailler mais d’œuvrer à la réalisation de soi par l’activité. Pour résoudre la contradiction entre les deux sens du « devoir », il faut faire des distinctions.

L’homme n’a pas ledevoir moral de travailler en toutes circonstances et quelque soient l’organisation et les outils de productionauxquels il se trouve soumis sans avoir le choix.

Au contraire, on peut même dire qu’il a le devoir d’en changer lesconditions et d’essayer de se libérer des nécessités représentées par le travail.

A sa manière, Aristote disait bienque, si l’on pouvait s’en passer, par exemple en créant des robots, le travail ne mériterait pas d’être poursuivi.

: « Sidonc il était possible à chaque instrument parce qu’il en aurait reçu l’ordre ou par simple pressentiment de mener àbien son œuvre propre, comme on le dit des statues de Dédale ou des trépieds d’Héphaïstos qui, selon le poète,entraient d’eux-mêmes dans l’assemblée des dieux, si, de même, les navettes tissaient d’elles-mêmes et les plectresjouaient tout seuls de la cithare, alors les ingénieurs n’auraient pas besoin d’exécutants ni les maîtres d’esclaves.

»(Aristote, Les Politiques, I, 4, 1253 b 33) En revanche, sur un plan éthique de réalisation de soi, l’humanité de l’individu exige que celui-ci s’engage dans uneœuvre, c’est-à-dire dans une action finalisée par un projet.

L’homme se doit d’agir et le but de son action est defavoriser l’épanouissement de la liberté.

En ce sens, l’oeuvre de toute une vie peut être justement d’abolir lesconditions de travail indignes (par le militantisme ou le syndicalisme notamment).

Il y a donc un devoir politique dechanger les relations économiques et sociales qui font du travail une forme d’asservissement. Conclusion.

La nécessité de travailler ne crée pas d’obligation morale de le faire.

On ne peut déduire un devoir d’unecontrainte.

En revanche, l’homme a envers lui-même un devoir : la réalisation de soi.

Or celle-ci passe, entre autres,par la discipline de l’action induite par le travail.

Toute grande action et toute grande ambition ne peuvents’accomplir sans cela.. »

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