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Dialogue romanesque

Publié le 20/01/2013

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Sujet d'invention : le dialogue romanesque Premier sujet sur le roman : Madame Bovary de Gustave Flaubert, 1857 Personnages : Georges Durand, professeur de français et Rachel Martin, élève de son ancienne université. Dans les jours d'hiver sombres et tumultueux, Georges Durand, professeur de français, aimait aller dans un petit café pas loin de chez lui pour oublier l'ennui et la tristesse que lui causait ce temps. Lorsqu'il ouvrit la vieille porte grinçante du café, il aperçu une jeune femme qu'il lui semblait familière. En effet c'était Rachel Martin, l'une de ses meilleures élèves au temps où il enseigna à l'université littéraire de Paris, il y a maintenant quelques années et avec qui il avait gardé contact. Elle était assise à une table au fond du café à côté du chauffage, elle lisait paisiblement un roman autour d'un bon café chaud. Il s'approcha d'elle pour la saluer : « Bonjour Rachel, comment allez-vous ? Dit-il après avoir enlever toutes ses couches de vêtements. « Surprise de le voir ici, elle posa son livre et répondit : « Bonjour Georges, je me porte à merveille et vous ? Je vous en pris asseyez vous à ma table. -Avec plaisir, répliqua t-il enthousiaste, ma foie je me porte très bien aussi. «   Puis il tendu la main vers un serveur qui passait par là et interrompu sa course pour lui commander un café.  « -J'ai vu que vous lisiez un livre, reprit-il ensuite. -Oui, en effet, je lisais pour la deuxième fois Madame Bovary de Flaubert, déclara-t-elle, fière d'elle, l'avez vous déjà lu ? -Plus d'une fois, ce roman est vraiment passionnant ! Dit-il les yeux pétillants de souvenirs qu'il lui revenait. -Vous le connaissez donc très bien ? Parce que quelque chose me pose problème dans ce roman, s'exclama-t-elle avec rigueur. -Oui bien sur, je pourrais peut être vous éclairez ? Proposa t-il, enthousiaste à l'idée de pouvoir aider son amie. Quel est votre problème ? -Je ne vois pas en quoi les personnages principaux, Emma et Charles Bovary, peuvent-ils nous apparaître comme des héros et pourtant je l'ai lu éperdument ? Madame Bovary est le personnage centraux de l'histoire, mais est-ce-que cela fait d'elle une héroïne ? -Mais bien sur que oui ! Dès que l'on voit la couverture du roman le titre « Madame Bovary « nous apparaît comme l'héroïne de ce fabuleux roman, dit-il étonné de la question simplette de Rachel. Flaubert aurait-il mis le nom d'une femme sans importance comme titre de son roman si elle n'en était pas l'héroïne? -En effet je comprends votre point de vue, mais cela n'est-il pas trop facile de dire qu'un personnage est héroïque par sa place dans un roman ? rétorqua-t-elle, pleins d'entrains. -Bien sur, mais on va découvrir au fil du roman que son rôle a un but bien précis, Flaubert veut dénoncer plusieurs vices humains et c'est pour ça qu'il va faire d'Emma une héroïne. -Mais Emma ne réalise pas d'actes héroïques comme « Ulysse « dans l'Odyssée d'Homère qui fait de lui un vrai héros. -Madame Bovary n'est pas le même type de héros qu'Ulysse. C'est une héroïne moderne. À votre avis un personnage doit être semblable à Ulysse pour être héros d'un roman ? -Oui, ou du moins il doit en avoir quelques caractéristiques. Par exemple un héros doit pleins de dignité, courageux dans ses actes, vivre des aventures extraordinaires ou faire preuve d'une grandeur admirable, dit-elle pleines d'étoiles scintillantes dans les yeux. « Un rire s'échappa de la bouche de Georges qui n'en croyait pas ses oreilles. -Mais quel âge avez-vous pour croire encore à ses sottises ? Franchement je ne vous croyais pas aussi naïve. Depuis le 17ème, les romanciers cherchent à faire vivre des personnages qui soient proches de leurs lecteurs et de leur quotidien. Le héros  est alors le pivot du roman, et non un demi-dieu comme Ulysse, ou un être stéréotypé comme Monsieur Wolf ou Gwennola dans Delly. Le roman met en scène un personnage face au monde, un être nuancé, aux réactions complexes et diverses. -Je vous parais un peu ingénu et enfantine mais Madame Bovary aussi croit en cela, et c'est cela qui en fait tout son charme. C'est une personne ordinaire et banal comme moi, qui n'a rien d'exceptionnelle, répliqua-t-elle avant de boire une gorgée de son café encore chaud. Puis elle ajouta : -En plus, elle a une vie plutôt ennuyeuse « sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie « (Première partie, chapitre VII), reprit-elle en ouvrant son livre et montrant le passage à Georges où la vie de Madame Bovary est décrite ainsi. Je ne vous mens pas, finit-elle. - Mais c'est pour cela aussi qu'elle apparait comme une héroïne, répliqua Georges en prenant le livre, c'est par sa banalité et son innocence qu'Emma séduit le lecteur surtout les lectrices qui peuvent s'identifier à elle. Et malgré son destin fatal d'être « Madame Bovary «, elle essaye de s'échapper de cette vie assommante en rêvant. « Rachel ne semblant pas convaincu mais écoutant avec attention les propos que défendaient Georges, il poursuivit : « Ce roman raconte l'histoire d'une destinée, d'un mythe. Emma Bovary n'a, en effet, pas les caractéristiques d'une héroïne. Elle s'ennui, méprise son mari et le trompe avec deux amants. Ce n'est pas franchement exceptionnel comme destin. Mais pourtant Flaubert en a fait un véritable mythe. Et Emma est devenu aujourd'hui une héroïne au même titre qu'Ulysse, même si elle n'accompli pas d'exploits. C'est ce qui donne naissance au bovarysme. « Le serveur apporta le café à Georges, qui le prit entre ses mains froides, ce qui laissa un temps de réflexion à Rachel. Ils ne voyaient pas le temps passer et étaient tout les deux passionnés par ce débat qu'ils poursuivent avec ardeur : « Je pense que vous m'avez convaincu pour le personnage d'Emma qui semble être une héroïne éponyme moderne. Mais vous ne pouvez pas dire que Charles Bovary apparait comme un héros dans ce roman. -Je pense que comme je l'ai dit pour Emma, le fait qu'il soit un des personnages principaux est un argument de son héroïsme. -Je ne trouve pas que ce soit un argument pertinent. Charles Bovary est présenté d'emblé comme un « pauvre garçon « (Première partie, chapitre I) ridiculisé. Il est dominé par les femmes tout le long du roman. C'est tout d'abord sa mère qui le domine en le poussant à faire médecine. Puis c'est sa première femme qui le mène à la baguette jusqu'à sa mort. Pour finir c'est sa seconde femme Emma qui va le manipuler à sa volonté. Il n'a pas l'aspect dominant d'un héros, il parait plus soumis à sa destinée. -Oui c'est vrai mais comme l'a dit Emile Zola « le premier homme qui passe est un héros suffisant «. Chacun peut être un héros même les plus faibles, la preuve même les descendants des Macquart, qui sont tous des personnages soit alcooliques, soit de petite vertu ou autres, sont les héros de la série de romans très connue des Rouguon-Macquart, soutient-il persuadé qu'il avait raison. -Donc d'après vous les personnages de Rodolphe Boulanger et Léon Dupuis peuvent aussi nous apparaitre comme des héros dans cette oeuvre ? Raisonna Rachel. « Après un moment de réflexion en buvant son café, Georges renchérit : « Non, on ne peut pas dire cela car ses deux personnages ne sont pas présents tout le long du roman. Ce sont des séducteurs qui ne cherchent qu'à séduire Madame Bovary par leurs mots, par exemple si je m'en souviens bien Rodolphe exploite le fait qu'Emma soit en quelques sortes prisonnières de son statue sociale, de son mariage avec Monsieur Bovary pour la séduire en lui disant : « Madame Bovary !...Eh ! Tout le monde vous appelle comme cela !...Ce n'est pas votre nom, d'ailleurs, c'est le nom d'un autre «(deuxième partie, chapitre IX). Mais je ne comprends pas. Comment voyez-vous donc le personnage de Charles ? - Charles est plutôt, à mes yeux, un anti héros. C'est un personnage banal, qui n'accomplit aucun acte héroïque. D'une part il est trompé par sa seconde femme et il ne s'en rend même pas compte, preuve de sa naïveté. D'autre part il n'arrive pas à rendre heureuse sa femme, Emma, qui finit par se suicider comme un personnage de ces romans à l'eau de rose qu'elle lisait lorsqu'elle était au couvent et dont elle était captivée tout au long de sa vie, par exemple le fabuleux roman Roméo et Juliette de William Shakespeare, s'acharna Rachel. « Elle regarda l'heure de sa montre et s'affola par le temps qui avançait très vite. Elle s'excusa auprès de Georges : « Excusez-moi mais je dois partir, j'ai un rendez-vous très important et je suis déjà en retard. En tout cas merci beaucoup de m'avoir éclairé sur ce sujet, s'empressa-t-elle en finissant son café qui était maintenant froid. -Ce fut un plaisir pour moi aussi, j'espère vous revoir bientôt. -Demain à la même heure ? Convia-t-elle. -Parfait, s'exclama Georges.« Rachel prit en vitesse ses affaires, le salua, et sans oublier de payer l'addition, quitta le café. Georges bu tranquillement son café et à son tour retourna chez lui quelques minutes plus tard, content d'avoir pu à nouveau débattre avec son ancienne amie et pressé d'être demain pour continuer cette fabuleuse entrevue.

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