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Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, (1796) : « Le discours du vieillard »

Publié le 15/05/2012

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  Denis Diderot est un écrivain et philosophe français des Lumières notamment reconnu pour son esprit critique. Cet auteur touche beaucoup de genres littéraires, révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste et participe également à l'écriture de l'Encyclopédie. Le passage étudié est extrait du chapitre  « Le discours du vieillard « du Supplément au voyage de Bougainville , paru en 1796 et dans lequel un Tahitien fait le procès de la société européenne. Nous pouvons nous demander par quels procédés Diderot tente de convaincre et de persuader le lecteur. Nous verrons d'abord en quoi ce texte fait le procès de la société européenne et l'éloge la vie sauvage pour enfin mettre en évidence les armes de l'argumentation.

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« Il est aisé de dire que Diderot fait l'éloge de la vie sauvage et les assimile à des êtres heureux et altruistes.

Les attributs «innocents » (24) « heureux »(25) « communes » (29) témoignent des qualités des tahitiens qui vont jusqu'au partage desfemmes "Nos filles et nos femmes nous sont communes" (29) Diderot assimile cette capacité à partager à un « privilège »(29).

De plus il généralise ces qualités à l'ensemble des tahitiens par des pronoms et des déterminants « nous » (24,25,27,29),« notre » (24,34) « tous » (27,37).

Il insiste donc également sur l'unité du peuple tahitien par leurs qualités communes.

Pourfaire l'éloge du monde sauvage, Diderot établit une structure en deux temps : il valorise d'abord les tahitiens "nous sommesinnocents, nous sommes heureux" (L24) puis condamne les européens "et tu ne peux que nuire à note bonheur" (25).

Cetteopposition est renforcée par le rythme binaire et la conjonction "et" (25,26,27) qui marque l'opposition Le sauvage est vu comme un être libre et respectueux.

En effet, tout comme l'européen, le tahitien est prêt à tout pourdéfendre pour protéger ses valeurs.

«tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir » (48) tout commel'européen « tu n'es pas un esclave : tu souffrirait la mort plutôt que de l'être » (L46) En le rapprochant de l'européen on lemet donc en valeur.

Les questions rhétoriques « Avons-nous pillé ton vaisseau ? … » (L52) montrent ce qu'est le non-respect : il est évident qu'il s'agit de l'attitude inverse à ces celle des tahitiens : le lecteur voit le tahitien comme respectueux.L'anaphore « avons-nous » (52/53/54) et le rythme ternaire appuient l'idée de l'innocence des sauvages.

Enfin, le Tahitien est valorisé puisqu'il refuse tout ce qui est superflu et ne veut vivre que de ce qui est nécessairecontrairement aux européens.

Les moeurs du monde sauvage sont "plus sages et plus honnêtes" que celles de la sociétéeuropéenne : le comparatif de supériorité valorise donc le monde sauvage.

Le Tahitien reprend le jugement que leseuropéens porte sur lui "notre ignorance" (57) : il est conscient de ce que les européens pensent mais selon lui ceraisonnement est faux puisque les lumières sont superflues : on peut donc lui attribuer une certaine sagesse puisqu'il donneune leçon aux européens.

Par ailleurs le Tahitien donne des exemples des réels besoins de l'homme "Lorsque nous avonsfaim..

de quoi manger.

Lorsque nous avons froid...de quoi nous vêtir" (61) Les besoins énoncés sont l'alimentation et lesvêtements pour lutter contre le froid, des besoins vitaux.

De plus, pour les Tahitiens, il est essentiel de profiter de la vie etde se contenter de ce qui est nécessaire et il est inutile de vouloir toujours plus et de courir après des besoins imaginaires : ilinterroge donc les européens "Quand finirons-nous de travailler? Quand jourons nous?" (67) : on peut donc opposer le reposdes Tahitiens et l'agitation des européens.A travers ce texte, Diderot fait donc l'éloge du monde sauvage.

L'efficacité de l'argumentation est notamment due à une mise en scène originale.

En effet, l'extrait est au discours direct"Puis s'adressant à Bougainville, il ajouta" (L22).

Celui-ci apporte dynamisme et authenticité aux paroles du Tahitien : lelecteur a accès aux paroles telles qu'elles ont été prononcées.

De plus le ton marqué par des questions rhétoriques(35,39,40,43) et des exclamations (38,42,46,47) renforce le contenu et décuple l'impact du texte sur le lecteur.

Cette scène a laparticularité d'être imaginaire : le dialogue entre un européen et un sauvage très éloquent qui en plus partagent la mêmelangue est peu probable.

Lorsque le Tahitien qualifie les Lumières "d'inutiles" (58) : le lecteur est choqué puisque à l'époque elles sont considéréescomme le plus grand progrès de l'homme.

Cependant, tout au long du texte, le lecteur a tendance a prendre le côté dumonde sauvage puisque le Tahitien fait le procès des européens destructeurs et superflus et l'éloge des sauvages heureux etlibres.

Diderot cherche donc à montrer que aucune civilisation est supérieure à une autre : tous les hommes sont égauxcomme on le dit dans le discours "le Tahitien, ton frère.

Vous êtes deux enfants de la nature" (50).

Ce texte est donc unevéritable réflexion des Lumières dans laquelle Diderot tente de faire passer un message humaniste.

Sujet désiré en échange : Flaubert, Madame Bovary, Partie II, chapitre 12.. »

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