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Dieu est-il un artiste ?

Publié le 20/03/2005

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dieu
Pour Aristote, chaque chose est ainsi un composé de matière et de forme. Exple : statue d'airain représentant Apollon : ·         celle-ci est composée d'une matière (l airain) ·         d'une forme (Apollon) ·         elle a été mise en forme ou actualisée (par l'artiste qui est cause efficiente) ·         et cela, en vue de quelque chose (être une belle statue ou rendre hommage aux dieux = cause finale). [voir Physique, II, 3] On voit donc que Nature et Art (poiesis, ou production au sens large) procèdent d'une même action : donner forme à une matière. Du coup, Dieu serait un artiste pour autant qu'il serait « acte pur » ou principe du mouvement de toutes les choses naturelles ; celles-ci étant, comme tous les produits de l'art, soumises au devenir : -          elles ont été engendrées (sont venue à l'être) -          elles sont soumises au temps : elles se corrompent   b)     Le meilleur des mondes possibles Cependant, si Dieu est un artiste, comment se fait-il que le monde ne soit pas beau ? En effet, comment trouver « esthétiques » les guerres, la violence ou les catastrophes naturelles ? Pour Leibniz, ce problème repose sur un présupposé : Dieu est bon. Or cette bonté ne doit pas être entendue au sens où Dieu ferait les choses en vue du Bien ; Dieu a créé le monde selon le principe du meilleur. Dès lors, ce qui nous semble comme un défaut dans la création ne l'est que d'un certain point de vue. En effet, qu'est-ce que créer un monde ? Faire venir à l'être implique d'abord de comparer des possibles.

Remarques sur l'intitulé du sujet :

·                     La notion de Dieu n'est pas à remettre en cause (il ne s'agit pas d'un sujet ayant directement trait à la religion) : il s'agit de s'interroger sur le concept de Dieu en tant qu'outil philosophique pour penser la création du monde. Il s'agit ici d'un sujet de métaphysique.

·                     Dieu est donc ici à entendre comme ce qui est à l'origine de tout ce qui est.

·                     D'où le présupposé du sujet : le monde est venu à l'être.

·                     Ensuite (et tout le problème est là), on nous demande de déterminer dans quelle mesure cette venue à l'être est pensable sur le modèle de la création artistique.

 

Problématique : dans quelle mesure l'analogie entre la création divine et la création artistique est-elle tenable ? La création artistique est-elle seulement une hypothèse visant à faire tomber sous l'imagination une idée (le commencement du monde) qui échappe a priori à la rationalité, ou bien, s'agit-il d'une affirmation regardant la structure réelle de l'être (la réalité comme ensemble harmonieux et beau) ?

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« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur desmondes possibles» apparaît en substance dans un ouvrage de Leibniz (1646-1716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : LaThéodicée (1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bontéde Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelquesproblèmes classiques posés à la théologie, et qu'il énonce ainsi :« Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on nelaisserait pas de trouver de la difficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il lespermet, les pouvant empêcher par sa toute-puissance.»Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ?Comment peut-on concilier la liberté humaine avec la toute-puissance divine ?Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos quisignifie « Dieu » et dikè qui signifie « justice »).

Leibniz est le premier à avoirformé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.

Mais lesproblèmes qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) enavait déjà donné une formulation vigoureuse, qui tendait à prouver que notreconception du divin est parfaitement erronée.

Le but de Leibniz est toutautre, puisqu'il s'agit de défendre la cause de Dieu.Voltaire a eu beau jeu dans Candide (1759) de se gausser d'une formule qu'il ne comprend pas et qu'il malmène.Leibniz n'écrit pas «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », mais« L'on a montré que cet univers doit être effectivement meilleur que tout autre univers possible »ou encore :« Il faut dire que Dieu, entre les suites possibles de choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure, et que parconséquent la meilleure est celle-là même qui existe en acte.»Ce qui varie de la formule voltairienne à la formule vraie de Leibniz est l'idée de pluralité.

Dieu conçoit une infinité demondes possibles, et il choisit suivant le principe du meilleur.

Cela ne veut pas dire que Leibniz nie le mal et quenous vivons «dans le meilleur des mondes », mais que tous les autres mondes possibles, que Dieu a conçus, sanschoisir de les faire exister, seraient pires.

Ce qui, avouons-le, n'est guère réjouissant, Leibniz va jusqu'à écrire :« En outre, si Dieu n'avait pas choisi la meilleure suite universelle (suite dans laquelle le péché intervient), il auraitadmis quelque chose de pire que tout péché des créatures.

»Le Dieu de Leibniz n'est pas un despote, ni, comme chez Descartes, un « libre créateur des vérités éternel-les ».Dieu est en quelque sorte « assujetti » à la logique.

Si son esprit comprend et conçoit tout ce qui peut ou pourraitexister, il ne crée pas les vérités : il les comprend.

La création consiste alors à élire, parmi toutes les possibilitésconcevables et calculables, celle qui offre le plus de perfection, compte tenu de la limitation des créatures, de leurimperfection.

Le Dieu de Leibniz est avant tout calculateur, logicien.

Guidé par leprincipe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse.Ce qui apparaît aux créatures comme une déficience, comme un mal, comme une imperfection, doit être en véritécompris comme l'élément d'un ensemble :«Ainsi il peut se faire que, dans une construction ou une décoration, on ne choisisse pas la pierre la plus belle, ou laplus précieuse, mais celle qui remplit le mieux la place vide.

»Il faut donc comprendre non pas que le mal n'existe pas, que l'imperfection n'existe pas, mais qu'ils permettent labeauté de l'ensemble.

La créature, l'homme prend la partie pour le tout.

Il est nécessaire d'admettre au contrairequ'« il faut qu'il y ait une raison pour que Dieu permette le mal plutôt que ne le permette pas; or la raison de lavolonté divine ne peut être prise que du bien ».« Tout est pour le mieux » ne doit donc pas être compris comme «tout est bien », et la pensée de Leibniz n'a riend'un optimisme béat.

Il ne pouvait rien avoir de meilleur qu'un monde où le péché originel existe.

«Dieu permetquelques maux, pour que beaucoup de biens ne soient pas empêchés.

»Le mal et le péché ne sont donc que des éléments servant la beauté et l'harmonie de l'ensemble.

Mais leur causeessentielle est l'imperfection, la limitation des créatures.

Leibniz emploie pour l'expliquer l'image du fleuve.

Quand unfleuve emporte avec soi des embarcations, la différence de leur vitesse vient de ['inertie des bateaux.

« Ici donc, larapidité vient du fleuve, et la lenteur du fardeau; le positif de la vertu du moteur, le privatif de l'inertie du mobile.

»Les perfections accordées par Dieu sont comparables à ce fleuve, et les maux à la limitation des êtres créés et finis.Resterait à expliquer en quoi la liberté de l'homme, c'est-à-dire sa capacité de choix, est compatible avecl'omniscience divine.

La solution de Leibniz est d'une subtilité logique telle qu'il est difficile de la résumer.

On pourraitdire que nos actions sont prévues, puisqu'elles concourent elles aussi à la perfection de l'ensemble, sans êtrenécessaires.

En toute logique, le contraire de telle action est possible.« Dieu a vu les choses dans la suite idéale des possibles, telles qu'elles allaient être, et parmi elles, l'homme péchantlibrement; et en décrétant l'existence de cette suite, il n'a pas changé la nature de la chose, ni n'a rendunécessaire ce qui était contingent.

»Notre action est libre, elle n'est en aucun cas nécessaire, c'est-à-dire telle qu'il serait logiquement impossible defaire autrement.

Mais que nos actes soient contingents n'empêche pas Dieu de les prévoir, et donc d'élire, parmi lasuite des possibles, celle qui inclut l'acte qui concourra à la plus grande perfection possible de l'ensemble. « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ne signifie donc pas que «tout est pour le mieux. »

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