Différenciez et, si possible, reliez les formes principales de la sympathie ?
Publié le 27/03/2004
Extrait du document
«
II.
— La sympathie, participation affective.
A son deuxième stade, la sympathie est seulement une participation affective.
Le moi cesse de s'identifier à autrui.Je sais maintenant que c'est l'autre qui éprouve directement tel désir, telle joie, telle peine.
Mais, tout en lesrapportant à autrui, je les éprouve secondairement, pour mon propre compte.
La pitié est cette dispositioncomplexe, qui partage l'individu entre une douleur étrangère, qu'on fait sienne, et la conscience qu'on garde de sasituation distincte et privilégiée.
Cette attitude ambiguë et instable appelle des réactions diverses.
Si la consciencemet l'accent sur autrui souffrant, on sera disposé à assister autrui.
Si l'on est surtout sensible à sa souffrance, effetet reflet de celle de l'autre, on pourra songer seulement à y mettre fin, par des moyens quelconques : on sedétourne de la détresse d'autrui ; on délaisse le malade, dont les tortures, l'angoisse, la déchéance « font peine àvoir » ; on écrase du pied, pour ne plus la voir souffrir, une bestiole blessée ; on confond dans une même aversion lasouffrance et celui qui souffre.
III.
— La sympathie, bienveillance ou amour.
Le troisième stade est celui de la sympathie entendue au sens banal du mot : disposition à l'assistance et à laprotection, bienveillance plus ou moins active, amour d'autrui.
Cette attitude se relie à la précédente, car elleimplique encore identification et à la fois séparation du moi et de l'autre.
On dit qu'on « comprend » les autres, maison ne se met plus tout à fait « à leur place ».
Plus précisément, je me dispense de réaliser explicitement en moi-même, de m'approprier à la rigueur l'attitude émotive ou passionnelle d'autrui ; déchargé de ce fardeau affectif, jeprends une conscience plus distincte de ma liberté d'action et de la supériorité de mes moyens.
Cependant, jecommunie encore avec autrui, mais seulement dans un même vouloir.
Sans éprouver expressément ce qu'il éprouve,je veux qu'il soit ce qu'il veut être, qu'il obtienne ce qu'il veut acquérir, retrouve ce qu'il regrette d'avoir perdu.
C'estsur cette sympathie que nous mettons l'accent dans la vie commune, sans doute parce qu'elle est socialement laplus précieuse.
Maintenant, nous sommes préservés de cette contagion affective qui risquait soit de nous détournerd'autrui souffrant, soit de faire nôtres sa dépression et son désordre, et par là de nous interdire toute aide efficace.
Conclusion.
Il y a continuité entre les formes de la sympathie.
Son évolution se caractérise par l'émergence et la libérationprogressives de la conscience personnelle.
Mais nous retrouvons, sous tous ses aspects, le même fonds commun :le moi ne cesse pas de baigner dans une atmosphère mentale diffuse, qui ne se condense jamais en consciencesmultiples parfaitement cloisonnées et étrangères les unes aux autres..
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