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DISCOURS DE LA METHODE Descartes

Publié le 28/09/2010

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discours

 

Contexte : 

Descartes écrit le Discours de la méthode en 1637, alors que la science est en plein essor. Cette nouvelle génération de chercheurs et d’érudit prend ses distances avec l’enseignement traditionnel et n’hésite pas à écrire en langue vulgaire (Descartes écrit le Discours de la méthode en français.) Les sciences se constituent peu à peu comme disciplines indépendantes, le rationalisme scientifique s’impose de plus en plus. 

 

1ere partie:

Descartes insiste d’abord sur le fait que tous les hommes sont dotés de bon sens ou de raison. Le bon sens est inné et c’est grâce à lui que l’on peut distinguer le vrai du faux. L’inégalité résulte non pas de degrés inégaux de raison mais du mauvais usage de celle-ci. Mais pour bien conduire le bon sens, une méthode est nécessaire. Cette méthode vise l’établissement d’une morale définitive accessible a tous.  Descartes agit selon des règles inspirées des mathématiques et poursuit la recherche du vrai. La connaissance se fait grâce à une méthode et ne doit plus être livrée au hasard car elle pourrait alors se révéler fausse.  Descartes veut éviter l’erreur et pour cela il se montre critique par rapport à l’enseignement qu’il a reçu. C’est un enseignement théorique qui ne lui permet pas de mieux conduire sa vie. On lui a appris des théories qu’il n’a pas expérimentées lui-même et il n’a aucune garantissant la vérité de ses principes. L’ancienneté d’un savoir fait autorité et est présenté comme une preuve de vérité. Rien n’est plus sûr que sa propre expérience.  Descartes montre que le savoir et la connaissance ne relève pas de l’érudition. Ainsi, la première étape de la méthode consiste en un doute. Seul les mathématiques sont certaines et fournissent une vérité. En effet, selon Descartes, la science doit faciliter la vie humaine en permettant une aisance intellectuelle qui nous permet d’agir. Descartes entend élargir les principes irréfutables sur lesquels reposent les mathématiques à la morale. 

 

2ème partie : 

Le vrai ne se déduit pas d’affirmations déjà tenues pour vraies. L’exemple de l’architecte montre que l’unité des bâtiments qu’il a lui-même conçus est supérieure à la succession de constructions disparates. En morale, comme en architecture, on ne construit rien de solide sur des fondements établis par d’autres. Ainsi le désordre de nos pensées vient de ce que les précepteurs ont enseigné. Toutefois Descartes montre qu’il ne s’agit pas de tomber dans un scepticisme absolu : la morale et la vie quotidienne ont besoin de certitudes.  

Il faut savoir remettre en question ce qui nous a été enseigné tout en étant capable de conserver ce que l’on juge vrai. C’est pourquoi cette méthode n’est pas bonne pour tous car tout le monde ne possède pas cette aptitude. Descartes montre également que l’ancienneté et la croyance ne sont pas signes de vérité. La méthode proposée veut donc éviter les défauts des sciences et de la philosophie alors enseignés qui ne démontrent pas leurs théories. Le risque est de ne jamais connaître par nous même si on inculque dès l’enfance des théories admises pour vraies. On doit être en mesure d’estimer la valeur du contenu de l’enseignement. C’est pourquoi les ennemis de la connaissance sont les préjugés et la précipitation. La précipitation est d’autant plus dangereuse qu’elle nous fait reconnaître l’agréable comme le bien si bien qu’un bien apparent peut s’avérer être un mal à long terme. 

 

Le second aspect de la méthode ne concerne plus la remise en doute des préjugés mais il s’agit davantage de découvrir la vérité. Pour cela, la prudence est nécessaire. Elle consiste à rejeter tout ce dont on doute. 4 règles sont alors distinguées : 

   * La règle d’évidence : on ne doit recevoir pour vrai que ce qui est évident. Or est évident ce dont on a une idée claire et distincte. Une idée est claire lorsqu’on aperçoit tous ses éléments et distincte si on ne peut la confondre avec aucune autre. 

   * La règle de l’analyse consiste à décomposer une idée complexe en ses éléments simples. Cette règle ramène l’inconnu au connu

   * La règle de la déduction consiste à raisonner du plus simple au plus complexe. Ainsi nos idées deviennent logiques et chacune de nos idées dépend des précédentes. Il existe donc un enchainement des conséquences ce qui rejette le hasard. La règle du dénombrement consiste à passer d’un jugement à un autre non grâce à la mémoire mais grâce à l’esprit

 

Descartes propose des procédés qui permettent de reconstituer la totalité du raisonnement grâce à un seul de ses éléments. En suivant cette méthode, on est assuré de nos connaissances. Ainsi, la connaissance méthodique est la connaissance parfaite car connaître parfaitement ne signifie pas tout connaître mais savoir d’une chose tout ce qu’on peut en savoir. Avec l’exemple de l’addition, Descartes montre qu’il suffit de connaître la méthode pour parvenir à un résultat juste. 

 

3ème partie : 

Pour celui qui se met à l’épreuve du doute, il faut qu’il sache quels principes vont le guider dans la vie courante en attendant qu’une vérité soit découverte car on peut suspendre notre jugement mais pas notre action. C’est pourquoi, il faut constituer une morale par provision qui nous permet, en attendant, de vivre le mieux possible. Elle permet de concilier l’irrésolution de notre jugement et notre action. Elle est provisoire car elle n’attend pas que la reconstruction de théories soit terminée. Elle consiste en quatre maximes : 

- « Obéir aux lois et aux coutumes «, suivre les opinions les plus modérées des hommes sensés. Nul n’est à l’abri d’une erreur mais mieux vaut suivre un principe erroné plutôt que de ne rien faire (indécision du promeneur). Mieux vaut l’erreur que l’absence d’action.

- être résolu en toutes ses actions

- se limiter à ce qui est possible de faire et d’avoir. 

- faire « choix de la meilleure « vie.

Descartes conclut que la meilleure activité en cette vie est la philosophie car bien juger revient à bien vivre. 

Les maximes de la morale doivent être confrontées à l’expérience du monde. Les voyages qu’a effectué Descartes lui ont montré la nécessité de ne pas juger avec précipitation. Il faut d’abord observer et étudier. Il se distingue donc des sceptiques car le doute n’est pas une fin mais un moyen provisoire qui permet de mieux fonder la vérité. Il est nécessaire de douter de tout ce que l’on croit savoir pour voir ce qui résistera à ce doute et pourra être considéré comme vrai et certain. 

 

4ème partie : 

La vérité est ce qui résiste au doute. Descartes montre qu’une seule chose résiste à ce doute, qualifié d’hyperbolique, c’est le cogito. Le cogito est vrai même dans le sommeil. Lorsque nous doutons, nous pensons donc la formule « je pense donc je suis « est toujours vérifiée. Cependant, lorsque je doute je fais comme si je n’avais pas de corps. Le doute révèle donc que l’âme est distincte du corps : l’âme est immatérielle et plus facile à connaître que le corps. En effet, je n’ai connaissance de mon corps que par la pensée mais le corps ne renseigne en rien sur l’âme.

Le cogito est une vérité certaine, c’est la manifestation d’une évidence qui ne s’est pas manifestée par la perception. Il ne faut donc pas se laisser abuser par ce que l’on croit concevoir par nos sens. Partant du principe que tout ce qui est clair et distinct est vrai, Descartes donne une preuve de l’existence de Dieu. Il se trouve qu’il a en lui l’idée de perfection et d’infini. Or il est un être imparfait et fini. Il existe donc un être plus parfait car la perfection ne peut pas naître de l’imperfection. Par un second raisonnement Descartes fournit une deuxième preuve de l’existence de Dieu. L’existence, contrairement à la non-existence, est une perfection. Comme je possède l’idée d’un Dieu parfait, il possède toutes les perfections et Dieu existe donc. 

Descartes montre que si certains ont du mal à comprendre ce que sont Dieu et l’âme c’est parce qu’ils utilisent leur imagination qui est un moyen de connaissance qui n’est adapté que pour les choses matérielles. Pour l’esprit commun, ce qui n’est pas imaginable est incompréhensible comme si la conception d’idées était impossible si les sens faisaient défaut. Les sens et la perception ne renseignent pas sur la nature d’un objet car ils ne fournissent pas d’idées claires et distinctes. Seule l’existence de Dieu qui ne peut pas tromper délivre du doute. Comme toutes nos idées viennent de Dieu et que celui-ci est parfait, l’erreur ne provient pas de Dieu mais de notre imperfection. Enfin, je ne peux tirer aucune vérité de ce que je vois. Je perçois le soleil comme étant petit mais en vérité sa taille est considérable. Ainsi les sens et l’imagination ne sont pas de bons outils pour connaître mais se limitent à la vie pratique. 

 

5ème partie : 

La connaissance de la nature est possible car Dieu a créé des lois de la nature et celles-ci se trouvent dans notre pensée, là où Dieu les a déposées. L’existence de toute chose dépend de Dieu. On ne connaît que sa constance à produire toujours les mêmes lois physiques car sinon il n’y aurait pas de lois. Les animaux et les hommes ont des corps différents mais seul celui de l’homme est uni à l’âme. Le langage et la raison différencient l’homme de l’animal. L’animal est décrit comme une machine caractérisée par un instinct et l’absence de langage qui agissent de manière invariable. Contrairement à l’âme animale, l’âme humaine ne meurt pas forcément. 

 

6ème partie : 

Descartes distingue la pensée et la connaissance scientifique d’une part et l’action d’autre part. Les découvertes scientifiques permettent des applications techniques et médicales. Le but de la science est de procurer le bien être des hommes. En ce sens chacun doit donc contribuer à l’avenir des recherches car la vie d’un seul homme est trop brève.

Pour connaître, il faut partir de l’idée de Dieu et des mathématiques et non de l’observation ou de l’expérience. Il ne faut rien laisser au hasard selon un ordre méthodique. La science et notamment la physique obéit donc à un principe déductif. Toutefois, ce raisonnement de cause à effet ne suffit pas à expliquer les corps plus complexes. Pour ces corps, seule l’expérience permet de trancher entre plusieurs effets possibles. Seul l’expérience personnelle du savant permet d’estimer la valeur des principes et de mieux les maitrise. Le savant doit donc conserver son indépendance d’esprit  et compter sur lui-même pour avancer ses recherches. 

 

Eléments d’analyse.

 

Le bon sens 

Descartes désigne le bon sens comme la faculté de connaître que Dieu a donné à tous. Il ne nécessite aucun recours au savoir ou à l’érudition mais son développement demande de la patience et de la réflexion. Il n’y a pas d’inégalité des raisons car elle est susceptible d’être dirigée par une méthode. En revanche, l’esprit (composé de la mémoire et de l’imagination) est inégal chez les hommes. 

 

Le doute 

Contrairement aux sceptiques qui pratiquent un doute systématique, le doute cartésien est sélectif. Il ne s’agit que d’un doute contrôlé, qui sait par avance à quoi il se destine. Le doute est nécessaire à la méthode scientifique qu’emploi Descartes. Il sert à montrer qu’une opinion était mal fondée permettant donc la recherche d’une opinion véritable. Le paradoxe apparent du doute permettant d’accéder à une certitude est levé car le doute n’est qu’un moyen pour mieux fonder les opinions. Le doute méthodique montre que la vérité est bien le fruit d’un travail critique de la pensée. 

 

La recherche de la vérité. 

Pour Descartes, la vérité est un engagement de soi, elle s’expérimente d’abord par l’intuition. Il s’agit ensuite d’être capable, en toute circonstance et librement, de décider entre l’erreur et la vérité. Il faut être capable de différencier le bien et ce qui paraît être le bien. La vérité n’est pas considérée comme un acquis c’est pourquoi il est nécessaire d’élaborer une méthode. Cette méthode est centrée sur le questionnement de ce que peut maîtriser l’homme. La pensée est ce que peut maîtriser totalement l’homme. Il est capable d’adopter une démarche critique vis-à-vis de lui-même, de s’assurer de la solidité des fondements de sa pensée avant d’étudier son contenu. L’ordre de nos pensées n’est pas imposé du dehors. Il ne s’agit plus de confier sa connaissance aux anciens ou à des érudits mais d’être juge de sa propre pensée. 

 

La vérité

C’est une évidence intellectuelle mais il y a un travail nécessaire à fournir pour la mettre en évidence. La vérité cartésienne est donc subjective car je détiens le critère de la vérité : la clarté et la distinction d’une idée. Toutefois, la clarté et la distinction ne suffisent pas à garantir la vérité d’une affirmation. C’est l’existence même de Dieu qui la fonde. Dieu est un être absolument parfait et comme ce qui est en nous vient de Dieu, il est garant de la vérité de nos connaissances. Nos idées confuses viennent de ce que l’on prend pour des idées distinctes mais qui ne le sont pas.

 

La connaissance

Connaître pour Descartes c’est avant tout un savoir faire. Il s’agit de distinguer le vraisemblable qui relève de la croyance et le vrai qui relève d’un savoir. Il faut substituer le jugement à la croyance car se contenter de croire savoir revient à se ranger du côté de la volonté infinie et du désir insatiable et à se condamner à une constance indétermination. On ne peut pas mener une bonne vie en essayant de déplacer toujours plus loin les limites de notre savoir. Il faut connaître ce qu’il nous est possible de connaître. Pour cela, l’entendement doit commander à la volonté. L’entendement examine le degré de clarté de nos idées alors que la volonté subit l’influence de nos passions et pousse à prendre des biens apparents pour des biens réels. Il faut donc ajuster la volonté sur les renseignements de l’entendement. Ainsi la théorie de Descartes est liée à la recherche du bonheur car savoir qu’on ne peut pas tout c’est se donner les moyens d’être plus efficace à l’intérieur de nos propres limites.

 

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