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La distanciation face au récit autobiographique dans L'immoraliste d'André Gide

Publié le 26/08/2012

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   Résumé de L'immoraliste :    L'immoraliste (écrit en 1902, Gide avait 33 ans) est la confession que fait Michel, le personnage principal, à ses amis, une nuit, devant le désert de Biskra. Michel est un pur produit d'une éducation puritaine et a fait d'austères études avant de devenir historien spécialisé dans l'Antiquité, les vieilles pierres. Il épouse Marceline (qu'il aura du mal à désirer) ; lors de leur voyage de noces en Tunisie il échappe de peu à la mort à cause d'une maladie dont il relèvera après de grandes souffrances et un affaiblissement considérable. C'est ensuite, de par ce retour à la vie et au contact d'enfants tunisiens, qu'il prendra conscience de ses priorités, de sa "soif de vivre", et qu'il construira son "nouvel être". Cette transformation radicale passera par une volonté de sentir son corps exister, par un désintérêt pour son métier, pour les vieilles pierres mortes auxquelles il préfère la chaleur du présent ; il devra aussi se débarrasser des conformismes, de ses contraintes puritaines : il cultive son bonheur à travers le culte du corps. Rentré en France avec la fragile et attentionnée Marceline, il passe l'été à La Morinière (propriété familiale en Normandie) avant de s'installer à Paris. Il y reprend son ancienne vie mais abhorre les gens qui l'entourent : il se sent différent. Il se rapproche en revanche de Ménalque, un individu délibérément sans attaches, qui veut vivre au fil de ses envies. Pendant un moment Michel croit que Marceline va lui donner un enfant, mais cela sera impossible, ce qui le plonge dans une quête effrénée de lui-même, de l'être qu'il a toujours souhaité devenir. Marceline tombe malade à son tour. Tout le reste du récit sera constitué par l'ambivalence de Michel qui d'un côté veut ne penser qu'à s'épanouir en tout égoïsme, et d'un autre s'occuper de Marceline (mais on a le sentiment qu'il souhaite presque sa mort). Tous deux retournent à La Morinière ; Michel, contrairement à l'année précédente, s'intéresse moins à la gestion de ses terres qu'à certains ouvriers qui la travaillent, des voyous, des alcooliques, des braconniers ; des hors-la-loi. Il entraîne enfin Marceline dans une fuite en avant, ils logent 2 mois dans les Alpes où Marceline retrouvera un peu sa santé. Vers Mars, ils descendent en Italie : Marceline retombe malade. Ils partent de nouveau jusqu'en Tunisie, prenant toujours les mauvaises décisions par rapport à la santé de son épouse, Marceline finira par mourir à Touggourt (proche de Biskra) tandis que Michel, délaissant sa femme, goûtait la vie la plus libre dans les nuits tunisiennes. Il restera finalement en Tunisie à Biskra, où il raconte sa "libération" à des amis : l'ouvrage que l'on vient de lire.

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« Dans L'immoraliste il s'agit de a description de la valeur psychanalytique.

Gide, en écrivant leur autobiographie, faisait comme une psychothérapie, afin de poser unbilan de sa vie.

La psychanalyse met en pleine lumière des aspects jusque-là rejetés comme la sexualité.

Face à ces découvertes, l'exigence de sincérité de l'écritureautobiographique a-t-elle encore un sens ? Le respect de la chronologie est-il toujours nécessaire ? Gide soutient que non : « Sans doute un besoin de mon esprit m'amène, pour tracer plus purement chaque trait, à simplifier tout à l'excès ; on ne dessine pas sans choisir ; mais le plusgênant c'est de devoir présenter comme successifs des états de simultanéité confuse.

Je suis un être de dialogue ; tout en moi combat et se contredit.

Les mémoires nesont jamais qu'à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité : tout est toujours plus compliqué qu'on ne le dit.

Peut-être même approche-t-on de plus près lavérité dans le roman.

» Gide éprouve manifestement l'impossibilité de raconter son existence, soit qu'elle se soustraie à la mémoire, soit qu'elle se trahisse nécessairement dans l'écriture, et enviennent à énoncer un pacte que l'on pourrait qualifier de fictif.

Ils ne postulent pas en effet que tout roman est autobiographique, mais, symétriquement, que touteautobiographie est romanesque.

C'est le pacte fictif.Une mise en cause de l'autobiographie traditionnelle qui peine à s'adapter aux nouvelles problématiques d'identité.

La première cause de changement est la révélationpar la psychanalyse du caractère illusoire de la connaissance de soi.En effet, dans l'immoraliste on retrouve cette identification : peu à peu Michel, après cette réaction débridée, irréfléchie, va s'analyser davantage.

D'abord, il vas'identifier à sa nouvelle façon de concevoir son être : il cherche à cultivé son corps (première partie) pour chercher en vain son bonheur.

Rentré à Paris ses ancienscongénères le dégoûtent : "Ils se ressemblent tous, lui disais-je.

Chacun fait double emploi.

Quand je parle à l'un d'eux, il me semble que je parle à plusieurs.

- Mais,mon ami, répondait Marceline, vous ne pouvez demander à chacun de différer de tous les autres.

- Plus ils se ressemblent entre eux et plus ils diffèrent de moi."Michel va se glorifier de sa différence, et tomber dans le culte de l'individualisme forcené ("ce qui me séparait, me distinguait des autres, importait ; ce que personned'autre que moi ne disait ni ne pouvait dire, c'était ce que j'avais à dire." Il y a, chez Michel, l'idée de se placer au-dessus des autres, en solitaire.

Au fil de sesrencontres il en arrivera à n'apprécier que les marginaux,.

les malfrats tel que Moktir (un enfant voleur de Biskra). PROCÉDÉS DE DISTANCIATION MIS EN PLACE PAR GIDE : - PERSONNAGES FICTIFS : « Michel » qui représente André Gide, « Marceline » (sa femme) qui représente Madeleine, « Moktir » qui représente Ali- HISTOIRE FICTIVE : l'histoire de L'immoraliste n'est pas vraiment celle d'André Gide même si celle ci y ressemble sous quelques angles (voyages, sa maladie, sonmariage, son culte du corps et du bonheur). POURQUOI CETTE DISTANCIATION DE L'AUTOBIOGRAPHIE FACE À L'ŒUVRE ? : C'est une psychanalyse, et non son autobiographie.

…L'immoraliste est en effet un roman psychologique qui dissèque dans le détail de façon de voir de l'évolution de l'homme.

Dans le cas de L'immoraliste Gide décritl'évolution de Michel (le représentant en quelque sorte) par le culte du corps.

En effet Gide qui au moment d'écrire l'immoraliste n'a pas lui même fait son« évolution ».

C'est pourquoi il écrit ce roman pour essayer de construire son propre système de valeurs et d'en décider un sens à sa vie.

Il écrira d'autres roman quiseront de nouvelles psychanalyses.Gide a dit lui-même : « Je n'ai voulu faire en ce livre non acte d'accusation qu'apologie, et je me suis gardé de juger ».

La narration est en effet la plus neutre possible,entièrement axée sur la description des actes et des motivations de Michel.

Mais l'auteur s'est toujours défendu d'avoir écrit un roman autobiographique.L'immoraliste n'est surtout pas une œuvre autobiographique (dit dans la préface).

Le jeu est dans le personnage de Michel.

Il ne faut pas confondre Gide et Michel.

Ily a une distance voulue entre l'auteur et le personnage principal.

Il n'y a que comme ça pour poser une distance entre ce récit et la réalité.Mais il est très difficile de s'étudier soi-même, être à la fois sujet et objet et difficile.

C'est pourquoi il créait ce personnage Michel pour avoir un meilleur point devue.En fait Michel est une virtualité excessive de Gide… Or Michel ira beaucoup plus loin dan ses choix que Gide.. »

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