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La distinction du juste et de l'injuste procède-t-elle d'une convention passée volontairement entre les hommes ?

Publié le 16/03/2004

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  [] 1. Problématisez : Le rapport de l'individu à l'État est souvent un rapport de force. En effet, l'État qui incarne l'universel ne saurait être totalement perçu comme tel par l'individu dont l'intérêt se limite essentiellement à lui-même quand bien même il ne serait pas sourd à l'intérêt général. 2. Développez : Mais surtout, s'il est dans la nature de l'homme de désirer pouvoir après pouvoir, il est dans la nature de l'État d'accroître sa puissance. La pente naturelle du pouvoir est de limiter la liberté de l'individu. C'est là, en tout cas, ce que de nombreux exemples historiques permettent incontestablement d'affirmer. Aussi l'individu a-t-il quelques raisons de résister à l'État. [] 1. Enchaînez : De ce point de vue, l'individu est tenté, en refusant l'État et son despotisme virtuel ou actuel, de se réfugier dans l'état de nature.

« Introduction La peine de mort fut abolie en France en 1981, suite à un changement de majorité politique.

Ainsi, ce qui était juste auparavant devient illégal et inj uste, du fait du suffrage populaire.

C'est donc affaire de convention.

Pourtant les partisans de son abolition, nombreux depuis longtemps, invoquaient principes moraux et universels.

Le juste et l'injuste ne sont-ils que des inventions ? Ces valeurs suprêmes ne sont-elles que l'émanation d'un acc ord entre une majorité de personnes à un moment donné? Ne s'agit-il pas, au contraire, de valeurs immuables et s'imposant à tous de la même façon? Mais que seraient ces valeurs sans pouvoir pour les faire respecter? Nous verr ons dans un premier temps que la justice est universelle , pour envisager dans une seconde partie le rapport entre la convention et la loi. I- La justice est universelle A- La justice est affaire de convention Une convention est par définition un accord entre des parties contractantes.

C hacune s'estime prise en considération de telle sorte que l'accord soit just ement acceptable et accepté.

Il en est ainsi des « conventions collectives » en matière de droit du travail par exemple.

Il y a dans la convention à la fois accord, entente et égalité d'intérêt, de participation.

Ce qui correspond bien au fait de justice.

À l'inverse, ne pas respecter une convention pourtant acc eptée est injuste.

Il y a injustice quand il y a, selon les termes de Hobbes, « non-exécution d'une « convention », c'est-à-dire négligence volontaire à l'égard des lois en vigueur. II n'existe pas de véritable justice hors des conventions qui l'instituent.

Hobbes fait ainsi l'hypothèse de l'état de nature dans lequel règnela guerre de chacun contre chacun du fait des oppositions d'intérêt, sans possibilité de trancher en dernière instance sur qui a raison. La nature donne le droit de tout faire pour vivre, en fonction des capaci tés et des désirs qu'elle attribue à chacun, or c'est justement cela qui amène le chaos.

Il faut donc décider de s'en remettre à une norme commune qui amène la paix et qui soit incontestée.

Or cela ne conduit- il pas à des abus envers les citoyens ? B- Universalité d'un point de vue politique, moral et naturel C'est en fonction de ce principe que Montesquieu, élabore le principe de la séparation des pouvoirs, afin que le citoyen se sente protégépar le pouvoir, mais aussi protégé à l'égard du pouvoir.

C'est aussi pour cela qu'une loi peut-être injuste, tout en étant loi : si elle nerespecte pas le principe minimal de l'égalité en établissant l'apartheid ou l'esclavage par exemple. Du fait de son universalité, on doit considérer que le juste est également d'essence morale.

La figure du sage, du héros qui protège la veuve et l'orphe lin ou qui libère le peuple opprimé constitue un bon exemple à cet égard.

Il y a universalité d'identification et de jugement à l'égard de ces personnages.

La saisie de ce qui est juste, d'un point de vue moral, peut s'expliquer de soit par la raison, faculté présente chez tous, soit par sentiment naturel de répulsion à voir et faire souffrir autrui. Il faut admettre par conséquent l'existence de droits naturels qui consument des prérogatives de comportement attachées à tout individu,quelles que soient les circonstances et qu'un pouvoir est toujours censé protéger et appliquer : la liberté, la résistance à l'oppression, carce sont des caractéristiques qui fondent la qualité d'homme.

Le droit positif en vigueur est jugé en fonction de ces droits naturels.Cependant, un problème se pose : la Déclaration universelle des droits de l'homme qui présente ces droits naturels, et en particulier laliberté et l'égalité, a été écrite par quelques individus, de façon conventionnelle. II- Convention et loi A- Une justice sans force Tout le problème vient du décalage entre le nombre de ceux qui ont effectivement contracté et le nombre de ceux à qui cet accords'applique.

Mais existe aussi le problème inverse. Un principe universel ne suffit pas s'il n'est pas mis en application.

Il faut qu'il acquière force de loi, et pour cela se dote d'un pouvoir de coercition sur les actes non conformes.

Il faut donc un pouvoir de commander pour qu'il y ait loi et justice réelles.

C'est également ce que montre Pascal quand il déplore que « la justice sans la force est impuissante », voire «contredite », car il suffit d'un seul pour que l'entente soit brisée. La convention est requise dans la mesure où elle suppose un pouvoir qui décide.

Mais, par définition, ce pouvoir peut-il être universel ?N'est-il pas tenu de faire des actes parfois non conformes aux conventions qu'il a pour charge de respecter, comme le montre Machiavel?Car il doit absolument rester à sa place dominante pour préserver tout l'édifice de l'État. B- La force de la justice Pour éviter la distorsion entre justice et convention, il faut faire en sorte que la convention en soit vraiment une, c'est-à-dire que le pouvoir en place soit l'émanation de tous ceux sur qui ils s'appliquent.

Il ne doit pas y avoir d'hiatus entre les deux. C'est la solution que préconise Rousseau quand il théorise le principe de la volonté générale. Dans ce cas, chacun est consulté comme membre du souverain et, de ce fait, chacun s'habituera à considérer vraiment l'intérêt général, puisqu'il est effectivement dans la situation de participer de façon égale au pouvoir. Ou de façon plus réaliste, on peut dire que, pour être juste, le pouvoir politique ne doit jamais oublier le principe de la convention au sensd'accord et d'équilibre. Conclusion Le juste et l'injuste ne sont que des conventions s'ils sont vraiment total ement conventions, c'est-à-dire s'ils émanent d'une consultation unanime, donnant lieu à une instance d'application.

Ils ne sont pas que des conven tions, si le simple fait qu'il y ait accord et décision de quelques-uns devaient servir de norme de justice.

Dans la mesure où c'est souvent ce second cas qui se présente, n'est-on pas enclin à désespérer d'une véritable convention correspondant à l'essence du juste?. »

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