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Ce Que Dit Elsa - Commentaire Composé

Publié le 05/04/2011

Extrait du document

\"Ce que dit Elsa\", Aragon, 1942

Éléments de l’introduction

  • Aragon, poète français XXè siècle. Poésie engagée, Résistance. Surréalisme, donc renouvellement fond et forme ; Aragon conserve une partie des traditions.
  • XXè siècle, Cantique à Elsa, 1942 ; \"Ce que dit Elsa\". Elsa, la bien-aimée du poète (E. Triolet/L. Aragon), s’adresse à lui. Elle affirme son amour, lui aussi ; elle évoque la nécessité de l’engagement, d’abord en tant que condition sine qua non de son affection, ensuite en tant que moyen de donner un sens à sa vie et d’agir. Évocation du prolétariat (PCF), des victimes de la guerre (2de Guerre mondiale) et des amis disparus (Résistance).
  • Engagement + lyrisme, complémentaire et pas contradictoire ; mêlés.

Développement I. Fonction d’engagement

1. Engagement nécessaire, indispensable 

  • amour résultat de l’engagement : répétition d’une subordonnée conditionnelle, impératif, subjonctif, « il faut que » ; question rhétorique sur la nécessité de l’engagement v.16, réponse v. 17 à 20 ; vocabulaire imagé d ‘engagement, avec métaphores.

2. Porte-parole des malheureux

Deux catégories de malheureux défendues par le poète :

  • Prolétariat (cf. engagement communiste d’Aragon) : assimilation de l’intellectuel avec l’ouvrier, V. 4 ; métaphore filée ouvriers-oiseaux ; v.14, allusion au travail de nuit avec opposition « noir »/« point du jour ».
  • Victimes de la guerre, camps concentration/travail : référence v. 15, allusion religieuse ; métonymie « cuivres » pour musique de guerre.
  • Description d’un camp ou d’une usine, v. 11 à 15 : chp lexical douleur ; gradation, v. 12 ; insistance avec parallélisme de construction « où l’on », accumulation avec « comme » sous-entendu ; rythme ternaire, lancinant ; niveau de langue familier.
  • Vie : généralisation avec la périphrase « ceux dont tu rêves souvent » ; v. 6 à 8, métaphore filée vie-feuilleton journalistique, opposition « ton » et « nos » pr caractériser le rôle du poète.

3. Réconfort

  • Images et métaphores : chp lexical espoir et victoire ; chp lexical de la soif avec termes mélioratifs ; chp lexical communication n avec « parler », « chanter » ; chp lexical vie avec « veines » et « sang » ; futur possible ds la métaphore vie/feuilleton ; antithèse humain/guerre avec « voix humaine » et « cuivres », métonymie ; opposition « espoir » et « lieux sans amour » ; v.13-15, accumulation qui devient une gradation dans le réconfort, avec matériel -> immatériel et absolu : « air murmuré » -> « café » -> « ami ».
  • v. 23 : homonymie « ver » et vers poétique ; opposition de la vie (« ver vivant ») sous sa forme la plus minuscule, voire méprisable, et de la mort (« chrysanthème » symbolique), désespoir mais associée souvenir et célébration = 2 interprétations : la mort laisse place à l’espoir malgré tout, le sacrifice de l’engagement au respect, en opposition à la collaboration et  la soumission ( ?) OU dans la mort elle-même il reste la vie et l’espoir.
  • => réconfort = espoir ; symbolisme.
  • v. 25 : futur de l’indicatif avec dernier mot du poème, « viendra », associé avec présent de l’indicatif de « marie » = gradation ; chp lexical amour et espoir de « soleil », « marie », « amour » ds un même vers ; « marie », idée d’engagement ; opposition termes connotés malheur et obscurité du poème (« nuit ») avec dernier vers (« soleil ») ;

II. Fonction lyrique

1. Exprimer des sentiments

  • Amour : répétition « si tu veux que je t’aime », introduction et conclusion qui cadrent le poème ; jeu des pronoms et des points de vue, avec prise de parole variable et différentes interprétations possibles, notamment vers 21 à 25 à cause de l’absence de ponctuation => une seule pensée pour deux, symbiose et fusion ; chp lexical de l’amour v. 25.
  • Affection et amitié : opposition amitié et douleur v. 15 ; v. 16 à 20, amis perdus avec chp lexical de la pensée (« rêve », « souvenir »), évolution désespoir et culpabilité à espoir et reconnaissance, évolution ds la perception sensorielle, de plus en plus concrète/contact, avec ouïe, vue puis toucher.
  • => jeu des points de vue, mêlés, complémentaires ; détachement du sentiment général pour le sentiment personnel, et inversement.

2. Musicalité

  • Homonymie v. 21 à 25 avec « t’aime » et « thème », avec répétitions « t’aime » puis « thème » dans les mêmes vers + « thème » dans « chrysanthème »; anaphore « que ton poème soit », trois quintiles centraux ici ; chp lexical de la musique ; allitérations en M, V pr compléter les métaphores et les images.
  • Forme : régularité de la forme (alexandrins et octosyllabes, rimes ABAAB) en complémentarité avec originalité (schéma rimnique rare, quintiles).

3. Imbrication fonctions lyrique et fonction d’engagement

  • v. 23-24 surtout : locution « au fond du », idée d’imbrication ; image, m »taphore du vers 23 explicitée dans le v. 24 ;
  • Opposition/complémentarité « vers » et « chrysanthème », avec pr le lyrisme opposition laideur et simplicité de la vie, réduite à son expression organique minimale/beauté de la nature, intemporalité, « fleur d’or », et pr l’engagement espoir malingre et méprisable dans le désespoir noble et beau => laideur, vie et mobilité opposées à beauté, mort et symbole ;
  • « Un thème caché dans son thème » : au-delà de l’esthétisme lyrique, le message de l’engagement OU au-delà de l’affirmation du désespoir, la volonté d’affirmer l’espoir.

Conclusion

  • Poème sous le signe de la dualité : originalité et modernité + tradition ; lyrisme et engagement, rarement associées ; espoir et désespoir également affirmé, avec affirmation finele de l’espoir = antithèse ; dialogue et communication, sans identification claire de qui est qui.
  • Place du symbolisme, de l’image.
  • Caractéristiques lyrisme : jeu des points de vue, expression des sentiments, musicalité. Caractéristiques engagement : groupe envers lequel il y a l’engagement, réconfort, thèmes existentiels et interrogations sur vie, mort, espoir et désespoir, choix, engagement ou pas, séparation entre privé et public.

Qq procédés remarquables

Répétition « Si tu veux que je t’aime » ; anaphore « que ton poème soit » ; forme régulière et originale ; absence de ponctuation ; chp lexical désespoir, espoir, vie, pensée, communication ; gradation, v. 12 ; question rhétorique avec réponses, v. 16 à 20 ; allitération en V, en M ; métaphore explicitée, v. 23-24 ; opposition « ver vivant » et « chrysanthème » ; jeu des teps verbaux, présent et futur indicatif ; association « amour » et espoir grâce à construction. Problématiques et plans Quelles sont les fonctions de ce poème ? I. Engagement 1. Nécessité de l’engagement 2. Soutenir les malheureux (prolétariat/victimes guerre ; généralisation) 3. Apporter du réconfort II. Lyrisme 1. Expression des sentiments : l’amour et l’amitié 2. Musicalité 3. Imbrication des fonctions lyrisme et engagement. En quoi ce poème est-il lyrique ? I. Expression des sentiments 1. Amour 2. Affection II. Singularité et pluralité 1. Jeu des points de vue avec la femme aimée 2. Partage sentiments avec lecteur 3. Hommage, dédicace III. Musicalité 1. Forme classique OU 1. Sonorités 2. Forme moderne        2. Rythme En quoi ce poème est-il engagé ? I. Un engagement en faveur des malheureux 1. Le prolétariat et les victimes de la guerre. 2. Ceux qui souffrent, généralisation sur la vie. II. Le but de l’engagement : réconforter 1. Apporter l’espoir. 2. Nécessité de s’engager pour agir, donner un sens à sa vie/ses œuvres.

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