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Doit-on apprendre à devenir soi-même ? (Textes et commentaires)

Publié le 01/10/2004

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Si nous n'avons pas conscience de " ces différentes opérations ", c'est que la censure est " conscience d'être conscience de la tendance à refouler, mais précisément pour n'en être pas conscience. " Autrement dit, la censure fait preuve de " mauvaise foi " sartrienne ; et nous avons en réalité conscience de ce que nous voulons cacher à la fois aux autres et à nous-mêmes.Une autre manière de savoir qui je suis serait de réinvestir les " friches " de ma conscience. Rêveries, fantasmes, imagination font également partie de moi. Les refuser comme " folles du logis " nierait des pans entiers de ma personnalité. Nous sommes devant un autre paradoxe : si la rêverie est une conscience qui diminue, elle ouvre également sur le monde intérieur, à mi-chemin de la conscience et du rêve." Je ", on l'a vu est le sujet se pensant dans l'immédiateté, avec certains inconvénients comme l'étroitesse du champ de la conscience, sa subordination à un projet immédiat. Dans la rêverie, nous dit Gaston Bachelard ( introduction de La poétique de la rêverie), " la poésie constitue à la fois le rêveur et son monde ", une sorte de réconciliation du je et du moi. En nous obligeant à une prise de conscience, à un retour systématique sur nous-mêmes, cette manière d'utiliser l'image n'est pas une rêverie poétique mais " un accroissement de conscience, [...], un renforcement de la cohérence psychique.

« transparaître, consciemment ou non, au-dehors.

L'Autre ne peut voir que mon masque social, le " persona " deslatins.

De plus, l'Autre n'a pas forcément connaissance de notre expérience personnelle, qui influenceconsidérablement notre psychisme.

De sa place, il ne voit qu'une facette, qu'une manifestation de notrepersonnalité, certainement influencée par sa présence.

Le regard de l'observateur modifie déjà l'objet d'observation :alors quand cet objet est un sujet capable de se modifier lui-même, cela nous entraîne dans un jeu de miroirs peupropice à l'observation.En effet, nous sommes des êtres changeants : notre manière d'être, notre rapport aux choses, nos convictions,peuvent varier infiniment d'un moment de notre vie à un autre.

Là encore, notre expérience personnelle joue ungrand rôle sur ce que nous sommes, en influençant l'évolution de nos pensées conscientes et inconscientes.

Deuxamis d'enfance se retrouvant après plusieurs années risquent de ne plus se reconnaître, voire de ne plus prendreplaisir en compagnie de l'autre, tandis que si leurs voies ne s'étaient pas séparées, leur amitié serait peut-êtrerestée intacte.La connaissance de soi ne peut donc être à la fois totale et définitive : l'évolution de ce que nous sommes,conditionnée par l'évolution du monde autour de nous, est un processus continu, qui ne connaît de fin qu'avec lamort.

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" La crainte, le désir, l'espérance nous élancent vers l'avenir, et nous dérobent le sentiment et laconsidération de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus " Montaigne, (Essais1.3) souligne ainsi la perpétuelle mutation, la marche en avant de l'être.

Il montre aussi que notre faculté à nousprojeter vers l'avenir constitue un obstacle à la connaissance de notre moi.S'il est probable de retrouver chez un individu les mêmes traits de caractère à différentes étapes de sa vie, il estfort rare que ces caractéristiques mêmes qui font la spécificité de cette personne n'aient pas évolué tout au long deson existence.

"On ne peut pas descendre deux fois dans le même fleuve.

" (Héraclite.) On ne se baigne jamaisdeux fois dans le mêmefleuve.

HÉRACLITE Héraclite défend une conception du monde selonlaquelle le monde est en éternel devenir, en éternelchangement et; pour nous le faire comprendre, prendl'image du fleuve toujours changeant. La recherche de notre " moi " s'apparente donc à la recherche philosophique de la sagesse, dans la mesure où cetterecherche est infinie.

Se connaître soi-même, ce serait se chercher à chaque instant, s'exercer sans cesse àl'autocritique.Cet appel régulier à l'autocritique, on l'a vu, doit s'appuyer à la fois sur l'introspection et l'appel au regard de l'Autre,et rechercher la vérité dans la confrontation des subjectivités.

La recherche de la nature du " moi " nécessite unesprit critique envers soi-même, une grande capacité d'abstraction (puisqu'il faut s'efforcer d'oublier son amour-propre pour se considérer le moins subjectivement possible), une grande constance (il ne faut jamais se surprendreà croire que l'on se connaît " une fois pour toutes ") et un esprit à la fois analytique et synthétique : pour arriver àla connaissance de soi, il faut en effet savoir confronter efficacement les subjectivités (la sienne et celle de l'Autre)pour en faire jaillir la vérité. Cependant est-il possible d'accéder à une connaissance pleine et entière de soi ? Il est clair que les moyens quenous avons passés en revue permettent d'explorer notre intériorité, mais leur combinaison adroite peut-elle, seule,nous amener à la connaissance de l'ensemble de notre être ?Les découvertes de la psychanalyse, et les travaux des différents philosophes que l'on peut qualifier de "précurseurs " de cette science, semblent prouver que non.

En effet, notre conscience ne serait qu'une partie denotre " moi " total, autrement dit, l'Homme est plus que la simple conscience qui semble a priori le diriger.

Rêves,actes manqués, lapsus, névroses et psychoses diverses attestent l'existence d'un " moi " plus profond que notre "moi " pensant et organisateur de pensée, d'un inconscient formé de pensées refoulées par un " organe de censure "de notre conscience mais qui, parfois, remontent à la surface - et se traduisent par des " symptômes " parfoisdangereux pour la personne.. »

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