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Doit-on maîtriser ses désirs ?

Publié le 25/08/2005

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Cela est particulièrement visible lorsque le désir se tourne non vers un objet mais vers autrui. Désirer l'autre, ce n'est pas seulement désirer son corps, mais aussi attendre des signes de reconnaissance, entrer en communication avec lui. De ce point de vue, le désir n'est pas une pulsion à réfréner, mais un moteur sociétal. -       Par ailleurs, il existe des désirs et des pulsions qualifiées d'inconscientes par Freud, qu'il ne nous est en conséquence par permis de maîtriser, au sens où la volonté peut réprimer un désir de manger par exemple. Ces pulsions, il nous importe de les connaître dans le cas où elles empêchent le patient de mener une vie « normale » : dans le cas où elles ne relèvent pas de la pathologie, elles constituent un moteur de nos actions et pensées. Maîtriser ses désirs revient donc à tenter de les identifier par un travail psychanalytique. Avant de « devoir » les maîtriser, il nous faut savoir dans quelle mesure il est possible de le faire. -       Mais le désir participe également du conatus de Spinoza : ce qui pousse un être à persévérer dans son être. C'est un désir primordial de vivre, et de vivre pleinement. De plus, ce désir est créateur de valeurs cf.

Le désir apparaît le plus souvent comme l’expression du manque de l’objet envers lequel il tend.

S’interroger sur ce sentiment d’absence à la lumière d’un devoir de maîtrise revient à poser un double problème : celui du bonheur et celui de la morale. En d’autres termes : pour vivre bien, doit-on soumettre ses désirs à un exercice constant de la raison ?

Cette maîtrise est-elle synonyme d’une régulation ou d’un silence définitif de nos passions ? Car si ces dernières peuvent susciter l’angoisse par la multiplicité de leurs visées et leur renouvellement perpétuel, ne peuvent elles être également considérées comme un formidable moteur tant dans le domaine de l’action que de la pensée ?

 

« fait, il s'agit là d'une maxime d'inspiration stoïcienne, quasi directement recopiée d' Epictète , et qui nous invite à faire le départage entre :· d'une part ce qui dépend de nous, ce sur quoi nous avons un pouvoir ; · d'autre part ce qui ne dépend pas de nous, et dont nous devons nous exercer à ce qu'il ne nous touche en aucune façon. Le but que poursuivent les stoïciens, et Descartes ici, est de nous rendre les plus indépendants possibles des coups du sort, d'assurer au sujet la plus grande autonomie possible.

Or pour cela il faut NOUS vaincre, plutôt que denous en prendre à la fortune (au mode, au hasard) et changer nos désirs plutôt que de sombrer dans l'illusion deremodeler le mode suivant nos projets.

Comme le déclare Epictète : « Ce n'est pas en satisfaisant nos désirs que l'on se fait libre, mais en détruisant les désirs. » On voit ici naître l'opposition entre le sujet et la fortune, ses désirs et le monde.

En fait, il faut d'abord savoir faire ladifférence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, compter nos propres forces, et les mesurer àcelles du monde qui nous fait face.Ce qui m'appartient en propre et sur quoi j'ai un pouvoir, c'est moi-même, mes désirs, mes pensées, l'initiative demes actes.Par contre, les choses extérieures, ce qui prend pour moi la forme du hasard, l'action des autres, les conséquencesde mes actes, tout cela échappe à mon contrôle, dépasse mon pouvoir.Or, aussi évident que cela paraisse, les hommes n'ont pas conscience de cette opposition.

Comme le fait remarquerDescartes , nous ne désirons que ce qui nous semble possible.

Seuls les fous, c'est-à-dire ceux dont la raison est égarée, voudraient avoir des corps de diamant ou des ailes pour voler.

De même, je ne désire pas devenir roi duMexique, parce que j'ai clairement conscience que cela est impossible.

Par suite je ne souffre pas de ne pas pouvoiraccéder à la royauté.

Comment se fait-il alors que je désire être en bonne santé étant malade, ou libre étant enprison ? C'est que je continue à croire possible la santé et la liberté qui ne dépendent pas entièrement de moi.

Jesouffre donc inutilement, dans la mesure où je ne comprends pas que ce que je désire est en fait impossible et horsde mon pouvoir.C'est pourquoi Descartes déclare qu'il lui a fallu : « [s'] accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait de notre mieux, touchant les choses qui noussont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible. » Une fois que j'ai fait au mieux, par exemple, que j'ai adopté toutes les règles d'une vie saine, si mon objectif n'estpas atteint, la santé, je dois considérer qu'il n'était absolument pas possible de l'atteindre.

Cela n'était pas en monpouvoir.

Je ne suis pas responsable des conséquences non voulues ou non prévisibles de mes actes.

Cela relève del'intervention du hasard, ou des actions des autres, sur lesquels je n'ai aucune prise.

Il est donc vain de continuer àespérer, ou à me faire des reproches, cela est impossible pour moi. Il s'agit d'une reprise de la maxime d' Epictète : « Ne désire pas que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux . » Cela ne signifie pas qu'il faut ne rien faire ou ne rien entreprendre ; il faut à l'inverse, comme le dit Descartes « faire de notre mieux ».

Mais il faut comprendre qu'une fois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, je ne peux plus rien désirer.L'inverse serait croire que le destin ou le monde peuvent s'ordonner selon mes désirs, serait demander que leschoses arrivent comme je le désire, ce qui est absurde.

C'est demander l'impossible ou se prendre pour un Dieu quiaurait tout pouvoir sur le monde.

J'ai tout pouvoir sur mes pensées, mais le résultat de mes actions ou de mes actesne dépend pas entièrement ni absolument de moi, il dépend de l'ordre entier de l'univers qui m'échappe.Appliquer cette règle difficile, c'est selon Descartes parvenir à ce que « nous ne désirons pas davantage être sains, étant malades ou être libres, étant en prison, que nous ne faisons maintenant d'avoir des corps d'une matière aussiincorruptible que les diamants […] Mais je crois qu'il est besoin d'un long exercice et d'une méditation souventréitérée, pour s'accoutumer à regarder de ce biais toutes les choses. » La maxime de Descartes reprend des stoïciens : « Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde » s'est vue opposer en mai 68 le fameux « désirez l'impossible ».

Soucieux de mettre l'individu à l'abri des coups du sort, de lui épargner les désirs et les remords inutiles, Descartes tend à nous dire qu'il faut « aimer le réel » ou du moins l'accepter, une fois qu'on a fait ce que l'on pouvait.

Cette règle de conduite extrêmement exigeante doit d'abordnous rappeler que les conséquences de nos actes et de nos décisions nous échappent, ne dépendent pasentièrement de nous, que nous sommes pris dans un réseau d'actions qui modifient nos initiatives, nos projets, nosdésirs.La morale des stoïciens donne comme « solution » un retrait orgueilleux dans la maîtrise de la pensée, un désinvestissement du monde.

Ce n'est pour Descartes qu'une étape, qu'une règle de la morale provisoire, celle qui est nécessaire pour conjuguer la prudence et la rigueur intellectuelle avec l'urgence de la vie.

Le dernier mot deDescartes réside dans ce qu'il nomme « générosité », et qui permet à chacun de gagner l'estime de soi-même. L'homme est généreux quand « il sent en soi-même une ferme et constante résolution de bien user (de son libre- arbitre) cad de ne jamais manquer de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être lesmeilleures : ce qui est suivre parfaitement la vertu.

» La question n'est donc pas de nier nos désirs, mais par la volonté, de faire l'exercice de la liberté.

Cette maîtrise s'acquiert sur le long terme : nous ne sommes plus dans l'immédiateté de réponse aux désirs d'un enfant,mais dans un monde que nous pouvons gouverner en modelant notre votre volonté et en l'exerçant sur nos. »

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