Devoir de Philosophie

Ne doit-on se poser que des questions pratiques ?

Publié le 25/02/2004

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Comment réparer tel ou tel appareil ménager ? Où partir en vacances l'été prochain ? Certes, ces questions peuvent avoir leur importance, mais en aucun cas elles ne permettront seules à l'esprit de s'épanouir et à l'homme de trouver un sens à son existence. Les questions essentielles ne sont pas pratiques   "Le domaine de la philosophie se ramène aux questions suivantes : 1 Que puis-je savoir? 2 Que dois-je faire? 3 Que m'est-il permis d'espérer? 4 Qu'est-ce que l'homme? À la première question répond la métaphysique, à la deuxième la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l'anthropologie. Mais, au fond, on pourrait tout ramener à l'anthropologie, puisque les trois premières questions se rapportent à la dernière. Car sans connaissances on ne deviendra jamais philosophe, mais jamais non plus les connaissances ne suffiront à faire un philosophe, si ne vient s'y ajouter une harmonisation convenable de tous les savoirs et de toutes les habiletés jointe à l'intelligence de leur accord avec les buts les plus élevés de la raison.

« artre: Le quiétisme, c'est l'attitude des gens qui disent : les autres peuvent faire ce que je ne peux pas faire.

La doctrine que je vous présente est justement à l'opposé du quiétisme,puisqu'elle déclare : il n'y a de réalité que dans l'action ; elle va plus loin d'ailleurs, puisqu'elleajoute : l'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il seréalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie.D'après ceci, nous pouvons comprendre pourquoi notre doctrine fait horreur à un certain nombrede gens.

Car souvent ils n'ont qu'une seule manière de supporter leur misère, c'est de penser : «Les circonstances ont été contre moi, je valais beaucoup mieux que ce que j'ai été ; bien sûr, jen'ai pas eu de grand amour, ou de grande amitié, mais c'est parce que je n'ai pas rencontré unhomme ou une femme qui en fussent dignes ; je n'ai pas écrit de très bons livres, c'est parceque je n'ai pas eu de loisirs pour le faire ; je n'ai pas eu d'enfants à qui me dévouer, c'est parceque je n'ai pas trouvé l'homme avec lequel j'aurais pu faire ma vie.

Sont restées donc, chez moi,inemployées, et entièrement viables une foule de dispositions, d'inclinations, de possibilités quime donnent une valeur que la simple série de mes actes ne permet pas d'inférer.Or, en réalité, pour l'existentialiste, il n'y a pas d'amour autre que celui qui se construit, il n'y apas de possibilité d'amour autre que celle qui se manifeste dans un amour ; il n'y a pas degénie autre que celui qui s'exprime dans des oeuvres d'art : le génie de Proust c'est la totalitédes oeuvres de Proust ; le génie de Racine c'est la série de ses tragédies, en dehors de cela iln'y a rien ; pourquoi attribuer à Racine la possibilité d'écrire une nouvelle tragédie, puisqueprécisément il ne l'a pas écrite ? Un homme s'engage dans sa vie, dessine sa figure, et en dehors de cette figure il n'y a rien.

Évidemment, cette pensée peutparaître dure à quelqu'un qui n'a pas réussi sa vie.

Mais d'autre part, elle dispose les gens à comprendre que seule compte laréalité, que les rêves, les attentes, les espoirs permettent seulement de définir un homme comme rêve déçu, comme espoirsavortés, comme attentes inutiles ; c'est-à-dire que ça les définit en négatif et non en positif.

[...] Ce que nous voulons dire, c'estqu'un homme n'est rien d'autre qu'une série d'entreprises, qui est la somme, l'organisation, l'ensemble des relations qui constituentces entreprises. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Qu'est-ce qui définit l'existence humaine ?2 Qu'est-ce qui principalement empêche l'homme d'exister ?3 Quel risque nous fait courir le fait d'être libre ? Réponses: 1 - La réalisation par l'être humain de son projet, l'ensemble des actes posés au cours de sa vie.2 - Le recours aux circonstances, qui prétendument nous empêchent de réaliser notre potentiel, nous donne des excuses et nousconsole de notre misère.3 - Celui de ne pas réussir sa vie, d'être déçu de ses attentes et de se définir négativement au travers de ces déceptions. Les questions inutiles nous handicapentOn connaît l'anecdote au sujet de Thaïes de Milet: à force d'avoir la tête sans cesse tournée vers le ciel, il ne vit pas un puits ettomba dedans.

A quoi bon se poser des questions abstraites, métaphysiques, si l'on est incapable de résoudre les problèmes de lavie quotidienne, de prendre les bonnes décisions lorsque la nécessité d'agir se présente ? C'est ainsi que Machiavel développera unepensée toute entière tournée vers la réussite pratique de l'action politique.

La différence entre le philosophe et l'homme d'action,c'est que le premier cherche à savoir, tandis que le second se doit de composer avec l'urgence du réel.

C'est ainsi que contrairementà Platon qui voulait que les philosophes soient rois et les rois philosophes, Machiavel montre l'impérieuse nécessité du pragmatisme en politique.

En effet, le prince est celui qui sait prendre les bonnes décisions au moment opportun.

Comme le profit, le pouvoir est« à prendre ».

Rien n'y prédestine, rien ne le procure que la volonté de le posséder.La différence entre celui qui exerce le pouvoir et celui qui en est privé réside dans le fait que l'un a osé et l'autre non.Si nulle science des choses, ni l'histoire, ni la géographie, ni l'économie ne peuvent révéler une loi de la dévolution du pouvoirpolitique, c'est la volonté de l'homme qui en reste la source.

Cette volonté nue de régner coupée de tout système représentatif areçu le nom de « virtù » : « ...

les désirs de l'homme sont insatiables : il est dans sa nature de vouloir et de pouvoir tout désirer, iln'est pas à sa portée de tout acquérir.

» (« Tite-Live », II, avant-propos) ou encore : « Le désir de régner est si puissant qu'il envahitle coeur de ceux-là même qui n'ont aucune chance d'accéder au pouvoir.

»Il n'y a pas d'enquêtes psychologique qui permette de comprendre l'apparition de la volonté ; inconditionnée, première, elle setrouve séparée de la « constitution naturelle » des hommes.

« Deux choses s'opposent à ce que nous puissions changer : d'abordnous ne pouvons pas résister au penchant de notre nature ; ensuite, un homme à qui une façon d'agir a toujours parfaitementréussi n'admettra jamais qu'il doit agir autrement.

C'est là que viennent pour nous les inégalités de la fortune : les temps changent,et nous ne voulons pas changer.

De là vient aussi la chute des cités, parce que les républiques ne changent pas dans leursinstitutions avec le temps.

» ( «Tite-Live », III, 9).Il n'y a pas de traits psychologiques donnés que posséderait en propre l'homme politique « prédestiné », car la politique n'est pasaffaire de psychologie.

Elle est affaire de « virtù », concept qu'on atteint lorsqu'on a évacué tout ce qu'elle n'est pas, un peu commeon arrive au concept d'inconditionné lorsqu'on a évacué toutes les conditions.

La « virtù » comme la volonté kantienne, ne recouvrerien pour l'intelligence: elle est non-lieu de la raison spéculative.

Elle est ce qui reste et qui pourtant change tout.

Pour l'intelligence,la « virtù » est une déroute.

Elle apparaît dans l'espace où l'intelligence est contrariée, comme la fortune au même niveau qu'elle. [Le propre de la philosophie, c'est de se poser des questionsdésintéressées.

Les questions fondamentales sur la conditionhumaine ne sont pas pratiques.

Rien de grand ne se ferait si l'on se bornait aux questions pratiques.] La philosophie est à elle-même sa propre finPour Aristote, le plaisir réside dans l'exercice même de la pensée, indépendamment de l'objet sur lequel elle porte.

Dès lors, il estlégitime de penser pour penser, de se poser des questions pour le simple plaisir d'exercer son esprit, sans avoir en vue aucunevisée pratique. Les questions pratiques réduisent la penséeUne personne qui contraindrait son esprit à ne se poser que des questions pratiques aurait une vie bien petite...

Toute sa pensée se. »

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