Devoir de Philosophie

doit-on toujours raison garder?

Publié le 02/04/2011

Extrait du document

Doit-on toujours raison garder?

 

Dans quel but?

Dans quelles conditions?

 

Analyse des termes:

 

« doit-on »

Par «devoir» entend-on ce qui relève de la morale, l'obligation qui implique volonté et liberté de choix ou bien ce qui indique la nécessité?

-«Devoir» avec enjeu moral vis à vis de soi-même et d'autrui.

-«Devoir» implique aussi une idée de contrainte mais tout dépend du sens que l'on donne à «raison»

 

«raison»

-la logique ce qui relève du rationnel (savoir discerner le vrai, du faux)

=> la raison s'oppose à la folie

 

-la morale ce qui est raisonnable ou non (savoir faire la part entre le bien et le mal, le juste et l'injuste) + notion de jugement de valeur

=> la raison s'oppose à la passion incontrôlée

 

Question du bonheur:

 

La question \"doit-on toujours raison garder\" présuppose qu'il y aurait un but à garder raison, et nous allons nous interroger sur la nature de ce but. D'après Pascal, \"tous les hommes recherchent d'être heureux… c'est le motif de toutes les actions de tous les hommes\", alors que pour Epicure, la recherche du bonheur, au sens de sérénité individuelle, est le but de la philosophie. Si tel est le cas, alors comment y  parvenir?  En supposant, comme Spinoza, que c'est le désir en nous qui est le moteur de notre existence, faut-il laisser libre cours à nos passions ou les réprimer par la raison? Pour Epicure, certains désirs sont nécessaires à la sérénité de l'âme. Cependant, il précise bien qu'il ne le sont pas tous, et la voix du sage serait alors de bien raisonner, en vue de faire les bons choix dans la recherche du plaisir. Néanmoins, les désirs peuvent s'avérer tellement intenses et immodérés qu'ils peuvent altérer notre jugement, notre raisonnement, au risque d'aboutir à l'aliénation du sujet. Ainsi, pour les philosophes classiques, l'homme doit continuellement faire en sorte de rétablir la hiérarchie entre raison et passion: c'est la raison qui doit dominer le désir, c'est elle qui doit être le guide de nos actions. 

Pour Platon, l'âme se sédimente en trois couches: la raison, la volonté et les instincts primaires.  La raison a pour but de commander la volonté, et la volonté de maîtriser les instincts et les désirs. En effet, selon lui, il existe des désirs mauvais qui seraient ceux qui ne nous permettrais pas d'accomplir notre destination morale, c'est à dire la recherche de la vérité absolue, la dissertation du bien et du mal, du vrai et du faux. 

(on en revient à la question: quel est le but de la condition humaine?)

 

 

 

 

 

Libre Arbitre:

La question : « Doit-on toujours raison garder ? » présuppose avant même un aspect moral (souligné par le « doit-on ») que l’Homme est un être de raison et par conséquent capable de libre arbitre. Comment parler de continuité de raison garder sans la possibilité de non continuité c’est a dire de choix ?

Pour étudier la question du libre arbitre, nous pouvons aborder une approche classique avec Thomas D’Aquin (1228-1274) ou une approche plus moderne avec la philosophie du sujet de René Descartes (1596-1650).

 Philosophie classique : l’Homme est un être de raison, capable de raisonner. Il est donc capable de libre-arbitre c’est a dire de juger pour pouvoir faire des choix rationnels et/ou raisonnables.

[bien qu’il en soit capable , l’homme doit se donner les moyens de développer cette capacité pour la mettre en pratique]

L’homme est donc capable de choisir en conscience, d’avoir conscience des motifs ou des raisons qui déterminent son choix. Il est conscient d’être l’auteur de ses choix car il se donne les raisons de ceux ci.

Mais pourquoi l’Homme pourrait-il choisir de ne pas raison garder ?

Le libre arbitre est donc le libre choix d’être un être de raison.

Or la raison est elle opposée ou réellement associée aux désirs ? Peut on choisir de désirer ou aux contraires nos désirs sont-ils incontrôlables ?

Selon Thomas D’Aquin, on ne choisit pas de désirer mais d’accomplir le désir ou non. Comment choisir entre désir et raison ?

La volonté associée au libre arbitre permet de faire contre poids aux désirs.

Quelles sont  alors les conséquences de ne pas assez raison garder ?

Bien que la satisfaction apporte une sensation de liberté, elle n’est qu’illusoire et céder a nos désirs trop souvent, c’est a dire ne pas assez garder raison, nous laisser tendre vers l’aliénation à nos désirs et a la soumissions a ceux-ci.

Philosophie moderne : Descartes ajoute un aspect à cette conscience et aux conditions de ces choix. En effet, pour lui l’homme est un sujet qui est capable d’avoir pleinement conscience de ce qui se passe en lui, y compris de ces inclinaisons, c’est a dire les mobiles de ses désirs. Il est donc capable d’agir en conséquence : choisir, agir ou non, satisfaire ses désirs ou non.

Il a une vision volontariste du sujet qui nous permet de souligner que l’homme s’il fait l’effort de la réflexion est en toute puissance et peut élire dans toutes circonstance en toute conscience.

 

On pourra ensuite se poser la question du but et du choix de raison garder ou non [ouverture sur la question du bonheur et Epicure] de même que des conséquences, notamment morale, de ce choix [ouverture vers des conséquences qui dépassent l’individuel, relations avec autrui ]

 

De même, en quelle mesure l’Homme est il capable de libre arbitre ? L’est il pleinement ou existe t’il des limites a cette capacité d’élire ?

Car, cette approche nie l’existence d’un inconscient [ouverture vers Freud ?] et la majeure critique de cette approche de toute puissance du sujet et de libre arbitre fut celle du déterminisme : peut on dire que nos choix eux mêmes ne sont pas faussés par nos affects, expériences … ? [ouverture vers Spinoza et Nietzsche ? ]

Déterminisme:

 

 

 

La morale:

Quels enjeux ? Quelles conséquences ? « Doit-on » fait référence au devoir ; au devoir moral, civique ainsi qu’à un devoir vis à vis de soi-même et d’autrui. En effet le devoir moral induit le rapport à l’autre -> l’homme ne se sentirait pas contraint à respecter une certaine éthique morale s’il était seul sur terre. La présence d’autrui oblige donc l’homme à prendre en considération les conséquences de ses actes -> agir de façon égoïste, individuelle, s’avère contraire au bon fonctionnement de la société qui repose sur le collectif. Ex : Hobbes explique que les individus à l’état de nature, c’est-à-dire en l’absence de loi qui réfrènent leur comportement hostile, agressif, vivent dans l’état de guerre Qu’implique garder la raison dans le devoir moral ? Le devoir moral oblige l’homme à faire des choix entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas : soit savoir faire la part entre ce qui est bien et mal,juste et injuste. -> Pour Kant, l’action morale est possible par la liberté, c’est-à-dire la capacité qu’à l’homme de se déterminer librement par sa raison et non de se laisser déterminer par ses sens ou ses intérêts (cf. libre-arbitre).Ce n’est que dans la cité que l’homme peut exercer sa capacité à parler, juger et notamment de ce qu’il juge bon pour la communauté. Est-il nécessaire que l’homme doive toujours garder raison afin que la société fonctionne de son mieux ? Nos choix, nos actes, doivent-ils toujours relever de la raison/être raisonnables ? -> Platon dans La République explique qu’une cité ne peut être juste que si elle est gouvernée par un ou des philosophes antiques qui seraient capables d’organiser la cité selon un modèle de rationalité. De cette manière, la corruption des cités cesserait car l’expérience politique serait soumise à la raison philosophique (manuel, p.290, texte 12) -> « Pour qu’il y ait justice sur terre il faut des hommes et des femmes qui font des actes justes » -> Selon Kant, l’homme trouve en lui un « caractère d’insociabilité » qui « le pousse à vouloir tout diriger dans son sens » (Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, 1784). Ainsi la société génère l’ambition, le goût du pouvoir et des richesses, la tentation de chacun d’échapper aux inévitables règles de la vie commune. Or l’homme sait qu’il préférable de garder raison et donc que ses prétentions égoïstes vont être la source d’une résistance de la part d’autrui. C’est à ces qualités d’insociabilité que possède l’homme, au désir qu’il a de se faire une place dans la communauté que Kant attribue les progrès de l’humanité et l’évolution de la société (manuel, p.409, texte 6). L’éthique est fondée par des jugements de valeur qui prétendent à l’universalité. Les jugements de valeurs sont des propositions qui expriment des choix subjectifs, opinions. Or ces jugements échappent aux critères de la vérité et de l’erreur, et peuvent donc être propre à chacun (ex : critère d’appréciation d’une œuvre d’art). L’éthique morale prônée par la société peut donc s’opposer au jugement d’un individu. Ainsi garder raison soulève la question de la conscience morale : un individu doit-il garder raison quand il juge que l’attitude raisonnable et rationnelle ne correspond pas à ses valeurs (au sens de jugement de valeur) ? Ne faut-il pas parfois savoir laisser la raison de côté pour être en accord avec ses propres convictions ? (cf. la foi qui relève du cœur et non de la raison )

 

Référence à Pascal:

Faut-il être toujours rationnel et raisonnable?

Il n'y a t-il pas des vérités qui ne relèvent pas de la raison?

 

La raison est ce qui nous donne accès à la vérité et nous délivre des erreurs et des illusions. Mais cette assurance qu'on peut avoir de détenir des vérités inébranlables par notre seule raison , ne risque-t-elle pas de nous éloigner de Dieu et de nous faire oublier notre condition de pécheur? C'est le sens de la remise en cause des certitudes rationnelles opérée par Pascal.

 

« le cœur à ses raisons que la raison ne connaît pas »

Pascal à travers cette citation s'attache à montrer que c'est le cœur qui nous donne une connaissance des premiers principes et non la raison. Non que la raison soit méprisable, la raison fait merveille dans le domaine des sciences, où la théologie n'a en retour pas son mot à dire. Il y a donc deux ordres de vérités:d'un côté les premier principes qui sont l'objet d'un sentiment immédiat du cœur, et de l'autre les déductions qui sont l'affaire de la raison.

La raison n'a donc pas à demander au « cœur » des démonstrations de ses principes. Cependant c'est sur les connaissances du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie pour fonder tout son discours.

 

Le cœur est la faculté de connaître certaines vérités de façon intuitive. Par là, il se distingue de la raison, capacité de connaître la vérité de façon discursive (c'est-à-dire à l'aide de raisonnements que l'on peut formuler verbalement)

 

Le raisonnable n'est pas entièrement rationnel. Une décision raisonnable est une décision humainement la meilleure possible compte tenu des faits et de la connaissance qu'on en a. Alors que le raisonneur s'éloigne de l'expérience pour adopter un point de vue théorique et non pratique. Il use d'un raisonnement qui ne se soucie que de la logique.

 

(Pour Pascal la foi relève du cœur et non de la raison)

 

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