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Dom Juan I, 2: "Quoi? Tu Veux Qu'On Se Lie.." À "Mes Conquetes Amoureuses"

Publié le 18/09/2010

Extrait du document

juan

 

Situation :

 

La scène 1 mettait en scène les deux valets où Sganarelle présentait son maître.

Le spectateur attendait sa venue...c'est la première scène où apparaît Dom Juan. Le spectateur le voit en chair et en os.

On a la confirmation que D.J. a abandonné Elvire.

Sganarelle vient de dire à D.J. qu'il n'approuve pas l'infidélité (l.122-123), Dom Juan va donc se défendre en argumentant.

 

Le commentaire :

 

___I)__Un personnage conforme à la présentation de Sganarelle.

 

_____1)__« Un épouseur à toutes mains «.

 

Tout d'abord, le champ lexical de l'amour / séduction est présent : « passion « (l.128), « beautés « (l.129), « charmer « (l.131), « cœurs « (l.133), « amour « (l.136), « hommages « (l.138).

 

Par l'utilisation de l'adjectif possessif de la première personne du pluriel dans la citation « notre cœur « (l.154-155), D.J. effectue une généralisation. Il généralise aussi en employant plusieurs fois l'adjectif indéfini “tout(es)“ aux lignes 128, 130, 133, 138, 140, 141...et 160-161 quand il dit qu'il pourrait aimer « toute la terre «. Par ailleurs, l'utilisation du pluriel est récurrente (« les autres beautés « (l.129), « les belles « (l.131), « nos cœurs « (l.133). De plus, il emploie une métonymie en désignant son « cœur « (l.160) comme symbole de sa personne. Il utilise également des hyperboles comme lorsqu'il dit « si j'en avais dix mille, je les donnerai tous « (l.141), où le grand nombre donne une idée d'abondance. On trouve encore des accumulations avec beaucoup de virgules (l.144 à 150 et l.151 à 155).

 

Le texte donne une idée de « changement « (l.143).

 

Ce qui intéresse Dom Juan c'est de chercher une nouvelle femme, de faire des « conquêtes « (l.155). Mais une fois qu'il a obtenu ce qu'il veut, ce n'est plus une conquête, il n'en veut plus. Il se prend pour un « conquérant « (l.157), ce qui donne une idée d'instabilité, d'inconstance.

Il veut voler « de victoire en victoire « (l.158), ce qui donne une impression de mouvement perpétuel (= sans fin).

Selon lui, on ne peut pas l'arrêter (l.159-160) : négation devant « borner « et devant « arrêter «, renforcée par « rien «.

l.158 : « volent « : il enchaîne les conquêtes. Il est dans le ciel, il n'y a pas d'obstacle, on ne peut pas le stopper. Et il vole le cœur des femmes (=double sens).

l.159-160 : « l'impétuosité « est COD, « mes désirs « est complément du nom : Dom Juan ne peut rien faire du tout, il n'est pas responsable de ses actes (sorte de fatalité).

 

_____2)__Un conquérant.

 

Le champ lexical de la guerre est présent : « frapper « (l.129), « combattre « (l.146), « armes « (l.148), « conquête « (l.155), « triompher « (l.146), « victoire « (l.158).

 

De « on goûte « (l.144) à « maître « (l.151), D.J. expose sa stratégie de conquérant avec ses techniques et ses armes (« des larmes et des soupirs « (l.146-147)). Il utilise une gradation et des compléments circonstanciels de manière qui montrent la stratégie progressive.

 

Mais les femmes essaient de résister : elles sont qualifiées d' « innocentes « (l.147), « jeunes « (l.145), « belles « (l.157) → idée d' « innocence «, de « pudeur « (l.147), de « scrupules « (l.149)(= inquiétudes de conscience / morale), de « résistance « (l.148) : la morale pousse les femmes à ne pas céder.

 

On voit que D.J. aime la difficulté. Il veut transformer les gens, les pervertir : c'est un manipulateur, un pervers, un peu sadique. La perversion lui plaît, son but est de soumettre les autres (il fait ce qu'il veut de ses « conquêtes « qui deviennent des objets, il les mène où il veut (l.150)).

 

Enfin il se compare à Alexandre le Grand, le plus grand conquérant de l'Histoire. Il trouve qu'il n'y a pas assez de femmes sur terre, il veut faire plus qu'Alexandre en faisant des conquêtes sur « d'autres mondes « (l.161-162)

→ il est mégalomane (= délire de grandeur, orgueil excessif).

 

_____3)__Un personnage qui se considère comme supérieur aux autres.

 

Dom Juan méprise les autres qui selon lui n'ont rien compris car ils pensent que l'honneur c'est d'être fidèle. Pour D.J., la fidélité c'est un « faux honneur « (l.127) et c'est lui qui a raison. Les autres sont dans l'illusion.

« La constance n'est bonne que pour des ridicules « (l.130)

____________- ‾‾‾‾‾‾‾‾\/‾‾‾‾‾‾‾‾‾

___________-___négation

→ seuls les ridicules sont fidèles, donc il ne doit pas l'être car il n'est pas ridicule.

Il veut être disponible pour toutes les femmes (l.141). Il se voit au centre des femmes, comme essentiel (beaucoup de “je“ (l.133-134-135-136-137-139...) et les « femmes « sont au pluriel (l.131-132-138)).

 

____═> Son portrait ressemble à celui qu'a fait Sganarelle : il est séducteur, méprisant / critiqueur, _____.__courageux / conquérant.

 

___II)__Un discours qui cherche à convaincre du bien fondé de l'infidélité.

 

Tout d'abord, on remarque la présence de connecteurs logiques qui sont signe d'un raisonnement (D.J. cherche à convaincre) : « quoi qu'il en soit « (l.139), « après tout « (l.142), « mais « (l.151), « enfin « (l.155).

 

_____1)__La fidélité va à l'encontre du plaisir.

 

Dom Juan dit que le plaisir est dans le changement (l.143).

 

On trouve le champ lexical du plaisir / amour qui regroupe en gros un tiers du texte : « passion « (l.128), « beautés « (l.129), « belles « (l.131), « cœurs « (l.133), « amour « (l.136), « beau visage « (l.140) ... Dom Juan recherche l'amour et le plaisir est sa priorité.

 

L'infidélité satisfait ses désirs.

d'où :____infidélité = plaisir

_____'___fidélité ≠ plaisir → en conclusion, on ne satisfait pas ses priorités par la fidélité.

 

Par son raisonnement, D.J. pourrait passer pour un égoïste, un animal. Mais il ne parle pas directement de plaisir sexuel pour ne pas choquer. Il insiste principalement sur l'attirance physique (cf. champ lexical de la vue : « d'yeux « (l.126), « les yeux « (l.129), « des yeux « (l.137), « je vois « (l.140)...). C'est la vue des femmes qui l'intéresse, la beauté extérieure (cf. champ lexical de la beauté : « beautés « (l.129), « les belles « (l.131), « la beauté « (l.133)...) → c'est moins immoral et ça passe mieux auprès des interlocuteurs. Il transforme sa pratique en art. Il aime la beauté artistique : c'est un esthète (= il recherche le raffinement, la beauté, l'art). Il ne recherche pas le plaisir de la débauche mais de la beauté : c'est moins immoral.

 

_____2)__L'infidélité est naturelle / la fidélité est contre-nature.

 

« la nature nous oblige « (l.138-139) → l'infidélité est nécessaire (= elle tient des lois de la nature).

 

l.124 à 126 et l.127 à 129 : en restant fidèle, on ne vit plus socialement, on s'emprisonne (« s'ensevelir « (l.127)).

 

Il y a une gradation de la ligne 124 à la ligne 129 : « se lie « et « demeurer « sont synonymes (≈ pléonasme), ce qui donne une impression d'immobilité, d'enfermement. Ensuite on ne vit plus socialement (on « renonce au monde « (l.125)), puis on « s'ensevelit « (connotation de la mort) : on renonce à la vie tout court (« s'ensevelir pour toujours « (l.127-128) → idée de mort, de tombe = sorte de fatalité). Enfin, on est « mort dès sa jeunesse « (l.128) (c'est dit clairement). Ici, la jeunesse, qui est habituellement le moment de la vie, est le moment de la mort. La fidélité est donc contre-nature (on meurt jeune !). L'infidélité garantit la vie.

 

_____3)__L'infidélité comme valeur morale / la fidélité est immorale.

 

Pour Dom Juan, la fidélité est un « faux honneur « (l.127) : c'est un paradoxe (les gens se trompent).

On rencontre le champ lexical de la moralité/justice : « ont droit « (l.131), « justes prétentions « (l.132-133), « injustice « (l.137). La fidélité « dérobe aux autres « (l.132) la justice.

________________________-'┌

_________________________│dérober = crime

_________________________│fidélité = dérober

_________________________│fidélité = crime

________________________-'└

l.130-131 : l'infidélité garantit l'égalité entre les femmes (pas de privilège) → c'est donc moral.

l.131 à 133 et l.136-137 : la fidélité est une forme d'égoïsme : on ne pense pas aux autres.

l.135 à 137 : phrase paradoxale. Il y a une répétition de « engager «. Lorsqu'on est engagé, on doit le rester (idée de moralité)

« J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres «

___________passif_____________________________-actif_________COD

 

Dom Juan n'est pas totalement responsable de son engagement (le mariage) : il est au passif ou en COD.

Il est engagé à Dieu par le mariage,

son âme n'est pas engagée à Dieu

alors que Dieu a créé son âme.

→ il n'est donc pas attaché à Dieu, il est libre.

 

S'il respecte son engagement avec Dieu, il va être injuste (c'est un péché). Cela revient à dire qu'il vaut mieux ne pas respecter ses engagements avec Dieu sinon on commet un péché. → c'est complètement paradoxal !

Dom Juan critique la religion mais implicitement (pour éviter la censure).

Il est très intelligent, il manie bien l'argumentation, mais une argumentation paradoxale. Il sait détourner la logique (c'est difficile d'argumenter quelque chose de paradoxal).

 

___III)__Un discours qui cherche à persuader du bien fondé de l'infidélité.

 

_____1)__Les techniques oratoires.

 

l.161-162 : D.J. utilise des hyperboles pour impressionner.

Le texte a un mouvement ascendant (crescendo), jusqu'à l'apogée aux lignes 161-162.

Dom Juan à recours :

___- à la ponctuation : des phrases exclamatives (l.124-129) et des phrases interrogatives qui sont des ____questions rhétoriques (l.126) afin d'interpeller et d'impliquer le destinataire. Ces “fausses“ questions le ____mettent dans l'embarras car il ne peut pas répondre autre chose que ce qu'on veut lui faire dire).

___- à la première personne du pluriel et au pronom indéfini « on « pour généraliser et impliquer Sganarelle ____et le spectateur.

___- à des vérités générales qui sonnent comme des proverbes (l.131 à 133).

___- à des accumulations et à des gradations comme de la ligne 124 à la ligne 129 : le rythme est ternaire, il ____joue sur la musicalité pour frapper l'interlocuteur, pour qu'il s'en souvienne. Il joue également sur la ____musicalité des alexandrins (« la beauté me ravit partout où je la trouve « (l.133-134), « si j'en avais dix ____mille, je les donnerai tous « (l.141), « ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits « (l.158-159)...)

 

_____2)__L'image qu'il cherche à donner de lui-même.

 

Il se présente en victime : « je cède « (l.134), « toutes les belles ont droit de nous charmer « (l.130-131), « la beauté me ravit « (l.133-134), « nous entraîne « (l.135). Il se place souvent en COD et il choisit des verbes appropriés (il cède, on le ravit, il est entrainé...).

 

___________________-'┌

__D.J. ne peut pas_-'_.__│l.135 : « douce violence « est un oxymore. Ce n'est pas logique, c'est irréel

__lutter, → c'est ___-_'__│(on tombe dans un autre monde à cause de l'amour) → il est impuissant.

__une victime.____'___._│l.131 : « nous charmer « (charmer = jeter un sort (sorcières))

___________________-'└

 

Dom Juan a un sens aigu de la justice, de la morale (ses arguments s'appuient sur la moralité même s'ils sont paradoxaux).

Il se présente en conquérant (cela renvoie aux valeurs militaires : la bravoure, le courage, l'honneur).

Il est méthodique, structuré et sûr de lui (il utilise des vérités générales et est un conquérant).

Il est malin et manipulateur (il manie bien le discours afin de faire croire aux gens qu'il a raison).

 

___IV)__Conclusion.

 

___▬► C'est un personnage conforme à l'image que Sganarelle avait donné de lui :

_______★ c'est un séducteur,

_______★ un manipulateur,

_______★ il est courageux et il assume ses convictions,

___▬► Il se révèle être un habile orateur, intelligent (il arrive à convaincre et à persuader en même temps). À _______la fin de sa tirade, on croit presque qu'il a raison.

___▬► Il est donc capable de séduire également par la parole (le spectateur / lecteur ne trouve plus _____.__l'infidélité si révoltante).

___▬► Sganarelle éprouve une certaine admiration et de l'affection, tout comme le lecteur qui n'approuve pas _______ce que fait Dom juan mais qui trouve le personnage attachant, intelligent.

 

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