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La double monarchie de 1815

Publié le 27/02/2008

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L'histoire de l'Autriche et de l'Autriche-Hongrie pendant tout le XIXe siècle se déroule à travers une suite de péripéties et de crises et s'achève par l'effondrement de la double monarchie. Est-ce une raison pour admettre que la monarchie des Habsbourg, artificielle et despotique, subsistait à la manière d'un anachronisme dans une Europe en renouvellement et ne pouvait échapper à son mauvais destin ?                Cependant, les pays danubiens rassemblés sous le gouvernement des empereurs d'Autriche ont eu leur part à la prospérité économique et aux progrès industriels du XIXe siècle européen ; leurs institutions ont évolué dans un sens libéral et qu'il s'agisse des lettres, des arts, de la pensée philosophique, des sciences médicales, des découvertes techniques et de leurs applications, ils ont contribué de manière certaine à la civilisation générale. Comment expliquer alors que de tels résultats aient pu se produire parallèlement à une tension politique de plus en plus aiguë, à un affaiblissement du sens collectif de la communauté et de l'attachement à la patrie d'ensemble ou au développement de haines nationales et raciales entre les habitants ? Cela révèle au moins une fragilité inhérente au système et dont l'histoire objective doit fournir l'explication.    
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« paix et d'éviter une guerre générale.

Pendant ce temps, le gouvernement intérieur de l'Autriche était de plus en plus ramené à une simpleadministration, exercée par des conseils qui soumettaient leurs rapports à la décision de l'empereur.

Franz Ier, bienveillant de nature, souhaitait avant tout une fin de règne paisible.

L'ordre lui paraissait exclure tout changement et toute perspectived'avenir.

Il méconnaissait l'impatience des provinces de retrouver l'initiative de leurs affaires, de secouer la tutelle administrative de Vienne Lesgouverneurs étaient plutôt aimés et efficaces.

Mais l'opinion réclamait davantage.

Elle était persuadée que le progrès ne s'épanouirait vraiment quepar le retour à une activité des Diètes locales et des modifications aux pratiques en usage.

L'empereur opposait son inertie courtoise même à desréformes qui n'eussent pas pris de caractère révolutionnaire.

Avant de mourir (1835), il avait prévu pour assister son successeur, chétif et sansenvergure, un collège chargé de maintenir le système et d'empêcher toute innovation.

Si l'on ajoute la rivalité qui s'établit alors entreMetternich P233 et le comte de Kolowrat P1931 , chargé de l'Intérieur, on voit mieux comment le gouvernement de l'Empire d'Autriche c'est-à-dire de peuples à cette date nullement plus malheureux que d'autres était bloqué.

Il était devenu, " en conséquence du caractère méfiant de l'empereurFrançois, un mécanisme extrêmement compliqué d'organes essentiellement incapables " et il était impossible " de diriger les mouvements du tempsqui opèrent peu à peu chez nous aussi bien qu'ailleurs ", écrivait le comte Thun P2645 à Alexis de Tocqueville P2652 .

Cet appétit de progrès, cette fermentation de la jeunesse des universités et des écoles, cette conjonction de mécontentements entre la bourgeoisieéclairée, le monde des affaires, les ouvriers des manufactures, les paysans corvéables donnent les raisons de l'explosion révolutionnaire à Prague,à Vienne, au printemps de 1848 KW170 , à l'exemple de ce qui s'était passé en Allemagne, en France et en Italie.

Révolution politique, révolution sociale (agraire et ouvrière), mais aussi révolution nationale, la crise présenta cetriple caractère et elle mit en danger l'existence même de l'Empire.

Le problème le plus redoutable était celui desrapports avec l'Allemagne, elle aussi en pleine fermentation révolutionnaire.

La nation allemande avait pris l'initiativede se reconstituer dans un nouveau système institutionnel et politique.

Regrouperait-elle donc, et peut-être sousune direction autrichienne, l'ensemble des populations germaniques ? On peut retenir ici pour un événement crucial la réponse adressée le 11 avril par l'historien tchèque Palacky, au comité des Cinquante, qui sollicitaitl'envoi de députés de Bohême à un Parlement constituant, élu au suffrage universel.

Palacky, repoussa le projet de réunir la Bohême à l'Allemagnesans reconnaître l'existence de la nation tchèque.

Il affirma, en revanche, la vocation particulière de l'Autriche.

Elle a regroupé sous sa tutelle despeuples non germaniques : Slaves du Nord et du Sud, Latins, Magyars, dont aucun, s'il se trouvait isolé, ne pourrait tenir tête à la Russie, dont legouvernement aspire à la monarchie universelle.

" Certainement, s'il n'y avait pas depuis longtemps un État autrichien, nous devrions, dansl'intérêt de l'Europe et de l'humanité elle-même, nous efforcer qu'il se forme le plus tôt possible " ce qu'a traduit la formule plus ramassée, sinonplus explicite : " Si l'Autriche n'existait pas, il faudrait l'inventer.

" En aucune manière, du reste, il ne s'agit ici du ralliement à l'Autriche deMetternich P233 , mais d'un fervent espoir dans une rénovation.

L'Autriche n'a pas encore donné l'égalité à toutes ses nations composantes et en cela consiste sa faiblesse, mais Vienne et non pas Francfort doit devenir centre de ralliement pour l'œuvre constitutionnelle à entreprendre.

Sansdoute, le problème le plus grave est-il, à cette heure, celui des rapports entre cet Empire d'Autriche, formé de nations différentes, et la nouvelleAllemagne, qui veut être entièrement germanique.

Les Allemands de Bohême ont envoyé leurs députés à Francfort ; entre les deux populations duroyaume qui s'étaient mutuellement supportées et se trouvaient parfois associées dans les mêmes entreprises, la rupture est définitive et l'hostiliténe fera que s'accuser jusqu'à la fin du siècle.

Davantage : les Slaves de la monarchie proclament leur solidarité en face des Allemands et à uncongrès, qui doit se tenir à Prague en juin, ils invitent, à titre d'observateurs, les Slaves des pays étrangers.

Un sentiment de panslavisme s'éveille.S'il est dangereux pour l'Autriche, il ne l'est pas moins pour l'unité historique du royaume de Hongrie, dont les populations slaves (Croates,Serbes, Slovaques) ou roumaines (Transylvanie) prétendent aussi décider de leur sort et recherchent, contre les Hongrois, l'appui dugouvernement de Vienne.

Celui-ci, après la fuite de Metternich P233 , a accepté la réunion d'une Assemblée constituante à Vienne.

Au printemps de 1848 KW170 , il semble que l'Autriche soit à la veille d'un effondrement.

Il lui faut combattre partout une agitation multiforme : raciale, politique, nationale, sociale, où les classes dirigeantes croient apercevoir le péril commun, la Révolution.

Une force demeure intacte dans ce bouleversementgénéral : l'armée.

On comprend l'espoir de salut que beaucoup placent en elle et qu'exprime le vers du poète Grillparzer L1409 : In Deinem Lager ist Österreich .

C'est l'armée qui triomphe en Italie non seulement des révolutions de Milan et de Venise, mais du secours apporté par le Piémont à la cause nationale italienne, lorsque Radetzky P2405 est vainqueur à Custozza le 25 juillet 1848, puis encore à Novare au printemps de 1849.

C'est l'armée qui disperse le Congrès slave de Prague, bombarde la ville, réduit les Tchèques au désarroi, après les troubles émeutes de la Pentecôte.C'est elle qui écrase à l'automne l'insurrection populaire de Vienne, lorsque la foule veut s'opposer au départ de régiments contre la Hongrie.

LaHongrie, entraînée par les patriotes nobles et bourgeois parmi lesquels se révèle un grand chef national, Louis Kossuth P283 entend se réformer elle-même, se donner une Constitution moderne (les lois d'avril 1848, puis la Diète constituante), à laquelle refuse de se plier la Croatie.

Le ban deCroatie, Jelacic P1866 , conduit des troupes autrichiennes contre l'armée hongroise.

En pleine tempête, le successeur de Metternich P233 , le prince Félix de Schwarzenberg P2514 , reprend en partie la direction des événements, il déclare sa volonté d'une monarchie constitutionnelle, assure le refuge à Kremsier, en Moravie, de la Constituante de Vienne et les éléments tchèques libéraux accourent, comme à la seule tribune libre.

En mêmetemps, il décide l'empereur Ferdinand Ier P1584 à abdiquer en faveur de son neveu, le jeune archiduc François-Joseph P108 IerP108 , qui devient le symbole d'un ordre nouveau.

Mais il faut que la Hongrie se soumette.

Elle est vaincue à Kapolna.

Schwarzenberg renvoie (par la force militaire)l'Assemblée de Kremsier, trop lente à aboutir et trop libérale.

Puis il octroie, de l'autorité du jeune empereur, une Constitution, qui d'ailleurs seraabandonnée en 1851.

Malgré Kapolna, la Hongrie poursuit une héroïque résistance : Kossuth P283 proclame la république et la lutte continue jusqu'à l'intervention des armées russes, sollicitées par François-Joseph P108 , en invoquant la solidarité des trônes contre le danger révolutionnaire.

L'armée hongroise capitule à Vilàgos en août 1849 ; des représailles impitoyables sont exercées contre quatorze générauxhongrois fusillés à Arad.

Kossuth P283 passe en Turquie : la nation hongroise est soumise, mais non pas ralliée à un ordre qui lui paraît fondé sur sa défaite.

La victoire militaire de l'Autriche sur tous les théâtres de la révolution lui rendit alors la possibilité de régler, selonses intérêts politiques, le sort de l'Allemagne.

Schwarzenberg avait espéré la constitution d'une Grande Allemagne oùserait entrée la Grande Autriche, c'est-à-dire l'Empire tout entier avec les Slaves et les Hongrois.

La Prusse voulaitune Allemagne exclusivement allemande.

Ainsi s'était manifesté un conflit de puissance entre l'Autriche et la Prusse.Grâce à l'appui du tsar, Schwarzenberg finit par faire triompher, contre la volonté de la Prusse et de nombreuxAllemands, une solution moyenne, mais, de ce fait, fragile : le retour à la Confédération germanique, où, de la Prusseou de l'Autriche, la plus forte l'emporterait en influence.. »

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