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Le doute est-il un échec de la raison ?

Publié le 16/01/2005

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av. J.-C. « La formule "je suspends mon jugement" signifie pour nous que le sujet est incapable de dire à quelle chose il convient d'accorder ou au contraire de refuser sa créance. » Sextus Empiricus, Hypotyposes pyrrhoniennes, Ile-Ille s. « Je pensai qu'il fallait E...] que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable. » Descartes, Discours de la méthode, 1637. « Je nie que nous ayons le libre pouvoir de suspendre notre jugement. Car, lorsque nous disons qu'on suspend son jugement, nous ne disons rien d'autre sinon qu'on voit qu'on ne perçoit pas une chose de façon adéquate.

« On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartes rejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette mêmeles vérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout- puissant s'amuse à me tromper dans toutes mes pensées). Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord ledoute cartésien est provisoire (il prend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : et cetteévidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où biend'autre vont jaillir). C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à se détacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa pureté l'acte même de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèsequi vise à nous délivrer provisoirement des pensées pour révéler que nousavions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien est méthodique (le malingénie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » ( Gouhier ), c'est une technique mise au service de la recherche du vrai. Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction de l'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutesles connaissances antérieures pour bâtir une philosophie nouvelle. 2° Les arguments des sceptiques grecs. Tout au contraire, le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais uneconclusion –la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne , chez Pascal et chez Anatole France . (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à forced'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croientplus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi la preuve qu'on apportepour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donnéen rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître lemoindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départqui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieux en démontrant lesunes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux par excellence est celle-ci :pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dontla valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne , « au rouet ». (e) Toute opinion est relative.. »

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