Devoir de Philosophie

A-t-on le droit d'accuser la technique ?

Publié le 02/03/2004

Extrait du document

droit
Si, en effet, chaque instrument était capable, sur une simple injonction, d'accomplir le travail qui lui est propre [...] si les navettes tissaient d'elles-mêmes [...] alors ni les chefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves. » (« Politique », I, 4). Mais cette ruine, cette dégradation du corps, qui ne développe plus ue habileté ou un talent mais itère & réitère un même geste qui n'a plus de sens pour celui qui l'exécute, est corrélative d'un abrutissement spirituel. Le « pire » réside dans la séparation de la conception et de l'exécution qui fait que le travail n'est plus conçu mais subi, ne développe plus intelligence ou créativité, mais cantonne l'homme à la contemplation d'une action imposée étrangère, absurde. « Travail forcé, il n'est plus la satisfaction d'un besoin, mais un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. » Ainsi on conçoit que « ce qui est humain devienne animal. » Mais, ajoute Marx : « on fuit le travail comme la peste. » « C'est pourquoi l'ouvrier n'a le sentiment d'être soi qu'en dehors du travail ».
droit

« particuliers.

Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrièmeempointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête.

Cette tête est elle-mêmel'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles enest une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ;enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, danscertaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier enremplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où ,par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fûtfort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre milleépingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres,et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingtépingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, etpas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, enconséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

»SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des« objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devientun métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autrepart ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sadiversité.

Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise parla répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrerala nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérationssimples [...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient engénéral aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

» Au début du XX ième , Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'uneparcelle de l'objet.

Le travailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plusnécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier uneactivité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation sembleparticulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.

La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain. D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le faitde ceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, lesrythmes de production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. La technique aliène l'hommeC'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui estanimal devient humain, ce qui est humain devient animal ».Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 »,encore marqués par l'influence de Hegel, si le travail est principiellementformateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devientaliénante, abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal.Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée dujeune Marx.

Notre auteur n'y est pas encore en possession desprincipales catégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'estpas parvenu à la formulation qu'il acquerra dans la maturité.

D'une part,Marx s'y montre plus proche d'une réflexion proprement politique, quipassera ensuite au second plan (ou se verra réélaborée après lesanalyses économiques du « Capital »).

D'autre part, Marx y est encoretributaire d'une lecture essentialiste, moins historienne que par la suite.C'est ainsi qu'il prétend définir une essence du travail qui se voitpervertie par les formes modernes de production.Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie del'esprit » de Hegel, la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans cemouvement, qui fait suite à l'épisode de la lutte à mort pour lareconnaissance, Hegel montre que la libération véritable de l'humaniténe vient pas du maître, qui ne domine que symboliquement le monde,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles