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Peut-on critiquer la morale établie ?

Publié le 27/02/2004

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morale

Une morale établie n'est pas forcément bonne et juste. Il est du devoir du citoyen de la critiquer à partir du moment où il estime qu'elle nuit aux hommes, qu'elle n'est plus adaptée aux besoins de l'époque. Mais, nul individu ne peut raisonnablement prétendre valoir plus que le groupe auquel il appartient. S'il critique une morale établie, il remet en question l'unité et la stabilité sociales.

  • introduction

Problématique générale : une éthique libre et universelle peut-elle transcender les morales figées et particulières ?

  • A. il est légitime de critiquer une morale établie parce qu'elle désigne un ensemble clos, figé, résultant des habitudes sociales, qui doit être dépassé pour parvenir à l'invention éthique.
  • Transition : cette Invention éthique ne nous dirige-t-elle pas vers la liberté ?
  • B. La morale établie, ensemble de stéréotypes, en opposition avec la liberté, peut être critiquée pour atteindre le projet libre.
  • Transition : n'est-ce pas la vraie rationalité qui manque à la morale établie ?
  • C. Opposition de la morale établie et de l'universel de la raison. Conclusion

Une éthique universelle et autonome peut transcender les morales particulières.

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« "Le fondement de la critique irréligieuse est : c'est l'homme qui fait lareligion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme.

Certes, la religion estla conscience de soi et le sentiment de soi qu'a l'homme qui ne s'estpas encore trouvé lui-même, ou bien s'est déjà reperdu.

Mais l'homme,ce n'est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde.L'homme, c'est le monde de l'homme, l'État, la société.

Cet État,cette société produisent la religion, conscience inversée du monde,parce qu'ils sont eux-mêmes un monde à l'envers.

La religion est lathéorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logiquesous forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, sonenthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, saconsolation et sa justification universelles.

Elle est la réalisationfantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pasde vraie réalité.

Lutter contre la religion c'est donc indirectementlutter contre ce monde-là, dont la religion est l'arôme spirituel.

Ladétresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresseréelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

Lareligion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sanscoeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit estexclu.

Elle est l'opium du peuple.

L'abolition de la religion en tant quebonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'ilrenonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique decette vallée de larmes dont la religion s'auréole.

La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires quiles recouvraient, non pour que l'homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu'ilrejette les chaînes et cueille les fleurs vivantes." Karl Heinrich MARX (1818-1883) La morale judéo-chrétienne est contre natureNietzsche opère un radical renversement des valeurs.

Il montre que la morale judéo-chrétienne exprime larévolte des faibles contre les forts, une haine maladive de la vie.

La règle de conduite commune aux individus est la réciprocité, à la condition qu'ils appartiennent au mêmecorps social, avec les mêmes valeurs et les mêmes critères.

Chacun considère ainsi la volonté d'autrui commeégale à la sienne, s'abstient par conséquent de commettre des actes de violence, d'offenser ou de voler, afinqu'il ne lui soit pas fait de même.

Nous vivons d'ordinaire sous l'impératif de la moralité évangélique : "Ne faispas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse." Cependant, il faut considérer que ce principe établi aufondement de la vie sociale est une négation de la vie, un principe de décadence et de dissolution : "Vivre,c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement sesformes propres, l'assimiler, ou tout au moins, l'exploiter." L'essence de la vie est la volonté de puissance,absolue et démesurée : elle vise la conquête, le déploiement de la force jusqu'à ses limites extrêmes, et nesouffre ni pondération, ni mesure, ni limitations d'aucune sorte.

Si dans une société vivante les individuss'abstiennent de faire le mal entre eux, c'est cette société elle-même qui exploitera ou tyrannisera une autresociété plus faible.

Si la moralité des moeurs est un principe de civilisation qui dompte la volonté vitale en sestendances barbares ou violentes, la vie reprend nécessairement le dessus, motivée par une volonté depuissance par laquelle les forts dominent les faibles, et par laquelle le destin de toute force est d'aller jusqu'aubout d'elle-même.L'impératif de la vie contre l'obligation moraleNietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique.

Ledevoir va à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté del'intention.

Pour conserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux.

Ne peut-onobserver, sous le commandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, unesoumission servile et craintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forcespuissantes, qui commandent l'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et laréalisation de nos buts.

L'obéissance au devoir est une mortification.

Il n'apporte d'autre satisfaction que cellede l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre.

L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sanstrouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertu est nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment derespect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contre les impératifs exsangues de la raison, Nietzscheproclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'être humain vise l'affirmation de sa subjectivité etnon la soumission à une loi universelle.

Le devoir moral et l'obéissance sont les signes infaillibles d'un déclin etd'une décadence.

La nature commande à chacun de cultiver sa propre force et ses vertus en vue de laconservation de soi-même, tandis que le devoir commande des actions impersonnelles et abstraites.

Touteaction saine et vitale ne peut avoir que le plaisir pour preuve.

Le bonheur est la seule caution que l'action estbonne.

Se dresser contre la nature et le plaisir, c'est se détruire : "Qu'est-ce qui vous brise plus vite que detravailler, penser, sentir sans nécessité intérieure, sans option profondément personnelle, sans "plaisir", enautomates du devoir ? C'est tout juste là la recette de la décadence, et même de l'idiotie." Nos ancêtres en savaient beaucoup moins que nousFreud, dans L'Avenir d'une illusion, s'autorise à critiquer l'attitude qui consiste à se soumettre à des préceptesmoraux, non parce qu'ils sont bons en soi, mais uniquement parce que les générations qui nous ont précédésles ont respectés.

Issues de la tradition et du conformisme, nos règles morales méritent d'être critiquées à. »

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