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A-t-on le droit de renoncer à sa liberté ?

Publié le 17/10/2004

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– Cette question pose le problème auquel le texte de Rousseau tente de répondre : la liberté est-elle un bien constitutif, inaliénable de l'homme et, dans ce cas, peut-on légitimement, volontairement dire non à ce qui nous constitue ? Bref, a-t-on le droit de choisir de ne pas être libre ?  – La liberté est la valeur suprême de la morale : la plus haute qualité humaine est de ne jamais nuire à autrui. Puisque la liberté est une valeur, cela signifie qu'elle vaut vraiment la peine qu'on vive pour elle, qu'on la défende parfois jusqu'à mourir (cf. la lutte des peuples pour leur indépendance). On meurt donc pour obtenir le droit d'être libre. Ces morts se sont-ils sacrifiés pour rien ?  – La liberté est donc une conquête, une valeur dont on prend lentement conscience, et qui reste fragile. Il n'y a pas de leçons de l'histoire pensait Hegel. On oublie vite les guerres, les tragédies révolutionnaires, les dictatures. On considère souvent qu'être un « homme tranquille « suffit. Platon disait : « La punition de ceux qui ne veulent pas s'occuper des affaires publiques, c'est qu'ils acceptent obligatoirement d'être gouvernés, opprimés peut-être, par des gens pires qu'eux-mêmes. «  – Ainsi, renoncer au droit à la liberté serait nier l'histoire de la libération de l'homme, à cet effort, qu'à chaque génération, il faut améliorer. Car même s'il s'agit de ma liberté, j'engage par mon choix l'humanité entière. Je suis responsable (cf. Kant et Sartre). « La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchis depuis longtemps d'une direction étrangère, restent cependant, volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers. Il est si aisé d'être mineur ! Si j'ai un livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi du régime qui me convient, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer; d'autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse occupation. « (Kant) Je n'ai pas le droit de renoncer à la liberté car c'est refuser ma qualité d'homme et nier ma spécificité : la raison.

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« qu'un homme maltraite cent mille et les prive de leur liberté, qui le croirait, s'il ne faisait que l'ouïr dire et non levoir ? Et, s'il ne se faisait qu'en étranges et lointaines terres, et qu'on le dit, qui ne pensait que cela fût plutôt feintet trouvé que non pas véritable ? Encore ce seul tyran, il n'est pas besoin de le combattre, il n'est pas besoin de ledéfaire, il est de soi-même défait, mais que le pays ne consente à sa servitude ; il ne faut pas lui ôter rien, mais nelui donner rien ; il n'est pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu'il ne fasse rienpour soi.

Ce sont donc les peuples qui se font gourmander, puisqu'en cessant de servir ils en seraient quittes ; c'estle peuple qui s'asservit, qui se coupe la gorge, qui ayant le choix ou d'être serf ou d'être libre, quitte la franchise etprend le joug, qui consent à son mal ou plutôt la pourchasse ». L'asservissement est issu d'un choix, en un sens le peuple pour La Boétie choisit de ne pas être libre, il le décidelibrement.

Mais la servitude volontaire prend la forme d'une faiblesse.

Puisqu'il précise plus loin : « c'est la liberté, quiest toutefois un bien si grand et si plaisant, qu'elle perdue, tous les maux viennent à la file, et les biens mêmes quidemeurent après elle perdent entièrement leur goût et leur saveur, corrompus par la servitude : la seule liberté, leshommes ne la désirent point, non pour autre raison, ce semble, sinon que s'ils la désiraient, ils l'auraient, comme s'ilsrefusaient de faire ce bel acquêt, seulement parce qu'il est trop aisé » L'homme ne peut nier sa liberté sans nier son humanité Dans le chapitre 4 du Contrat Social , Rousseau soulève une question d'importance : est-il possible, pour un homme ou pour un peuple, d'aliénerc'est-à-dire de donner ou de vendre sa liberté ? Pour Rousseau, une telle convention, par laquelle un homme, ou tout unpeuple, aliène sa liberté, en échange de sa vie, de sa subsistance ou detranquillité ne peut être qu'un marché de dupes, car l'autorité à laquelle il sesoumet ce faisant n'a aucun droit sur la première, et ne garantit jamais lesdeux autres.

Quant à engager la liberté de ses propres enfants, cela ne sepeut dans la mesure où ils naissent hommes libres ; leur liberté leurappartient, nul n'a droit d'en disposer qu'eux » , Du Contrat Social. Fondamentalement, « renoncer à sa liberté c'est renoncer à sa qualitéd'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs.

Il n'y a nuldédommagement possible pour quiconque renonce à tout.

Une tellerenonciation est incompatible avec la nature de l'homme, et c'est ôter toutemoralité à ses actions que d'ôter toute liberté à sa volonté ». De plus l'on ne peut aucunement justifier l'aliénation de la liberté par le prétendu droit de tuer le vaincu en temps de guerre.

Car pour Rousseau « la guerre ne donnant point au vainqueurle droit de massacrer les peuples vaincus », « ce droit qu'il n'a pas ne fonder celui de les asservir », au risque detomber dans un cercle vicieux », Du Contrat Social , Livre 1, Chapitre 4. Plus encore il ne faut confondre le fait et le droit : « Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Touthomme né dans l'esclavage, rien n'est plus certain.

Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'ensortir ; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement.

S'il y a donc desesclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contre nature.

La force a fait les premiers esclaves, leurlâcheté les a perpétués », Du Contrat Social , Livre 1, chapitre 2. C'est dans le « Contrat social » que l'on trouve l'une des affirmations les plus radicales de Rousseau concernant la liberté comme bien inaliénable, définissant l'homme en propre: « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité et même à ses devoirs.

Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout.

Une telle renonciation est incompatible avec la nature del'homme.

». L'idée que la liberté est un bien inaliénable, et que nul ne peut consentir à y renoncer pour appartenir à l'Etat, est une thèse centrale de la penséepolitique de Rousseau .

Elle sous-tend tout le « Contrat social », où il s'agit de déterminer comment les hommes peuvent véritablement s'associer, obéir à un pouvoir commun, à des lois valant pour tous, sans abdiquer leur imprescriptible liberté. Cette fameuse formule s'inscrit dans un contexte polémique.

Rousseau vient de montrer, en accord avec Hobbes et les partisans de l'école du droit naturel, que toute société, tout Etat, ne peut reposer que sur des conventions : « Puisqu'aucun homme n'a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pourbase de toute autorité légitime parmi les hommes. » Rousseau entend maintenant se démarquer de ses prédécesseurs en refusant toute espèces de pacte de soumission qui lierait le peuple à des gouvernants, qui soumettrait la liberté des hommes à celle d'un autre.

C'est pourquoi il entend prouver que renoncer à sa liberté conduit à sedétruire en tant qu'être humain, et que, par suite, nul ne peut le vouloir. Mais sans doute faut-il comprendre que la liberté pour Rousseau est constitutive de l'humanité : être humain, c'est être libre.

On peut aller jusqu'à dire que la liberté pour Rousseau prend la place du cogito chez Descartes .

Descartes considérait les animaux comme de simples automates, des machines, et la pensée seule assurait l'homme de sa différence essentielle avec les bêtes.

A cela Rousseau rétorque, faisant sienne les thèses. »

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