Dubček, Alexander
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Dubček, Alexander (1921-1992), homme politique tchèque, premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque (PCT) en 1968-1969. Partisan d'un « socialisme à visage humain «, il a participé à l’élaboration des réformes qui ont touché le pays lors du Printemps de Prague en 1968.
2 | VERS LE PRINTEMPS DE PRAGUE |
Né à Uhrovec (Slovaquie), fils d'un père charpentier qui émigre en URSS de 1925 à 1938, Alexander Dubček reçoit une éducation soviétique. Après des études de droit, militant communiste, il dirige le Parti communiste slovaque à partir de 1963, profitant de la politique de Novotný qui vise, dans des limites très strictes, à réhabiliter les victimes des purges staliniennes et à redonner la parole à une Slovaquie largement méprisée par le pouvoir central. Fin 1967 d’ailleurs, c’est Dubček qui porte l’accusation contre Novotný, lui reprochant, au lendemain du XIIe congrès du PCT (qui débat de la voie socialiste tchèque et conclut à un alignement docile sur l’URSS) à la fois sa responsabilité dans les purges, son prosoviétisme et l’absence d’une politique spécifique pour les Slovaques.
À l’issue de la crise qui secoue le Parti et l’État, Dubček succède à Novotný au secrétariat général du PCT (5 janvier 1968). Cette nomination, Dubček la doit à sa réputation : on le dit « modéré et manipulable « (A. Marès, Histoire des pays tchèques et slovaques, Hatier éd., 1995). En vérité, ce communiste au profil humaniste est taraudé par une interrogation : que choisir pour la Tchécoslovaquie entre une libéralisation relative qui s’appuie encore sur l’URSS, et une authentique démocratisation qui rompt avec le carcan de l’État communiste monopolistique ?
Quoique fidèle à Moscou, il favorise la voie de la libéralisation du régime en instituant la liberté de presse et en réduisant le monopole du PCT, en réhabilitant les proscrits, en garantissant la liberté individuelle et le dialogue démocratique : autant de décisions capitales qui rompent avec les pratiques arbitraires des démocraties populaires et qui identifient le profond appétit de liberté exprimé par le Printemps de Prague.
3 | LE PROSCRIT ET LE REVENANT… |
Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie (21 août 1968) à la suite du Printemps de Prague, Dubček accepte la « normalisation « imposée par Moscou en espérant toutefois sauvegarder quelques acquis de 1968 — mais que la société, avec le symbole marquant de l’immolation de Jan Palach, semble refuser clairement cette normalisation. En vain : le 22 mars 1969, Dubček est limogé par la vieille garde conservatrice et remplacé par Gustáv Husák — au prétexte des débordements qui suivent la victoire de l’équipe nationale de hockey contre l’URSS ! Après avoir perdu la présidence de l’Assemblée fédérale et son poste d’ambassadeur en Turquie (1970), il devient jardinier municipal à Brastislava…
Après une longue absence, la « Révolution de Velours « lui permet de revenir aux affaires en 1989, date à laquelle il est élu — investiture symbolique et émouvante pour les Tchécoslovaques — à la présidence de l'Assemblée fédérale.
Durant son bref retour à la politique — il meurt dans un accident de voiture en 1992 —, Dubček a été, avec Václav Havel, l’un des principaux ambassadeurs du retour à la démocratie.
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