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N' a-t-il que ce qui dure qui ait de la valeur ?

Publié le 03/03/2004

Extrait du document

• L'intitulé du sujet, remarquons-le, nous suggère immédiatement (par la restriction qu'il opère : « n'y a-t-il que... «) un examen et une recherche s'effectuant dans une certaine direction. Il suppose quasi nécessairement un itinéraire dépassant le plan simple de ce qui dure. Mais en quel sens prendre ce verbe durer ? Ce terme (dont l'étymologie est latine) doit manifestement, dans cet énoncé être compris, tout d'abord, en sa signification la plus élémentaire : durer, c'est résister à l'usure - ainsi parle-t-on d'un tissu qui dure -. Mais durer c'est aussi continuer à être et se prolonger dans le temps. Quant au terme valeur, il peut être compris économiquement par rapprochement avec durer - : la valeur signifie la propriété qu'a une chose de procurer à un individu la satisfaction d'un besoin. Mais la valeur peut aussi désigner le caractère qui fait qu'on estime quelque chose. Le sens premier de l'intitulé est donc le suivant : est-ce seulement ce qui se prolonge dans le temps qui présente un caractère digne d'estime ? • Le problème posé par le sujet (à savoir sa question fondamentale) est celui de savoir si c'est l'instant (ce qui ne possède ni épaisseur temporelle, ni durée) qui représente pour nous un élément essentiel.
 
« Le plan dialectique par thèse, antithèse et synthèse est particulièrement adapté à cet intitulé de sujet. Voici ce plan :
  •    A.  Thèse. La valeur de ce qui dure et se prolonge dans le temps.
•  Le durable et le permanent semblent posséder une très grande valeur. Divers exemples : -     exemples quotidiens : l'objet qui « résiste «, le mariage, etc. ; -     la tâche morale : une durée stable, avec fidélité à soi-même. Mais est-il bien certain que valeur et stabilité aillent de pair ?
  •    B.  Critique et antithèse. La valeur du temps fragmentaire, par opposition à ce qui dure, de ce qui n'a pas d'épaisseur temporelle, par opposition à ce qui en possède.
•  Exemples : -     Don Juan ; -     une représentation théâtrale, etc. •  L'instant précaire, le stade « esthétique « ne peuvent être qu'un lieu de passage. Sinon ils sont destructeurs.
  •   C.  Synthèse. L'éternité donne sens et valeur à la durée et à l'instant.
La réponse au problème sera la suivante : instant et durée, en unité l'un avec l'autre, sont essentiels et fondamentaux.

« I.

Introduction. • L'intitulé du sujet, remarquons-le, nous suggère immédiatement (par la restriction qu'il opère : « n'y a-t-il que...

»)un examen et une recherche s'effectuant dans une certaine direction.

Il suppose quasi nécessairement un itinérairedépassant le plan simple de ce qui dure.

Mais en quel sens prendre ce verbe durer ? Ce terme (dont l'étymologie estlatine) doit manifestement, dans cet énoncé être compris, tout d'abord, en sa signification la plus élémentaire :durer, c'est résister à l'usure - ainsi parle-t-on d'un tissu qui dure -.

Mais durer c'est aussi continuer à être et seprolonger dans le temps.

Quant au terme valeur, il peut être compris économiquement par rapprochement avecdurer - : la valeur signifie la propriété qu'a une chose de procurer à un individu la satisfaction d'un besoin.

Mais lavaleur peut aussi désigner le caractère qui fait qu'on estime quelque chose.Le sens premier de l'intitulé est donc le suivant : est-ce seulement ce qui se prolonge dans le temps qui présente uncaractère digne d'estime ?• Le problème posé par le sujet (à savoir sa question fondamentale) est celui de savoir si c'est l'instant (ce qui nepossède ni épaisseur temporelle, ni durée) qui représente pour nous un élément essentiel. II.

Discussion. A.

Thèse.

La valeur de ce qui dure et se prolonge dans le temps. Sur le simple plan économique, ne faut-il pas tout d'abord noter que ce qui résiste au temps, à l'usure, à la marquedissolvante de la temporalité, paraît bien évidemment avoir de la valeur ? Peut-être en raison même de la précaritéde son existence, l'être humain ne goûte guère ce qui est sans lendemain, ce qui ne dure pas, ce qui est éphémère,ce dont il ne reste, rapidement, aucune trace.

Aux produits « de pacotille », le cycle marchand oppose la véritablevaleur économique et ce fait ne doit pas être sous-estimé dans nos sociétés obsédées par la permanence.

La pièced'orfèvrerie en argent massif, qui défiera les siècles, qui nous est parvenue intacte depuis le xviie siècle où unartiste la cisela, les précieux joyaux, les meubles massifs, tous ces objets qui défilent dans les grandes ventes ontpour première qualité de durer et leur valeur est souvent proportionnelle à cette résistance à l'usure.

Il ne s'agit paslà d'œuvres instantanées, éphémères, de brèves apparitions mais de choses lourdes, résistant à la temporalitédestructrice.

Ces permanences et stabilités rassurent, en effet, l'homme précaire, par définition même.

La pierreaussi sécurise les hommes angoissés par la mort.

De même les biens de toutes sortes, la richesse économique, lecapital permanent et durable possèdent de la valeur en un double sens : ils procurent aux individus la satisfactiond'un besoin - valeur économique - et ils sont aussi dignes d'estime - valeur au sens large - parce qu'en subsistantet par cette subsistance même, ils rassurent l'homme inquiet : ainsi, ce qui s'offre dans sa permanence a de lavaleur en de multiples significations et acceptions.Mais il faut à l'évidence dépasser ce premier niveau d'analyse.

Ce qui dure et possède de la valeur, c'est aussi cequi se prolonge dans le temps, à travers la durée stable de notre existence elle-même.

Il ne s'agit plus, ici, de ladurée des objets mais de notre propre continuation dans le temps marquée par des engagements durables : ainsitentons-nous à travers un métier, un mariage, une union, etc., de stabiliser le présent, de faire durer nos projets :nous unifions notre existence.

Nous nous efforçons de l'organiser selon un principe unitaire ; s'engager, c'estprécisément donner une forme durable à nos intentions.

Ainsi jugeons-nous que ce qui dure a de la valeur, quemariage et fidélité - les sentiments qui durent - sont davantage dignes d'estime que le plaisir immédiat.

A traversune vie organisée, un devoir professionnel ou civique durable, l'homme a le sentiment d'appréhender quelque chosede solide : il se voit objectivé de manière stable, vivant dans la permanence et la sécurité.

Ici encore, la vie socialeet morale organisée, marquée par la durée, semble posséder davantage de poids et de prix que le renouvellementincessant ; la vie paraît prendre véritablement un sens.

Loin d'être faite de morceaux juxtaposés et sans unité, elleforme alors un tout durable.

Ainsi peut-on prendre l'exemple du mariage : l'amour conjugal dure, il se construit dansle temps et forge en même temps la personnalité.

L'amour qui dure (cf.

les « noces d'or » du vieux couple) n'a-t-ilpas plus de valeur, de prix, de dignité, que l'amour éphémère ? Ne faut-il pas préférer ce ruisseau fidèle à son coursau torrent dévastateur de l'amour romantique ? Ce qui dure paraît avoir davantage de valeur que ce qui fuit devantnous.Néanmoins ce dont il ne reste nulle trace, l'éphémère, l'instantané, ce concert où j'écoutai quelques sonates deSchubert, la magie d'un soir à l'Opéra, ce feu d'artifice sans lendemain de la joie ou de la beauté, cette fulgurationde l'instant semblent faire apparaître un éblouissement ou une vision fantastiques, peut-être plus vrais et plus richesque la « durabilité » des objets massifs.

De même, l'amour instantané et éphémère paraît parfois plus vrai que lecours stable de l'amour conjugal.

N'y a-t-il réellement que ce qui dure qui ait de la valeur ? B.

Critique et antithèse.

La valeur du temps fragmentaire, par opposition à ce qui dure, de ce qui n'a pasd'épaisseur temporelle par opposition à ce qui en possède.. »

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