l'échange est-il le principe de toutes sociétés possibles ?
Publié le 09/11/2005
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réalisation d'un chef-d'oeuvre).
Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dansla grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement.
• Pour le libéralisme moderne, c'est dans les échanges que se construit le bien commun.
II rejette toutefois l'idéed'une organisation «par le haut» du travail et des échanges.
Se référant à l'image de la «main invisible» d'AdamSmith (1776), il préfère penser que les échanges s'autorégulent, l'offre et la demande tendant spontanément às'entre-équilibrer, sans intervention de l'État.Smith dira: "On n'a jamais vu de chien faire de propos délibéré l'échange d'un os avec un autre chien." Adam Smith,La Richesse des nations, 1776.
Comment expliquer que, malgré la compétition généralisée, une harmonie se dégage entre les hommes ? Pour Smith,tout se passe comme si une "main invisible" dirigeait l'ensemble des égoïsmes dans l'intérêt de tous: tout en necherchant que son intérêt personnel, l'individu oeuvre souvent d'une manière efficace pour l'intérêt de lacommunauté toute entière.
En effet, n'est-ce pas la quête de l'enrichissement personnel qui concourt à fonder laprospérité d'un pays ?Cette fiction de la main invisible - hypothèse providentialiste à souhait - est le symbole de l'optimisme libéral quicroit en l'harmonie des règles spontanées du marché et à l'agrégation des intérêts individuels en intérêts collectifs.L'explication de cette surprenante main invisible est que le conflit entre des intérêts opposés oblige les partenairesde l'échange à limiter leurs prétentions, à s'accorder sur des compromis, à réaliser un équilibre correspondant àl'affectation optimale des ressources.
Au XXe siècle, Hayek proposera une explication supplémentaire : l'interactiondes pensées de tous les acteurs de l'activité économique l'emporte en connaissances et en capacités d'inventionsur n'importe quelle instance centrale.
Le meilleur ordre possible est donc celui qui résulte de la régulation opéréepar des millions d'individus qui prennent des décisions rationnelles en fonction de leur intérêt.
L'espèce humaine occupe dans l'histoire de la vie une place particulière.
Si les hommes partagent avec tous lesêtres vivants la même condition matérielle, ils n'en ont pas moins développé un monde qui échappe à la seule logiquedes besoins naturels.
En effet, l'homme ne se contente pas de vivre dans la nature mais il la transforme, il produitdes richesses qui font l'objet d'échanges.
Par la circulation des marchandises mais aussi des hommes, il acquiert unemaîtrise sur la nature et traduit ainsi le désir de construire un monde à son image.
Derrière les échanges : l'exploitation.
«Mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre, dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seuld'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire, et lesvastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et danslesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.» Rousseau, Discours surl'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755).
• Rousseau montre que, dans les échanges, la situation de départ est en fait rarement égalitaire.
Du coup, leséchanges, même s'ils semblent équitables, creusent les inégalités.
• Ainsi, avec l'invention de la propriété privée (distincte de la simple possession), un système apparemmentéquitable d'égalité devant le droit de propriété, est venu recouvrir et renforcer les inégalités de fait.
Telle a été la«ruse des riches», de faire passer l'inégalité de fait pour une égalité apparente.• La notion marxiste de «lutte des classes» reprend cette idée, en montrant que les acteurs sociaux n'ont, face auxéchanges, ni le même statut ni le même pouvoir selon qu'ils sont propriétaires des moyens de production (les«bourgeois» dans la société industrielle) ou qu'ils n'ont que leur force de travail (les prolétaires)..
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