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Un écrivain peut-il, par ses œuvres, contribuer à l’amélioration de la société ?

Publié le 01/10/2012

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Un écrivain peut-il, par ses ?uvres, contribuer à l'amélioration de la société ? Le philosophe du 18° siècle se doit d'améliorer les conditions de vie sociale et politique de ses contemporains, Voltaire n'est-il pas un auteur engagé, avec ses Contes, des pamphlets comme l'affaire Calas, ou des ?uvres comme le Traité sur la tolérance ? Au XIX° siècle, des écrivains comme Hugo avec « Les Misérables « et des poèmes comme « Melancholia « dans « les Contemplations «, Zola avec « Germinal «, la lettre « J'accuse « publiée dans le journal « L'Aurore «, ont mis leur plume et leur prestige au service d'une cause politico-sociale, en se faisant à la fois défenseurs des valeurs universelles, justice et liberté, et opposants des pouvoirs en place. Dans un premier temps, nous essaierons donc de montrer pourquoi, comment et avec quelles armes un écrivain peut contribuer à l'amélioration de la société.Mais ne peut-on justifier la position exactement inverse des écrivains de l'art pour l'art, comme Flaubert, ou des poètes parnassiens, comme T.Gautier ou J.M.de Heredia ? Ces derniers ont choisi comme idéal la Beauté artistique, et refusé complètement l'art social et utile. Nous étudierons enfin les limites de l'engagement social et politique, en nous demandant si l'écrivain doit prolonger son engagement jusqu'à se salir les mains, si nécessaire, au service d'un parti, et négliger le travail du style. ( ( ( Voltaire, au siècle des Lumières, est le représentant le plus illustre des philosophes, c'est-à-dire de ceux qui, au nom de la raison, veulent apporter à leurs contemporains, la liberté, la tolérance, le bonheur. L'auteur de « Candide « prend peu à peu conscience de son pouvoir et de son influence, et devient le porte-parole de la bourgeoisie parisienne et provinciale, en face de la censure et du pouvoir royal. L'un des meilleurs exemples du pouvoir presque médiatique qu'exerce le philosophe est l'affaire Calas, du nom de protestant condamné injustement au supplice et à la mort, pour avoir tué un fils, prêt, semble-t-il, à se convertir au catholicisme. Partant à l'assaut du fanatisme religieux et de la « question «, l'écrivain va se mobiliser plusieurs années : libelles, appels à des avocats célèbres, aide matérielle à la veuve, il n'épargnera aucun effort sans parvenir cependant à le sauver. Mais il obtiendra néanmoins sa réhabilitation ! Toutes proportions gardées, cette affaire Calas n'annonce-t-elle pas l'affaire Dreyfus ? A côté de ce pamphlet, nous ne saurions oublier « Candide «, célèbre conte philosophique. Sous le couvert d'un regard étranger, celui de Candide, observateur en apparence impartial, Voltaire attaque violement la guerre, « boucherie héroïque «, la torture, le dogmatisme religieux et philosophique. Et nous savons bien que toutes ces ?uvres des philosophes, renforcées par la parution de l'Encyclopédie, ont contribué sans nul doute à l'avènement de la Révolution Française Si nous examinons maintenant les textes du corpus, nous constatons que le texte A, extrait des « Contemplations « , constitue en quelque sorte le résumé de la biographie de Fantine , la protégée de Jean Vajjean, deux personnages essentiels des « Misérables « Le poème « Melancholia « est souvent accompagné d'une image représentant un ange triste et pensif. Cet ange mystérieux qui contemple le spectacle de la misère sociale et la transformation de la pureté en vice, n'est-ce pas une représentation de la Providence divine, frappée par cette tragédie ? Le poète est précisément chargé d'une mission sacrée, celle de dénoncer la misère et l'esclavage, et d'y porter remède. Le texte B, extrait du roman, présente le tableau réaliste et pathétique de la descente aux ...

« Le texte C enfin apparaît comme une intervention directe de l’auteur, une réflexion philosophique et religieuse qui s’élève jusqu’à l’universel, pour permettre au lecteur de comprendre cette tragédie.

« Melancholia » évoque d’abord, rapidement le spectacle actuel de Fantine déchue, abandonnée par tous, livrée à une curiosité impitoyable de la foule (vers 4).

Cette curiosité et la moquerie de la foule des nantis provoque en retour la compassion et la révolte du lecteur (vers 12).

La deuxième partie du poème (vers 13 à 41) résume tout ce qui l’a conduit jusque là. Les répétitions au vers 16/17 du verbe « travaille », à trois reprises, au vers 25 de l’adjectif « cher » derrière l’huile, le bois, le pain, souligne non seulement l’importance du travail pour l’ouvrier, source de vie et de dignité, mais aussi les conditions inhumaines de vie, destinées à provoquer la révolte.

Dans cette seconde moitié du 19° siècle, la loi ignore encore les droits les plus élémentaires de la femme.

A partir du vers 27, la personnification de la faim, assimilée à un monstre, nous fait passer dans un registre tragique et nous rapproche du dénouement.

La vente des derniers biens précède de peu la déchéance morale définitive. Le texte B en prose, reprend de manière très réaliste le tableau de cette misère et de cette perte totale de dignité, qui se traduit par la décision de se prostituer.

De façon paradoxale, misère, souffrances physiques et morales poussées à l’extrême font de Fantine une mère sublime et presque sainte, par son silence et son courage devant le sort contraire.

Nous découvrons ici un des grands sujets du roman : l’infamie de la condition féminine populaire dans les concentrations urbaines.

L’auteur dénonce les conditions de travail abominables des ouvrières, le logement et le froid, durée du travail et salaires, les mécanismes inexorables qui amènent des filles innocentes à la prostitution, et enfin le rejet social généralisé des femmes perdues, qui conduit à la perte des enfants.

Le réalisme extrême des notations entraîne d’autant plus la compassion et la révolte du lecteur. Enfin le dernier texte C fait intervenir Hugo lui-même, omniscient, qui s’avance au-devant du lecteur, et passe du plan social au plan métaphysique et religieux.

S’extrayant de ce tourbillon où s’agitent les foules, le poète éprouve le besoin d’expliquer la fatalité de ce drame.

Nous assistons d’abord à un marché symbolique où la société marchande d’esclaves échange la dignité et la liberté des femmes contre « un morceau de pain ».

Certes nous avons reçu depuis longtemps dit Hugo, le message évangélique d’amour.

Depuis 1848, grâce au député Schoelcher, la loi a supprimé officiellement l’esclavage.

Mais ni le message évangélique ni la loi n’ont encore « pénétré » la société.

Fantine, la femme abandonnée, la fille-mère, le symbole même du dévouement et de la maternité, devient alors une statue de marbre insensible.

Quelle solution lui reste-t-il en effet ? Ni la philanthropie paternaliste de M.Madeleine, ni le législateur n’ont pu la secourir.

Ce sera seulement en 1866 que la première Internationale se prononcera contre le travail des femmes.

En attendant, Hugo a le mérite de réclamer l’égalité homme et femme dans le travail, et les mêmes droits civiques.

Il a montré que la misère dénature et détruit les sexes, et que Fantine, sans miroir, sans dents ni cheveux, est devenue un être innommable, sans identité.

Ainsi, nous voyons donc que l’écrivain contribue à l’amélioration de la société, même si les progrès sont bien lents.

Avant sa mort, Hugo aura suffisamment agi, avec d’autres forces bien entendu, sur l’opinion publique et le législateur, pour découvrir des lois importantes, qui ont transformé le siècle : l’interdiction du travail des femmes, le droit de grève, les lois sur l’école gratuite obligatoire et laïque, et la liberté d’association pour les ouvriers.

A la fin du XIX° siècle, le roman de Zola, « Germinal »s’inscrit également dans un combat idéologique en faveur des mineurs du Nord, exploités par le patronat, et vivant dans la misère et la promiscuité.

L’auteur a évoqué une étape du mouvement ouvrier, l’époque des révoltes et de la constitution des syndicats, et l’apparition de la conscience ouvrière.

Le titre même du roman, « Germinal », désigne le mois d’avril dans le calendrier révolutionnaire.

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