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L'éducation a-t-elle pour but de nous rendre indépendant ?

Publié le 25/03/2004

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Le but de l'éducation : l'autonomie face à un pré - pensé. Revenons à la distinction que nous faisions en introduction entre indépendance / autonomie. Si l'autonomie c'est se donner à soi sa propre loi, elle apparaît comme le meilleur remède au risque d'aliénation inhérent à la dépendance entre société et éducation sans pour autant remettre en question l'existence du lien primordial et nécessaire existant entre l'individu autonome et le reste de ses concitoyens. Kant, Qu'est ce que les Lumières ? « Qu'est-ce que les Lumières ? La sortie de l'homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l'entendement mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction d'autrui. Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. » 2.

HTML clipboard L'éducation a-t-elle pour but de nous rendre indépendant ? Dans notre société qui se veut républicaine : la liberté est au fronton de toutes nos institutions, surtout au fronton de nos institutions scolaires qui ont pour soucis de nous éduquer. Aussi apparaît-il logique, quasi évident que l'éducation a pour but de nous rendre indépendant. Tanguy dans le film éponyme à l'issue de son éducation rejette l'indépendance que lui proposent, quasi imposent ses parents. Et cela nous choque. Ainsi indépendance et éducation semblent aller de paire. Mais pourtant l'éducation dans les régimes totalitaires, tels l'Allemagne du III è Reich ou l'Italie de Mussolini n'a pas les mêmes prétentions – elle vise bien plutôt le rattachement, la dépendance de l'individu éduqué toute sa vie au régime, au parti. On le voit la question est loin d'être évidente, du moins ne l'a pas toujours été. De plus l'éducation vise-t-elle réellement l'indépendance ou bien l'autonomie ? Si l'indépendance au sens absolu revient à être sans lien avec quiconque, et quoique ce soit, n'est ce pas une absurdité de donner comme but à l'éducation l'indépendance, notre indépendance ; ne serait-il pas plus légitime de lui conférer comme but l'autonomie ? C'est cette question aux multiples enjeux qui va donc nous intéresser.

« qui serait la vérité de notre vie, hors de la dépendance originaire avec la mère.

L'éducation par le biais de laprésence du père symbolique est entrave au désir primaire de fusion.

Le père est là pour expliquer à l'enfantqu'il ne pourra pas épouser sa mère.

L'éducation dans un premier moment a pour but une indépendanceimposée.2.

L'éducation : un processus de séparations successives : une indépendance progressiveL'éducation à partir de cette indépendance première est succession de séparations marquant uneindépendance progressive relative à ce dont on est pimitivement dépendant.

Ainsi dans le mythe de lacaverne, en République VII, Platon figure de façon imagée l'éducation selon un processus de détachement successif, d'une libération progressive mais difficile, éprouvante.« Considère maintenant ce qui leur (prisonniers) arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes etqu'on les guérisse de leur ignorance.

Qu'on détache l'un de ses prisonniers, qu'on le force à se dresserimmédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous cesmouvements il souffrira, et l'éblouissement l'empêchera de dis, et l'éblouissement l'empêchera de distinguerces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres.

»3.

L'indépendance au sens absolu semble aller à contrario du rôle de socialisation inhérent àl'éducationCependant l'indépendance ne peut être absolue.

En effet l'homme indépendant de façon absolue, sans lienavec quiconque, et quoique ce soit perd son statut d'homme.

L'éducation nécessite un contact, un lien avecautrui.

L'éducation est développement de l'humanité au contact des autres.

Elle apparaît comme un mixted'indépendance pour se construire comme individu, et comme prise de conscience de la dépendance del'enfant à la société.

Cf l'enfant sauvage ( Cf image du film de Truffaut ci dessus).

Lucien Malson, dans Les Enfants sauvages, écrit : « Les enfants privés trop tôt de tout commerce social - ces enfants qu'on appelle « sauvages » - demeurent démunis dans leur solitude au point d'apparaître comme des bêtes dérisoires,comme de moindres animaux.

[...] Avant la rencontre d'autrui, et du groupe, l'homme n'est rien que desvirtualités aussi légères qu'une transparente vapeur.

» II.

L'éducation : son but premier, inscrire l'individu éduqué ou à éduquer dans la société ?1.

L'homme comme animal politique – l'éducation comme inscription de l'individu dans la société.Aristote écrit : « I l est manifeste, (…), que l'homme est par nature un animal politique ( Nous soulignons dans le texte), et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard descirconstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain, et il est comme celui qui est injurié en cestermes par Homère : "sans lignage, sans loi, sans foyer".Car un tel homme est du même coup naturellement passionné de guerre, étant comme un pion isolé au jeu detrictrac.

C'est pourquoi il est évident que l'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille etque n'importe quel animal grégaire.Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux l'homme a un langage.Certes la voix est le signe du douloureux et de l'agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux ; leurnature, en effet, est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du douloureux et de l'agréable et de seles signifier mutuellement.

Mais le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et parsuite aussi le juste et l'injuste.

Il n'y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport auxautres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autresnotions de ce genre.

»L'éducation a, de façon plus pregnante dans la société grecque, pour but et fonction d'inscrire l'enfant dansla société politique.

En Grèce, au risque de paraître anachronique : point de salut hors des murs de lasociété.

En effet, l'enfant est éduqué au rythme de la société : inscription dans le dème de rattachement,présentation aux autres citoyens.

On retrouve des processus analogues dans nos sociétés contemporaines :déclaration de l'enfant à l'état civil, et avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le baptême, lescommunions quasi obligatoires pour l'enfant.2.

L'individu : un futur citoyenL'éducation a donc pour but de former un citoyen.

Ainsi Emile dans Emile ou de l'éducation de Rousseau est formé à être un bon citoyen - entre autres.

Platon lui va plus loin.République , Lois , Platon Tout le système éducatif de Platon a pour visée de former des bons citoyens, et pour une petite part d'entreeux des bons gouvernants.

Ainsi le système proposé se tourne autour des éléments qui d'après lui sontnécessaires à l'obéissance, et à la gouvernance de la société : la musique, la gymnastique et pour les plushabiles d'entre eux les mathématiques au sens large, et la dialectique.

Ainsi dans Les lois , Platon instrumentalise l'éducation au service de la société.3.

Limites de l'éducation : l'éducation comme moyen de faire dépendre l'individu de la société : lesrégimes totalitairesPopper dans la société ouverte et ses ennemis , voit dans Platon la préfiguration du totalitarisme : thèse controversée et largement critiquable.

Cependant elle nous permet de nous attarder sur le risque inhérent àune forme d'éducation qui insisterait sur le lien étroit, « fort trop fort » pouvant exister entre éducation etsociété.

Ainsi dans les régimes totalitaires, l'éducation est totalement soumise au parti.

On peut penser aux« Jeunesses Hitlériennes », aux renvois de professeurs parce qu'en désaccord avec le régime ou parce quenon conformes avec les principes du Parti : ainsi Husserl, professeur d'université en raison de son originejuive est remercié.

L'éducation dans ce type de régime est instrumentalisée, devient objet de propagande.Transition : si l'éducation a pour but l'indépendance et l'inscription dans la société, que l'indépendance poussée à l'extrême aboutit à l'inhumanité du sujet à éduquer, et que le lien trop étroit entre société etéducation peut dans des conditions extrêmes aboutir à une dépendance aliénante du sujet éduqué et de la. »

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