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L'éloge de la religion par Sganarelle - Acte III Scène 1 : DOM JUAN

Publié le 30/07/2010

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religion

Introduction :    Dom Juan est une comédie en prose de Molière qui a été jouée pour la première fois le 15 février 1665 au théâtre du Palais Royal. Elle a été jouée juste quelques mois après Tartuffe qui avait été censurée. Ainsi, Don Juan a été rapidement écrit pour donner du travail à sa troupe et parce que Don Juan était une pièce à la mode. A la fin de l’acte II, Don Juan fait le funambule entre Charlotte et Mathurine, deux paysannes qu’il a séduites et dont il se moque, en faisant croire à chacune qu’elle est sa préférée. On annonce soudain que douze hommes à cheval sont à sa recherche. Le maître et le valet quittent les paysannes et sous un déguisement s’enfuient dans une forêt. Là, ils s’entretiennent de médecine, science à laquelle Don Juan n’accorde aucun crédit, puis de religion. Sganarelle tente à cette occasion de convertir son maître en lui prouvant l’existence de Dieu, mais sans succès, car sa démonstration est ridicule. Ce passage présente un triple intérêt : il nous éclaire sur la foi de Sganarelle ; il précise le libertinage religieux de Dom Juan ; il offre un bon exemple des relations complexes qui unissent le maître et le valet.        Axes :    I. La foi de Sganarelle  II. Le libertinage religieux de Don Juan  III. Le couple Don Juan - Sganarelle    I) La foi de Sganarelle :     sert de contrepoint au libertin   croyant et conformiste   défenseur de la morale traditionnelle qu’il essaie de faire triompher    Scandalisé par l’impiété de son maître, il tente dans se passage de le convertir, en lui pouvant l’existence de Dieu.     foi religieuse repose sur enthousiasme et émerveillement « il y a quelque chose d’admirable dans l’homme «   ton interrogatif traduit émotion admirative devant la perfection du monde « Pouvez vous voir toutes les inventions dont la machine de l’homme est composée […] ? «, « Cela n’est-il pas merveilleux que me voilà ici […] ? «    Ce sentiment procède d’une intuition irrationnelle « que tous les savants ne sauraient expliquer «, et repose sur le bon sens populaire : « avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres «.     idée de perfection du corps humain créé en vue d’accomplir la perfection divine : « Pouvez-vous voir toutes les inventions dont la machine de l’homme est composée sans admirer de quelle façon cela est agencé l’un dans l’autre «   foi sincère et enthousiasme touchant   burlesque de son argumentation fait sombrer sa bonne volonté dans le ridicule   discours de démonstrations est un flot de paroles   valet s’écoute parler car haute opinion de lui-même : « personne ne saurait se vanter de m’avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres «   étale sa culture mais érudition mal dominée   il se perd et s’embrouille   hésitations marquées par les points de suspension : « ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ces…, ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui… «   considère énumération pouvoir de conviction OR aggrave sa cuistrerie   exemples utilisés font rire par leur inconvenance et leur malice populaire : « est-ce que vous vous êtes fait tout seul et n’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire ? «   échec de cette démonstration marqué par la chute physique du valet    Ce discours est donc une parodie grotesque de démonstration théologique qui aboutit l’inverse du résultat recherché. La faillite de ce raisonnement à prétention intellectuelle traduit le caractère superficiel et conventionnel de la foi de Sganarelle, qui ne croit en Dieu que par habitude de la soumission et par peur. Il en va bien autrement pour le protagoniste.    II) Le libertinage religieux de Don Juan :     c’est un libertin donc refuse de croire au surnaturel et ne veut être dirigé que par la raison   incrédulité en matière religieuse   préfère laisser le sermonneur s’empêtrer dans sa démonstration   croit à ce qu’il voit   accorde son crédit qu’aux choses qui peuvent être vérifiées par la raison : « Votre religion, à ce que je vois, est donc l’arithmétique ? «   rejoint l’idée du philosophe Descartes   rationalisme débouche sur un matérialisme caractéristique du libertinage   aboutit à un athéisme ; tout est matière donc pas d’esprit supérieur gouvernant la création   hasard joue un grand rôle   considère les croyances religieuses et la superstition comme des illusions nées de l’imagination   il n’est pas très clair sur la question religieuse et formule de vagues propositions   répond par des interjections et des monosyllabes   attitude laisse penser qu’il n’est pas vraiment athée   besoin d’un obstacle qui donne de l’éclat à son courage et son insolence   il serait donc plus impie qu’athée  L’impie insulte la religion parce qu’il n’arrive pas à se libérer de Dieu qui limite sa liberté et sa volonté de puissance.     le rappel incessant de son impiété rendra ses prochains sacrilèges plus provocants    Cela nous amène à nous interroger sur la nature des liens qui unissent le maître et le valet.    III) Le couple Don Juan – Sganarelle :    Sganarelle a dans la pièce une présence aussi considérable que Don Juan. Il ne le quitte jamais et lui sert de révélateur, à la manière du confident de la tragédie, qui permet au protagoniste d’exprimer d’une façon vraisemblable ses états d’âme.     grâce à lui que nous connaissons la pensée de Don Juan sur les femmes, la médecine ou la religion   mais ne se contente pas de jouer les utilités   a un tempérament propre, un caractère   ce texte apporte la preuve qu’il est lié à son maître par des relations complexes    Sganarelle ne peut pas se passer de son maître, car c’est lui qui lui donne la possibilité de s’épanouir et de construire, en le contestant, sa propre vision du monde.     on sait mieux ses opinions sur la religion que Don Juan    Le valet ne se contente pas de permettre au héros de se définir.     c’est lui qui a l’initiative de la parole   et soumet Don Juan à un interrogatoire serré   ne se prive pas de le juger et de contester ses façons de voir   réaction scandalisée : « La belle croyance et les beaux articles de foi que voilà ! […] Il faut avouer qu’il se met d’étranges folies dans la tête des hommes, et que, pour avoir bien étudié, on en est bien moins sage le plus souvent «    Il faut un certain courage à Sganarelle pour remettre ainsi en question les idées de Don Juan.     il a peur de la vengeance divine qui le menace   a de l’affection pour Don Juan   il doit le ramener sur la voit du devoir et du respect des règles sociales et religieuse pour le garder   mouvement d’humeur qui traduit en fait, par le dépit, son attachement pour lui : « Morbleu ! je suis bien sot de m’amuser à raisonner avec vous. Croyez ce que vous voudrez : il m’importe bien que vous soyez damné ! «    Sganarelle éprouve de l’admiration pour le grand seigneur dont il aimerait avoir l’envergure intellectuelle.     cherche à se mesurer avec lui   prend ses distances d’une façon naïvement prétentieuse : « Pour moi, Monsieur, je n’ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m’avoir jamais rien appris «   doit à son maître le vernis de culture qu’il ne manque pas de faire valoir ostensiblement   il voudrait pouvoir lutter d’égal à égal avec Don Juan   il le provoque et lui demande qu’il lui réponde à armes égales : « Oh ! dame, interrompez-moi donc, si vous voulez. Je ne saurez disputer, si l’on ne m’interrompt «    Mais sa tentative échoue lamentablement devant le silence du maître, qui ne pousse pas la complaisance à l’égard de son valet au-delà de sa patience à l’écouter.     Don Juan a besoin de Sganarelle   il est la seule personne à qui il demeure constamment fidèle   pas besoin de parler pour que le valet s’embarrasse et se couvre de ridicule   jouit avec condescendance de sa bouffonnerie et de son pédantisme naïf    A cela s’ajoute le plaisir de voir l’autre souffrir, qui est une constante du caractère de Don Juan.     Sganarelle lui en fait le reproche : « Vous vous taisez exprès, et me laisser parler par belle malice «    Finalement, le maître jubile devant la déconfiture du valet qui vient de tomber par terre : « Bon ! voilà ton raisonnement qui a le nez cassé «.  Mais Sganarelle est surtout un témoin indispensable.  Le libertin a besoin d’un regard qui contemple ses méfaits, afin de pouvoir savourer davantage son plaisir de faire le mal.  S’il le laisse un moment s’exprimer, c’est moins par scrupule devant le scandale de ses actions que par désir de mieux les exalter.        Conclusion :    Foi superstitieuse du valet, incrédulité obstinée du maître, tels sont les éléments que met en valeur ce texte. En fait, aucun des points de vue de cette alternative n’est convainquant. Sganarelle défend sa foi avec l’enthousiasme de l’homme du peuple, mais par inculture elle dégénère en superstition et en bêtise. Quant à Don Juan, son refus des conventions est tonique mais sa corruption morale est intenable. En mettant en scène l’impossible dialogue des protagonistes, Molière ne prend parti ni pour l’un, ni pour l’autre, et nous présente finalement une vision septique et désabusée de l’homme face à la religion.

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« donc l'arithmétique ? » rejoint l'idée du philosophe Descartes rationalisme débouche sur un matérialisme caractéristique du libertinage aboutit à un athéisme ; tout est matière donc pas d'esprit supérieur gouvernant la création hasard joue un grand rôle considère les croyances religieuses et la superstition comme des illusions nées de l'imagination il n'est pas très clair sur la question religieuse et formule de vagues propositions répond par des interjections et des monosyllabes attitude laisse penser qu'il n'est pas vraiment athée besoin d'un obstacle qui donne de l'éclat à son courage et son insolence il serait donc plus impie qu'athéeL'impie insulte la religion parce qu'il n'arrive pas à se libérer de Dieu qui limite sa liberté et sa volonté de puissance. le rappel incessant de son impiété rendra ses prochains sacrilèges plus provocants Cela nous amène à nous interroger sur la nature des liens qui unissent le maître et le valet. III) Le couple Don Juan – Sganarelle : Sganarelle a dans la pièce une présence aussi considérable que Don Juan.

Il ne le quitte jamais et lui sert derévélateur, à la manière du confident de la tragédie, qui permet au protagoniste d'exprimer d'une façon vraisemblableses états d'âme. grâce à lui que nous connaissons la pensée de Don Juan sur les femmes, la médecine ou la religion mais ne se contente pas de jouer les utilités a un tempérament propre, un caractère ce texte apporte la preuve qu'il est lié à son maître par des relations complexes Sganarelle ne peut pas se passer de son maître, car c'est lui qui lui donne la possibilité de s'épanouir et deconstruire, en le contestant, sa propre vision du monde. on sait mieux ses opinions sur la religion que Don Juan Le valet ne se contente pas de permettre au héros de se définir. c'est lui qui a l'initiative de la parole et soumet Don Juan à un interrogatoire serré ne se prive pas de le juger et de contester ses façons de voir réaction scandalisée : « La belle croyance et les beaux articles de foi que voilà ! […] Il faut avouer qu'il se metd'étranges folies dans la tête des hommes, et que, pour avoir bien étudié, on en est bien moins sage le plus souvent» Il faut un certain courage à Sganarelle pour remettre ainsi en question les idées de Don Juan. il a peur de la vengeance divine qui le menace a de l'affection pour Don Juan il doit le ramener sur la voit du devoir et du respect des règles sociales et religieuse pour le garder mouvement d'humeur qui traduit en fait, par le dépit, son attachement pour lui : « Morbleu ! je suis bien sot dem'amuser à raisonner avec vous.

Croyez ce que vous voudrez : il m'importe bien que vous soyez damné ! » Sganarelle éprouve de l'admiration pour le grand seigneur dont il aimerait avoir l'envergure intellectuelle. cherche à se mesurer avec lui prend ses distances d'une façon naïvement prétentieuse : « Pour moi, Monsieur, je n'ai point étudié comme vous,Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m'avoir jamais rien appris » doit à son maître le vernis de culture qu'il ne manque pas de faire valoir ostensiblement il voudrait pouvoir lutter d'égal à égal avec Don Juan il le provoque et lui demande qu'il lui réponde à armes égales : « Oh ! dame, interrompez-moi donc, si vousvoulez.

Je ne saurez disputer, si l'on ne m'interrompt » Mais sa tentative échoue lamentablement devant le silence du maître, qui ne pousse pas la complaisance à l'égardde son valet au-delà de sa patience à l'écouter. Don Juan a besoin de Sganarelle il est la seule personne à qui il demeure constamment fidèle pas besoin de parler pour que le valet s'embarrasse et se couvre de ridicule jouit avec condescendance de sa bouffonnerie et de son pédantisme naïf A cela s'ajoute le plaisir de voir l'autre souffrir, qui est une constante du caractère de Don Juan.. »

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