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Est-ce s'éloigner d'autrui que de rentrer en soi-même

Publié le 20/03/2004

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On pourrait sans doute nous objecter le cas de l'orgueilleux : l'opinion exagérément avantageuse qu'il a de lui-même ne vient-elle pas d'un trop habituel repliement sur soi, lequel entraîne une insuffisante ouverture aux autres ? En apparence, peut-être ; mais la réalité semble fort différente : les illusions sur sa valeur personnelle que nourrit l'orgueilleux viennent de ce qu'il méconnaît son moi authentique ; jouant le personnage qu'il croit être mais qu'il n'est pas, il suscite des réactions défavorables ou hostiles à la suite desquelles il en vient à penser que cette antipathie résulte de sa supériorité, et à conclure que, pour lui, la sagesse est de vivre à l'écart de la racaille qui l'entoure. Une véritable rentrée en lui-même lui aurait fait prendre conscience de participer à la commune nature des hommes et l'aurait rapproché de ses semblables. C'est donc pour n'être pas rentré suffisamment en soi qu'il s'est éloigné d'autrui. Quant aux autres - misanthropes ou pessimistes de tempérament, malchanceux que les déceptions ont aigris - c'est parce qu'ils se trouvent coupés de leurs semblables qu'ils se réfugient dans le réduit de leur moi. La rentrée en soi est alors effet et non point cause de l'éloignement en question. II. - ... MAIS CONDITIONNE LE RAPPROCHEMENT DES HOMMES Il ne faut pas croire qu'il suffise, pour rentrer en soi, de s'éloigner des autres physiquement ou moralement, de se désintéresser de leurs affaires et de leurs soucis : l'égoïste qui se barricade dans un home douillet n'y médite guère sur la vie morale, sinon il se convertirait de son égoïsme. On se tromperait aussi en jugeant impossible de rentrer en soi tout en continuant à s'intéresser aux autres et à entretenir avec eux des rapports fraternels : dans ces relations, je puis ne pas me perdre de vue ; il est même bon que je reste attentif à moi pour rester fraternel.

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