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Émile ZOLA : L'Oeuvre

Publié le 05/10/2012

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On sait combien Zola s'est passionné pour la pei nture, à quel point son jugement s'est révélé juste, à une exception près, celle de son ami d'enfance, Cézanne, que paradoxalement il n'a pas compris. A dire vrai, cette incompréhension n'est singulière qu 'en apparence, car j amais deux hommes ne furent plus éloignés l'un de l'autre. Pour Cézanne, la réali té n'est que le reflet d'une vérité plus complexe dont nous ne sa is isso ns q ue l'image, et si le peintre s'acharne à l'interpré ter aussi fidèlement que possible, son âme est ailleurs. Il croit à une vérité transcendante, surnature lle, alors que pour son ami Zola il n'en est pas d'autre que ce lle qu'il peut observer...

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« Autoportrait (d éta i l), Cézanne Photo Kunstmuseum , Berne Lors de sa publi­ cation en / 886, L'Œuvre ne connut qu'un succès miti gé; ainsi , en 1902, alors que l'on avait déjà ven du cen t quatre­ vin g t-tr eize mill e exe mplair es de Nana et cent quarante-deux mille de Germinal , ce roman n'arrivait qu 'en seizième pos i­ ti on , ave c so ixante mille volum es vend u s.

Le livre Le ch ef-d'œuvre impossible T 'ambition de Claude Lantier , c'est de créer un véritable L chef-d'œuvre et de con jurer Je dr ame de J' impuissance artistique.

A ses côtés , Christine , à la fois son modèle et sa maî­ tresse , femme abandonnée que le peintre a recueillie ; elle met en exergue les hési ta tions et les hantise s tant de fois exprimées par Zola face à la sensualité et à la chair.

L'amour est impuis­ sance , comme l 'œuvre que l'artiste poursuit de ses rêve s; plus il trav aille , et plus il doute ; pl us il progresse , et plus la mission qu ' il s'est assignée s'éloigne; ses forces créatrices et son inspi­ ration finissent par s'ér oder.

Obsédé, en proie à des hallucina­ tion s, Lantier finit par se pendr e devant sa toile, entraînant Christine , devenue sa femme , dan s la mort .

L'artiste et son œuvre Z ola, primitivement, voulait placer L'Œu vre en cinquième position dans la série des Rou gon-Ma cquart ; puis il repous sa plusieur s fois son entreprise et finit par insérer ce roman en quatorzi ème position , surtout afin de varier les thèmes et d'interrompre la sé rie des préoccupations politico­ sociales.

Zola connaissait bien le monde des peintres et des ate­ lier s, et il ne manqua jamais de défendre les Manet , Monet, Renoir et autres Pissa rro.

Ain s i, il n'eut pas à réunir une abon­ dante documentation pour entreprendre son roman , comme ce fut le cas pour d 'autres ouvrages, tels que Germinal (le monde de s mineurs ).

Mai s le thème de L'Œu vre ne se limite pas au peintre face à son tableau ; Zola montre le drame que connaît tout créateur, tout artiste, peintre ou sculpteur, écrivain ou musicien.

Contrairement à ce qui a pu être dit, le héro s, Claude Lan ti er - le fils de Gervai se (L'Asso mmoir ) - , n'es t donc ni un Manet , ni un Cézan ne.

Quant à Pierre Sandoz , c'e st Zola lui­ même ; prè s de la fosse à demi-comblée où repo se son ami le peintre , l'éc riv a in dit : "Au mo ins, en voilà un qui a été logique et brav e( ...

).

Il a avoué son impui ssance et il s'es t tué .

( ...

)Moi qui pousse mes bouquin s jusqu 'au bout, je me méprise de les sentir incomplet s et menson gers, malgr é mon effort.". »

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