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S'engager, est-ce perdre ou affirmer sa liberté ?

Publié le 28/07/2004

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Un sujet moderne et vivant sur la notion de liberté. s'engager, c'est-à-dire mettre ses forces au service d'une cause, nous rend-il prisonnier de cette cause qui s'impose dès lors à nous, ou bien le choix que suppose notre engagement est-il l'expression même de notre liberté ? Ce sont, bien évidemment, les théories sartriennes sur la liberté qui constituent l'essentiel des connaissances nécessaires à ce sujet. soyez, néanmoins très précis en ce qui concerne la définition des deux termes principaux: "s'engager" et "liberté". souvenez-vous que, selon Sartre, l'engagement est inévitable, et ce même s'il aboutit à une abstention. Car sans engagement la liberté resterait une pure abstraction sans effectivité.

Un sujet moderne et vivant sur la notion de liberté. s'engager, c'est-à-dire mettre ses forces au service d'une cause, nous rend-il prisonnier de cette cause qui s'impose dès lors à nous, ou bien le choix que suppose notre engagement est-il l'expression même de notre liberté ? Ce sont, bien évidemment, les théories sartriennes sur la liberté qui constituent l'essentiel des connaissances nécessaires à ce sujet. soyez, néanmoins très précis en ce qui concerne la définition des deux termes principaux: "s'engager" et "liberté". souvenez-vous que, selon Sartre, l'engagement est inévitable, et ce même s'il aboutit à une abstention. Car sans engagement la liberté resterait une pure abstraction sans effectivité.

Une piste serait d'étudier l'engagement sous l'angle de la responsabilisation. Être libre, pour Sartre, c'est engager sa responsabilité (L'Existentialisme est un humanisme). Mais si l'engagement est toujours volontaire, on est parfois — et peut-être abusivement — tenu pour responsable sans l'avoir voulu. Ainsi l'engagement renvoie à la liberté (en particulier à travers le concept de choix). Il faut distinguer l'acte de s'engager et les suites ou conséquences de l'engagement : de fait une fois engagé, on a contracté une obligation. Signer un engagement, c'est contracter (domaines commerciaux ou politiques :  Rousseau, Du contrat social ; Spinoza, Traité théologico-politique), c'est s'obliger (domaines politiques et moraux, Kant), ce qui paraît incompatible avec la liberté. Suis-je d'autant plus libre que je fais des choix qui m'engagent et délimitent les champs de mes actions ? Au contraire, suis-je libre seulement en restant neutre, indifférent, en refusant l'action ? Est-ce que, dans l'engagement, je me rends esclave ? Est-ce que je m'aliène ou m'asservis ? Dans quelle mesure un engagement peut-il être source de perte de liberté et d'aliénation ? Il conviendrait de voir si c'est l'engagement comme tel qui est source de servitude ou certains engagements (Qu'est-ce que les Lumières ? de Kant : la paresse et la lâcheté de l'homme sont fréquemment à l'origine de notre servitude volontaire). S'engager, en un certain sens, c'est éliminer des possibles, et donc restreindre le champ de ces mêmes possibles.

« [Il n'y a de liberté possible que si l'on s'engage dans un lien avec autrui.

M'engager envers quelqu'un, ce n'est pas m'enchaîner à lui mais, au contraire,choisir librement de remplir mes responsabilités à son égard.

L'engagement envers autrui est donc une manière de réaliser ma liberté.] Je réalise ma liberté en m'engageantPour Sartre, liberté, action et engagement sont étroitement liés.

En effet, la liberté ne se réalise que dansl'action.

Être libre, c'est être libre d'agir.

Celui qui ne fait rien ne préserve pas sa liberté mais, au contraire, lagaspille.

Par ailleurs, l'action ne se réalise que dans l'engagement envers autrui.

Agir, en effet, ce n'est pasfaire n'importe quel geste sans conséquence, mais c'est me situer par rapport aux autres, m'impliquer dans uncontexte social, bref, m'engager.L'expérience de la guerre et de ses atrocités, la découverte du totalitarisme, la présence dans le monde dit «libre » de formes ouvertes ou dissimulées d'exploitation de l'homme — du prolétaire aussi bien que du colonisé—, révèlent la présence massive et incontournable du mal.

La bonne conscience, la fuite dans l'anonymat du «on » n'est plus possible à moins de se ranger dans la catégorie des « salauds », ces « gros pleins d'être » quifeignent de trouver l'existence naturelle et qui continuent à vaquer à leurs affaires et à leurs amours.

Certainschoisissent — à titre individuel — de faire le bien : accomplir scrupuleusement leur devoir de père, de citoyen,voire secourir un voisin dans la détresse, mais cela n'empêche aucunement la mauvaise foi.

Les hommes nesont pas placés côte à côte comme des petits pois dans une boîte : ils entretiennent entre eux des relationsétroites, même si elles sont masquées par l'idéologie individualiste, même si elles sont exposées à uneréification.Sartre reprend ici les analyses du marxisme qui sont focalisées sur la pleine conscience des réseaux multiplesde détermination constitutifs de la trame sociale de l'existence.

Toutefois le marxisme privilégie l'action et laprise de conscience collectives : je ne peux modifier la situation de l'homme dans le monde pour rendrechacun maître de son existence que si je m'engage consciemment dans une action collective (la révolution)qui transformera les bases de la société, par exemple en supprimant la propriété privée des moyens deproduction.

En définitive, je devrais pour réaliser cette fin, utiliser tous les moyens à ma portée, y compris lemensonge et la violence.

Ici éclate le paradoxe de la morale que l'oeuvre littéraire de Sartre, (théâtre,romans, essais) s'attache à exprimer : ou bien je vais traiter (selon l'expression kantienne) quelques-uns demes proches comme des fins et je vais garder les « mains pures », mais je me condamne à accepter tout cequi ne dépend pas de moi ; ou bien je vais m'engager dans un parti strictement révolutionnaire et par-là mêmeje me condamne à traiter tous les hommes en moyens pour une fin (la société sans classe, réconciliée) dontje ne verrai jamais la réalisation effective, et ce faisant j'aurai les « mains sales ». « Celui qui prend conscience en lui de cette contradiction explosive — entre ce qu'il est pour lui-même et cequ'il est aux yeux d'autrui — celui-là connaît la vraie solitude, celle du monstre raté par la Nature et la société; il vit jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'impossible, cette solitude latente, larvée qui est la nôtre et que noustentons de passer sous silence ».C'est dans les situations extrêmes lorsqu'aucun modèle ne vient orienter notre choix que l'homme feraauthentiquement acte de liberté.

Sartre revient à plusieurs reprises dans son oeuvre sur l'exemple de laRésistance.

Les résistants, lorsqu'ils étaient pris n'avaient le choix qu'entre le silence (l'héroïsme) et ladénonciation (l'abjection) : entre les deux extrêmes de la condition humaine au-delà desquels il n'y a plus rien.Mais l'existence humaine doit à tout instant être rachetée, sauvée, justifiée contre toutes les tentations del'existence «brute », naturelle, qualifiée (aussi bien dans « l'Être et le Néant » que dans « Les Mouches ») d'«obscène », « fade » et « visqueuse », qui procède par classification, distinctions bien tranchées du bien et dumal, du permis et du défendu.L'existence humaine n'a de sens et de valeur que pour autant qu'elle accepte ou du moins qu'elle tente deréconcilier, dans une action particulière, les deux termes de la dichotomie.

« Ou bien, la morale est unefaribole ou c'est une totalité concrète qui réalise la synthèse du Bien et du Mal...

la séparation abstraiteexprime simplement l'aliénation de l'homme.

Reste que cette synthèse dans la situation historique n'est pasréalisable.

Aussi toute morale qui ne se donne pas explicitement comme impossible aujourd'hui, contribue à lamystification et à l'aliénation des hommes.Le « problème moral » naît de ce que la morale est pour nous en même temps inévitable et impossible.

L'actiondoit se donner des normes éthiques dans ce climat d'indépassable impossibilité.

» (Saint-Genet, comédien etmartyr).Au travers de ces analyses, se dessine en filigrane l'inspiration éthique qui anime cette philosophie : la libertéest l'unique source de la grandeur humaine, mais c'est en prenant parti dans les luttes et les combats de sonépoque que le philosophe peut « finalement rejoindre l'éternel et c'est la tâche de l'écrivain que de faireentrevoir les valeurs d'éternité qui sont impliquées dans les débats sociaux et politiques ».

(Présentation des «Temps Modernes») Engagement politique et libertéDe même qu'on est libre quand on obéit aux lois qu'on se donne soi-même (Rousseau), de même on est librelorsqu'on respecte les promesses que l'on fait librement à autrui.Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps social, mais il ajouteque cette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis.

Ce paradoxe met en évidence la tensionqui existe entre notre existence d'individu et notre existence de citoyen, et interroge sur la conciliation del'obéissance civique avec la liberté.Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement libre et. »

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