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l'espace et le temps, c'est-à-dire le « principe d'individuation », comme une image dans les facettes d'une coupe.

Publié le 23/10/2012

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temps
l'espace et le temps, c'est-à-dire le « principe d'individuation «, comme une image dans les facettes d'une coupe. Plus évidente à mesure qu'elle s'élève de degré en degré dans son objectivation, la volonté agit cependant aussi dans le règne végétal, où le lien des phénomènes n'est plus, à proprement parler, une cause, mais une excitation; elle est absolument inconsciente, semblable à une force obscure. Nous la retrouvons encore dans la partie végétative des phénomènes animaux, dans la production et dans le développement de chaque animal, de même que dans l'entretien de son économie intérieure ; là, de même, ce sont de simples excitations qui déterminent sa manifestation. Les degrés de plus en plus élevés de l'objectité de la volonté conduisent finalement au point où l'individu, qui représente l'idée, ne pouvait plus se procurer, par le simple mouvement résultant d'une excitation, la nourriture qu'il doit s'assimiler ; car il faut bien que quelque excitation de ce genre intervienne, et entre toutes, ici, la nourriture est plus spécialement indiquée ; la diversité toujours croissante des phénomènes individuels donne lieu à une telle foule et à une telle mêlée, qu'ils se gênent mutuellement et que la chance, de laquelle l'individu mû par simple excitation est condamné à attendre sa nourriture, deviendrait ici trop peu favorable. L'animal, dès l'instant où il sort de l'oeuf ou des flancs de sa mère, doit pouvoir chercher et choisir les éléments de sa nourriture. De là vient la nécessité de la locomotion déterminée par des motifs, et, pour cela, celle de la connaissance, qui intervient, à ce degré d'objectivation de la volonté, comme un auxiliaire indispensable à la conservation de l'individu et à la propagation de l'espèce. Elle apparaît, représentée par le cerveau ou par un gros ganglion, de même que toute autre tendance ou destination de la volonté, lorsqu'elle s'objective, est représentée par un organe, c'est-à-dire se manifeste à la perception sous la forme d'un organe. — Mais, dès que cet auxiliaire est intervenu, le monde comme représentation surgit tout à coup, avec toutes ses formes d'objet et de sujet, de temps, d'espace, de pluralité et de causalité. Le monde se manifeste alors sous sa seconde face. Jusqu'ici il était uniquement volonté, maintenant il est aussi représentation, objet du sujet connaissant. La volonté, qui développait auparavant son effort, dans les ténèbres, avec une sûreté infaillible, arrivée à ce degré, s'est munie d'un flambeau, qui lui était nécessaire pour écarter le désavantage résultant, pour ses phénomènes les plus parfaits, de leur surabondance et de leur variété. La sûreté, la régularité impeccable avec laquelle elle procédait, dans le monde inorganique comme dans le règne végétal, en qualité de tendance aveugle, provient de ce que, au début, elle était seule à agir, sans le concours mais aussi sans l'embarras que lui apporte un nouveau monde tout différent, celui de la représentation : bien qu'il reflète l'essence même de la volonté, il a pourtant une tout autre nature, et intervient maintenant dans l'enchaînement de ses phénomènes. (Monde, I, 153-5.) La connaissance, en général, raisonnée aussi bien que purement intuitive, jaillit donc de la volonté et appartient à l'essence des degrés les plus hauts de son objectivation, comme un moyen de conservation de l'individu et de l'espèce, aussi bien que tout organe du corps. Originairement attachée au service de la volonté et à l'accomplissement de ses desseins, elle reste presque continuellement prête à la servir ; ainsi en est-il chez tous les animaux et chez presque tous les hommes. Pourtant nous verrons, au Ille livre, comment chez quelques hommes la connaissance peut s'affranchir de cette servitude, rejeter ce joug et rester purement elle-même, indépendante de tout but volontaire, comme pur et clair miroir du monde : c'est de là que procède l'art. Enfin, dans le Ive livre, nous verrons comment cette sorte de connaissance quand elle réagit sur la volonté, peut entraîner sa disparition, c'est-à-dire la résignation qui est le but final, l'essence intime de toute vertu et de toute sainteté, et la délivrance du monde. (Monde, I, 157.) TROISIÈME PARTIE L'ART OU LE MONDE CONTEMPLÉ PREMIÈRE LIBÉRATION DU VOULOIR-VIVRE I L'ÉTAT DE PURE CONNAISSANCE A) LA VUE DES CHOSES « SELON CE QU'ELLES SONT EN SOI ET PAR SOI « I. LA CONTEMPLATION DÉSINTÉRESSÉE ET L'IDÉE PLATONICIENNE Lorsque, s'élevant par la force de l'intelligence, on renonce à considérer les choses de la façon vulgaire ; lorsqu'on cesse de rechercher à la lumière des différentes expressions du principe de raison les seules relations des objets entre eux, relations qui se réduisent toujours, en dernière analyse, à la relation des objets avec notre volonté propre, c'est-à-dire lorsqu'on ne considère plus ni le lieu, ni le temps, ni le pourquoi, ni l'a-quoi-bon des choses, mais purement et simplement leur nature ; lorsqu'en outre on ne permet plus ni à la pensée abstraite, ni aux principes de la raison, d'occuper la conscience, mais qu'au lieu de tout SCHOPENHAUER 7

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