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Les Essais de Montaigne (1885) - CONVAINCRE ou PERSUADER

Publié le 31/01/2012

Extrait du document

montaigne
CONVAINCRE ou PERSUADER
Lecture analytique 1
Les Essais de Montaigne (1885)
Notre monde vient d'en trouver un autre (et qui nous répond si c'est le dernier de ses frères, puisque les démons, les sibylles et nous, avons ignoré celui-ci jusqu'à cette heure ?) non moins grand, plein et membru que lui, toutefois si nouveau et si enfant qu'on lui apprend encore son a, b, c ; il n'y a pas cinquante ans qu'il ne savait ni lettres, ni poids, ni mesure, ni vêtements, ni blés, ni vignes. Il était encore tout nu au giron, et ne vivait que des moyens de sa mère nourrice. Si nous concluons bien de notre fin , et ce poète de la jeunesse de son siècle, cet autre monde ne fera qu'entrer en lumière quand le nôtre en sortira. L'univers tombera en paralysie ; l'un membre sera perclus, l'autre en vigueur.
Bien crains-je que nous aurons bien fort hâté sa déclinaison et sa ruine par notre contagion, et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts. C'était un monde enfant ; si ne l'avons-nous pas fouetté et soumis à notre discipline par l'avantage de notre valeur et forces naturelles, ni ne l'avons pratiqué par notre justice et bonté, ni subjugué par notre magnanimité. La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu'ils ne nous devaient rien en clarté d'esprit naturelle et en pertinence. L'épouvantable magnificence des villes de Cuzco et de Mexico, et, entre plusieurs choses pareilles, le jardin de ce roi où tous les arbres, les fruits et toutes les herbes, selon l'ordre et grandeur qu'ils ont en un jardin, étaient excellemment formées en or ; comme, en son cabinet, tous les animaux qui naissaient en son État et en ses mers ; et la beauté de leurs ouvrages en pierrerie, en plume, en coton, en la peinture, montre qu'ils ne nous cédaient non plus en l'industrie. Mais quant à la dévotion, observance des lois, bonté, libéralité, loyauté, franchise, il nous a bien servi de n'en avoir pas tant qu'eux ; ils se sont perdus par cet avantage, et vendus et trahis eux-mêmes. 

Le 16ème siècle : humanisme mais voyage et découverte du nouveau monde. Les essais sont originaux par leur sujet, par le caractère personnel de son jugement. Montaigne fait l’essai de son jugement. Il émaille ces textes de citations latines. C’est un homme qui a un esprit ouvert, indépendant et conscient de la relativité des mœurs. 

Extrait du livre III des Essais de Montaigne, chapitre 6. Ce texte est de genre argumentatif. Il s’agit d’un essai intitulé des Coches

La découverte de ce Nouveau Monde est l’occasion pour Montaigne de songer aux rapports entre l’Europe et la nouvelle civilisation. Le registre est polémique : il s’agit d’une critique et voir même d’une dénonciation. Mais l’on trouve également le registre épidictique.

Comment Montaigne mène t-il sa réflexion ? Quel est sa position ? Comment fonctionne t-il et arrive t-il à cette dénonciation ?

montaigne

« 1.

Un monde neuf : « enfant » Le premier paragraphe développe un important champ lexical de l’enfance auxquels font échos des termes du second paragraphe.

La coordination (l.3 ) « si nouveau et si enfant » insiste par la reprise de l’adverbe intensif « si » sur l’idée de nouveauté, ouvre et introduit une métaphore de l’enfance que l’on retrouve tout au long du texte (  métaphore filée) La reprise « monde enfant » dans le deuxième paragraphe (l.9) souligne l’image donnée dans le premier paragraphe.

La consécutive (l.3) « qu'on lui apprend encore son a, b, c » fait référence aussi à cette petite enfance, et à l’importance qu’il faut donner à l’éducation [16ème s humanisme : homme au centre de tous].

On constate une évolution : un monde qui grandit.

Le verbe « apprendre » est au présent.

Cela montre que c’est une action en cours : vérité générale.

Apprendre au sens d’éduquer.

« a, b, c » correspond au tout début de l’éducation.

« il ne savait ni lettres, ni poids, ni mesure, ni vêtements, ni blés, ni vignes » : longue énumération avec reprises de la négation « ni ».

C’est une anaphore qui insiste sur l’ ignorance totale de ces peuples, de ce que connaissent les européens et qu’il pourr ait apporter.

Les « vêtements » représentent la vie sociale.

Ces termes décrivent la petite enfance en Europe et l’utilisation de ces termes montre que ce pays apparait comme ignorant par rapport à la mentalité européenne.

Il ya donc une évolution.

Les deu x premiers termes : « lettres » et « poids » font référence à la connaissance de base des sociétés européennes.

Mais il y a un développement de cet « a, b, c » qui fait référence à un enfant, capable d’acquérir des connaissances.

Puis, les autres termes é voquent un nourrisson : « Il était encore tout nu au giron, et ne vivait que des moyens de sa mère nourrice ».

Montaigne insiste donc sur l’ignorance des lettres, de la vie sociale, vie biologique, et évoque par les connotations un nourrisson.

Mais l’ignor ance d’un nourrisson est légitime et le fait de comparer ce pays à un nourrisson rend son ignorance légitime ; il s’agit d’un pays neuf.

Cela évoque également l’innocence de ce pays neuf.

On a plus de pitié face à un nourrisson que face à une personne nor male et le fait de comparer ce pays à un nourrisson va rendre e ncore plus cruel l’attitude des conquérants.

Mais malgré cela il n’en est pas pour autant bête.

2.

Un monde riche, brillant Cuzco et Mexico suscite l’admiration.

Ce sont des civilisations précolombienne anéantit par les envahisseurs et elles se définissent par des qualités diverses liés à leurs innocence s.

A la fin du texte, il y a une énumération de qualités morales qui rejoint le début du texte.

: « Mais quant à la dévotion, observance d es lois, bonté, libéralité, loyauté, franchise ».

Véritable insistance de la part de Montaigne.

Dans le second paragraphe, d’autres qualités apparaissent, soulignées par un système de comparaison avec le monde ancien qui s’exprime dans plusieurs domaines : « La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux » Qualité politique.

Ils sont capables de s’adapter, de négocier.

Montaigne les compare aux européens : « ils ne nous devaient rien en clarté d'esprit naturelle et en pertinence » Montaig ne met donc ainsi en valeur leur qualités.

Evocation des villes Cuzco et Mexico.

Séries de thèmes à connotation positives « magnificences » renforcé par « épouvantables ».

Les pluriels et emplois de l’indéfini « tous » + énumération de termes qui marquent la richesse encore accentué par le nom « or » mis en relief à la fin de la phrase insistent sur la splendeur de ces villes.

: « Excellemment » « beauté » « formé en or ».

Il y a une énumération de leurs différents arts : « leurs ouvrages en pierreries , en plume, en coton, en la peinture » mise en relief des qualités artistiques des indigènes.

Puis le texte se finit avec les qualités morales.

Il y a un donc un certain nombre de qualité : politique, artistique, social, intellectuel, moral.

L’auteur exprime a quel point ces civilisations réalisent quasiment la perfection pour lui.

C’est un monde enfant par rapport à l’Europe mais un monde parfait par rapport à leur propre culture à la fois ignorant et innocent.

Cette métaphore filée, à travers l’évocation des rapports entre le nouveau monde et l’ancien détermine la relation qui aurait pu s’établir mais permet d’imaginer la relation réelle qui a été établi.

I/ Découverte d’un Nouveau Monde. »

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