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Esthétique

Publié le 01/09/2006

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[...] L'oeuvre d'art ne peut être un produit naturel, ne peut être animée d'une vie naturelle. Elle ne peut ni ne doit l'être, alors même qu'il serait vrai qu'un produit naturel est un produit supérieur. Une oeuvre d'art n'a nullement la prétention de vivre d'une vie naturelle, car le côté sensible de l'oeuvre d'art n'existe et ne doit exister que pour l'esprit. [...] Nous avons ,besoin des objets extérieurs, nous les consommons, nous nous comportons envers eux d'une manière négative. [...] Le désir dévore donc les objets [...] ; le désir n'a que faire de ce qui est purement superficiel, artificiel. Il a besoin de ce qui est matériel et concret. Il ne saurait se contenter de tableaux représentant le bois dont il a besoin ou les animaux qu'il voudrait consommer. Il ne peut pas davantage laisser l'objet subsister dans sa liberté, car il est poussé justement à supprimer l'indépendance et la liberté des objets extérieurs et à montrer que ceux-ci ne sont là que pour être détruits et consommés. Mais, en même temps, le sujet, dominé par les intérêts bornés et mesquins de ses désirs n'est ni libre en soi, puisqu'il ne se détermine pas par l'universalité et la rationalité essentielle de sa volonté, ni libre par rapport au monde extérieur, le désir étant essentiellement déterminé par les choses et s'y rapportant. Envers l'art, l'homme ne se comporte pas selon son désir. [...] Les oeuvres d'art occupent un tout autre plan, puisqu'elles sont au service de l'esprit et ne sont là que pour le satisfaire. Certes, le désir estime davantage les produits de la nature, parce que les oeuvres d'art ne se laissent pas consommer. L'intérêt pour l'art n'est pas dicté par le désir et ne se porte pas sur le sensible concret. Georg Wilhelm Friedrich HEGEL, Esthétique, 1829, vol. 1. Trad. S. Jankélévitch, coll. « Champs «, Flammarion, 1994, pp. 66-67.

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