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L'État doit-il être bienveillant ?

Publié le 02/01/2004

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L'État bienveillant est celui qui cherche à assurer le bonheur du peuple (un état de satisfaction complète). Le candidat montrera que le rôle de l'État est de garantir la liberté politique, autrement dit le pouvoir d'agir sous la protection des lois, et non de veiller au bonheur de ses sujets.    L'amour de l'État pour le peuple est, au premier abord, séduisant. Mais l'histoire montre que le paternalisme est, au fond, l'alibi du despotisme. Le bonheur est une affaire personnelle. Il appartient à chacun de le chercher dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à la liberté d'autrui. Le bonheur étant une chose subjective, l'État ne peut décider en quoi consiste le bonheur et ne peut contraindre personne à être heureux. L'État bienveillant ne peut qu'empêcher l'accès du peuple à la majorité. 

« d'une volonté de la faire naître.

De ce point de vue l'État est bien l'Anti-Nature, il n'abandonne pas l'homme auxforces aveugles qui la constituent mais l'en arrache au contraire, pour lui permettre d'accéder à ce qu'il y a demeilleur en lui.C'est à cette volonté que pense Condorcet lorsqu'il confie à l'État le soin d'organiser l'instruction publique.

Dans uneRépublique, les hommes sont supposés être des citoyens conscients, rationnels et suffisamment informés desproblèmes politiques pour pouvoir effectuer leurs choix en connaissance de cause.

Pourtant on sait que cetteconnaissance n'est pas également partagée.

Aisée si le capital économique et culturel est élevé, elle estfragmentaire et passionnelle si les individus sont soumis à des contraintes économiques et sociales que double unfaible capital culturel.

C'est pourquoi il revient à l'État d'instruire les individus, non seulement pour favoriser leurtrajectoire individuelle, mais aussi pour en faire des citoyens libres et responsables.S'il en est ainsi, l'État de droit prend avec l'État-Providence une signification toute nouvelle.

Dans la version libéralede l'État, la liberté préexiste au lien social, ou si on préfère, elle est un attribut constitutif de l'homme que l'État seborne à garantir.

Dans l'Etat-Providence, les individus n'ont pas seulement à défendre leurs droits contre l'arbitraire,ils doivent encore reconnaître tout ce qu'ils doivent à ceux qui en rendent l'exercice possible.

Si nous pouvons nousdéplacer librement, c'est parce que des milliers d'individus contribuent à l'entretien des voies de communication; sinous recevons notre courrier régulièrement, si un simple geste nous permet d'y voir la nuit, c'est que nousdépendons en permanence du travail d'autrui.

Dès lors il faut comprendre que la jouissance de nos droits commel'exercice de nos libertés engendrent une créance sociale en ce qu'ils résultent d'une action collective, qui pour nepas être concertée, n'en produit pas moins un patrimoine commun dont nous sommes les bénéficiaires.

Il serait parconséquent aussi superficiel qu'erroné de voir dans la société une somme d'individus farouchement indépendants lesuns des autres ; dans la réalité il n'en est rien ; la société se présente en fait comme un système de solidaritéscomplexes ou chacun n'existe que par l'action d'autrui.

L'Etat en est conscient si les individus ne le sont pas; c'estpourquoi l'équité lui fait un devoir de satisfaire les aspirations des plus défavorisés si ceux qui le sont moins oublientce qu'ils leur doivent.

Aussi les droits sociaux, qu'il s'agisse du droit à la sécurité sociale ou à un minimum deressource ne sont-ils pas les effets de la charité, mais l'effet d'une dette sociale tant il est vrai que la liberté nes'arrête pas seulement là ou commence celle des autres, mais que sa condition même passe par l'existence d'autrui. II.

Kant : l'État bienveillant est le pire des despotismes. L'amour de l'État pour le peuple est, au premier abord, séduisant.

Maisl'histoire montre que le paternalisme est, au fond, l'alibi du despotisme.

Lebonheur est une affaire personnelle.

Il appartient à chacun de le chercherdans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à laliberté d'autrui.

Le bonheur étant une chose subjective, l'État ne peut décideren quoi consiste le bonheur et ne peut contraindre personne à être heureux.L'État bienveillant ne peut qu'empêcher l'accès à la majorité du peuple.

C'estce que souligne Kant : "Un gouvernement paternel, où par conséquent lessujets, tels des enfants mineurs incapables de décider ce qui leur estvraiment utile ou nuisible, sont obligés de se comporter de manièreuniquement passive, afin d'attendre uniquement du jugement du chef de l'Étatla façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu'il leveuille également, - un tel gouvernement, dis-je, est le plus grand despotismeque l'on puisse concevoir." (Doctrine du droit, chap.

II, 1 ière, section, $ 49.) III.

Tocqueville : l'État bienveillant amollit les volontés. La tendance des démocraties au despotisme chez TOCQUEVILLELa « tyrannie de la majorité » (Tome I, 11, 7 et 8) : la majorité est censéeincarner la volonté du peuple et peut donc légitimement imposer ses décisions à la minorité.

Elle risque d'abuser de son pouvoir, en opprimant la minorité.

Dans une société égalitaire, l'opinionpublique toute-puissante exerce un « empire moral » sur les hommes : par peur de ne pas ressembler aux autres etconvaincus que il y a beaucoup plus de sagesse dans beaucoup d'hommes que dans un seul », ils se rallient à lapensée dominante.Le despotisme tutélaire : l'égalisation des conditions engendre l'atomisation du corps social et l'individualisme.

Lescitoyens désertent l'espace public et ne se soucient que de leur bien-être.

Ils abandonnent l'exercice de leur libre-arbitre, en confiant à un pouvoir unique et central le soin d'administrer leur vie, de réglementer leur pensée et leuraction pour garantir leur bonheur et leur sécurité.

Considérablement étendu et renforcé, l'État exerce une tutelleabsolue sur des citoyens complices. Alexis de Tocqueville (1805-1859), imaginant sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans lemonde, voit des hommes vivants repliés sur la sphère familiale, préoccupés uniquement par de petits et vulgairesplaisirs, et au-dessus d'eux un pouvoir immense et tutélaire, « qui se charge seul d'assurer leur jouissance et deveiller sur leur sort ».

Il montre alors que l'État protecteur ne peut que maintenir les hommes dans l'enfance etl'irresponsabilité.

Certes, contrairement à l'État violent et ouvertement dominateur, l'État bienveillant ne brise pasles volontés.

Mais il les amollit, les plie et les dirige.

S'il force rarement à agir, il s'oppose sans cesse à ce qu'onagisse.

Il ne détruit point, mais il empêche de naître.

Il ne tyrannise point, mais « il gêne, il comprime, il énerve, iléteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dontle gouvernement est le berger ».

(De la Démocratie en Amérique).. »

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