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États-Unis

Publié le 11/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

États-Unis, en anglais United States of America, pays d’Amérique du Nord, incluant l’Alaska (au nord-ouest du Canada) et les îles Hawaii (dans le Pacifique Nord). Sa capitale est Washington.

Les États-Unis sont bordés au nord par le Canada, à l’est par l’océan Atlantique, au sud par le golfe du Mexique et le Mexique et, à l’ouest par l’océan Pacifique. République fédérale formée de cinquante États et d’un district fédéral, possédant quelques îlots dans le Pacifique (Midway, Wake), les États-Unis exercent en outre une tutelle sur certaines îles et archipels du Pacifique et des Caraïbes, dotés d’un statut d’État associé (Porto Rico), de territoires « librement associés « (république des îles Marshall, États fédérés de Micronésie et république de Belau) ou de territoires « non incorporés « aux États-Unis (Samoa américaines, Guam, îles Vierges).

2 MILIEU NATUREL

Avec un territoire de 9 826 630 km², dont 1 717 854 km² en Alaska, les États-Unis forment un « État-continent «, le quatrième du monde par la superficie, doté de deux façades océaniques. Les États-Unis s’étirent sur 4 517 km d’est en ouest et sur 2 572 km du nord au sud. Ils présentent, en raison de l’étendue de leur territoire, une grande variété de climats et de paysages. Le point culminant du pays se situe en Alaska, au sommet du mont McKinley (6 194 m). Le point le plus bas se trouve dans vallée de la Mort, en Californie, à 86 m en dessous du niveau de la mer.

2.1 Relief

L’armature physique du pays est d’une grande simplicité, à l’image du continent nord-américain (voir Amérique du Nord). Trois grands ensembles méridiens se succèdent de l’ouest vers l’est : le système montagneux des Rocheuses, les Grandes Plaines centrales (Middle West) et le massif ancien des Appalaches, bordé par une étroite plaine côtière sur l’Atlantique.

Voir aussi Alaska ; Hawaii.

2.1.1 Les montagnes Rocheuses

L’ouest des États-Unis est occupé par la longue cordillère nord-américaine. Connue sous le nom de montagnes Rocheuses (Rocky Mountains), celle-ci forme un système orogénique complexe, d’une largeur maximale de 1 500 km entre Denver et San Francisco. Elle se divise en trois ensembles : les chaînes côtières du Pacifique (Pacific Ranges) à l’ouest, de hauts plateaux désertiques au centre, et une imposante barrière montagneuse à l’est. Cette dernière culmine à 4 399 m, au sommet du mont Elbert. Les principales chaînes sont la Bitterroot Range et les Salmon River Mountains au nord, la Front Range et les San Juan Mountains au centre et les Sangre de Cristo Mountains au sud.

De hauts plateaux centraux, sédimentaires ou volcaniques, séparent les montagnes Rocheuses orientales des chaînes côtières du Pacifique. On distingue, au nord, le plateau de la Columbia, au centre, le Grand Bassin, au sud, les plateaux du Colorado et le désert Mojave. Ces plateaux, dont l’altitude varie entre 1 500 m et 3 000 m, sont accidentés par des chaînons montagneux (monts Wasatch) et des cuvettes profondes (Grand Lac salé, vallée de la Mort), au drainage endoréique, et découpés par un réseau hydrographique profondément encaissé (Grand Canyon du Colorado).

À l’ouest s’élèvent les Pacific Ranges. Le relief s’y organise en trois bandes parallèles : à l’est, une cordillère de hautes montagnes, formée par la chaîne des Cascades (Cascade Range), surmontée de cônes volcaniques, et par la Sierra Nevada, qui culmine à 4 418 m d’altitude, au sommet du mont Whitney ; au centre, un ensemble de dépressions tectoniques forment le profond golfe du Puget Sound, la vallée de la Willamette et la Grande Vallée de Californie ; à l’ouest, les Coast Ranges forment une cordillère d’étroites chaînes côtières, dont celle des Olympic Mountains au nord, culminant entre 1 500 et 2 500 m d’altitude.

Les Pacific Ranges sont des montagnes de formation récente et inachevée. Issues de la collision des plaques pacifique et américaine, elles sont le siège de violents phénomènes sismiques et volcaniques. Le volcanisme concerne plus particulièrement la chaîne des Cascades, où l’on dénombre plus d’une centaine de sommets volcaniques et où, en 1980, l’éruption du mont Saint Helens a fait environ 60 victimes. Le contact entre les deux plaques se transforme en Californie, la collision faisant place à un mouvement de coulissement le long de la faille de San Andreas, de Point Arena, au nord de San Francisco, jusqu’au golfe de Californie. Cette faille est à l’origine de nombreux séismes (San Francisco en 1906 et 1989).

2.1.2 Les Grandes Plaines

Les Grandes Plaines intérieures, qui constituent la partie centrale du continent nord-américain, sont un vaste bassin sédimentaire drainé par le réseau fluvial du Missouri-Mississippi. En contrebas des Rocheuses s’étendent les « Hautes Plaines «, hauts plateaux de piémont (Llano Estacado) culminant à près de 2 000 m d’altitude, profondément entaillés par les affluents de rive droite du Mississippi (Missouri, Arkansas). Elles se raccordent, par un glacis doucement incliné vers l’est, aux basses terres centrales (Central Lowland). Au sud, en revanche, elles dominent la plaine côtière du golfe du Mexique par un escarpement (Balcones Escarpment).

Le relief plan et faiblement accidenté des Grandes Plaines septentrionales, tapissé d’épais dépôts glaciaires (coteau du Missouri), a été modelé par les glaciers quaternaires. Ceux-ci sont à l’origine du paysage lacustre du Minnesota et surtout des cinq Grands Lacs (Supérieur, Michigan, Huron, Érié, Ontario) qui occupent un bassin surcreusé par l’érosion glaciaire, dans une zone de contact entre le Bouclier canadien (socle précambrien) et les terrains sédimentaires qui le recouvrent, au sud.

Le relief des Grandes Plaines devient plus vigoureux au sud du confluent du Missouri et du Mississippi, avec les massifs hercyniens des monts Ozark et Ouachita, qui culminent à 899 m d’altitude au mont Rich. Au sud, la plaine côtière du golfe du Mexique, qui comprend la basse vallée et l’immense delta du Mississippi, s’étend de la Floride au Rio Grande. La côte, basse et sableuse, est bordée de cordons littoraux et de lagunes marécageuses.

2.1.3 Les Appalaches

À l’est s’élève le massif des Appalaches, moyenne montagne culminant à 2 037 m d’altitude, au mont Mitchell. Étiré sur 2 000 km de la frontière canadienne à l’Alabama, il atteint une largeur de près de 500 km à la hauteur de la Pennsylvanie.

Vieux massif primaire, érodé à l’ère secondaire, soulevé et rajeuni au tertiaire, puis creusé par les glaciers quaternaires, les Appalaches sont constitués à l’ouest par des plateaux calcaires (plateau du Cumberland au sud, monts Allegheny au nord), au centre par une succession de crêtes et de sillons parallèles (Great Valley), et à l’est par les Blue Ridge, qui s’élèvent entre 1 500 et 2 000 m d’altitude. Une série de cluses en permettent le franchissement transversal. Au nord-est, les Appalaches septentrionaux (Nouvelle-Angleterre) se composent de plusieurs massifs modelés par les glaciers quaternaires (monts Adirondacks, monts Catskill, Green Mountains), à l’origine d’une multitude de lacs et d’une côte rocheuse entaillée par des fjords (Hudson).

Au pied des Blue Ridge s’étend le Piémont appalachien, plateau fortement disséqué (collines), limité par une ligne de faille, la Fall Line, et bordé, en contrebas, par la plaine côtière atlantique, depuis le Massachusetts jusqu’à la Floride. Étroite au nord-ouest, celle-ci s’élargit progressivement vers le sud, où elle est relayée par la plaine côtière du golfe du Mexique. La côte est profondément marquée par l’ennoyage postglaciaire (baie de Chesapeake). Au sud du cap Hatteras, elle est barrée par une succession de cordons littoraux isolant des lagunes et des marais maritimes. Au sud-est du pays, la péninsule de Floride, d’origine corallienne, se rattache par sa structure aux archipels antillais.

2.2 Hydrographie
2.2.1 Fleuves

Les États-Unis possèdent un potentiel hydrographique hors du commun grâce à d’immenses bassins fluviaux, parcourus par des cours d’eau aux débits puissants. Les montagnes appalachiennes donnent naissance aux affluents de rive gauche du Mississippi (Ohio, Tennessee) et à d’importants fleuves côtiers, tributaires de l’Atlantique (Hudson, Delaware, Susquehanna, Potomac, Roanoke et Savannah). Ceux-ci doivent à l’ennoyage postglaciaire des estuaires larges et profonds (baie de Chesapeake, baie de la Delaware), qui constituent d’excellents sites portuaires. Toutefois, la présence de la Fall Line, en amont, jalonnée de chutes et de rapides, interdit toute remontée fluvio-maritime vers l’intérieur du continent, à l’exception toutefois de l’Hudson.

Les Grandes Plaines intérieures sont drainées par le bassin hydrographique du Mississippi (3,2 millions de km2), tributaire du golfe du Mexique. Le Mississippi (3 770 km) prend sa source dans le nord du Minnesota et traverse le pays du nord au sud. Son débit moyen est d’environ 18 000 m3/s. Il termine sa course par un immense delta, qui s’avance dans la mer sur plus de 100 km. Ses principaux affluents sont l’Ohio (rive gauche), le Missouri, l’Arkansas et la Red (rive droite). Le Mississippi et ses affluents connaissent des crues dévastatrices, notamment au printemps, malgré d’importants travaux d’endiguements.

Les grands fleuves de l’Ouest sont le Rio Grande (3 100 km), dont le bassin hydrographique couvre 896 000 km2, le Colorado (2 330 km), la Columbia (2 000 km) et son principal affluent, la Snake River (1 670 km). Ils prennent naissance dans les montagnes Rocheuses. À l’exception du Rio Grande, tributaire du golfe du Mexique, ils s’écoulent vers le Pacifique. Ils traversent les hauts plateaux désertiques et les massifs montagneux par de profonds canyons. Dans le Grand Canyon du Colorado (446 km), le fleuve coule à plus de 1 600 m en contrebas du plateau. Un important système de barrages et de digues a permis de réguler le débit de ces fleuves. Certains, comme le Colorado, voient une part importante de leurs eaux détournée pour alimenter les villes et les cultures des régions semi-arides environnantes.

2.2.2 Lacs

Les lacs naturels sont particulièrement nombreux dans les régions anciennement englacées (Grandes Plaines septentrionales, Nouvelle-Angleterre). Frontière naturelle entre le Canada et les États-Unis, les cinq Grands Lacs constituent une véritable mer intérieure de 244 100 km², dont les deux tiers appartiennent aux États-Unis. Ils constituent la plus vaste étendue d’eau douce du monde. Communiquant avec l’Atlantique par la vallée du Saint-Laurent, ils forment une grande voie de pénétration à l’intérieur de l’Amérique du Nord. Le lac Supérieur est le plus étendu (82 100 km²) et le plus profond (406 m). Il communique à l’est avec le lac Huron (59 600 km²), par les rapides de Sault-Sainte-Marie (dénivelé : 6,4 m). Quatrième lac du monde et deuxième plus grand lac des États-Unis, celui-ci communique avec le lac Michigan (57 800 km²), à l’ouest, par le détroit de Mackinac, et s’écoule dans le lac Érié, au sud, par le lac Saint-Clair. Le lac Érié (25 700 km²) est relié au lac Ontario (19 010 km²) par le Niagara (56 km) dont l’impressionnant dénivelé de 100 m constitue les chutes du Niagara.

Parmi les principaux lacs intérieurs des États-Unis figurent le lac Champlain (1 100 km²), le lac Winnipesaukee (190 km²), le lac Winnebago (534 km²), le lac Okeechobee (1 720 km²) ou encore le Grand Lac salé (5 200 km²).

2.3 Climat

Le trait dominant du climat des États-Unis est la continentalité, caractérisée par une forte amplitude thermique annuelle et de faibles précipitations. Toutefois, le pays présente une grande variété de climats, résultant de la combinaison de différents facteurs : l’extension en latitude, l’échelle continentale, les masses d’air (d’origine polaire ou tropicale), la topographie (barrières orographiques des Appalaches et des Rocheuses, organisation méridienne du relief), ou encore la présence de courants marins froids ou chauds.

Parmi ces facteurs, la topographie joue un rôle essentiel. Son incidence sur la répartition des précipitations est déterminante. Les masses d’air océanique humide du Pacifique, transmises par les vents d’ouest dominants, sont arrêtées au seuil même du continent nord-américain par la barrière orographique des montagnes Rocheuses. Au-delà des crêtes littorales (Coast Ranges, chaîne des Cascades), qui reçoivent annuellement plus de 1,5 m de précipitations, l’aridité s’impose, à des degrés divers, jusqu’au 100e méridien, rendant l’irrigation indispensable.

Par ailleurs, l’absence de relief dans les Grandes Plaines centrales — qui permet une circulation sans entrave, dans l’axe nord-sud, des masses d’air tropical et polaire — est à l’origine de l’intensité des contrastes thermiques saisonniers. En été, les masses d’air chaud et humide du golfe du Mexique remontent très haut dans le nord, jusqu’au Manitoba (au Canada) alors qu’en hiver les masses d’air froid arctique, qui stationnent normalement sur le Dakota du Nord, font parfois des incursions jusqu’en Floride (cold waves). À la fin de l’été ou en automne, des cyclones tropicaux (hurricanes) se forment sur le sud de la côte atlantique ou sur le golfe du Mexique. Ils sont à l’origine de pluies abondantes et de graves inondations, notamment à proximité des côtes.

On distingue six zones climatiques aux États-Unis.

- Le climat continental humide du Nord-Est (Nouvelle-Angleterre, Centre-Est) se caractérise par de forts contrastes thermiques saisonniers. Les étés sont chauds et les hivers exceptionnellement froids pour la latitude et compte tenu de la proximité de l’océan Atlantique (courant du Labrador). Les précipitations sont abondantes, notamment l’hiver, lorsque la combinaison de l’humidité et du froid provoque d’importantes chutes de neige qui paralysent régulièrement l’activité des grandes villes.

- Le climat subtropical humide du Sud-Est se caractérise par des hivers doux et des étés chauds et humides. Les côtes sont régulièrement frappées par des cyclones dévastateurs.

- Le climat sec des Grandes Plaines centrales subit les effets de la continentalité : à la brutalité des contrastes thermiques saisonniers s’ajoute une diminution progressive des précipitations d’est en ouest. L’irrigation devient indispensable à l’ouest du 100e méridien, où une sécheresse croissante se conjugue à l’irrégularité saisonnière des pluies. Le plateau des « Hautes Plaines « connaît parfois des vents très violents (blizzards) et des tornades, touchant notamment les États de l’Oklahoma et du Kansas, où ils sont responsables d’une importante érosion éolienne des sols (« Dust Bowl «, 1935).

- Le climat devient franchement désertique dans les plateaux de l’Ouest intérieur, notamment au sud du Grand Bassin (vallée de la Mort, désert Mojave), qui connaissent des étés torrides.

- Le climat océanique du Nord-Ouest pacifique est très humide et se caractérise par une faible amplitude thermique annuelle (hiver doux, été frais). Les précipitations sont très abondantes sur les montagnes (Olympic Mountains, chaîne des Cascades).

- Le climat méditerranéen du Sud-Ouest pacifique se distingue du précédent par sa sécheresse estivale. Le sud de la côte connaît le vent chaud et sec de Santa Ana, à l’origine de graves incendies de forêt. L’été est relativement frais sur le littoral, en raison du courant marin froid de Californie, à l’origine d’épais brouillards, aggravés par la pollution (smog). Il devient de plus en plus chaud vers l’intérieur. L’arrière-pays est désertique et l’irrigation nécessaire.

2.4 Végétation et faune
2.4.1 Végétation

La notion de végétation naturelle n’a pas grande signification dans ce pays profondément marqué par l’action humaine, et notamment par un défrichement intensif. Ainsi, une grande partie de la végétation naturelle (forêts, prairies, toundra) a disparu au fur et à mesure de la mise en valeur du continent américain. Au tout début de la colonisation européenne, les forêts étaient présentes sur la moitié du territoire des États-Unis. Aujourd’hui, elles n’en couvrent plus que 33 p. 100, soit environ 303 millions d'hectares. Une grande partie de la forêt a été défrichée pour les besoins de l’agriculture, notamment dans les Grandes Plaines, aujourd’hui domaine des grandes cultures céréalières, ainsi que sur le Piémont appalachien et la plaine côtière atlantique, où elle a été remplacée par les plantations de canne à sucre, de coton, de tabac et d’arachides. Les forêts occupent encore toutes les régions de la façade atlantique et des Appalaches, une partie de la région des Grands Lacs, les montagnes de l’Ouest et la plaine côtière du golfe du Mexique.

La forêt mixte (conifères, feuillus) des Appalaches se caractérise par la profusion et la grande variété des arbres (chênes, hêtres, bouleaux, noyers, sapins, épicéas, érables). Elle atteint un maximum de diversité dans le Great Smoky Mountains National Park, dans l’ouest de la Caroline du Nord et l’est du Tennessee, qui possède à lui seul plus d’espèces d’arbres que tout le continent européen. D’épaisses forêts de conifères (pins, cèdres rouges, sapins de Douglas, épicéas) couvrent également les montagnes Rocheuses septentrionales, notamment dans les montagnes du Nord-Ouest pacifique (chaîne des Cascades, Olympic Mountains). Elles laissent progressivement la place, vers le sud, à des forêts sèches de pins jaunes, puis à une végétation basse de type garrigue (chaparal). Toutefois, au sud-est, le massif montagneux de la Sierra Nevada, où les précipitations demeurent notables, est célèbre pour ses forêts de séquoias géants millénaires (Sequoia National Park). La plaine côtière de l’Atlantique et du golfe du Mexique est le domaine du pin et du gommier tandis que la côte marécageuse est bordée de cyprès et de palétuviers.

Dans les plateaux semi-arides (« Hautes Plaines «, plateaux de l’Ouest) domine une végétation steppique de plus en plus clairsemée, au caractère xérophile (adapté à la sécheresse). Les « Hautes Plaines « sont le domaine des prairies naturelles (chiendents, armoises, genévriers). Vers l’ouest, la prairie se dégrade et laisse la place à des formations herbeuses plus courtes, puis à une végétation discontinue.

Dans les montagnes Rocheuses, les étendues désertiques (plateaux et bassins intérieurs), présentant une végétation xérophile et discontinue composée de courts arbustes, de buissons épineux, de cactées (cactus, euphorbes candélabres), de yuccas et de pins parasols, alternent avec les montagnes couvertes de forêts. La vallée de la Mort constitue l’une des terres les plus arides du monde. Toutefois, les techniques d’irrigation, de plus en plus modernes, font aujourd’hui reculer le désert.

De vastes zones forestières ont été précocement protégées par la législation américaine (parcs nationaux). Aujourd’hui, le reboisement l’emporte sur le déboisement, notamment dans le Sud dont les forêts, décimées par les incendies, sont replantées de façon intensive (arbres à pousse rapide) à des fins commerciales.

2.4.2 Faune

La richesse de la faune américaine s’explique par la grande diversité des habitats. Les montagnes et les forêts sont peuplées de grands mammifères (caribous, élans, ours bruns, ours Kodiak, grizzlys, cerfs de Virginie, moutons des Rocheuses, chèvres des montagnes, loups), d’un grand nombre de petits mammifères (marmottes, renards, ratons laveurs, moufettes, écureuils) et d’une grande variété d’oiseaux.

Les côtes de l’Alaska sont peuplées de morses, de loutres de mer et d’otaries à fourrure, celles du golfe du Mexique de grands oiseaux (pélicans, flamants), d’alligators, de poissons-chats et de serpents venimeux. Les prairies sont le domaine des petits mammifères (écureuils, lièvres, chiens de prairie, furets), des fouisseurs et du bison. Exterminés par la chasse après avoir jadis peuplé la plupart des États du Centre et de l’Est de l’Amérique du Nord, les bisons n’existent aujourd’hui qu’en captivité ou dans des zones protégées. Les déserts accueillent les rats-kangourous, les lézards et les oiseaux de grande envergure (vautours, aigles).

2.5 Ressources et contraintes du milieu naturel

Le territoire des États-Unis recèle des ressources nombreuses et variées : fertilité des sols (sols noirs, sols alluviaux), favorables à de riches cultures ; abondance des réserves forestières, qui alimentent une importante industrie du bois ; énorme potentiel hydraulique, mis à profit pour l’irrigation et la production d’hydroélectricité ; diversité et splendeur des paysages naturels, exploités par l’industrie du tourisme. Mais les principales ressources des États-Unis restent l’abondance des richesses minérales (énergies fossiles, minerais), à l’origine du puissant développement industriel du pays.

Outre les phénomènes exceptionnels (tornades, cyclones, séismes, inondations), la contrainte la plus importante du milieu physique est de nature hydro-climatique. Sur une grande partie du territoire, les précipitations sont faibles et le déficit en eau est chronique. La mise en valeur n’a pu se faire que grâce à d’importants travaux hydrauliques (barrages, forages, dérivations, etc.), que ce soit pour l’agriculture irriguée ou pour l’approvisionnement des villes en eau. Il existe à ce jour plus de 5 000 barrages dont 1 300 en Californie. Parmi ces grands travaux figure la maîtrise du fleuve Colorado, avec notamment le barrage Hoover (achevé en 1936) et son immense réservoir, le lac Mead, l’un des plus grands lacs artificiels du monde, destiné à approvisionner en eau la Californie (Los Angeles, Grande Vallée californienne) et les régions semi-arides environnantes (Imperial Valley).

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Caractéristiques démographiques

La  population des États-Unis a atteint les 300 millions d’habitants à l’automne 2006. En 2008, elle était estimée à 303,8 millions d'habitants (3e rang mondial derrière la Chine et l’Inde). La société américaine se caractérise par son aspect pluriethnique, par une forte mobilité spatiale et par un niveau de vie parmi les plus élevés de la planète, tout en étant affectée par d’importants clivages sociaux, économiques et ethniques.

3.1.1 Principaux indicateurs

La population américaine a connu, pour la période 1995–2005, un taux d’accroissement moyen de 10,9 %. Le taux de mortalité est très faible (8,3 ‰). Le taux de natalité, estimé à 14,2 ‰ en 2008, a fortement baissé depuis la période du baby-boom (1947-1961), caractérisée par une natalité élevée (24 ‰) et une croissance annuelle de 15 à 20 %. Toutefois, les États-Unis sont l’un des pays développés où la population progresse le plus grâce à un taux de fécondité de 2,10 enfants par femme (2008), et à une immigration soutenue. Les États-Unis sont en effet le pays qui accueille le plus d’immigrants dans le monde, environ 700 000 personnes par an dans les années 2000 (le gouvernement a fixé le cap de 675 000 personnes par an en 1990). Il faut y ajouter une immigration clandestine, constituée principalement par 500 000 passages clandestins à la frontière mexicaine chaque année. Entre le recensement de 1990 et celui de 2000, la population des États-Unis a ainsi progressé de 32,7 millions de personnes, ce qui constitue le plus fort accroissement décennal.

La population américaine vieillit – l’âge médian est passé de 30 ans en 1980 à 36,7 ans en 2008 – mais reste relativement jeune par rapport aux autres pays développés (43,8 ans pour le Japon et 39,2 ans pour la France par exemple, en 2008 également, l’âge médian de la population mondiale étant de 28 ans en 2005). 20,1 % de la population a moins de 14 ans tandis que 12,7 % de la population a plus de 65 ans en 2008. L’espérance de vie était estimée à 78,1 ans en 2008.

L’évolution des structures familiales est à l’image de celle qui est à l’œuvre dans l’ensemble des pays occidentaux depuis les années 1960, avec un âge moyen du premier mariage de plus en plus tardif (29 ans pour les hommes et 26 ans pour les femmes dans les années 2000) et un taux élevé de divorces et de naissances hors mariage. Les États-Unis se caractérisent cependant par une explosion du nombre des familles monoparentales, une tendance plus affirmée que dans la plupart des autres pays occidentaux : la proportion de familles monoparentales y a connu une progression de 242 % entre 1970 et 1990, et concerne en 2000 près de 12 % de l’ensemble des familles américaines (et 30 % des familles noires), contre moins de 10 % en 1960 — pour comparaison, les familles monoparentales constituaient moins de 10 % des familles espagnoles et 14 % des familles françaises à la même époque.

3.1.2 Densité et répartition

La densité moyenne de population aux États-Unis est très faible (33,2 habitants au km² en 2008). Ce chiffre masque toutefois une répartition très inégale. En 2007, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (36 553 215 millions d'habitants), le Texas (23 904 380 millions), l’État de New York (19 297 729 millions), la Floride (18 251 243 millions) et l’Illinois (12 852 548 millions). Sept États avaient une population inférieure à 1 million d’habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l’Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l’État le moins peuplé avec 522 830 habitants. Au final, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés.

En 2000, le Sud (100,2 millions d’habitants, soit 36 % de la population) et l’Ouest (63,2 millions d’habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd’hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d’habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l’Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s’est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l’Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu’il s’établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l’État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décade précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L’Arizona, le Colorado et l’Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.

Les migrations interrégionales traduisent, depuis plusieurs générations, l’attraction supérieure des États de la Sunbelt (« Ceinture du Soleil «) par rapport aux vieilles régions industrielles et urbaines du Nord-Est (Manufacturing Belt), désormais baptisées Frost Belt (« Ceinture du froid «). La crise économique, particulièrement vive dans la Manufacturing Belt, conjuguée à des conditions de vie souvent médiocres (climat pénible, pollution, congestion urbaine, criminalité), explique, en effet, qu’un bon nombre d’Américains du Nord-Est et de la région des Grands Lacs émigrent vers les régions du Sud ou de l’Ouest, plus attirantes et aux conditions de vie plus clémentes, notamment pour les retraités. Ces évolutions dans la répartition spatiale de la population conditionnent directement la composition de la Chambre des représentants, la Californie, le Texas et la Floride détenant à eux seuls le quart de ses 435 sièges, conformément au recensement de 2000.

3.1.3 Diversité ethnique

Le melting-pot (« creuset «) américain a bien fonctionné et fonctionne toujours, mais il n’aboutit pas pour autant à l’assimilation ou à l’homogénéité de la population. Les minorités sont, dans l’ensemble, économiquement et socialement défavorisées. Les différentes communautés conservent leurs spécificités culturelles et de graves rivalités les opposent (comme en témoignent les émeutes de Los Angeles en 1992). Le recensement de 2000 confirme les tendances à l’œuvre dans les dernières décennies du xxe siècle aux États-Unis, à savoir un renforcement notable des minorités ethniques, notamment hispaniques et asiatiques, et une diminution de la majorité blanche. Entre 1990 et 2000, ces minorités ont enregistré un taux de croissance supérieur à la moyenne nationale (13,2%) : 15,6 % pour les Noirs, 26,4 % pour les Amérindiens, 48,3 % pour les Asiatiques et 57,9 % pour les Hispaniques. En revanche, pour la première fois dans l’histoire de la population américaine, au cours de la dernière décennie du xxe siècle, la communauté hispanique est devenue la minorité la plus importante, devant la minorité noire jusqu’alors majoritaire. Si elle poursuit son rythme de progression actuel, la communauté hispanique devrait même représenter un quart de la population américaine en 2050. Les minorités ethniques se caractérisent également par leur concentration géographique dans les grandes métropoles (New York, Los Angeles) et les États de la Sunbelt.

La communauté blanche non hispanique, descendant des anciennes vagues d’immigration européenne, reste très fortement majoritaire, mais connaît une baisse relative par rapport à la population totale (75,1 % en 2000 contre 76,6 % en 1980). Les descendants de la première grande vague d’immigration, anglo-saxonne et germanique, antérieure à 1890, constituent la majorité WASP (White Anglo-Saxon Protestant). C’est la communauté présentant la population la plus âgée (âge médian : 37,7 ans tandis qu’il est de 35,3 ans pour l’ensemble de la population) et le taux de natalité le plus faible. Sa croissance démographique, aujourd’hui essentiellement naturelle, est moins rapide que celle des minorités, dont la natalité élevée est renforcée par une immigration venue d’Asie et d’Amérique latine. Les États où la communauté blanche représente le plus fort pourcentage, entre 96 et 97 %, sont ceux de la Nouvelle-Angleterre au nord-est des États-Unis, le Maine, le Vermont et le New Hampshire.

Les Hispano-Américains constituent désormais la minorité la plus nombreuse. Ils représentaient 12,5 % de la population totale en 2000 (contre 6,4 % en 1980) et leur nombre était estimé à 35,3 millions. Ils constituent la communauté la plus jeune (âge médian : 25,8 ans). Leur dynamisme démographique repose sur l’apport migratoire, à hauteur de 700 000 Latino-Américains entrant chaque année aux États-Unis légalement et illégalement et sur une forte natalité (2,45 enfants par femme en 2004 contre 1,89 dans la population blanche). Descendants des anciens colons mexicains (Hispanos) ou immigrants récents (Chicanos), la communauté hispanophone est très hétérogène. Les Mexicains sont de loin les plus nombreux (20,9 millions de personnes, soit 59 % des Hispano-Américains). Beaucoup d’entre eux sont entrés clandestinement aux États-Unis, en franchissant à la nage le Rio Grande (d’où leur nom de Wet Backs, ou « Dos mouillés «). Les Portoricains (3,4 millions), qui sont citoyens américains, peuvent en revanche s’installer librement aux États-Unis. Les Hispano-Américains se concentrent pour la plupart dans six États du sud-ouest des États-Unis, Nouveau Mexique, Californie, Texas, Arizona, Nevada et Colorado, ainsi que dans l’État de New York et en Floride, où réside la majorité des immigrés originaires de Cuba. Ils représentent au milieu des années 2000 un tiers de la population de la Californie (la moitié de la population de la ville de Los Angeles est d’origine hispanique) et du Texas, et 42 % de celle du Nouveau-Mexique. Ils constituent une main-d’œuvre docile, sous-qualifiée et mal rémunérée, exploitée par des employeurs souvent peu scrupuleux.

Les Noirs américains, ou Afro-Américains, constituent la deuxième minorité des États-Unis. Ils représentaient 12,6 % de la population totale en 2000 (contre 11,7 % en 1980) et leur nombre était estimé à 34,6 millions. Cette population jeune (âge médian : 30,2 ans) et essentiellement urbaine, vivant dans les quartiers dégradés des centres-villes, est en grande partie touchée par la pauvreté (25 %, soit près du double du taux de pauvreté observé pour le reste de la population), un taux de chômage élevé, une sous-qualification, un retard scolaire chez les jeunes, une forte délinquance juvénile et adulte. Ce sont les descendants des esclaves africains, emmenés de force d’Afrique vers le sud des États-Unis par les planteurs de coton et de tabac, et dont l’émancipation n’a été proclamée qu’en 1865. Longtemps confinés dans les campagnes du Sud, ils ont connu, avec les transformations économiques de la première moitié du xxe siècle, une immigration massive vers les grandes cités industrielles du Nord-Est, où ils ont constitué un prolétariat urbain. Ils ont été les premiers frappés par la crise des industries traditionnelles du Nord-Est, amorcée dans les années 1970. Beaucoup participent à un mouvement de retour vers le sud, en direction des grandes villes (Houston, Atlanta, La Nouvelle-Orléans). Aujourd’hui, ils constituent une part importante de la population des États du Sud (Mississipi, Louisiane, Caroline du Sud, Georgie, Maryland, Alabama), un tiers environ notamment de la population du Mississipi et de Louisiane, et de celle des grandes villes, où ils sont parfois majoritaires (60 % de la population à Washington). Toutefois, les plus importantes communautés noires se situent dans les États de New York (3 millions), de Californie (2,3 millions) et du Texas (2,4 millions). La bourgeoisie afro-américaine s’est en effet beaucoup développée à la fin du xxe siècle et au début du xxie siècle, et elle a été marquée par l’accession au secrétariat d’État de personnalités afro-américaines telles que Colin Powell en 2001 et Condoleezza Rice en 2005.

Les Asiatiques représentaient 3,6 % de la population en 2000 (contre 1,5 % en 1980) et leur nombre était estimé à 10,2 millions. Ils constituent le groupe ethnique le plus âgé après la communauté blanche (âge médian : 32,7 ans). Les Chinois, les Philippins et les Japonais, implantés depuis longtemps aux États-Unis, sont rejoints à la fin du xxe siècle et au début du xxie siècle par un nombre croissant de Coréens, d’Indiens et de Vietnamiens. Plus de la moitié d’entre eux résident en Californie (Chinatown, à San Francisco), dans l’État de New York, au Texas et à Hawaii, où ils représentent plus de 40 % de la population.

Les Amérindiens (2,5 millions) et natifs de l’Alaska représentaient 0,9 % de la population en 2000 et leur nombre était estimé à 2,5 millions. Plus jeunes (âge médian : 29 ans) que la population dans son ensemble, ils ont aussi un niveau d’éducation plus bas et des revenus plus faibles (un quart des Amérindiens vivait en 1999 sous le seuil officiel de pauvreté, contre 12 % de la population, les plus défavorisés étant les Sioux, qui étaient 38,9 % dans cette situation, les Navajos et les Apaches). Regroupés pour la majorité en tribus, ils ont en commun d’avoir été progressivement décimés, refoulés, spoliés de leurs terres, au fur et à mesure de la colonisation européenne, et finalement parqués dans des réserves (Sud-Ouest, nord des Grandes Plaines), dans lesquelles vit actuellement un tiers des Amérindiens. Un autre tiers vit dans l’Ouest (Californie, Oklahoma, Arizona).

3.1.4 Histoire du peuplement

L’histoire du peuplement du continent nord-américain est indissociable de celle de l’immigration, les autochtones (Amérindiens, Inuit, Aléoutes) ne constituant plus, aujourd’hui, qu’une infime minorité de la population (0,9 % en 2000). Depuis l’arrivée des premiers colons européens, au xvie siècle, plus de 50 millions d’immigrants se sont installés aux États-Unis. Jusqu’en 1940, la quasi-totalité des immigrés vient d’Europe. Peu nombreux jusqu’aux années 1830, ceux-ci arrivent massivement à partir de 1840-1850. D’abord anglo-saxonne, l’immigration s’élargit, dans le dernier quart du xixe siècle, aux pays de l’Europe méditerranéenne (Italiens surtout) et de l’Europe centrale. Plus de 23 millions d’immigrants affluent entre 1880 et 1920.

À partir des années 1920, les États-Unis, désireux de mettre un frein à l’immigration, établissent un système de quotas. La crise économique des années 1930 ne fait que renforcer cette tendance. Une nouvelle forme d’immigration se développe après la Seconde Guerre mondiale (réfugiés politiques d’Europe de l’Est, Cubains anti-castristes à partir de 1960, boat people indochinois après 1974).

Aujourd’hui, l’immigration provient essentiellement des pays d’Amérique latine (Mexicains surtout) et d’Asie (Coréens, Philippins, Vietnamiens). Ce sont en effet ces minorités qui ont enregistré les plus forts taux de croissance entre 1990 et 2000 : 48,3 % pour les Asiatiques et 57,9 % pour les Hispaniques. Dans les années 1990, un nouveau courant migratoire s’est développé en provenance des anciens pays de l’Europe communiste. L’immigration clandestine est probablement plus importante, aujourd’hui, que l’immigration légale. Elle a augmenté dans les années 1990, en raison de la crise économique qu’a traversée l’Amérique latine. On estime au milieu des années 2000 à 700 000 le nombre de Latino-Américains entrant chaque année aux États-Unis, légalement et illégalement, la plupart des clandestins venant du Mexique. Face à cette situation, les États-Unis ont décidé en 2006 de construire de mur de barbelés de plus de 1 000 km afin de renforcer l’étanchéité de leur frontière. Constituant désormais la première minorité des États-Unis, les « Latinos « occupent un poids croissant dans la société américaine, démographique, mais aussi économique et politique. Journaux et chaînes télévisées en espagnol se développent, l’espagnol étant même devenu langue officielle dans l’État du Nouveau-Mexique.

3.2 Divisions administratives et villes principales
3.2.1 Divisions administratives

Les États-Unis sont une république fédérale formée de 50 États et d’un district fédéral (le district de Columbia), comprenant la capitale fédérale, Washington : Alabama, Alaska, Arizona, Arkansas, Californie, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Colorado, Connecticut, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Delaware, Floride, Géorgie, Hawaii, Idaho, Illinois, Indiana, Iowa, Kansas, Kentucky, Louisiane, Maine, Maryland, Massachusetts, Michigan, Minnesota, Mississippi, Missouri, Montana, Nebraska, Nevada, New Hampshire, New Jersey, New York, Nouveau-Mexique, Ohio, Oklahoma, Oregon, Pennsylvanie, Rhode Island, Tennessee, Texas, Utah, Vermont, Virginie, Virginie-Occidentale, Washington, Wisconsin et Wyoming. Presque tous les États américains sont divisés en comtés, à l’exception de la Louisiane, divisée en paroisses.

3.2.2 Villes principales

En 2005, le taux de population urbaine s’élevait à 80,8 % de la population totale. Les dix plus grandes villes étaient New York, Los Angeles, Chicago, Houston, Philadelphie, Phoenix, San Diego, Dallas, San Antonio et Detroit (recensement de 2000). Les États-Unis se caractérisent par un phénomène de métropolisation très poussé. En 2000, le pays comptait 50 métropoles de plus d’1 million d’habitants (contre 14 en 1950). Les neuf plus grandes agglomérations, comprenant plus de 5 millions d’habitants en 2000, étaient New York (21,2 millions d’habitants), Los Angeles (16,4 millions), Chicago (9,2 millions), Washington (7,6 millions), San Francisco (7 millions), Philadelphie (6,2  millions), Boston (5,8 millions), Detroit (5,4 millions) et Dallas (5,2 millions). Près des deux tiers de la population vivent dans des États situés le long des trois côtes principales, 38 % le long de la façade atlantique, 16 % le long de la façade pacifique et 12 % le long du golfe du Mexique. Ces très fortes concentrations urbaines constituent à l’est la puissante Mégalopolis (60 millions d’habitants de Boston à Washington en 2000), qui enregistre des densités très élevées (454 habitants au km² dans le New Jersey, ce qui constitue le record de densité parmi les 50 États américains) et, à l’ouest, de vastes conurbations transfrontalières (Portland-Seattle-Vancouver, au nord-ouest ; Los Angeles-San Diego-Tijuana, au sud-ouest).

La structure des grandes villes américaines est très différente de celle des cités européennes. De formation récente, organisées sur le principe du plan en damier (grid), les agglomérations sont pour la plupart dépourvues de « noyau « historique. Le centre actif de la cité se limite fréquemment au quartier des affaires, le « Central Business District « (CBD), dont les gratte-ciel dominent la ville et abritent les banques, les sièges des grandes sociétés et les grands hôtels.

La population des grandes villes américaines continue de décroître au profit des banlieues. Celles-ci connaissent, depuis les années 1950, un formidable accroissement, les populations aisées délaissant les centres-villes pour venir s’installer dans des banlieues pavillonnaires. Presque un tiers des Américains (30 %) vivaient en 2000 dans des métropoles de plus de 5 millions d’habitants, 14 % dans des métropoles dont la population est comprise entre 2 et 5 millions d’habitants – ce sont ces métropoles dont la population a augmenté le plus fortement entre 1990 et 2000 –, 13 % dans des métropoles dont la population est comprise entre 1 et 2 millions d’habitants, 16 % dans des métropoles dont la population est comprise entre 250 000 et 1 million d’habitants et 7 % dans des villes comprenant moins de 250 000 habitants. Ces banlieues s’étendent sur des espaces de plus en plus vastes, à l’image de Los Angeles, qui s’étale sur une centaine de kilomètres. Progressivement s’y créent des centres d’activité (commerces, bureaux, industries) qui deviennent à leur tour des villes, elles-mêmes entourées de nouvelles banlieues.

Le départ des classes moyennes et d’une partie des emplois vers les banlieues a accentué la ségrégation spatiale, sociale et ethnique de l’espace urbain, et entraîné une dégradation et une paupérisation dramatique des centres-villes dans les années 1960. Les minorités ethniques défavorisées s’y sont concentrées dans des ghettos, où l’insalubrité, la pauvreté et le chômage généraient une importante criminalité. Désertées par les populations aisées et donc privées de ressources fiscales, la plupart des grandes villes américaines ont été confrontées à une grave crise financière. Dans les années 1990, afin de sortir d’une crise urbaine de plus en plus insoluble, les municipalités lancent des programmes de réhabilitation des centres-villes, en collaboration avec des investisseurs privés, en y implantant des commerces et des institutions culturelles, comme en témoigne la réhabilitation du quartier de Harlem à New York.

3.3 Langues et religions

La langue officielle des États-Unis est l’anglais, parlé par la majorité des Américains. Toutefois, près de 47 millions de personnes sur un total de 262 millions d’habitants (recensement de 2000) utilisent une autre langue dans leur foyer. Plus de la moitié d’entre eux communiquent en espagnol (28 millions d’hispanophones), notamment en Arizona, au Texas, en Californie et au Nouveau-Mexique. Les autres langues sont le français (pratiqué en Louisiane par les Cajuns et dans le Maine), les langues amérindiennes (navajo, hopi, etc.) et celles des principales communautés d’immigrés (chinois, japonais, italien, allemand, etc.).

Les principales religions sont le protestantisme (52 %), le catholicisme (24 %), le mormonisme (2 %), le judaïsme (1 %) et l’islam (1 %). 10 % de la population déclare une autre religion et 10% n’en déclare aucune (estimation de 2002).

Les principales Églises protestantes sont baptistes ou méthodistes. Au début de la colonisation, les colonies anglaises d’Amérique du Nord constituent un refuge contre l’intolérance religieuse en Europe. Un grand nombre de sectes et de croyances s’y épanouissent, comme celle fondée en Pennsylvanie par le quaker anglais William Penn. En Nouvelle-Angleterre se développe, à partir de 1620, le congrégationalisme, fondé par des séparatistes (voir Pères Pèlerins) et des puritains, dissidents de l’Église anglicane. Jusqu’en 1691, la colonie de Plymouth, fondée par les Pères Pèlerins, est une théocratie. Son intolérance religieuse à l’égard des non-congrégationalistes, tels que les baptistes et les quakers, amène l’un d’eux, Roger Williams, à quitter la colonie, en 1636, et à fonder la colonie de Providence (Rhode Island), ouverte à toutes les croyances religieuses. En 1639, Roger Williams y établit la première Église baptiste d’Amérique.

Les premiers juifs débarquent, dès 1654, à La Nouvelle-Amsterdam (aujourd’hui New York), fondée en 1625 par les Hollandais, qui y maintiennent les croyances et les pratiques de l’Église réformée. Le luthéranisme se développe en Pennsylvanie, dans la colonie de New York et au Delaware tandis que, plus au sud, c’est le presbytérianisme qui connaît une grande diffusion, à la fin du xviie et au début du xviiie siècle. L’Église anglicane reste, en revanche, l’Église officielle dans les colonies du Sud. Elle est imposée plus tard au Maryland, qui a été colonisé au xviiie siècle par des catholiques sur l’initiative de la famille Calvert.

Le mouvement « Revival of Religion « (ou « Réveil «), prônant un retour à la foi originelle, exerce, au milieu du xviiie siècle, une grande influence sur les différentes religions protestantes des colonies américaines. Les principaux « réveils « aux États-Unis sont le méthodisme et le « Grand Réveil «, fondé en 1740 par le congrégationaliste Jonathan Edwards et qui se diffuse dans les églises baptistes. Jusque dans la première moitié du xixe siècle, la population des États-Unis reste majoritairement protestante. À partir des années 1820, le nombre de catholiques s’accroît rapidement avec l’arrivée massive d’immigrants irlandais (plus de 1 million entre 1845 et 1855), puis, au cours de la seconde moitié du xixe siècle, avec les vagues d’immigration en provenance des pays du sud et de l’est de l’Europe (Italie, Autriche, Hongrie, Pologne). L’afflux massif d’immigrés d’origine latino-américaine (+ 700 000 par an au milieu des années 2000), qui constituent depuis la fin du xxe siècle la première minorité ethnique des États-Unis, renforce la présence du catholicisme puisque ceux-ci sont catholiques à 70 %.

Parmi les développements religieux du xixe siècle, citons la fondation de plusieurs cultes d’origine américaine tels que l’Église des mormons, la Science chrétienne, l’Église adventiste du Septième jour et les témoins de Jéhovah.

3.4 Éducation

L’éducation scolaire est assurée, de la maternelle au secondaire, par des établissements scolaires publics ou privés. L’enseignement élémentaire et secondaire s’étend sur douze années et est sanctionné par un diplôme. La responsabilité de l’enseignement public est décentralisée au niveau des États fédérés (financements, programmes scolaires, etc.). En 2001, 1,9 % du budget était consacré aux dépenses d’éducation. Rapportées au PIB, les dépenses publiques et privées consacrées à l’éducation (plus de 7 % en 2003) sont supérieures à la moyenne des pays de l’OCDE (6,3 %). Les dépenses privées sont parmi les plus élevées des pays de l’OCDE (elles y dépassent 30 % du financement total des établissements d’enseignement supérieur). C’est aux États-Unis que les dépenses totales sont les plus élevées par élève du secondaire (plus de 9 000 dollars contre une moyenne de 7 000 dollars pour les pays de l’OCDE en 2005) et surtout par étudiant (plus de 20 000 dollars par an contre une moyenne de plus de 10 000 dollars, soit le double).

La ségrégation raciale appliquée dans les écoles (ségrégation scolaire) était une pratique courante, surtout dans les États du Sud, jusqu’en 1954, date à laquelle elle a été déclarée illégale par la Cour suprême des États-Unis (à tous les niveaux scolaires). Entre les années 1960 et les années 1980, de grands progrès ont été accomplis vers la non-ségrégation, même si une ségrégation de fait était encore largement répandue en ville et dans les banlieues. Le mouvement en faveur de la non-ségrégation a marqué le pas à partir de la réintroduction de la carte scolaire dans les années 1990, impliquant l’inscription des enfants noirs ou hispaniques dans les écoles de leurs quartiers, dont la population est majoritairement non blanche. Ainsi, au milieu des années 2000, plus de 70 % des élèves noirs seraient inscrits dans des écoles à majorité non blanche et un tiers d’entre eux dans des écoles comprenant 90 à 100 % d’enfants issus de minorités ethniques. En 2007, la Cour suprême a rejeté la discrimination positive à l’école pour garantir la mixité raciale dans les établissements scolaires.

L’enseignement supérieur est payant et souvent très coûteux. Les premiers établissements ont été créés dès la seconde moitié du xviie siècle. Parmi les universités les plus prestigieuses figurent l’université Harvard (Cambridge, Massachusetts), le California Institute of Technology (Caltech) à Pasadena, l’université Yale (New Haven, Connecticut), l’université de Stanford (Palo Alto, Californie), l’université du Michigan, l’université Columbia (New York), l’université de Californie (Berkeley, Los Angeles), l’université du Texas (Austin), l’université d’État de Pennsylvanie (Penn State University), le Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge, l’université de Chicago et l’université de Princeton (New Jersey). Les États-Unis possèdent également de célèbres écoles d’enseignement artistique comme par exemple la Juilliard School (New York).

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE

Les États-Unis sont une démocratie présidentielle. Complétée peu à peu par 27 amendements, mais non modifiée dans son essence, la Constitution de 1787 n’a cessé jusqu’à nos jours de régir le fonctionnement des institutions américaines. Elle a servi de modèle à de nombreux pays. Reposant sur le fédéralisme et la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), elle établit le partage des responsabilités entre les États fédérés et l’État fédéral. Elle est marquée par la volonté de protéger les citoyens contre tout abus de pouvoir. La Constitution peut être amendée par un vote à la majorité des deux tiers de chaque chambre du Congrès. Les dix premiers amendements, connus sous le nom de Déclaration des droits (Bill of Rights), ont été adoptés en 1791. Ils établissent, entre autres, la liberté de parole, de religion, de la presse ou encore de réunion. Dix-sept autres amendements ont été adoptés entre 1795 et 1992, parmi lesquels l’abolition de l’esclavage et l’établissement d’un impôt sur le revenu.

4.1 Organisation des pouvoirs
4.1.1 Pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif est détenu par le président, élu pour un mandat de quatre ans au suffrage universel indirect en même temps qu’un vice-président. Le 22e amendement (1951) limite le cumul à deux mandats. Le président détient seul le pouvoir exécutif. Il est à la fois le chef de l’État, le chef du gouvernement et le chef des armées. Il réside à la Maison-Blanche et est assisté d’un cabinet, constitué par les secrétaires en charge des différents ministères (appelés Departments) et de quelques autres officiels, tels que le directeur de la CIA (Central Intelligence Agency) et l’ambassadeur américain auprès des Nations unies.

Les services chargés de l’exécutif sont : l’Office of Management and Budget, qui prépare les budgets et contrôle les dépenses, le National Security Council, qui s’occupe de la défense nationale, et le Council of Economic Advisers, qui conseille le président en matière économique. Le pouvoir exécutif du gouvernement est organisé en 14 départements : l’État (soit les Affaires étrangères), le Trésor, la Défense, la Justice, l’Intérieur, l’Agriculture, le Commerce, le Travail, la Santé et les Services sociaux, l’Éducation, le Logement et le Développement urbain, le Transport, l’Énergie et les Anciens Combattants.

4.1.2 Pouvoir législatif

Le pouvoir législatif est détenu par le Congrès, formé de deux Chambres : le Sénat (100 membres), qui représente les États (2 sénateurs par État), et la Chambre des représentants (435 membres), qui représente la population. Les sénateurs sont élus pour six ans au suffrage universel direct et renouvelable par tiers, tous les deux ans. Le nombre des représentants varie selon la démographie de chaque État. La Californie, l’État le plus peuplé, possède le plus grand nombre de représentants (53) ; plusieurs États comme le Delaware et le Vermont n’en comptent qu’un seul.

Le président possède un droit de veto sur les lois votées par le Congrès. Ce veto peut toutefois être contré par un vote à la majorité des deux tiers des membres du Congrès.

4.1.3 Pouvoir judiciaire

Le pouvoir judiciaire est détenu par la Cour suprême, composée de 9 membres, nommés à vie par le président et irrévocables. Elle juge les procès impliquant l’État ou un État fédéré, fait office de cour d’appel et contrôle tout le système judiciaire fédéral. Elle juge également de la constitutionnalité des lois.

4.1.4 Gouvernement local

Chaque État possède sa propre Constitution, fondée sur le principe de la séparation des pouvoirs entre le gouverneur de l’État, élu pour un mandat de quatre ans, le Congrès de l’État et la Justice. L’État est compétent dans les domaines de l’éducation, de la police, de la protection de l’environnement, de l’économie (commerce, industrie, agriculture), des prisons, des hôpitaux, des services sociaux ou encore de la justice. Ainsi certains États fédérés autorisent la peine de mort, d’autres non.

Au cours du xxe siècle, le rôle de l’État fédéral a eu tendance à se renforcer, aux dépens du fédéralisme, victime d’une politique de centralisation. La répartition des pouvoirs s’est toutefois rééquilibrée sous les présidences de Richard Nixon (1969-1974) et de Ronald Reagan (1981-1989), avec une redistribution d’une partie des fonds publics aux États fédérés. Le pouvoir central, qui conserve la maîtrise de l’évolution générale du pays, s’impose dans les domaines requérant une approche globale, comme la politique monétaire ou l’éducation.

4.2 Partis politiques

Deux grands partis dominent la vie politique aux États-Unis : le Parti démocrate, fondé vers 1828-1830, et le Parti républicain, fondé en 1854, plus conservateur en matière fiscale, économique et sociale. Le Parti démocrate défend traditionnellement les salariés, les consommateurs et les minorités, le Parti républicain, les chefs d’entreprises et les milieux d’affaires. Une partie du débat politique porte sur le rôle de l’État fédéral, notamment dans le règlement des problèmes sociaux et le contrôle de l’économie.

Il existe, par ailleurs, un grand nombre de petits partis indépendants et de multiples groupes de pression (lobbies) dont les ambitions se limitent à la défense d’une cause ou à une revendication précise.

4.3 Défense

Le président des États-Unis est le commandant en chef des forces armées américaines. Toutefois, seul le Congrès détient le pouvoir de déclarer la guerre. Les États-Unis possèdent une armée puissamment équipée, gérée par le ministère de la Défense, le Pentagone. Depuis 1973, les forces armées américaines ne sont composées que d’hommes et de femmes volontaires. Depuis la fin de la guerre froide, le gouvernement américain a fortement réduit le budget de la Défense (3,7 % du PIB en 2003 contre 6,5 % en 1985). Les États-Unis sont la première puissance militaire au monde détenant près de la moitié du budget militaire mondial au milieu des années 2000.

En 2004, l’armée de terre comptait environ 502 000 soldats, la marine 376 750 et l’aviation 379 500. Les États-Unis sont membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et ont un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

5 ÉCONOMIE
5.1 Généralités

Avec un produit intérieur brut (PIB) de 13 164 milliards de dollars en 2006, les États-Unis constituent la première puissance économique du monde. Le PIB par habitant (43 968 dollars), très élevé, les classe parmi les pays les plus riches du globe. Toutefois, près de 13 % de la population atteignait le seuil de pauvreté au milieu des années 2000 tandis que l’écart entre les plus riches et les plus pauvres est le plus élevé parmi les pays avancés.

L’économie américaine repose sur la consommation des ménages, véritable moteur de la croissance qui représente 70 % du PIB au milieu des années 2000. En 2006, les États-Unis comptaient environ 157 millions d’actifs. Le secteur des services est aujourd’hui prépondérant (76,7 % du PIB en 2004), en liaison avec le développement des activités des services publics (administrations) et privés (banques, assurances) et du secteur « quaternaire «. Le taux de chômage (4,6 % en 2006) est traditionnellement plus faible qu’en Europe, mais le marché du travail est marqué par une flexibilité croissante et par la précarité de l’emploi.

5.1.1 Historique

Les États-Unis sont devenus la première puissance économique mondiale au début du xxe siècle, à l’issue de la révolution industrielle et agricole. À la prospérité et à l’euphorie des années 1920 succède la grande crise économique des années 1930. L’économie américaine, stimulée par la politique du New Deal puis par l’effort de guerre, renoue avec la prospérité durant la Seconde Guerre mondiale. Modèle du capitalisme mondial au lendemain de la guerre, jouissant d’une suprématie économique incontestée, les États-Unis connaissent alors une très forte croissance. La production industrielle double en quinze ans. Les firmes multinationales américaines conquièrent des positions clés en Europe et en Amérique latine tandis que les services (banques, assurances, commerce, administration) connaissent un développement exceptionnel.

Toutefois, la rapidité de la croissance et la compétitivité nouvelle de l’Europe et du Japon, le déficit croissant et chronique de la balance des paiements américaine (à partir des années 1960) et de la balance commerciale (à partir des années 1970) entraînent un déclin relatif mais régulier de l’économie américaine. Le PIB des États-Unis ne cesse de croître, mais la part du pays dans la production mondiale diminue. En 1945, le PIB américain (213 milliards de dollars) représente la moitié du PIB mondial ; en 1995, avec un PIB de 7 246 milliards de dollars, les États-Unis ne produisent plus que le quart de la richesse mondiale. À la fin des années 2000, cette proportion tombe à moins de 30 % (27,4 % en 2007), devant le Japon (9 %) et la Chine (5,6 %).

L’aggravation du déficit budgétaire, liée à une forte augmentation des dépenses publiques (sociales sous la présidence de Jimmy Carter, militaires sous celles de Ronald Reagan et George W. Bush), entraîne par ailleurs une forte croissance de l’endettement national. Premier créancier du monde au début des années 1980, les États-Unis sont devenus aujourd’hui les premiers débiteurs. Toutefois l’endettement de l’État est en régression (le maximum au cours de la seconde moitié du xxe siècle a été atteint en 1993 avec un endettement représentant 49 % du PIB ; il atteint moins de 40 % au milieu des années 2000).

Avec un taux de croissance de 3,4 % en moyenne au cours des années 1990, les États-Unis connaissent une phase d’expansion d’une durée exceptionnelle et semblent sortis de la grave récession des années 1989-1992. Le déficit budgétaire est alors considérablement réduit, passant de 290 milliards de dollars en 1992 à 107 milliards de dollars en 1996, le budget devenant même excédentaire en 1998, pour la première fois depuis trente ans. Pourtant, à la suite du retournement de conjoncture du printemps 2001, amplifié par les attentats du 11 septembre 2001 et suivi d’une série de scandales financiers, la récession menace l’économie américaine, qui connaît alors une croissance d’environ 1 % en 2002 et le plus fort taux de chômage depuis près de dix ans. Mais, grâce à la relance de la demande intérieure obtenue par des baisses d’impôts et de très faibles taux d’intérêts, la puissance américaine renoue avec la croissance, qui atteint 2,9 % en 2006. Parallèlement toutefois, les déficits s’envolent : le déficit courant dépasse 5 % du PIB à partir du début des années 2000 et le déficit commercial atteint des records (5,8 % du PIB en 2006), à quoi s’ajoute le coût des opérations militaires en Afghanistan et surtout en Irak (565 milliards de dollars entre 2001 et 2007).

5.1.2 Facteurs de prospérité

Les États-Unis sont le pays du libéralisme économique et du capitalisme : le principe du « laisser-faire «, la concurrence, l’économie de marché et la libre entreprise sont les moteurs de l’économie américaine. Sa puissance repose à la fois sur un vaste marché intérieur et sur une internationalisation très poussée, grâce aux investissements massifs des grandes multinationales américaines à l’étranger.

Les intérêts des États-Unis sont présents sur tous les continents. Les grandes firmes américaines contrôlent une partie des ressources agricoles et minières des pays du tiers-monde : exploitation du pétrole, du fer, de la bauxite et du cuivre du continent africain, production bananière au Guatemala, du fer et du manganèse au Brésil, ainsi que d’une partie des industries du Mexique, depuis la mise en place des maquiladoras. Dans les pays industrialisés (Europe, Canada), les investissements américains concernent surtout les industries manufacturières. À l’inverse, le marché intérieur américain est largement ouvert aux importations et aux investissements étrangers (Japon, Royaume-Uni).

La force de l’économie américaine, aujourd’hui, ne repose pas seulement sur son internationalisation, mais aussi sur sa suprématie technologique. Celle-ci est fondée sur l’importance des crédits consacrés à la recherche-développement (2,7 % du PIB en 2000) qui représentent 44 % (2000) des dépenses de ce secteur des pays de l’OCDE. Cet effort est partagé entre un réseau d’universités prestigieuses et les firmes industrielles, qui travaillent en étroite collaboration. Pays de prix Nobel, les États-Unis attirent des chercheurs du monde entier (« Brain Drain «). Le secteur « quaternaire «, qui regroupe les travailleurs les plus qualifiés (chercheurs, ingénieurs), emploie désormais plus de personnes que l’agriculture.

5.1.3 Échanges internationaux

Au début des années 1990, dans le cadre de la mondialisation des échanges et compte tenu de l’ouverture du marché américain aux produits étrangers, les États-Unis ont entamé une vaste négociation (Uruguay Round) sur les échanges internationaux, dans le cadre du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, aujourd’hui Organisation mondiale du commerce ou OMC). Celle-ci a finalement débouché sur une série d’accords sur les tarifs douaniers et le commerce international.

Par ailleurs, depuis le 1er janvier 1994, est entré en application l’Accord de libre-échange nord américain (Alena ou NAFTA). Celui-ci marque l’abolition des barrières douanières entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. L’Alena stimule fortement les échanges à l’intérieur des trois États membres (la valeur des échanges entre les trois pays est passée de 300 milliards de dollars à 900 milliards de dollars entre 1994 et 2006).

Mais les États-Unis, favorables à l’établissement d’un grand marché commun continental, de l’Alaska à la Terre de Feu, souhaitent aller plus loin et poussent à l’ouverture des marchés en Amérique latine. Lors du premier Sommet des Amériques en décembre 1994, Bill Clinton s’est prononcé en faveur de la création d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) d’ici 2005. Malgré la réticence des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), le processus de négociations a été lancé à l’issue du deuxième Sommet des Amériques, en avril 1998, et réaffirmé lors du troisième Sommet en avril 2001 à Québec, mais ce n’est qu’avec la République dominicaine et cinq pays d’Amérique centrale (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Salvador) que les États-Unis ont réussi à signer un traité de libre-échange en 2004 (Accord de libre-échange de l’Amérique centrale, ALEAC).

5.1.4 Concentration des entreprises

Les PME (petites et moyennes entreprises) sont très nombreuses, notamment dans le domaine des services et dans celui de la sous-traitance. Toutefois, une grande partie de la population active travaille dans des firmes employant plus de 100 personnes

La concentration est très importante dans l’industrie et dans la finance. On observe une tendance à l’oligopole, c’est-à-dire au contrôle des marchés par un nombre réduit de grandes sociétés. La concentration des entreprises se poursuit, mais ses conséquences humaines (licenciements massifs ou downsizing) sont de plus en plus mal acceptées. À la fin des années 1980, les États-Unis possédaient 44 des 100 premières firmes industrielles du monde. Au palmarès des chiffres d’affaires réalisés en 2006, 6 d’entre elles figuraient parmi les 10 premiers groupes mondiaux : ExxonMobil (pétrole), Wal-Mart (distribution), General Motors (automobiles), ChevronTexaco (pétrole), Ford Motor (automobiles) et ConocoPhillips (pétrole).

Il existe aux États-Unis, depuis la fin du xixe siècle (loi Sherman, 1890) et le début du xxe siècle (loi Clayton, 1914), une législation antitrust visant à éviter une concentration excessive pouvant conduire à l’établissement d’un monopole. La tendance aujourd’hui est aux conglomérats, qui ajoutent, aux formes traditionnelles de concentration horizontale et verticale, une diversification des activités. Parmi les plus grands conglomérats figurent United Technologies, International Telegraph and Telephone (ITT) ou encore Textron.

5.1.5 Rôle de l’État fédéral

Depuis le New Deal des années 1930, l’État fédéral a multiplié et diversifié ses interventions. Les démocrates sont, dans ce domaine, plus interventionnistes que les républicains. Ces derniers défendent les milieux d’affaires et sont favorables, par leur programme (« moins d’État, moins d’impôts «) à la déréglementation administrative et au désengagement public. Dans sa politique conjoncturelle, l’État fédéral s’efforce de maîtriser l’inflation par le contrôle des prix, des salaires (Nixon, 1971-1974), et par des taux d’intérêts élevés (Reagan, 1981-1982), ou encore de soutenir l’activité économique par des allégements d’impôts afin de relancer la consommation (Carter, 1977-1978, Bush, 2001-2004, et G. W. Bush). Il aide également l’agriculture et finance, par ses commandes, l’entreprise industrielle privée. Il intervient, enfin, dans le financement des programmes sociaux et les diverses prestations que le gouvernement s’est engagé à fournir aux citoyens, tels le Medicare (assurance maladie des personnes âgées) ou le Medicaid (assurance maladie des plus démunis).

Toutefois, l’État-providence et le welfare (système garantissant aux plus démunis une aide financière de l’État fédéral) ont été fortement remis en cause, dans un pays qui compte au milieu des années 2000 près de 13 % d’habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté et 15 % de la population n’ayant aucune couverture médicale. 25 % de la population étant peu ou mal couverte, on compte au total 40 % de la population sans aucune couverture médicale ou mal couverts.

5.2 Agriculture, forêts, pêche
5.2.1 Agriculture

Grâce à un climat et à des sols favorables, l’agriculture des États-Unis est la première du monde. Le secteur primaire employait 1,6 % de la population active et produisait 1,3 % du PIB en 2005. Les terres arables couvrent 19 % (2005) du territoire national. Dominants pour certaines productions (céréales, soja, viande bovine et porcine, agrumes), les États-Unis sont au milieu des années 2000 les premiers exportateurs mondiaux de produits agricoles, mais aussi les premiers importateurs.

Bien équipée mais fortement endettée, l’agriculture américaine est intégrée au grand capitalisme. Dominée par de grands groupes financiers industriels et commerciaux, elle est au centre d’un vaste complexe agro-industriel ou « agrobusiness «, allant de la production de biens et de services aux agriculteurs jusqu’aux structures de transformations et de distribution des produits alimentaires.

Le développement de la mécanisation et de l’agriculture scientifique a entraîné une réduction massive du nombre des agriculteurs et des exploitations agricoles (5,6 millions en 1950, 2,1 millions en 2005), une concentration des terres et l’augmentation de la taille moyenne des exploitations (86 ha en 1950, 180 ha en 2005). La petite ferme familiale a pratiquement disparu du paysage agricole américain, au profit de vastes exploitations agro-industrielles, chargées de satisfaire la consommation des grandes villes et adaptées aux besoins d’une puissante industrie agroalimentaire (le nombre total d’exploitations agricoles est passé de 6,8 millions en 1935 à 2,1 millions en 2005). Les exploitations géantes, ou corporate farming (jusqu’à 2 000 ha), sont des entreprises capitalistes, contrôlées souvent par des conglomérats (Boeing, Coca-Cola). Elles sont spécialisées dans des productions à forte valeur ajoutée (plantations de canne à sucre, pépinières, vignobles de qualité, aviculture, agrumes, élevage bovin industriel) et ouvertes sur le marché mondial. L’agriculture industrielle (500 000 exploitations) assure 75 % de la production et des ventes au début des années 2000.

L’agriculture américaine fournit une gamme très étendue de productions végétales et animales. L’élevage bovin (embouche et produits laitiers) domine la production. Le cheptel bovin (97 millions de têtes en 2006) est le quatrième du monde au milieu des années 2000. Le troupeau laitier est concentré dans les zones humides et verdoyantes des Grands Lacs (Dairy Belt), du Nord-Est atlantique et du Nord-Ouest pacifique. L’élevage pour la viande associe les régions de l’Ouest, spécialisées dans la reproduction, aux régions d’engraissement des Grandes Plaines centrales (Iowa, Nebraska, nord du Texas, Colorado), où se développent de véritables usines d’élevage (feedlots, ou « parcs d’engraissements «). Le cheptel porcin est également très important, avec 61 millions de têtes en 2006 (2e rang mondial au milieu des années 2000 derrière la Chine).

Les cultures sont très variées. En 2005, les États-Unis étaient les deuxièmes producteurs mondiaux pour les céréales derrière la Chine – les premiers pour le maïs et le soja , les troisièmes pour le blé. Ils produisent également de l’orge et du riz, cultivé essentiellement en Arkansas et en Californie.

Parmi les plantes industrielles dominent le coton (Vieux Sud, Californie), avec une production en 2006 de 4,50 millions de tonnes de fibres (2e rang mondial en 2005), les arachides (Géorgie), avec une production de 1 million de tonnes (4e rang mondial), le tabac (Caroline du Nord, Kentucky), dont la production s’est élevée à 338 060 tonnes (4e rang mondial), la canne à sucre (Hawaii, Floride ; 26,8 millions de tonnes) et la betterave à sucre (29 millions de tonnes, 3e rang mondial). Les États-Unis sont également des producteurs importants de sucre brut. Les fruits et légumes tempérés sont cultivés dans les régions urbanisées du Nord-Est atlantique, sur les rives des Grands Lacs (Fruit Belt) et dans les États de Washington et de l’Oregon. Les agrumes et les fruits tropicaux (ananas, papayes) sont cultivés en Floride, en Californie et à Hawaii. Les autres grandes cultures sont les plantes fourragères, destinées au bétail, la pomme de terre et la vigne (Californie). Les OGM végétaux, cultivés depuis le milieu des années 1990, ont été rapidement adoptés par les agriculteurs : au début des années 2000, plus de 80 % de la production de soja est issue de cultures transgéniques, plus de 70 % de celle de coton et 40 % de celle de maïs.

L’agriculture américaine s’est longtemps caractérisée par la spécialisation de vastes régions agricoles dans une monoculture (Corn Belt, Cotton Belt, Wheat Belt). Ces belts (« ceintures «) spécialisées ont été remplacées, aujourd’hui, par des régions agricoles aux cultures plus diversifiées. La Grande Vallée californienne, dominée par les cultures maraîchères et fruitières, est irriguée à très grande échelle. Le nord-est des États-Unis (Nouvelle-Angleterre, Pennsylvanie, New York, région des Grands Lacs) est spécialisé dans la production laitière (Dairy Belt). Les Grandes Plaines centrales sont le domaine des grandes cultures céréalières (maïs, blé), de l’élevage intensif (porcs, bovins) et, désormais également, du soja. L’irrigation y est nécessaire à l’ouest du 100e méridien. Ces espaces agricoles sont aujourd’hui gravement menacés par l’érosion des sols. Dans le Vieux Sud (de l’Atlantique au Mississippi), la culture traditionnelle du coton (plantations de la Cotton Belt) a fortement décliné. Elle est aujourd’hui associée à des cultures variées (tabac, légumes, céréales, soja, arachides). Dans les zones subtropicales (littoral du golfe du Mexique, Floride), la culture du riz, des agrumes, de la canne à sucre et des légumes est prédominante. Enfin, les montagnes et les plateaux de l’Ouest sont le domaine de l’élevage traditionnel extensif bovin (ranching) et ovin.

5.2.2 Sylviculture et pêche

Aux ressources agricoles s’ajoute un puissant secteur sylvicole. Environ la quasi-totalité de la forêt américaine est exploitée. Les États-Unis sont les premiers producteurs mondiaux de bois (473 millions de m3 en 2006). La production concerne essentiellement les bois tendres (sapin de Douglas, pin jaune du Sud) ; elle est destinée à la construction (bois de charpente) et à la production de pâte à papier. Les principales régions sylvicoles sont les plaines côtières du Sud, la Nouvelle-Angleterre, les Appalaches, la région des Grands Lacs, les Rocheuses et les chaînes côtières du Pacifique.

Le secteur de la pêche est également très actif, avec une prise annuelle de 5 millions de tonnes en 2005, qui classe les États-Unis parmi les dix premiers pays du secteur au milieu des années 2000. Les espèces marines (mollusques, crustacés, poissons) constituent l’essentiel des prises. Les principales régions productrices sont l’Alaska (saumon, colin), le Massachusetts, la Louisiane, le Texas, le Maine et la Californie. La région de la Nouvelle-Angleterre est réputée pour ses crustacés (homards). L’ostréiculture (côte atlantique) et la pisciculture (truite, saumon) sont développées.

5.3 Exploitation minière et énergie

En 2005, le secteur secondaire employait 20,6 % de la population active et fournissait 22 % du PIB.

5.3.1 Ressources minières

Grâce à l’abondance de ses ressources minérales, les États-Unis sont l’une des principales puissances minières du monde. Leur exploitation fournissait 1,3 % du PIB en 2004. Les principaux États producteurs sont le Texas, la Louisiane, l’Alaska, l’Oklahoma et la Californie.

Les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon, uranium) sont les premières productions en valeur. Les États-Unis occupent au milieu des années 2000 le 2e rang mondial pour la production de charbon (1 055 millions de tonnes en 2006). Premier exportateur mondial de charbon, les États-Unis possèdent un quart des réserves planétaires. Le charbon est extrait principalement dans les Appalaches (près de Kentucky et de Pittsburgh) et dans le bassin du lac Michigan (Illinois, Indiana). Les plateaux de l’Ouest et les montagnes Rocheuses possèdent d’importantes réserves. Le charbon fournit environ la moitié de l’électricité du pays au milieu des années 2000.

Les États-Unis comptent également parmi les premiers producteurs mondiaux de gaz naturel (549 milliards de m3 en 2006) et de pétrole (2 074 874 milliers de barils par an en 2004). Les principales régions productrices sont le golfe du Mexique (Texas, Louisiane), la Californie et l’Alaska (gisement de Prudhoe Bay). La distribution des produits pétroliers est assurée par l’un des plus grands réseaux mondiaux d’oléoducs et de gazoducs (plus d’un million de kilomètres), qui relie les zones productrices du Sud aux régions industrielles et urbaines du Nord-Est.

Le pays est également l’un des principaux producteurs d’uranium (Nouveau-Mexique, Texas, Wyoming, Utah), de minerai de fer (région du lac Supérieur, en particulier le Minnesota et le Michigan), de cuivre, de plomb, d’or (Nevada, Californie, Utah, Dakota du Sud), d’argent (Nevada, Idaho, Alaska, Montana), de molybdène (Colorado, Arizona, Idaho, Montana), de phosphates (Floride, Caroline du Nord, Idaho, Tennessee), de zinc, de bauxite, de soufre, de potasse (Nouveau-Mexique), de magnésium et de sel.

Malgré cette extraordinaire richesse minérale, les États-Unis ont triplé leurs importations de pétrole entre le début des années 1990 et le milieu des années 2000, confrontés à une augmentation continue de leur consommation (ils sont les premiers consommateurs au monde de pétrole), et à une baisse de leur production intérieure. Ils importent également du charbon, du gaz naturel et de nombreux autres minerais (aluminium, chrome, cobalt, magnésium, amiante, étain et tungstène…).

5.3.2 Énergie

Les États-Unis sont les premiers producteurs mondiaux d’électricité (3 892 milliards de kWh en 2003) : 2,4 % sont issus d’énergies renouvelables (géothermie, solaire ou éolien), 7,1 % sont d’origine hydraulique, 19,6 % d’origine nucléaire et 70,9 % d’origine thermique (statistiques de 2003). Grâce au formidable potentiel hydraulique du pays, l’eau des fleuves est mobilisée pour la production d’hydroélectricité dans le Nord-Est (Nouvelle-Angleterre, chutes du Niagara), dans les Appalaches, avec l’aménagement de la Fall Line, et de la vallée du Tennessee (Tennessee Valley Authority), dans les Hautes-Plaines (Missouri) et surtout dans l’Ouest, dans les bassins du Colorado et de la Columbia, équipés de grands barrages (barrage Hoover, barrage de Grand Coulee).

Les États-Unis consomment un peu moins du quart de l’énergie mondiale (22,5 % au milieu des années 2000, contre 25 % au milieu des années 1990, une diminution due à l’émergence de nouveaux grands acteurs énergétiques, tels que la Chine, l’Inde et le Brésil) et ils en produisent les deux tiers. Au milieu des années 2000, le pétrole fournit 40 % de l’énergie totale consommée à des fins industrielles ou domestiques, le charbon et le gaz naturel 23 % chacun, le nucléaire 8 % et les énergies renouvelables 6 %. Les États-Unis sont les premiers importateurs mondiaux d’hydrocarbures, d’où leur souci constant de diversifier et sécuriser leurs approvisionnements.

5.4 Industrie

En 2005, l’industrie américaine employait 20,6 % de la population active et fournissait 22 % du PIB.

Les points forts de l’industrie des États-Unis sont sa grande diversité, une capacité d’innovation remarquable et son avance technologique. Au début du xxie siècle, les États-Unis occupent les premières places mondiales dans de nombreuses branches industrielles : le pétrole (ExxonMobil, ChevronTexaco, ConocoPhillips), l’automobile (General Motors, Ford), les constructions aéronautiques (Lockheed Martin, United Technologies, Boeing, Textron) et électriques (General Electric), les biens de consommation (Philip Morris, Procter & Gamble, Conagra, Coca-Cola), la chimie-pharmacie (DuPont de Nemours, Dow Chemical) ou encore l’informatique (IBM, Hewlett-Packard Company, Apple Inc., Microsoft Corporation).

Malgré un déclin relatif à partir de la fin des années 1960, l’industrie reste un secteur clé de l’économie américaine. La sidérurgie et le textile ont été les plus affectés par la désindustrialisation, tandis que l’industrie automobile souffre de la concurrence, notamment japonaise, dans les années 2000. De plus en plus, l’industrie américaine évolue vers une spécialisation dans des activités de haute technologie. La puissance des grandes firmes américaines se maintient malgré une vive concurrence internationale, émanant principalement du Japon (téléviseurs, appareils hi-fi, photographie, motocycles, automobile), de l’Europe (armements, aéronautique, chimie) et des pays d’Asie extrême-orientale, notamment la Chine, la Corée du Sud, Taïwan et Hong Kong (jouets, plastique, textiles, etc.).

5.4.1 Régions industrielles

L’espace industriel des États-Unis a connu au cours de la seconde moitié du xxe siècle une importante évolution, caractérisée par le déclin relatif des vieilles régions industrielles du Nord-Est, cœur historique de la révolution industrielle, et par l’industrialisation rapide des États du Sud et de l’Ouest.

Cet étonnant retournement de la dynamique spatiale, qui caractérise aussi bien l’économie que la démographie, s’est accéléré à partir des années 1970, lorsque le Nord-Est industrialisé s’est trouvé confronté à une grave crise de ses industries de main-d’œuvre traditionnelles (sidérurgie, automobile, textile). Celles-ci ont perdu plusieurs millions d’emplois. Comprise entre les Grands Lacs et la Mégalopolis (quadrilatère Baltimore-Portland-Milwaukee-Saint-Louis), la Manufacturing Belt est victime d’une désindustrialisation notable. Appelée parfois la Rust Belt (« Ceinture de la rouille «), elle reste toutefois la première concentration industrielle du pays et conserve l’essentiel du pouvoir de commandements. Les cinq États les plus industrialisés y sont l’Ohio, l’Illinois, le Michigan, la Pennsylvanie et l’État de New York.

Les nouvelles grandes régions industrielles du pays sont constituées par la région d’Atlanta, le Texas, la région de Seattle et surtout la Californie. Le début de la croissance économique et urbaine des États de la Sunbelt date des années 1940 ; il résulte autant de la décision de l’État fédéral d’y implanter ses centres de recherche et ses usines d’armement que des mutations qui ont affecté la production industrielle (développement des industries de pointe, essor de la Silicon Valley) et la recherche d’une main-d’œuvre bon marché (Mexicains).

La concurrence internationale a entraîné la création et un développement rapide des maquiladoras dans les villes mexicaines situées le long de la frontière avec les États-Unis (Tijuana, Ciudad Juárez, Mexicali, Nuevo Laredo), considérées comme des zones de libre-échange. Sous l’initiative d’industriels américains, cherchant à réduire les coûts d’assemblage de leurs produits manufacturés, et à de grands fermiers mexicains désireux de rentabiliser leur domaine, ces usines de montage emploient une main-d’œuvre mexicaine à bon marché. Les maquiladoras mexicaines attirent de plus en plus de multinationales étrangères, en particulier japonaises.

L’extraordinaire dynamisme de l’aire Pacifique, qui constitue aujourd’hui le cœur de l’activité économique mondiale, joue aujourd’hui en faveur de la façade ouest des États-Unis. Grâce à leur situation très favorable, la Californie et les autres États du Pacifique (Oregon, Washington, Hawaii, Alaska) apparaissent les mieux placés pour affronter la compétition industrielle internationale au sein des États-Unis. La Californie, État le plus peuplé et premier État exportateur du pays, a un PIB au début des années 2000 qui représente près de 14 % de celui des États-Unis (ce qui en ferait la cinquième puissance économique mondiale si elle était une nation indépendante).

5.4.2 Agroalimentaire et textile

L’industrie agroalimentaire américaine est puissante et diversifiée, à l’image des productions agricoles : produits laitiers dans la région des Grands Lacs et en Nouvelle-Angleterre, industries de la viande et minoteries dans les Grandes Plaines, conserveries de fruits et légumes dans la plaine côtière atlantique et en Californie, raffineries de sucre, brasseries dans la région des Grands Lacs et dans le Kentucky (bourbon), viticulture en Californie. C’est un secteur très concentré qui comprend des géants de l’agroalimentaire mondial comme Kraft Foods, Coca-Cola Company, PepsiCo et les leaders de la restauration rapide que sont McDonald’s et Burger King. Les États-Unis sont, avec l’Union européenne, les premiers exportateurs mondiaux de produits agroalimentaires, avec un peu plus de 10 % du commerce mondial au milieu des années 2000.

L’industrie textile (confection, fibres, textiles), activité traditionnelle en Nouvelle-Angleterre et en Pennsylvanie, a fortement régressé, de même que l’industrie cotonnière localisée dans le Sud (Géorgie, Caroline du Nord, Caroline du Sud). Industrie de main-d’œuvre, elle emploie des travailleurs souvent peu qualifiés et sous-payés (femmes, minorités ethniques). La balance commerciale est déficitaire en raison de l’importance des importations de produits textiles (confection, bonneterie) en provenance des pays asiatiques notamment. Cette concurrence a entraîné la fermeture de nombreuses usines et des suppressions massives d’emplois, déclin renforcé par la suppression en 2005 des quotas d’importation qui protégeaient l’industrie nationale depuis 1974, libéralisant la totalité des échanges textiles mondiaux.

5.4.3 Métallurgie et industrie automobile

Les États-Unis sont l’un des principaux producteurs mondiaux d’acier brut avec une production d’environ 100 millions de tonnes au milieu des années 2000. Parmi les industries métallurgiques, la sidérurgie reste un secteur important malgré son déclin. Elle subit une concurrence accrue des entreprises chinoises et japonaises. Cependant, grâce à d’importants efforts de restructuration, la sidérurgie américaine a retrouvé une forte productivité.

D’abord localisée aux pieds des Appalaches (gisements de charbon) et sur les rives des Grands Lacs (minerai de fer de la région du lac Supérieur et du Canada), elle a commencé à se rapprocher du littoral dans les années 1950-1960, vers les ports d’importation de minerai de fer (Philadelphie, Baltimore, Houston). Toutefois, l’essentiel de la production est toujours issu de la région des Grands Lacs (Pennsylvanie, Illinois, Indiana, Ohio, Michigan), les centres les plus actifs étant Pittsburgh (Pennsylvanie) et Chicago-Gary (Illinois, Indiana). D’autres noyaux sidérurgiques sont situés au sud des Appalaches (Birmingham), au Texas (Houston), en Californie, dans les Rocheuses (mini-mills).

Les États-Unis possèdent également une puissante industrie de l’aluminium (2,52 millions de tonnes en 2004). Ce secteur est dominé par la société Alcoa. Les États-Unis importent le minerai brut (bauxite) d’Amérique latine, d’Afrique et d’Australie. Les usines sont installées dans les ports d’importation de matières premières (golfe du Mexique, Texas) et dans les régions productrices d’hydroélectricité (vallée du Tennessee, vallée de la Columbia).

L’industrie automobile américaine, longtemps la première du monde, est fortement concurrencée par les constructeurs japonais depuis les années 1980. Trois firmes (les « Majors «) assurent la quasi-totalité de la production américaine : General Motors, deuxième entreprise mondiale derrière le japonais Toyota devenu numéro 1 en 2007, Ford, à la troisième place mondiale, et Chrysler, qui a fait partie entre 1998 et 2007 du groupe allemand Daimler-Benz. L’importance des principaux constructeurs étrangers aux États-Unis, notamment les firmes japonaises Nissan et Toyota, va croissante (11 usines de constructeurs étrangers en 1993, 28 en 2007). Encore concentrée dans l’État du Michigan et surtout à Detroit, l’industrie automobile a essaimé dans d’autres villes des Grands Lacs (Cleveland, Toledo, Buffalo, Chicago) et plus au sud (Indianapolis, Cincinnati, Saint-Louis). Des usines de montage existent également dans les grands centres urbains de l’Est et du Sud (Dallas, Atlanta, Memphis, Californie). Les constructeurs étrangers sont concentrés dans les États du sud (Alabama, Mississipi, Caroline du Sud, Tennessee et Texas). Frappée par plusieurs grandes crises, notamment en 1974-1975 et en 1980-1982, l’industrie automobile américaine n’a pu se redresser qu’au prix d’une reconversion profonde de son appareil de production. Les années 2000 sont à nouveau toutefois synonymes de crise dans un contexte marqué par une concurrence étrangère toujours plus vive (les ventes de Ford ont ainsi chuté de 20 % en cinq ans entre 2001 et 2006, année où la suppression de 38 000 emplois a été annoncée, tandis que General Motors a annoncé la suppression de 30 000 emplois en 2005) et par l’accroissement des coûts sociaux que doivent payer les constructeurs (couverture maladie et retraites des employés). En juillet 2007, pour la toute première fois, plus de la moitié du marché intérieur (51,9 %) des véhicules légers, y compris les véhicules de sport, a été occupé par les ventes des constructeurs étrangers.

5.4.4 Industrie chimique

Les États-Unis possèdent une puissante industrie chimique, avec des firmes comme DuPont de Nemours, Dow Chemical et sa filiale Union Carbide, Monsanto et les grandes firmes pétrolières (ExxonMobil, etc.). En aval de la chimie lourde, on trouve des firmes plus spécialisées, comme Eastman Kodak (matériel photographique), ou encore les fabricants de caoutchouc synthétique et de pneumatiques (Goodyear et Firestone, racheté par le Japonais Bridgestone en 1988). La chimie minérale fournit la soude, l’acide sulfurique, les engrais. La chimie organique, productrice de caoutchouc synthétique, est la plus importante ; elle repose sur la carbochimie (nord du bassin des Appalaches) et sur la pétrochimie (Louisiane, Texas, Chicago, Toledo, New York).

5.4.5 Industries de pointe

Les États-Unis se caractérisent par le dynamisme des industries de pointe (informatique, électronique, biotechnologies, robotique, etc.). Employant une main-d’œuvre hautement qualifiée et utilisant des technologies très sophistiquées, elles constituent l’un des secteurs à plus forte croissance de l’économie américaine. Elles sont concentrées dans des technopoles à proximité des grandes villes, des campus universitaires et des grands aéroports (hubs) : Boston (route 128, route 495), Philadelphie (route 202), Portland (Sunset Corridor), San Francisco (Silicon Valley, université Stanford), Caroline du Nord (Triangle d’or), New Jersey (Route 1, Zip Strip, université de Princeton), Texas (complexe micro-électronique d’Austin), etc.

Les industries électriques et électroniques sont particulièrement importantes. Les États-Unis ont été les initiateurs de la « révolution électronique «. Celle-ci bouleverse le monde depuis l’invention du transistor (1948), la fabrication des premiers micro-ordinateurs (1964) et la mise au point du microprocesseur (1971), qui a miniaturisé l’ordinateur et multiplié les applications de l’informatique. Confrontée à la concurrence du Japon dans les années 1980, l’industrie électrique et électronique américaine a su rebondir dans les années 1990. Confrontée à partir des années 2000 à la concurrence chinoise, elle demeure toutefois la plus puissante du monde et fournit une gamme très étendue de produits : semi-conducteurs (Intel Corporation, IBM, Motorola) ; armements très sophistiqués (missiles, radars, instruments de guidage) ; biens d’équipement (matériel informatique, supercalculateurs, ordinateurs, micro-ordinateurs, robots industriels) et biens de consommation grand public (calculatrices, téléviseurs, hi-fi, etc.). Elle est dominée par de grandes firmes comme IBM, numéro un mondial de l’informatique, Microsoft Corporation, Apple Inc., Hewlett-Packard Company Intel Corporation ou Texas Instruments. Elle se concentre dans le Nord-Est (New York, siège d’IBM, le Connecticut, le Massachusetts, Detroit). Toutefois, c’est dans le Sud et l’Ouest qu’elle connaît le taux d’expansion le plus élevé (Californie, Texas).

Les États-Unis figurent également au premier rang mondial pour les industries aérospatiales. Ils dominent le secteur de l’aéronautique avec la firme Boeing, l’un des premiers avionneurs mondiaux aux côtés d’Airbus, installé dans la région de Seattle.

L’industrie aérospatiale est plus dispersée. Associée à l’électronique, ses principaux centres sont situés dans le Sud (Alabama, Texas, Virginie, Louisiane, Floride) et dans l’Ouest (Californie, Nevada). Depuis le lancement du programme spatial Apollo, en 1961, en riposte au défi soviétique, les États-Unis se sont lancés dans la conquête de l’espace (programme Skylab, navettes spatiales). Le rôle de l’État a été et reste déterminant dans ce secteur. Agence fédérale, la NASA est le maître d’œuvre des programmes spatiaux dont elle assure le financement. Les États-Unis ont aujourd’hui perdu le monopole des lanceurs de satellites, à la suite de la concurrence de l’Europe (fusée Ariane), de la Russie, mais aussi de la Chine et du Japon.

Grande puissance militaire, les États-Unis possèdent également un très important secteur de l’armement, résultat de la course aux armements classiques et nucléaires lancée durant la guerre froide, face à l’URSS. Les dépenses militaires engagées par l’État sont en baisse mais restent considérables. Elles jouent un rôle déterminant dans l’économie et dans le commerce extérieur (exportations d’armes). Les industries de l’armement sont assez dispersées. Les firmes travaillent en étroite coopération avec le ministère de la Défense, dans le cadre d’un véritable « complexe militaro-industriel «, qui, depuis 1940, représente une des composantes de base de l’économie du pays.

5.5 Secteur tertiaire

L’économie américaine connaît, depuis la seconde moitié du xxe siècle, une tertiarisation croissante de ses activités. On parle aujourd’hui d’économie et de société postindustrielles, dominées par les services et les activités de consommation destinés à satisfaire les besoins d’une population à revenus élevés. Ce modèle caractérise les pays riches les plus développés. Ainsi, en 2005, 77,8 % de la population active était employée dans les activités de services : fonction publique, services administratifs et financiers des entreprises, défense, recherche, commerces et grande distribution, transports et communications, tourisme et loisirs, banques, culture, activités juridiques et paramédicales, services à domicile, etc. En 2004, 76,7 % du PIB étaient réalisés par le secteur tertiaire.

5.5.1 Transports

Le développement des infrastructures de transport a été une étape fondamentale du développement des États-Unis. Les voies navigables naturelles, ainsi que de vagues pistes, ont constitué les premières voies de circulation. Au cours de la première moitié du xviiie siècle, de nombreux canaux ont été construits pour relier les Grands Lacs et les fleuves navigables de l’est des États-Unis. Les chemins de fer à vapeur ont commencé à circuler à partir de 1829. La première voie ferrée transcontinentale a été construite entre 1862 et 1869 par les sociétés Union Pacific et Central Pacific, avec l’aide du gouvernement fédéral. Les transcontinentaux ont été le principal moyen de transport utilisé par les colons européens partant pour l’Ouest à la fin du xixe siècle. Le réseau ferré s’étend aujourd’hui sur 228 999 km (2005).

L’automobile et les routes se sont développées dans la première moitié du xxe siècle. Le réseau routier des États-Unis est de loin le premier du monde (6,4 millions de kilomètres en 2004, devant l’Inde qui dispose d’un réseau de 3,4 millions de kilomètres). En 1956, le gouvernement fédéral a lancé un vaste programme autoroutier, le National Interstate Highway System. Le pays compte aujourd’hui 6 430 351 km d’autoroutes. Il possède le premier parc automobile du monde (808 voitures pour 1 000 habitants en 2004)

Le transport aérien s’est développé après la Première Guerre mondiale, mais ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que l’avion est devenu l’un des principaux modes de transport. Depuis les années 1960, l’essentiel des relations interurbaines est assuré par un réseau complexe de lignes aériennes qui, depuis la déréglementation, proposent des tarifs concurrentiels. Cet essor des transports aériens a entraîné la création de gigantesques aéroports ou hubs (Chicago-O’Hare International Airport, Dallas-Fort Worth, John F. Kennedy International Airport et La Guardia Airport, à New York, Hartsfield International Airport à Atlanta). Ainsi, 5 des 10 premiers complexes aéroportuaires mondiaux se trouvaient aux États-Unis en 2006, année où l’aéroport d’Atlanta détenait le plus fort trafic aérien de passagers du monde, devant celui de Chicago.

Les transports par voies d’eau (40 000 km environ), notamment par les Grands Lacs et la voie maritime du Saint-Laurent (ouverte en 1959), par l’ensemble Mississippi-Ohio et par les grands canaux du Nord-Est, jouent un rôle de premier plan. Le trafic est particulièrement intense sur les Grands Lacs, véritable mer intérieure, reliés par plusieurs canaux, notamment le canal Érié (construit en 1825, long de 547 km) et le canal de Sault-Sainte-Marie. Le long des côtes du golfe du Mexique, les lagunes isolées en arrière des cordons littoraux ont été aménagées pour former une grande voie navigable, la Gulf Intracoastal Waterway. Celle-ci longe le littoral depuis le Texas jusqu’en Floride et joue un rôle économique important. Les plus grands ports fluviaux et maritimes sont, par tonnage décroissant au milieu des années 2000, South Louisiana (Louisiane), Houston (Texas), New York/New Jersey, Huntington (Virgine-Occidentale), Long Beach (Californie), Beaumont (Texas), Corpus Christi (Texas), Nouvelle-Orléans (Louisiane), Texas City (Texas) et Baton Rouge (Louisiane),

5.5.2 Secteur financier

La monnaie américaine est le dollar US (divisible en 100 cents). La suprématie monétaire des États-Unis s’appuie sur l’hégémonie du dollar dans le monde. Une grande partie des règlements internationaux s’effectue dans cette devise. La Réserve fédérale est la banque centrale du pays. Toutes les banques nationales lui sont affiliées. Citigroup apparaît au milieu des années 2000 comme la première banque mondiale (voir aussi banque ; finance ; monnaie). Les États-Unis possèdent, avec New York, la première place financière et commerciale de la planète, soumise à une concurrence croissante des places financières asiatiques. La Bourse de New York (Wall Street) reste la première du monde, tandis que Chicago s’impose comme l’un des centres internationaux des marchés à terme.

5.5.3 Télécommunications

Les États-Unis possèdent un réseau de médias et de télécommunications parmi les plus développés au monde. Sept compagnies régionales sont nées, en 1984, du démantèlement du géant des télécommunications américaines, l’American Telephone and Telegraph (ATT) qui, grâce à une concession de service public, jouissait d’un quasi-monopole. Au milieu des années 2000, ce secteur connaît une croissance soutenue (9,3 % en 2006) marquée par l’envolée des communications mobiles, désormais supérieures aux communications fixes et par une progression constante des lignes à haut débit et des réseaux en fibre optique (voir Internet).

5.5.4 Tourisme

Le tourisme constitue l’une des activités de services les plus importantes aux États-Unis, qui se classent à la troisième place des pays les plus touristiques au milieu des années 2000. Ce secteur emploie 7,3 millions de personnes (2007). En 2006, les recettes touristiques se sont élevées à 72 milliards de dollars. Bénéficiant d’un patrimoine naturel et culturel remarquable, les États-Unis ont investi dans de très importants aménagements touristiques (stations de sports d’hiver, stations balnéaires, parcs d’attractions, etc.). Le loisir organisé y est particulièrement développé. Le tourisme draine une clientèle considérable américaine et 50 millions d’étrangers par an au milieu des années 2000 (en provenance du Canada, du Mexique, d’Europe occidentale, du Japon et des Caraïbes notamment). Il constitue l’un des piliers de l’économie de la Californie, du Nevada, de la Floride ou encore d’Hawaii. Les principales destinations touristiques sont New York, la Californie, la Floride, le Nevada (Las Vegas) et les grands parcs nationaux des montagnes Rocheuses et des Appalaches (Great Smoky Mountains, Zion Canyon, Monument Valley, Mesa Verde, Grand Canyon, Yellowstone). Disneyworld (Floride) et Disneyland (Californie) sont les parcs d’attractions les plus célèbres des États-Unis.

5.5.5 Industrie cinématographique

Les États-Unis jouissent d’une véritable hégémonie dans le domaine de la production cinématographique et télévisuelle. Spécialisée dans la réalisation de films grand public, de superproductions et de séries télévisées bon marché, l’industrie cinématographique américaine s’exporte dans le monde entier. L’essentiel de la production est assuré par les grands réseaux télévisés (ABC, NBC, HBO, etc.) et, surtout, par quelques grands studios de cinéma (Hollywood), aux mains de groupes industriels puissants (les Majors) : Metro Goldwyn Mayer (MGM), Paramount Pictures (rachetée par Viacom), Columbia (rachetée par le japonais Sony en 1989), Warner Bros (WB, aujourd’hui Time Warner), Buena Vista International, Twentieth Century Fox, etc. La suprématie américaine s’affirme également dans les secteurs de la publicité et les agences de presses (Associated Press, United Press).

5.6 Commerce extérieur

Les États-Unis sont l’une des premières nations commerciales du monde, apparaissant au milieu des années 2000 comme le premier importateur (plus de 15 % des importations mondiales en 2007) et le second exportateur (plus de 8 % des exportations mondiales), derrière l’Allemagne. Toutefois, le pays est victime d’un déficit chronique de sa balance commerciale, qui atteint des records au milieu des années 2000 (plus de 750 milliards de dollars en 2006 contre 170 milliards de dollars en 1995) et de sa balance des paiements.

Le montant total des exportations de marchandises, en 2004, s’élevait à 818 milliards de dollars. En 2004, les produits agricoles (riz, céréales, coton, soja, tabac) représentaient 2,4 % de la valeur des exportations et les produits manufacturés (machines, équipements de transport, textiles, produits chimiques, cigarettes), 81,7 %. Les principaux clients des États-Unis au milieu des années 2000 sont le Canada (23,4 %), le Mexique (13,3 %) et le Japon (8,5 %).

Le montant total des importations s’élevait en 2004 à 1 525 milliards de dollars. En 2004, les produits agricoles (produits tropicaux, caoutchouc naturel, sucre) représentaient 1,4 % de la valeur des importations, les carburants 14,2 %, et les produits manufacturés 74,4 %. Les principaux fournisseurs des États-Unis au milieu des années 2000 sont le Canada (16,9 %), la Chine (15 %) et le Mexique (10 %).

Les principaux partenaires commerciaux des États-Unis traduisent la dynamique de l’Alena, l’accord de libre-échange liant les États-Unis, le Canada et le Mexique depuis 1994 – la valeur des échanges entre les trois pays a triplé entre 1994 et 2006, passant de 300 à 900 milliards de dollars – et la montée en puissance de la Chine sur la scène commerciale mondiale.

6 HISTOIRE

Les États-Unis constituent un État jeune, né il y a un peu plus de deux siècles. La naissance de la nation américaine a été précédée d’une période coloniale de plus d’un siècle. Pour l’histoire du pays avant l’arrivée des colons européens, voir l’article Voir Amérindiens.

6.1 L'époque coloniale (du xvie siècle à 1775)
6.1.1 Les premières explorations du territoire

Les premiers navigateurs Européens qui, dans le sillage de Christophe Colomb, abordent les côtes du continent nord-américain sont les Vénitiens Jean Cabot et Sébastien Cabot (1497) ; voyageant au service d’Henri VII d’Angleterre, ils découvrent Terre-Neuve et explorent les côtes du Labrador et de la Nouvelle-Angleterre. L’Espagnol Juan Ponce de León découvre la Floride en 1513. Le Florentin Giovanni da Verrazano (1524), voyageant pour le compte de François Ier, explore les côtes atlantiques, de la Caroline du Sud au Maine ; puis le Français Jacques Cartier (1534) découvre l’estuaire du Saint-Laurent (aujourd’hui au Canada). Tous sont à la recherche d’une route maritime septentrionale vers les Indes et la Chine.

Les premiers explorateurs européens (Robert Cavelier de La Salle, sir Walter Raleigh, Hernando de Soto) qui pénètrent, aux xvie et xviie siècles, sur le territoire américain, rencontrent une population autochtone peu nombreuse. Estimée à quelques millions d’individus, elle est probablement venue d’Asie, par le détroit de Béring, quarante mille ans plus tôt (voir Amérindiens). Le contact avec les Européens provoque chez la population amérindienne un désastre démographique (choc microbien) et culturel (spoliation des terres, alcoolisme, destruction des cultures indigènes). Les maladies venues d’Europe (grippe, typhus, rougeole, etc.) et les guerres déciment jusqu’à 95 % d’entre eux.

6.1.2 Les débuts de la colonisation européenne

La colonisation de l’Amérique du Nord par les Européens commence dès la fin du xvie siècle. Au cours des xviie et xviiie siècles, elle est menée essentiellement par trois pays : l’Espagne, la France et l’Angleterre. La première implantation européenne permanente date de 1565, avec la fondation de Saint-Augustine (Floride) par les Espagnols. Ceux-ci étendent leur domination sur les territoires actuels de la Floride, du Texas, de la Californie, puis sur une grande partie de l’ouest des États-Unis. Les Français commencent par s’installer au Canada (fondation de la ville de Québec par Samuel de Champlain, en 1608) puis fondent la vaste colonie de la Louisiane (début xviiie siècle), englobant la région des Grands Lacs et toute la vallée du Mississippi (voyages de Jacques Marquette et de Louis Jolliet en 1673 ; voyages de Robert Cavelier de La Salle, 1669-1682). Les Anglais, quant à eux, colonisent les régions de la côte atlantique, qui doivent devenir, ultérieurement, le noyau politique et culturel des États-Unis.

6.1.3 La mainmise anglaise

En 1607, la fondation de Jamestown (en Virginie) inaugure la colonisation anglaise. C’est une colonisation de peuplement, menée par des émigrants persécutés dans leur pays pour leurs convictions religieuses ou politiques, notamment des séparatistes anglais, secte dissidente de l’Église anglicane. En 1620, les Pères Pèlerins, dissidents religieux adeptes du puritanisme, arrivent à bord du Mayflower dans la baie de Plymouth et fondent la colonie de Plymouth (future colonie de la baie du Massachusetts).

L’émigration puritaine continue jusqu’en 1642, entraînant la création des autres colonies de la Nouvelle-Angleterre (colonies septentrionales) : le New Hampshire (1629), Rhode Island (1644) et le Connecticut (1662). Ces colonies développent une société souvent théocratique et intolérante, reposant sur une vie spirituelle très riche (fondation de l’université Harvard, en 1636).

Situées plus au sud, les colonies méridionales — constituées de la Virginie (1607), du Maryland (1632), de la Caroline du Nord et de la Caroline du Sud (1663) ainsi que de la Géorgie (1732) — développent une structure politico-religieuse et socio-économique très différente des colonies du Nord. Essentiellement agricoles, elles reposent sur une économie de plantation (tabac, coton) qui exige une main-d’œuvre abondante. Le commerce triangulaire commence dès 1620 et se poursuit durant tout le xviie siècle. Une société esclavagiste se constitue ainsi, au profit des seuls grands propriétaires, restés fidèles à l’anglicanisme. Les deux groupes de colonies anglaises restent longtemps étrangers l’un à l’autre.

Dans la seconde moitié du xviie siècle se constituent les colonies du Centre. À la suite des explorations menées en 1609-1610 par Henry Hudson, navigateur anglais au service de la Compagnie des Indes orientales, les Hollandais s’implantent en 1613-1614 à l’embouchure de l’Hudson (actuelle baie de New York), où ils fondent la colonie de la Nouvelle-Hollande. Sa capitale, La Nouvelle-Amsterdam (aujourd’hui New York), est fondée en 1625 par Peter Minuit, dans l’île de Manhattan. En 1655, les Hollandais annexent la colonie suédoise du Delaware (créée en 1638). Puis, en 1664, les colonies hollandaises d’Amérique du Nord passent sous domination anglaise. De cette annexion naissent les colonies de New York, du New Jersey et du Delaware (1664). La Pennsylvanie est fondée un peu plus tard, en 1681, par le quaker William Penn.

Les colonies anglaises bénéficient dès le début d’une grande autonomie vis-à-vis de la métropole. Attribuées en pleine propriété à des particuliers par charte royale (chartes de propriété), ces colonies propriétaires possèdent chacune un gouvernement et une assemblée. Il s’y institue très tôt des pratiques démocratiques. À l’exception de la Géorgie, qui fait l’objet d’une charte en 1732, toutes les colonies anglaises d’Amérique du Nord sont fondées avant la fin du xviie siècle.

6.1.4 La colonisation française

Les Français, de leur côté, délaissant les régions de la côte atlantique, pénètrent à l’intérieur du continent nord-américain en remontant le Saint-Laurent. Depuis la ville de Québec, ils étendent leur autorité sur un immense territoire, dans les Grandes Plaines centrales, qu’ils appellent Louisiane en l’honneur du roi Louis XIV. Mais la rivalité coloniale franco-anglaise débouche rapidement, en Amérique du Nord, sur une succession de guerres. Contrairement à la colonisation anglaise, l’immigration française, trop limitée, ne permet pas à la France d’assurer un contrôle réel et une défense efficace de son empire colonial. Après avoir perdu l’Acadie à l’issue du traité d’Utrecht (1713), la France abandonne toutes ses possessions américaines lors du traité de Paris (1763), qui met fin à la guerre de Sept Ans (1754-1763). La Louisiane occidentale, à l’ouest du Mississippi, est cédée en compensation à l’Espagne, alliée de la France (qui la récupère en 1800). La Louisiane orientale, à l’est du Mississippi, ainsi que toutes les possessions françaises canadiennes reviennent au Royaume-Uni.

6.1.5 Le renforcement du pouvoir britannique

Dès la seconde moitié du xviie siècle, l’autorité royale britannique renforce son emprise sur ses colonies américaines, par l’intermédiaire des gouverneurs royaux. Après l’élimination de la présence française en Amérique du Nord, Londres raidit encore son attitude en réclamant à ses treize colonies une contribution financière pour amortir les dépenses de la guerre de Sept Ans. Mais les colonies britanniques, habituées à une certaine indépendance (assemblées politiques élues, vote des budgets), refusent les charges fiscales imposées par la métropole. Le Stamp Act de 1765 suscite une vive indignation parmi les colons américains et provoque des émeutes (Virginie, New York, Massachusetts). Des sociétés secrètes de patriotes (« les Fils de la liberté «) se constituent. Le mouvement de protestation colonial culmine, en octobre 1765, lors du congrès contre le Stamp Act. Cette loi est finalement révoquée par le Parlement en 1766.

Désireuse d’établir un commerce reposant sur le principe de l’exclusif colonial, la métropole tente, en 1767, d’imposer à ses colonies les lois Townshend qui taxent lourdement les importations, notamment celles du thé.

La résistance coloniale est à nouveau très vive. Elle prend la forme d’un boycottage des produits britanniques par les colons. La réaction énergique des Britanniques (voir massacre de Boston, 5 mars 1770) marque la rupture définitive entre le Royaume-Uni et ses colonies. Les taxes Townshend sont annulées. En 1773, le monopole de la vente du thé en Amérique est accordé par le Parlement britannique à la Compagnie britannique des Indes orientales. Cette décision déclenche une nouvelle crise. Les cargaisons de thé des navires de la Compagnie des Indes sont détruites par les habitants de Boston, alors le grand port de la Nouvelle-Angleterre (voir Tea Party de Boston, 16 décembre 1773). Par mesure de rétorsion, le Parlement britannique vote les lois intolérables (« Intolerable Acts «, 1774) à l’encontre du Massachusetts : fermeture du port de Boston et suppression des libertés du Massachusetts.

L’unité des treize colonies américaines se réalise dans leur opposition commune à la politique du gouvernement britannique : en septembre 1774, sur l’initiative de Benjamin Franklin, elles se réunissent à Philadelphie en un premier Congrès continental (5 septembre-26 octobre 1774).

6.2 La révolution américaine et la naissance d’une nation (de 1775 au milieu du xixe siècle)
6.2.1 La guerre de l’Indépendance (1775-1783)

La fusillade de Lexington (19 avril 1775) contre des patriotes précipite la rébellion. Lors du second Congrès continental, qui se tient à Philadelphie à partir du 10 mai 1775, les colonies américaines affirment leur volonté commune de résister à l’agression britannique par des moyens militaires. Le Congrès décide d’assumer le pouvoir exécutif sur les colonies et de créer une armée continentale, dont George Washington reçoit le commandement.

La guerre de l’Indépendance américaine (1775-1783) entre les Britanniques et les treize colonies insurgées (Massachusetts, New Hampshire, Connecticut, Rhode Island, New York, New Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie, Caroline du Sud, Caroline du Nord et Géorgie) débute le 17 juin 1775, avec la bataille de Bunker Hill. Le 4 juillet 1776, les colonies américaines adoptent la Déclaration d’Indépendance, rédigée par Thomas Jefferson puis, le 15 novembre 1777, les Articles de la Confédération. Cependant, les colons sont loin d’être tous solidaires : les « loyalistes «, fidèles à la métropole, se rangent du côté des Britanniques avant de fuir au Canada. Nombreux sont ceux qui restent neutres.

Sur le plan militaire, l’armée américaine, essentiellement formée de volontaires, est nettement inférieure à l’armée britannique, renforcée de 20 000 mercenaires allemands. Battu à la bataille de Long Island, en août 1776, George Washington est contraint d’abandonner New York aux Britanniques. C’est ensuite le tour de Philadelphie, un an plus tard, en septembre 1777. La première victoire américaine est la bataille de Saratoga, le 17 octobre 1777. Celle-ci marque un tournant dans la guerre de l’Indépendance. La France voit dans l’insurrection américaine l’occasion d’une revanche sur le Royaume-Uni. En janvier 1778, les généraux La Fayette et Rochambeau prennent le commandement d’un corps expéditionnaire français envoyé en Amérique afin de soutenir militairement les révolutionnaires américains. La capitulation des Britanniques à Yorktown, le 19 octobre 1781, est décisive et consacre la victoire des Américains. L’indépendance des États-Unis est officiellement reconnue par le Royaume-Uni, à l’issue des traités de Paris et de Versailles (3 septembre 1783) qui leur attribuent, en outre, la possession des territoires compris entre l’Atlantique et le Mississippi, depuis les Grands Lacs, au nord, jusqu’à la Floride espagnole (voir Territoire du Nord-Ouest).

Les relations entre Américains et Britanniques restent longtemps tendues, en raison de la controverse concernant l’établissement de la frontière politique avec le Canada (voir conflit sur les frontières du Nord-Est ; conflit sur les frontières du Nord-Ouest).

6.2.2 La mise en place des institutions

La nouvelle nation américaine se trouve rapidement dans une situation politique et économique difficile. Le gouvernement fédéral ne détient alors qu’une faible autorité. La nécessité d’établir un gouvernement central s’impose bientôt dans les esprits. Une Convention constitutionnelle se réunit sous la présidence de George Washington (1789-1797).

Une nouvelle Constitution des États-Unis, inspirée par James Madison, Alexander Hamilton et James Wilson, est adoptée le 17 septembre 1787. Ménageant le souci d’indépendance des treize États, elle met en place un pouvoir fédéral compétent dans les domaines du commerce extérieur, de la défense et de la politique extérieure, ainsi que dans le domaine des relations entre les États fédérés. Afin que les grands États ne dominent pas les petits, il est décidé d’une représentation égale au Sénat (deux sièges par État) et proportionnelle à la Chambre des représentants. La séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) est instituée. La nouvelle Constitution est, dès 1788, signée par onze États ; la Caroline du Nord ne la ratifie qu’en novembre 1789 et Rhode Island en mai 1790. Le 4 mars 1789, le premier Congrès des États-Unis se réunit à New York. Le 30 avril, George Washington devient le premier président des États-Unis. En 1791 sont adoptés les dix premiers amendements de la Constitution des États-Unis (voir aussi Déclaration des droits).

6.2.3 L’organisation de la vie politique

Deux partis politiques se développent sous la présidence de George Washington : les fédéralistes et les républicains.

Les fédéralistes, représentés par George Washington et Alexander Hamilton, sont favorables au renforcement du pouvoir fédéral. Soutenus par les industriels et les milieux d’affaires du Nord, ils restent au pouvoir jusqu’en 1801, avec John Adams (1797-1801), successeur de Washington. Les présidences fédéralistes sont marquées par des troubles intérieurs (révolte du Whisky, 1794) et par une opposition violente avec les républicains (lois sur la sédition et les étrangers).

Pour leur part hostiles à toute ingérence excessive du pouvoir central, les démocrates-républicains sont favorables à une limitation stricte des pouvoirs fédéraux. Ils reçoivent le soutien des petits propriétaires terriens du Sud et de l’Ouest. Les démocrates-républicains accèdent au pouvoir avec Thomas Jefferson (1801-1809) et s’y maintiennent sous ses successeurs James Madison (1809-1817) et James Monroe (1817-1825). Ce dernier, en affirmant son opposition à toute intervention européenne dans les affaires du continent américain (doctrine de Monroe, 1823), définit les principes de la politique étrangère des États-Unis jusqu’au xxe siècle (voir isolationnisme). Sous l’influence d’Andrew Jackson et de son second (John C. Calhoun), ils deviennent, à partir de 1828-1830, le Parti démocrate.

6.2.4 L’expansion territoriale

Les deux partis pratiquent la même politique d’expansion territoriale et de développement économique par la colonisation progressive des terres, l’achat de territoires (Louisiane, Floride) ou l’usage de la force (Californie). Cantonnée en 1783 à la seule façade atlantique, la jeune nation se lance dans la colonisation de l’Ouest et étend rapidement son territoire, avec la formation de nouveaux États : Ohio (1803), Kentucky (1792), Tennessee (1796), Vermont (1791). En 1803, les États-Unis doublent leur superficie grâce à l’acquisition de la Louisiane occidentale, vendue par la France pour un montant de 15 millions de dollars. Quatorze États, dont la Louisiane (1812), l’Indiana (1816), le Mississippi (1817), l’Illinois (1818) et l’Alabama (1819), sont alors créés.

Les États-Unis optent pour la neutralité dans les guerres opposant Napoléon Ier au Royaume-Uni (voir guerres napoléoniennes). Mais l’obstination du gouvernement britannique à vouloir interdire tout commerce entre les États-Unis et la France provoque la guerre de 1812 (1812-1814, également appelée seconde guerre de l’Indépendance américaine), qui s’achève par le traité de Gand (décembre 1814), ratifié par le Sénat américain le 16 février 1815. Ce conflit crée un fort sentiment nationaliste aux États-Unis et met fin à la prépondérance européenne sur les affaires politiques américaines. Après avoir étendu leur domination sur la Floride, cédée par l’Espagne en 1819, les États-Unis se lancent dans la conquête de l’Ouest.

Dès 1804, une expédition américaine, dirigée par Meriwether Lewis et William Clark (voir expédition Lewis et Clark), remonte les affluents occidentaux du Mississippi et atteint la Columbia, qu’elle descend jusqu’à son embouchure sur la côte pacifique. Les États-Unis et le Royaume-Uni revendiquent tous deux la possession du vaste territoire de l’Oregon (actuels États de l’Oregon, de Washington et de l’Idaho). À l’issue d’une longue polémique, le traité du 15 juin 1846 attribue finalement l’Oregon aux États-Unis et fixe définitivement la frontière avec le Canada, de l’ouest des Rocheuses jusqu’au Pacifique, sur le 49e parallèle. Le pays s’étend désormais de l’Atlantique au Pacifique.

Dans le même temps, la colonisation progresse dans le Sud-Ouest. Fondée par des colons américains en 1835-1836 à l’issue d’une révolte victorieuse contre le Mexique, la république du Texas est annexée par les États-Unis en 1845. Cette annexion suscite la colère du Mexique, qui n’a jamais accepté l’indépendance du Texas. Un raid américain en territoire mexicain, mené par le général Zachary Taylor, déclenche la guerre avec le Mexique (1846-1848, connue sous le nom de guerre américano-mexicaine). Celle-ci s’achève par la victoire des États-Unis et le traité de Guadalupe Hidalgo (2 février 1848). Le Mexique doit abandonner aux États-Unis le Texas, la Californie ainsi que les territoires de l’Utah, du Nevada, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. La frontière entre le Texas et le Mexique est établie sur le Rio Grande.

En 1853, l’achat au Mexique d’une bande de territoire, au sud de l’Arizona, fixe définitivement la frontière américano-mexicaine (convention de Gadsden). Cette acquisition met fin à l’expansion des États-Unis vers l’ouest. Composé désormais de 31 États, le pays a triplé sa superficie depuis 1789. Durant toute cette période, les Amérindiens ont été refoulés à l’ouest du Mississippi. Mais, après la guerre de Sécession (1861-1865), ils sont victimes d’une extermination (voir guerres indiennes), et les survivants concentrés dans des réserves.

Le gouvernement américain encourage la colonisation des terres nouvelles (Homestead Laws). Celles-ci sont cadastrées, découpées en parcelles égales et vendues à bas prix. L’Ouest devient alors un rêve pour les Américains et suscite un vaste mouvement de migration (« ruée vers l’or « de Californie, en 1849), facilité par le développement des moyens de transports (routes, chemins de fer). La mise en valeur de ces terres lointaines s’accélère avec le rapide accroissement de la main-d’œuvre et les facilités de crédit.

En effet, la population américaine (4 millions d’habitants en 1789, 9,6 millions en 1820) ne cesse de croître avec l’immigration européenne. Près de 200 000 nouveaux immigrants (Irlandais, Allemands) arrivent chaque année entre 1820 et 1850. Parallèlement, les moyens de communications se développent rapidement avec l’ouverture au trafic du canal de l’Érié (1825), et la construction de la première ligne de chemin de fer (1829). En 1840, plus de 4 000 km de voies ferrées sont déjà en exploitation.

6.3 La question de l’esclavage et la sécession (dans les années 1860)
6.3.1 Le clivage Nord-Sud

En 1829, Andrew Jackson (1829-1837), soutenu par le nouveau Parti démocrate, succède au républicain John Quincy Adams (1825-1829) à la présidence des États-Unis. Entre 1834 et 1836, les adversaires du Parti démocrate se regroupent pour constituer le parti Whig. De 1840 à 1865, le débat politique est dominé par la question de l’esclavage, principal sujet de dissension entre les États du Nord et les États du Sud.

Stimulé par les inventions de la révolution industrielle, le Nord-Est connaît un extraordinaire essor économique. Grâce au protectionnisme, les industries se développent en Nouvelle-Angleterre (filature, tissage), multipliant les noyaux urbains. Les canaux et les voies ferrées ont un rôle décisif sur l’évolution de villes comme Boston, New York, Philadelphie et Baltimore, qui peuvent accéder facilement aux produits et aux marchés de l’Ouest.

Dans le même temps, les États du Sud se spécialisent dans la production de tabac et de coton. Ils développent de vastes plantations en exploitant la main-d’œuvre servile noire, renforçant du même coup l’économie esclavagiste dont le Nord réclame la suppression au nom de la démocratie américaine. Vivant essentiellement du commerce du coton, ils sont, pour leur part, favorables au libre-échange. Les divergences d’intérêts entre le Nord (industriel, protectionniste et abolitionniste) et le Sud (agricole, esclavagiste et libre-échangiste) vont en s’aggravant, notamment sur la question de l’esclavage.

Le Nord s’unifie progressivement dans la dénonciation de l’esclavage, toujours toléré par la Constitution. À la fin du xviiie siècle, tous les États situés au nord du Maryland en exigent l’abolition. En 1808, le Congrès interdit toute nouvelle importation d’esclaves aux États-Unis. Le Sud, de son côté, luttant obstinément pour maintenir l’équilibre entre les États libres et les États esclavagistes, se lance dans une course au peuplement des régions de l’Ouest. Le gouvernement fédéral, soucieux de préserver l’Union, propose des compromis (comme le compromis du Missouri, en 1820). Le clivage s’envenime dans les années 1830, lorsqu’un conflit oppose le Sud et le Nord sur l’autorisation de l’esclavage dans les nouveaux territoires de l’Ouest (Texas, Oregon, Californie, Nouveau-Mexique). Le Sud défend fortement la candidature du Texas esclavagiste, le Nord s’y oppose — à l’image du parti de la Liberté, constitué en 1839, qui réclame l’abolition de l’esclavage dans la totalité des États-Unis. Le Texas entre finalement dans l’Union en décembre 1845 en tant qu’État esclavagiste, sous la présidence du démocrate James Knox Polk (1845-1849).

6.3.2 La guerre de Sécession (1861-1865)

La lutte entre le Nord et le Sud pour tolérer ou interdire l’esclavage dans les États nouvellement acquis s’amplifie sous les présidences des whig Zachary Taylor (1849-1850) et Millard Fillmore (1850-1853) ; voir les articles Compromis de 1850 et lois sur les esclaves fugitifs. Elle aboutit, sous la présidence du démocrate Franklin Pierce (1853-1857), au compromis du Kansas-Nebraska (1854), stipulant que les nouveaux États se prononcent eux-mêmes pour ou contre l’esclavage. Cet accord soulève un tollé de protestations dans le Nord et cause la ruine du parti Whig, en y créant un fort antagonisme entre défenseurs et adversaires du compromis. Enfin, il oppose violemment les colons esclavagistes et abolitionnistes du Kansas (incendie de Lawrence, mai 1856).

Le parti Free Soil, créé en 1848 et adversaire de l’esclavage, puis la publication du livre de Harriet Beecher-Stowe (la Case de l’oncle Tom, 1851-1852) ont une influence déterminante sur l’extension du mouvement abolitionniste dans le Nord. Celui-ci aboutit, en 1854, à la formation de l’actuel Parti républicain. Ses fondateurs, farouchement opposés à l’esclavage, exigent le retrait du décret Kansas-Nebraska. En 1860, la scission du Parti démocrate assure l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln (1861-1865), anti-esclavagiste notoire. La seule solution qui s’offre au Sud est alors la sécession.

Le 20 décembre 1860, la Caroline du Sud quitte l’Union. Le 4 février 1861, sept États sécessionnistes du Sud (Caroline du Sud, Géorgie, Floride, Alabama, Mississippi, Louisiane, Texas) créent une nouvelle Confédération : les États confédérés d’Amérique. Ils forment un gouvernement provisoire et Jefferson Davis est élu président. Lors de son discours inaugural, en mars 1861, Abraham Lincoln déclare la sécession illégale. Cependant, au mois d’avril, quatre nouveaux États esclavagistes rejoignent la Confédération : la Virginie, l’Arkansas, la Caroline du Nord et le Tennessee. La guerre civile, connue sous le nom de guerre de Sécession, éclate le 12 avril 1861 avec l’attaque de Fort Sumter, à Charleston Harbor, par les confédérés.

Le 15 avril, Lincoln fait appel aux États loyalistes afin d’obtenir 75 000 volontaires pour défendre le maintien de l’Union. Les armées sudistes (commandées par les généraux Robert E. Lee et Joseph E. Johnston) et nordistes (emmenées par Ulysses S. Grant et William T. Sherman) s’affrontent pendant quatre ans. Le conflit s’achève par la victoire des nordistes. Abranham Lincoln, qui a proclamé l’abolition de l’esclavage dès le 1er janvier 1863 (la proclamation d’Émancipation), est assassiné le 14 avril 1865. Le 6 décembre 1865, le 13e amendement de la Constitution abolit officiellement l’esclavage dans tous les États.

6.3.3 L’après-guerre

La période d’après-guerre est marquée par la domination des républicains dans les affaires nationales. Le Parti républicain conserve le contrôle des deux Chambres du Congrès jusqu’en 1875, et la présidence jusqu’en 1885. Après la guerre se pose le problème de la réintégration dans l’Union des États sécessionnistes. Le président Andrew Johnson (1865-1869) ne parvient pas à faire accepter le plan de Reconstruction d’Abraham Lincoln, d’inspiration libérale. Les républicains dénoncent sa faiblesse à l’égard du Sud, ravagé par la guerre, et lui imposent des conditions beaucoup plus sévères.

Les décrets de Reconstruction, votés par le Congrès en 1867, divisent le Sud en cinq régions d’occupation militaire et donnent le droit de vote aux Noirs américains. Le 14e amendement à la Constitution, voté en 1866, élimine les confédérés de toutes les activités politiques et administratives. Des aventuriers nordistes (les carpet-baggers) en profitent pour prendre la tête des gouvernements dans les États sudistes. Le pillage et la corruption se généralisent sous la présidence d’Ulysses Grant (1869-1877).

Ces excès provoquent un vif ressentiment chez les sudistes et entraînent la création de sociétés secrètes (comme le Ku Klux Klan), qui mènent des actions violentes d’intimidation envers les Noirs américains. Contournant les lois sur l’égalité raciale, les sudistes blancs imposent aux Noirs une stricte ségrégation. Il faut attendre la seconde moitié du xxe siècle pour la voir disparaître.

6.4 L’émergence d’une puissance mondiale (des années 1870 aux années 1910)
6.4.1 La mise en valeur du pays

Vers la fin des années 1870, les tensions finissent par s’apaiser et les Américains, comme leurs présidents, se préoccupent avant tout de la mise en valeur du pays. Soutenus par les milieux d’affaires du Nord-Est, les républicains restent au pouvoir jusqu’en 1913, à l’exception des deux présidences de Stephen Cleveland (1885-1889, 1893-1897).

L’achèvement du premier chemin de fer transcontinental (1869) accélère la colonisation de l’Ouest. Si le Sud est économiquement ruiné par la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage, le Nord connaît au contraire une rapide croissance industrielle. Du fait de la connivence des intérêts de la finance avec le Parti républicain, les deux décennies de présidence républicaine favorisent à outrance le milieu des affaires. Elles voient le début des magnats de l’industrie (Vanderbilt, Rockefeller) et des grands trusts. Durant cette période, le pays connaît une extraordinaire croissance démographique liée à l’immigration, avec 62 millions d’habitants en 1890, 75 millions en 1900 et 105 millions en 1920. Les immigrants (Italiens, Slaves) affluent alors au rythme de 800 000 à 1 million par an. Ils fournissent la main-d’œuvre nécessaire à l’essor de l’agriculture et de l’industrie américaines.

Grâce à ses méthodes (mécanisation, concentration), à l’abondance des matières premières et au réseau de voies de communication, la production agricole et industrielle des États-Unis dépasse, au début du xxe siècle, celle des pays européens. À l’abri du protectionnisme (tarif McKinley, 1890), les États-Unis sont devenus en vingt ans la première puissance économique du monde.

6.4.2 Les crises économiques

Cependant, cette expansion s’accompagne de crises économiques violentes (1873, 1884, 1907). La concentration capitaliste se développe, entraînant la formation de puissants trusts (Standard Oil, 1882 ; U.S. Steel Corporation, 1901). En 1890, le Congrès fait voter une première loi antitrust (Sherman Antitrust Act). C’est à cette époque qu’apparaît le syndicalisme américain, qui lutte avant tout pour l’amélioration des conditions de travail (augmentations des salaires, réduction du temps de travail). Ces revendications déclenchent un conflit sans précédent entre le capital et le monde du travail.

Entre 1886 et 1887, on dénombre quelque 3 000 grèves aux États-Unis, dont la sanglante grève de Homestead (1892). Lors de la crise économique de 1893-1894 (dépression industrielle, hausse des prix et du chômage), une nouvelle grève ouvrière, également très violente, est menée à Chicago par le Syndicat des chemins de fer américains (1894). De leur côté, les agriculteurs de l’Ouest, endettés et hostiles aux barrières douanières, expriment leur mécontentement au sein du mouvement agrarien Granger, qui connaît une grande diffusion dans les années 1870.

6.4.3 La naissance de l’impérialisme

Les présidents républicains conservent une attitude isolationniste jusqu’aux premières années du xxe siècle. En 1867 cependant, le pays achète l’Alaska à la Russie. Puis, sous la présidence de William McKinley (1897-1901), les États-Unis commencent à développer une politique impérialiste. À l’issue de la guerre hispano-américaine (1898), les Américains victorieux s’emparent des vestiges de l’Empire colonial espagnol (Porto Rico, Guam, Philippines) et placent Cuba sous tutelle américaine. En septembre 1901, McKinley est assassiné et son vice-président Theodore Roosevelt lui succède. La domination américaine s’étend en Amérique centrale (construction du canal de Panamá), dans les Antilles (intervention à Saint-Domingue, 1905), ainsi que dans le Pacifique. Les États-Unis respectent toutefois la politique de non-ingérence définie par la doctrine de Monroe en 1823, à l’exception de leur participation à la conférence d’Algésiras sur le Maroc (1906), et de leur rôle de médiateur dans la guerre russo-japonaise (1904-1905).

6.4.4 Les présidences de Theodore Roosevelt et de Thomas W. Wilson

Sur le plan intérieur, Theodore Roosevelt (1901-1909) accentue la lutte du pouvoir fédéral contre les excès du libéralisme et la multiplication des trusts (loi Elkins, 1903 ; loi Hebburn, 1906). Ceux-ci exercent en effet un quasi-monopole sur des secteurs comme le pétrole, le bœuf, le charbon, le sucre ou les chemins de fer. Mais la politique menée par son successeur, William H. Taft (1909-1913), divise le Parti républicain et permet la victoire du démocrate Thomas W. Wilson (1913-1921).

Reprenant la politique de Roosevelt, Wilson fait voter une nouvelle loi antitrust (Clayton Antitrust Act, 1914), abaisse les tarifs douaniers, et réforme le système bancaire (Federal Reserve Act, 1913) et l’agriculture. La journée de travail des ouvriers est limitée à huit heures. L’élection au suffrage universel des sénateurs est instaurée (1913) ainsi que le voir vote des femmes (19e amendement de la Constitution, 1920).

6.4.5 L’engagement américain dans la Première Guerre mondiale (1917-1918)

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le président Wilson, fidèle à l’isolationnisme séculaire américain, refuse d’engager son pays dans le conflit. Mais la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands, ainsi que leur politique malveillante en Amérique centrale, provoquent un revirement de l’opinion.

En mai 1915, au large des côtes de l’Irlande, un sous-marin allemand torpille sans sommation le paquebot Lusitania, tuant 1 198 personnes, dont 128 citoyens américains. Le peuple américain est scandalisé. L’incident se reproduit en mars 1916, avec le torpillage dans la Manche du Sussex, qui cause la mort de deux Américains. Le 6 avril 1917, les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne.

Un corps expéditionnaire, commandé par le général John J. Pershing, est envoyé en France. Les troupes américaines, qui comptent jusqu’à 2 millions d’hommes, jouent un rôle décisif dans la victoire finale des Alliés en 1918. Le 8 janvier 1918, le président Wilson se fait le défenseur d’une paix fondée sur le principe de la libre détermination des peuples, lorsqu’il énonce les « voir quatorze points « qu’il estime nécessaires à l’établissement d’une paix juste et durable. Pourtant, malgré sa participation à la conférence de la paix, le traité de Versailles (28 juin 1919) va dans un tout autre sens. La France, notamment, insiste pour imposer de lourdes réparations de guerre à l’Allemagne. Les États-Unis manifestent leur hostilité en refusant de ratifier le traité (novembre 1919). Leur refus d’entrer à la Société des Nations (SDN) marque leur retour à l’isolationnisme.

6.5 De l’isolationnisme à l’engagement dans la Seconde Guerre mondiale (des années 1920 à 1945)
6.5.1 Les années de l’après-guerre

Le pays connaît, dans les années 1920, une extraordinaire prospérité économique, suivie d’une crise brutale et profonde, aux répercussions mondiales. Au cours de cette période, où les républicains sont de retour au pouvoir avec Warren G. Harding (1921-1923) et John C. Coolidge (1923-1929), les États-Unis deviennent la première puissance commerciale et financière du monde. Dès 1925, développant une production industrielle de masse, ils fournissent 44 % du charbon et 51 % de l’acier mondial, grâce à une forte concentration de l’industrie et à de nouvelles méthodes de rendement et d’organisation du travail (voir les articles fordisme et taylorisme). Malgré cette prospérité, le pays se referme sur lui-même. Les barrières douanières protectionnistes sont renforcées (tarif Fordney-McCumber, 1922) tandis que la xénophobie (limitation de l’immigration, activités du Ku Klux Klan) et le mouvement de prohibition se développent.

Le contrôle de l’immigration se renforce après la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920, le Congrès américain inverse la politique traditionnelle de l’immigration libre en instituant des quotas, qui réduisent sensiblement l’immigration européenne (lois des quotas, 1921 et 1924). La question la plus controversée de la période 1920-1932 est cependant la prohibition. Ce mouvement, défendant l’interdiction de la fabrication et de la vente de boissons alcooliques aux États-Unis, culmine avec la ratification, en janvier 1919, du 18e amendement de la Constitution. La crise économique survient brutalement, dans un climat général d’euphorie.

6.5.2 La crise économique de 1929

La croissance trop rapide de la production, le développement anarchique du crédit, et une confiance excessive dans le libéralisme favorisent une importante spéculation à partir de 1926. Certains Américains investissent des milliards de dollars en Bourse, après avoir emprunté aux banques et gagé leur maison. La spéculation devient rapidement incontrôlable. En octobre 1929, la fièvre des achats est suivie d’un brusque mouvement de vente. Les prix chutent précipitamment et des milliers de personnes se retrouvent complètement ruinées. La panique boursière du jeudi 24 octobre 1929 (voir krach de Wall Street) provoque l’effondrement, pour plusieurs années, de l’économie américaine.

Il s’ensuit une récession économique, qui touche non seulement les États-Unis, mais également l’ensemble de l’économie mondiale dans les années 1930 ; c’est la première crise économique mondiale. Les usines ferment, provoquant 7 millions de chômeurs en deux ans. Un grand nombre de banques font faillite et les prix chutent. Dans le même temps, l’érosion éolienne, aggravée par plusieurs années de sécheresse et de surexploitation des sols, ruine l’agriculture des Grandes Plaines méridionales, devenues une véritable « marmite à poussière « (Dust Bowl), contraignant la population agricole à l’exode. L’incapacité de l’administration Hoover (1929-1933) à remédier à la crise favorise la très large victoire du candidat démocrate Franklin D. Roosevelt lors de l’élection présidentielle de 1932.

6.5.3 Les présidences de Franklin D. Roosevelt (1933-1945)
6.5.3.1 Le New Deal et la marche à la guerre

Franklin D. Roosevelt développe un programme économique et social, connu sous le nom de New Deal (1933-1938). S’appuyant sur un groupe de conseillers économistes, le brain trust, il redresse l’économie par une politique interventionniste du pouvoir fédéral, sans toutefois régler le problème du chômage (8 millions de chômeurs en 1935 ; 10,4 millions en 1938).

Recourant à la pratique du déficit budgétaire (3,5 milliards de dollars en 1936), il accroît considérablement les dépenses de l’État. Parmi les principales mesures du New Deal figurent la relance de l’industrie et le contrôle de la concurrence (National Industrial Recovery Act ou NIRA, 1933) ; la lutte contre le chômage par une politique de grands travaux d’utilité publique, avec notamment l’aménagement de la vallée du Tennessee en 1933 (voir Tennessee Valley Authority ou TVA) ; l’abandon de l’étalon-or et la dévaluation du dollar à 59 % de son ancienne valeur en or (Gold Reserve Act, 1934) ; l’aide aux agriculteurs et la lutte contre la surproduction agricole (Agricultural Adjustment Act ou AAA) ; ou encore la création d’une sécurité sociale (Social Security Act, 1935), instituant une assurance vieillesse et une assurance chômage, dans le cadre de l’État-providence (Welfare State). Cependant, certaines de ces lois sont déclarées anticonstitutionnelles par la Cour suprême (NIRA en 1935, AAA en 1936), qui juge que l’État fédéral a outrepassé ses droits en matière de réglementation.

Absorbé par les problèmes intérieurs jusqu’en 1938 et soucieux de l’isolationnisme traditionnel des Américains, le président Roosevelt ne peut que mobiliser tardivement ses concitoyens face au nouveau conflit mondial (la Seconde Guerre mondiale). En 1940, il fait voter par le Congrès un programme de réarmement ainsi que la conscription de tous les hommes âgés de 21 à 35 ans. Prônant un soutien actif des États-Unis à la lutte pour la démocratie, Roosevelt obtient du Congrès le vote de la loi du prêt-bail (11 mars 1941). Celle-ci permet à l’Amérique d’approvisionner en armements les ennemis des puissances de l’Axe.

L’année 1941 est marquée par un débat national entre les isolationnistes (opposés à l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale et à l’aide au Royaume-Uni) et les interventionnistes (persuadés que la victoire sur les puissances de l’Axe est vitale pour la sécurité américaine). En août, le président Roosevelt rédige avec le Premier ministre britannique, Winston Churchill, la charte de l’Atlantique. C’est finalement l’agression japonaise contre la base navale de Pearl Harbor (à Hawaii), le 7 décembre 1941, qui décide les États-Unis à entrer en guerre. La flotte américaine du Pacifique est attaquée par surprise, sans déclaration de guerre préalable, par les sous-marins et les bombardiers japonais. Les Américains subissent de lourdes pertes matérielles et humaines. Près de 3 000 soldats et marins sont tués ou blessés, tandis que 200 avions et de nombreux navires sont détruits au sol ou coulés. Le 8 décembre 1941, à la demande du président, le Congrès déclare la guerre au Japon. Le 11 décembre, l’Allemagne et l’Italie (alliés du Japon) déclarent la guerre aux États-Unis.

6.5.3.2 L’engagement américain dans la Seconde Guerre mondiale (1941-1945)

Grâce à une conversion rapide de l’industrie américaine vers les fabrications de guerre, près de 60 000 avions, 45 000 chars et 20 000 canons sortent des usines américaines dès 1942. Bien que menant la guerre sur les deux fronts (européen et asiatique), les États-Unis font la démonstration de leur totale suprématie matérielle. La production accélérée de ses chantiers navals permet les débarquements d’Afrique du Nord (1942), de Sicile (1943) et de Normandie (6 juin 1944).

Malgré une guerre longue et difficile contre les Japonais dans le Pacifique (appelée la guerre du Pacifique), les Américains jouent, à partir de juin 1944, un rôle déterminant dans la bataille finale en Europe. C’est un général américain, Dwight D. Eisenhower, qui est nommé commandant en chef des forces alliées. L’activité diplomatique américaine est également décisive. Le président Roosevelt multiplie les entretiens avec le Britannique Winston Churchill, mais aussi avec le Soviétique Joseph Staline. Au cours des rencontres avec Churchill (1941-1943), Roosevelt propose le principe d’une reddition des puissances de l’Axe sans condition. À la conférence du Caire, en 1943, il discute de la poursuite de la guerre contre le Japon avec le général en chef chinois Jiang Jieshi. Lors de la conférence de Téhéran (novembre-décembre 1943) et de la conférence de Yalta (février 1945) est décidée la division de l’Allemagne en zones d’occupation, la création de l’Organisation des Nations unies  ONU) et l’engagement de l’URSS dans la guerre contre le Japon.

Franklin Roosevelt meurt quelques semaines avant la capitulation de l’Allemagne (8 mai 1945), après avoir accompli la plus longue présidence de l’histoire américaine. Son successeur, Harry Truman (1945-1953), participe à la conférence de Potsdam (juillet 1945) où, malgré la dégradation des relations américano-soviétiques, un accord est trouvé sur la division finale de l’Allemagne et sur l’élaboration des traités de paix. Les États-Unis, cependant, sont toujours en guerre contre le Japon. La Seconde Guerre mondiale leur a déjà coûté 300 000 morts. Le président Truman décide alors de mettre rapidement un terme à la guerre du Pacifique en lançant la bombe atomique sur la ville d’Hiroshima (6 août 1945) puis sur celle de Nagasaki (9 août 1945). Le Japon se rend le 14 août 1945.

6.6 Les présidences de Harry Truman (1945-1953)
6.6.1 La bipolarisation

Les États-Unis sortent de la guerre comme « la nation la plus puissante de l’histoire «, selon les propres mots du président Truman. Ils jouissent alors du monopole de l’arme atomique (jusqu’en 1949) et d’un énorme potentiel industriel. Leur participation active à l’ONU montre leur ambition de rester sur le devant de la scène internationale. De première puissance, les États-Unis deviennent dès lors une superpuissance. L’opposition idéologique au communisme est leur principale motivation.

La politique extérieure du président Truman est dominée par le début de la guerre froide avec l’URSS, et le rapprochement étroit des États-Unis avec l’Europe occidentale. Les relations avec l’URSS se dégradent rapidement. L’esprit de coopération qui a prévalu pendant la guerre laisse peu à peu la place à une suspicion réciproque, qui s’envenime pour se cristalliser en une « guerre froide «. Fermement décidés à s’opposer — au besoin par les armes — à tout progrès du communisme dans le monde, les États-Unis, se posant en défenseurs du monde libre, développent une politique extérieure impérialiste et interventionniste. Cette conception idéologique guide leur politique en Europe.

À l’égard des vaincus de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ne veulent pas réitérer les erreurs du « diktat « du traité de Versailles de 1919. En juin 1947, ils proposent à toutes les nations européennes un vaste programme d’aide économique, le plan Marshall (European Recovery Program), entièrement à la charge des Américains. Entre 1945 et 1964, celui-ci atteint un montant total de 97 milliards de dollars. En 1947, la volonté des États-Unis de contenir la progression du communisme en Europe amène le président américain à définir la « doctrine Truman « ; celle-ci vise à fournir une aide économique et militaire aux pays menacés par l’expansion soviétique. La Grèce et la Turquie en sont les premiers bénéficiaires. Le plan Marshall est un bon complément à la doctrine Truman. L’URSS s’y oppose et force les démocraties populaires d’Europe de l’Est à le refuser.

Le coup de force communiste de Prague, en février 1948, pousse les États-Unis, la France et le Royaume-Uni à créer un État ouest-allemand (la République fédérale d’Allemagne ou RFA). Les Soviétiques ripostent par le blocus de Berlin (juin 1948-mai 1949), en interdisant tout trafic ferroviaire entre Berlin-Ouest et la RFA. Celui-ci est finalement mis en échec par les Britanniques et les Américains grâce à création d’un pont aérien avec les quartiers occidentaux de l’ancienne capitale allemande.

Dès lors, les États-Unis se posent en défenseurs de la démocratie de type libéral face au monde communiste. Ils sont à l’origine de la création de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN, avril 1949), un système de défense atlantique liant étroitement les États-Unis et l’Europe occidentale. En resserrant leurs liens avec cette dernière, ils contribuent à la coupure de l’Europe en deux zones, séparées par un rideau de fer, entretenant ainsi le climat de guerre froide.

6.6.2 Le renforcement de la guerre froide

La guerre froide se renforce, en 1949, avec l’annonce de la mise au point de la bombe atomique par l’URSS, qui met fin au monopole nucléaire des États-Unis, et avec la victoire des communistes en Chine. Lorsque la Corée du Nord communiste envahit la Corée du Sud, le 25 juin 1950, les États-Unis réagissent aussitôt, avec l’appui de l’ONU. Durant cette guerre de Corée, les Américains se heurtent aux communistes chinois, qui s’engagent dans le conflit à partir de novembre 1950, aux côtés des Nord-Coréens. Ils parviennent, à l’issue d’une guerre difficile, à imposer le retour à la répartition initiale. Les États-Unis montrent ainsi leur résolution à stopper l’expansion du communisme, sans pour autant remettre en cause le principe d’un partage du monde avec les Soviétiques. Leur principal objectif est d’endiguer la montée en puissance de l’URSS et du bloc communiste. Cette pratique du containment (« endiguement «) dicte la politique étrangère des États-Unis durant toute la guerre froide.

6.6.3 La politique intérieure de Truman

En politique intérieure, le président Truman s’efforce de poursuivre le New Deal de son prédécesseur Roosevelt. Pour faciliter la reconversion de l’économie de guerre à une économie de paix, il propose un programme en vingt-quatre points (Fair Deal). Parmi ceux-ci figurent l’augmentation des indemnités de chômage, l’aide fédérale au logement et à l’éducation, l’augmentation du salaire minimal, la garantie des droits civiques et, surtout, l’extension du contrôle des prix. Le Congrès (dominé par les républicains) s’oppose à plusieurs de ces propositions. Le rejet du contrôle des prix a pour conséquence une hausse du coût de la vie de 18 % en 1946. Près de 5 millions de travailleurs se mettent alors en grève pour réclamer une augmentation des salaires. En 1947, le Congrès impose à Truman, malgré son veto, la loi antigrève Taft-Hartley.

Malgré leur incroyable suprématie économique et militaire, les États-Unis sont très marqués par la guerre froide. Celle-ci engendre, à l’intérieur du pays, des réactions politiques proches de l’intolérance. Les dirigeants du Parti communiste américain sont poursuivis. En 1950, le Congrès impose la loi McCarran, sur la sécurité intérieure, visant à empêcher l’entrée sur le sol américain de toute personne membre d’une organisation communiste. Les milieux communistes américains sont, de leur côté, l’objet d’une étroite surveillance. L’instigateur de la campagne anticommuniste aux États-Unis est le sénateur Joseph R. McCarthy. Cette « chasse aux sorcières « (le maccarthysme) se porte sur des hauts fonctionnaires, des universitaires, des artistes ou des savants, accusés de sympathies communistes. L’iniquité du procès des époux Rosenberg, condamnés à mort et exécutés en 1953, déchire l’opinion américaine et une partie de l’opinion mondiale.

6.7 Les présidences de Dwight D. Eisenhower (1953-1961)
6.7.1 L’évolution de la politique étrangère vers la détente

L’élection de Dwight D. Eisenhower marque le retour des républicains au pouvoir. Toutefois c’est surtout la personnalité de l’ancien responsable du débarquement d’Afrique du Nord, auréolé de gloire, plus qu’une orientation politique, qui est plébiscitée. Eisenhower et son secrétaire d’État John F. Dulles sont les grands artisans de la politique américaine de containment face à l’expansion soviétique, les États-Unis ayant désormais selon les mots d’Eisenhower « la responsabilité de la conduite du monde libre «. Celle-ci amène les États-Unis à étendre continuellement leur engagement militaire dans le monde entier et se révèle très coûteuse, avec la création de nombreuses bases militaires et l’entretien de flottes américaines en Méditerranée et dans le Pacifique.

Les relations américano-soviétiques connaissent un début d’amélioration après la mort de Staline, en 1953. Les progrès de la « détente « sont toutefois très lents et marqués par de nombreux troubles. La course aux armements qu’a suscitée la guerre froide s’accélère lorsque les États-Unis font exploser la première bombe à hydrogène (bombe H), en 1952, imités par l’URSS six mois plus tard. Les deux superpuissances se mettent à construire des engins à grande portée et, en 1957, ils disposent chacun de missiles balistiques intercontinentaux.

En 1953, les États-Unis augmentent leur aide militaire et économique envers la France, engagée dans la guerre d’Indochine (1946-1954), mais les accords de Genève de juillet 1954 aboutissent à la partition de l’Indochine. Les États-Unis s’efforcent alors, par la création de l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (Otase) en 1954, de prévenir toute nouvelle agression communiste dans le Sud-Est asiatique.

Parallèlement, ils favorisent, par un traité d’assistance, le renforcement des liens avec Taïwan, et manifestent leur hostilité à la Chine populaire par une politique d’ostracisme. Toutefois, désireux de ne pas provoquer l’URSS, les États-Unis se gardent d’intervenir dans l’insurrection de Budapest (octobre-novembre 1956), réprimée par l’Armée rouge. La même année, les deux superpuissances font cesser, d’un commun accord, l’agression israélo-franco-britannique (octobre-novembre 1956) contre l’Égypte de Nasser, à la suite de la nationalisation du canal de Suez (voir voir crise de Suez).

Après la mort du secrétaire d’État Dulles (1959), la détente s’amorce avec la visite du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev aux États-Unis, en septembre 1959. Elle est toutefois ralentie par la découverte du survol des territoires soviétiques par un avion U-2 américain, abattu en pleine mission d’espionnage au-dessus de l’URSS (mai 1960). Hantée par la menace soviétique, la politique extérieure américaine s’enferme, jusqu’à la fin des années 1960, dans une conception idéologique bipolaire, opposant monde libre et monde communiste. L’intransigeance des États-Unis amène ceux-ci à méconnaître le rôle du nationalisme dans certains États du tiers-monde, et lui aliène notamment l’Égypte nassérienne, ainsi que de nombreux pays non-alignés du tiers-monde, adeptes du neutralisme. En Amérique latine notamment, le mécontentement grandit à l’encontre des politiques américaines. En 1959 éclate à Cuba une révolution menée par Fidel Castro et Che Guevara ; elle aboutit à l’établissement d’un régime communiste. En janvier 1961, le président Eisenhower décide de rompre les relations diplomatiques avec Cuba.

6.7.2 L’évolution de la société américaine contre la ségrégation

La présidence d’Eisenhower bénéficie d’une prospérité générale sans précédent. Au début de son mandat, l’action du président est gênée par les campagnes anticommunistes du sénateur McCarthy, qui jouit d’une grande liberté de manœuvre, malgré ses méthodes et ses accusations douteuses ; il multiplie les enquêtes arbitraires, en prétextant une prétendue infiltration communiste dans les services gouvernementaux. Ses excès amènent toutefois le Sénat à le censurer, en 1954.

La présidence d’Einsenhower est également marquée par le début de la déségrégation raciale et les vives résistances qu’elle provoque dans le Sud. La question intérieure la plus cruciale est en effet la lutte des Noirs américains pour l’accession à leurs pleins droits de citoyens, connue sous le nom de mouvement des droits civiques.

Après la Seconde Guerre mondiale, les Noirs ont une conscience aiguë de la ségrégation raciale dont ils sont victimes, plus économique dans le Nord, plus institutionnelle et politique dans le Sud. Le président Eisenhower prend résolument parti contre état de fait et entreprend la déségrégation du gouvernement et de l’armée. Le 17 mai 1954, dans l’affaire Brown contre la direction de l’enseignement de Topeka, la Cour suprême condamne, à l’unanimité, la ségrégation raciale dans les écoles publiques. D’autres décisions suivent (1955-1956), invitant les autorités locales à la déségrégation.

Pourtant, de nombreux États du Sud tentent de contourner les lois. En septembre 1957, le gouverneur de l’Arkansas, Orval E. Faubus, ordonne à la garde nationale d’empêcher neuf étudiants noirs d’entrer au lycée de Little Rock. Le président Eisenhower décide l’intervention des troupes fédérales pour mettre fin à la résistance du gouverneur Faubus. La déségrégation est très lente dans les États du Sud : en 1960, seules 765 des 6 676 écoles ont mis fin à la ségrégation.

Le mouvement pour l’obtention des droits civiques prend une grande ampleur chez les Noirs. En décembre 1955, le pasteur noir Martin Luther King est à l’origine du boycottage des autobus municipaux de Montgomery (381 jours) afin de s’opposer à toute forme de ségrégation raciale. Les manifestations en faveur de l’égalité raciale se multiplient dans tout le sud des États-Unis, à l’initiative de plusieurs organisations et personnalités noires : la Southern Christian Leadership Conference, fondée en 1957 par Martin Luther King et recommandant l’action non-violente, le Congrès de l’égalité raciale, l’Association nationale pour le progrès des personnes de couleur, Black Muslims, Malcolm X, Ralph David Abernathy et Rosa Louise Parks. Sous leur pression, le Congrès vote la loi des Droits civiques, en 1957.

6.7.3 Le second mandat d’Eisenhower

C’est également sous l’administration Eisenhower que commence la conquête de l’espace. Le 4 octobre 1957, l’Union soviétique lance son premier satellite (Spoutnik 1), suivi d’un deuxième, qui transporte pour la première fois un être vivant (la chienne Laïka). Les Américains intensifient alors le programme de missiles et, le 31 janvier 1958, l’armée américaine lance son premier satellite, Explorer 1.

Durant la récession des années 1957-1958, le chômage connaît son taux le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 5 millions de chômeurs. La crise provoque un vaste mouvement de grèves des ouvriers de la sidérurgie (1959). En 1959, l’Alaska et Hawaii intègrent l’Union, devenant les 49e et 50e États américains. À l’élection présidentielle de 1960, le démocrate John F. Kennedy est élu avec une courte majorité.

6.8 La présidence de John F. Kennedy (1961-1963)
6.8.1 De la détente à la crise de Cuba

Le plus jeune président (43 ans) et le premier chef d’État catholique des États-Unis, John F. Kennedy, poursuit la politique de détente avec l’URSS.

Avec son secrétaire d’État Robert S. McNamara, il s’efforce d’améliorer les relations américano-soviétiques et rencontre Nikita Khrouchtchev à Vienne (juin 1961). En avril 1961, il autorise l’invasion de la baie des Cochons, attaque menée contre Cuba par des exilés cubains anticastristes. L’invasion est repoussée, et la plupart des participants sont tués ou capturés. En Amérique latine, il s’efforce d’assouplir la politique des États-Unis en faveur d’un renforcement de l’assistance américaine, avec la création du corps de la Paix (septembre 1961) et le lancement d’un vaste programme d’aide et de coopération, l’Alliance pour le progrès (août 1961). En octobre 1962, avec la crise des fusées, la tension est extrême entre Américains et Soviétiques. Lorsque les États-Unis découvrent l’existence, à Cuba, de bases de lancements de missiles offensifs, Kennedy exige de Khrouchtchev le retrait des fusées soviétiques et menace Cuba d’un embargo total. Durant quelques jours, la guerre semble imminente mais Khrouchtchev accepte finalement le retrait des fusées contre une promesse de non-invasion de Cuba par les Américains.

Devant l’avancée des partisans du communisme au Viêt Nam-du-Sud, Kennedy s’engage, dès 1961, dans une aide militaire croissante au gouvernement sud-vietnamien de Ngô Đình Diêm. Composée dans un premier temps de « techniciens «, l’aide américaine ne cesse de se renforcer : dès 1963, il y a 16 000 militaires américains au Viêt Nam.

Jouissant d’un grand prestige à l’extérieur, Kennedy obtient de la Communauté économique européenne (CEE) une réduction substantielle de ses tarifs douaniers qui est à l’origine de la « négociation Kennedy « (Kennedy Round), conférence tarifaire qui réunit à Genève, entre 1964 et 1967, les représentants de plus de cinquante pays du monde capitaliste, adhérents du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade). Profitant du climat de détente qui suit la crise des missiles de Cuba, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’URSS concluent, le 5 août 1963, un traité d’interdiction des essais atomiques dans l’atmosphère (voir l’article contrôle des armements).

6.8.2 La « nouvelle frontière « de Kennedy

À l’intérieur des États-Unis, le président Kennedy jouit également d’une grande popularité. Il a fait campagne sur le thème d’une « nouvelle frontière « à conquérir, dans les domaines de l’éducation nationale, de la législation sociale, de l’augmentation du salaire minimal, de l’assistance aux personnes âgées, de l’intégration raciale et de l’aide économique aux pays sous-développés. Ses premières propositions économiques ont pour but de contrer les effets de la récession en augmentant les dépenses fédérales. Il accélère l’intégration raciale, mais le Congrès lui refuse presque tous les moyens financiers qui lui sont nécessaires pour réaliser le programme social de la « nouvelle frontière «.

En 1961, il lance le programme spatial d’exploration de la Lune, ou programme Apollo, avec pour objectif d’atteindre la Lune avant dix ans.

La question des droits civiques est l’une des priorités de l’administration Kennedy. À l’automne 1962, un étudiant noir, James Meredith, veut s’inscrire à l’université du Mississippi. L’affaire déclenche une émeute sur le campus. Kennedy oblige la garde nationale du Mississippi, placée sous l’autorité fédérale, à protéger le campus. Il fait également intervenir des responsables fédéraux pour accélérer la déségrégation à l’université d’Alabama, malgré l’opposition du gouverneur George C. Wallace. Les Noirs poursuivent leurs manifestations contre la violence et la discrimination. À l’occasion d’un vaste rassemblement à Washington, le 28 août 1963, Martin Luther King prononce, devant 250 000 personnes, son célèbre discours « I Have a Dream… « (« Je fais un rêve… «). Le président Kennedy prépare un ensemble de lois régissant les droits civiques et interdisant la discrimination en matière de droit de vote, d’enseignement, de logement et d’emplois. Le Congrès en diffère l’approbation tout au long de l’année 1963.

Alors qu’il se trouve à Dallas en tournée électorale, le président Kennedy est assassiné, le 22 novembre 1963. Sa mort provoque une immense émotion dans le monde entier et l’on s’interroge sur les mobiles qui ont inspiré le meurtrier. L’assassin présumé, Lee Harvey Oswald, est arrêté presque immédiatement, mais il est lui-même assassiné avant d’avoir été interrogé. La rumeur d’un éventuel complot s’amplifie rapidement. Le nouveau président Lyndon Johnson nomme alors une commission d’enquête. Le rapport Warren, qui conclut qu’Oswald a agi sans complice, n’a pas fait toute la lumière sur les circonstances de l’attentat et reste très discuté.

6.9 La présidence de Lyndon B. Johnson (1963-1969)
6.9.1 La guerre du Viêt Nam

Après l’assassinat de John Kennedy, le vice-président Lyndon B. Johnson lui succède immédiatement à la Maison-Blanche puis est élu président, en novembre 1964.

À l’extérieur, l’héritage de Kennedy entraîne l’intervention des États-Unis au Viêt Nam. La guerre du Viêt Nam est la principale épine dans la politique extérieure de Johnson. Au début, le président poursuit la politique de Kennedy, consistant en l’envoi de « conseillers militaires « auprès des forces militaires du Sud-Viêt Nam, sans intervention directe dans le conflit. À partir d’août 1964, le président est autorisé à accroître la présence militaire américaine en Asie du Sud-Est. Il est dès lors entraîné dans une politique d’escalade. En dépit des moyens considérables employés, celle-ci ne peut parvenir à des résultats décisifs. En 1969, plus de 541 000 soldats américains sont engagés dans cette guerre.

Les États-Unis procèdent à des bombardements massifs sur presque tout le territoire nord-vietnamien. Mais le prolongement de la guerre et les méthodes employées par les Américains (massacres de civils désarmés dans le village de My Lai en 1968) débouchent sur une grave controverse à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Exploitée dans le monde entier par les opposants aux États-Unis, la guerre du Viêt Nam va avoir pour les Américains de graves conséquences : lourdes dépenses militaires génératrices d’inflation et de déficit budgétaire, image ternie des États-Unis dans le monde, profonde crise morale et politique au sein de la jeunesse américaine.

6.9.2 Une politique extérieure moins influente

La guerre du Viêt Nam a pour conséquence une diminution de l’influence américaine en matière de politique internationale. Du côté européen, le général de Gaulle prône une politique d’indépendance à l’égard des deux grandes puissances mondiales, et décide de retirer la France du commandement intégré de l’OTAN.

L’administration Johnson est également confrontée à plusieurs crises en Amérique latine. En avril 1965, Johnson décide une intervention armée en République dominicaine, menacée d’une guerre civile, et envoie 22 000 soldats américains afin de protéger les ressortissants américains et d’empêcher l’installation d’un régime communiste. L’intervention américaine fait naître un violent sentiment antiaméricain dans toute la région et alimente une forte critique à l’intérieur même des États-Unis. Une crise éclate également entre le Panamá et les États-Unis, concernant le contrôle du canal de Panamá. À la suite des émeutes antiaméricaines au Panamá, un nouveau traité est négocié entre Américains et Panaméens.

Malgré la guerre du Viêt Nam, les États-Unis poursuivent leur rapprochement avec l’URSS. Au cours des années 1960, en effet, leur supériorité militaire s’est progressivement estompée. Les négociations sur le désarmement, amorcées en 1963 avec le traité d’interdiction des expériences nucléaires dans l’atmosphère, se poursuivent, en 1967, en vue d’un nouveau traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, signé en 1969. Bien que rivaux au Proche-Orient, Américains et Soviétiques s’associent pour mettre fin à la guerre israélo-arabe de juin 1967 (la guerre des Six-Jours), avec la rencontre entre le président Johnson et le Soviétique Alekseï Kossyguine. Toutefois, en réponse à l’aide apportée par les Soviétiques aux nations arabes et à leur influence croissante en Méditerranée, les États-Unis renforcent leur aide à Israël.

6.9.3 La crise intérieure

L’administration Johnson est confrontée aux conséquences intérieures de la guerre du Viêt Nam. À mesure que l’intervention américaine s’intensifie, un mouvement pacifiste se développe. La contestation s’amplifie rapidement parmi les étudiants, les universitaires et les intellectuels de gauche, qui mènent de violentes campagnes contre le président américain. Celui-ci garde cependant l’appui d’une majorité de la population. Les premiers mois de son mandat sont marqués par une importante activité législative. Johnson fait abolir les dernières discriminations raciales, et obtient du Congrès le vote d’un vaste programme de mesures sociales, destinées à lutter contre la pauvreté, à favoriser l’éducation et la formation des jeunes, à étendre la sécurité sociale et l’assistance médicale gratuite pour les personnes âgées.

Les résistances profondes aux lois de déségrégation, ainsi que la misère régnant dans les ghettos noirs des grandes villes de la Manufacturing Belt, provoquent une flambée de violences raciales dans les villes américaines à partir de 1965. Durant l’été 1965, une grave émeute se produit à Watts, un quartier noir de Los Angeles. Des troubles de même nature agitent plus de trente villes en 1967. Les Noirs américains continuent à réclamer une intégration plus réelle, non plus seulement par la non-violence prônée par Martin Luther King, mais désormais aussi par la violence, avec les Black Panthers, organisation extrémiste fondée en 1966 militant dans le cadre du mouvement pour l'instauration du Black Power (« pouvoir noir «).

Ce contexte politique et social est propice à une remise en question, par une partie de la jeunesse, des valeurs traditionnelles américaines avec, notamment, le développement de la contre-culture hippie. Parallèlement, la drogue et la criminalité dans les grandes villes se répandent. C’est dans ce climat de violence qu’ont lieu les assassinats de Martin Luther King (4 avril 1968) et de Robert F. Kennedy (5 juin 1968), frère de l’ancien président et candidat démocrate à l’élection présidentielle. L’assassinat de Martin Luther King déclenche une nouvelle vague d’émeutes raciales à Washington et dans d’autres grandes villes. Dans le même temps, la prospérité économique des États-Unis est ébranlée par le renforcement de la concurrence européenne et japonaise, par l’accroissement du déficit de la balance des paiements, et par le poids financier de plus en plus lourd de la guerre du Viêt Nam.

6.10 Les présidences de Richard Nixon (1969-1974)
6.10.1 La fin de la guerre du Viêt Nam

Sous la présidence du républicain Richard Nixon, la diplomatie américaine, incarnée à partir de 1973 par le secrétaire d’État Henry Kissinger, est très active et obtient de nombreux succès : fin de l’engagement américain au Viêt Nam, poursuite de la détente avec l’URSS, accords sur le désarmement, normalisation des relations avec la Chine populaire, renforcement de l’influence américaine au Proche-Orient.

Renonçant désormais à une politique d’intervention systématique et parfois précipitée, le président Nixon affirme, dans son discours de Guam (25 juillet 1969), sa volonté de réduire l’engagement militaire américain dans le monde (la « doctrine Nixon «). Les pays victimes d’une agression peuvent compter sur un appui financier et matériel des États-Unis mais non plus sur un engagement direct de l’armée américaine. Concernant l’engagement américain dans la guerre du Viêt Nam, Nixon commence par rapatrier progressivement le corps expéditionnaire, souhaitant sortir les États-Unis de cette guerre par une politique de « vietnamisation « du conflit. Cela consiste à remplacer les troupes américaines par des troupes sud-vietnamiennes équipées et entraînées par les États-Unis, capables de résister seules à la poussée communiste. Fin 1971, plus de 350 000 soldats américains engagés au Sud-Viêt Nam sont rentrés aux États-Unis. Il en reste encore 175 000 à rapatrier. Richard Nixon engage à Paris des pourparlers de paix qui aboutissent, après de longues négociations, aux accords de cessez-le-feu (janvier 1973).

6.10.2 Une diplomatie américaine active

Les États-Unis compensent leur échec au Viêt Nam par un redressement spectaculaire de leur position au Proche-Orient. Ils amorcent un rapprochement avec l’Égypte dès le début de 1973. La diplomatie américaine joue un rôle décisif dans la guerre israélo-arabe d’octobre 1973 (la guerre du Kippour) et finit par obtenir le retrait des troupes israéliennes au Sinaï (janvier 1974).

À l’égard de l’URSS, Nixon mène une politique de détente, notamment en matière de désarmement. Les négociations sur la limitation des armements stratégiques (SALT I), entamées en 1969, se poursuivent avec la signature du premier accord américano-soviétique sur la limitation des armements nucléaires (26 mai 1972). Il fait suite aux traités de non-prolifération des armes nucléaires (1969) et d’interdiction des essais nucléaires sous-marins (1971). En mai 1972, le président Nixon se rend en visite d’État à Moscou ; l’année suivante, c’est le dirigeant soviétique Leonid Brejnev qui se rend aux États-Unis. Ce climat de détente permet à l’économie américaine d’accroître considérablement ses exportations à destination de l’URSS.

Plus spectaculaire encore est la normalisation des relations entre Washington et Pékin. Un rapprochement avec la Chine s’esquisse dès 1971. Il est consacré par la visite de Richard Nixon à Pékin et sa rencontre avec Mao Zedong en février 1972.

6.10.3 La stabilité intérieure

En politique intérieure, Richard Nixon, défenseur d’une restauration de la stabilité sociale, s’attaque aux problèmes de la criminalité et de la drogue. Les violences raciales connaissent une accalmie. Le désengagement américain au Viêt Nam fait revenir le calme dans les universités, où le désarroi inspiré par la guerre est à l’origine de manifestations de grande ampleur. Certaines débouchent, cependant, sur des affrontements très violents entre les étudiants et la garde nationale, comme dans l’université de Kent (Ohio), en mai 1970, où quatre étudiants trouvent la mort.

C’est également l’époque où s’affirme la suprématie américaine dans la conquête de l’espace : le 20 juillet 1969, deux Américains, Neil Armstrong et Edwin Aldrin, membres de l’équipage d’Apollo 11, sont les premiers hommes à marcher sur la Lune. Cinq autres débarquements américains sur la Lune ont lieu entre 1969 et 1972.

6.10.4 La politique économique de Nixon et l’affaire du Watergate

À partir de 1971, Richard Nixon développe une « nouvelle politique économique « (New Economic Policy, NEP), dont les grandes modalités sont la suspension de la convertibilité du dollar, le blocage des prix et des salaires, une réduction du déficit budgétaire, ainsi qu’une réforme du système de sécurité sociale. La valeur du dollar est abaissée de 17 % à la suite de deux dévaluations (1971, 1973). Celles-ci provoquent un regain des exportations américaines et favorisent un redressement de la balance commerciale et de la balance des paiements, qui affichent d’importants excédents. La crise du pétrole elle-même, consécutive à la guerre du Kippour (1973), contribue à rendre au dollar sa position hégémonique dans le système monétaire mondial.

Réélu triomphalement en novembre 1972, Nixon connaît moins de réussite dans sa lutte contre l’inflation, qui s’accélère à partir de 1973. En 1974, la population des États est confrontée à une grave récession. Un scandale politique provoque alors la chute de Nixon. La presse américaine fait en effet éclater l’affaire du Watergate. Elle révèle l’existence d’écoutes téléphoniques illégales et une tentative de cambriolage, le 17 juin 1972, au siège du Parti démocrate, dans l’immeuble du Watergate à Washington. Nixon nie longtemps son implication et celle de son entourage dans cette affaire. Mais les accusations, procès et enquêtes qui s’ensuivent mettent en cause des hauts fonctionnaires de l’Administration. Accumulant mensonges et faux-fuyants, harcelé par la presse, puis menacé par la procédure d’impeachment (destitution par le Congrès), le président Nixon est contraint de démissionner le 8 août 1974. Le vice-président Gerald Ford le remplace.

6.11 Les présidences de Gerald Ford (1974-1977) et de Jimmy Carter (1977-1981)
6.11.1 Des succès diplomatiques

Le nouveau président Gerald Ford conserve auprès de lui le secrétaire d’État Henry Kissinger. Il poursuit la politique de détente avec l’URSS (déclaration d’Helsinki, 1975). Cependant, la récession économique mondiale s’aggrave. Aux États-Unis, le taux de chômage et l’inflation connaissent une forte hausse. Le quadruplement du prix du pétrole lors du premier choc pétrolier, au cours de l’hiver 1973-1974, intensifie la crise monétaire mondiale. Le discrédit porté sur le Parti républicain par l’affaire du Watergate favorise le retour des démocrates à la Maison-Blanche, avec l’élection de Jimmy Carter. Les États-Unis poursuivent leur rapprochement avec la Chine populaire, en établissant les premières relations diplomatiques, en janvier 1979. Ils favorisent — après l’avoir inspiré avec les accords de Camp David (septembre 1978) — le traité de paix israélo-égyptien, signé le 26 mars 1979 à Washington par le président égyptien Anouar al-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, par lequel l’Égypte récupère le Sinaï. En septembre 1977, Carter signe avec le Panamá un traité par lequel l’ancienne zone du canal, administrée par les États-Unis, revient intégralement au Panamá à compter de l’an 2000 (traité Carter-Torrijos).

6.11.2 Des tensions internationales persistantes

Malgré ces succès, la présidence de Carter est dominée par la crise des otages américains en Iran. En novembre 1979, le chah d’Iran Muhammad Riza Chah, destitué, est autorisé à entrer aux États-Unis pour des raisons médicales. Un groupe de révolutionnaires iraniens s’empare alors de l’ambassade américaine à Téhéran et prend 53 membres du personnel en otage. Lorsque le gouvernement américain refuse de satisfaire la demande des ravisseurs et d’extrader le chah, la crise s’enlise. Les négociations piétinant, une expédition militaire américaine est tentée pour récupérer les otages, mais celle-ci échoue.

Parallèlement, l’invasion soviétique de l’Afghanistan (1979) crée une grave tension internationale et entraîne une dégradation des relations américano-soviétiques. Les États-Unis réduisent leurs échanges commerciaux avec l’URSS, puis refusent de ratifier le nouveau traité de limitation des armes stratégiques (SALT II). Durant les années 1979-1980, la situation économique se détériore, avec une balance commerciale déficitaire, une baisse du dollar et un taux d’inflation annuel dépassant 10 %.

6.12 Les présidences de Ronald Reagan (1981-1989)
6.12.1 Une programme économique libéral

Le déclin économique et les crises extérieures favorisent l’élection du républicain Ronald Reagan. Élu sur un programme conservateur et favorable au retour des valeurs morales traditionnelles, libéral sur le plan économique et énergique sur le plan international, Ronald Reagan réussit à relancer l’économie (réduction de l’inflation, baisse des impôts, maintien de taux d’intérêts élevés) au détriment des prestations sociales, considérablement réduites. Il augmente en revanche fortement le budget de la Défense (il représente un tiers du budget fédéral en 1986). Toutefois, la récession de 1981-1982 fait monter le taux de chômage au-dessus de 10 % pour la première fois depuis 1940. Lors du scrutin de 1884 qui voit la large réélection de Ronald Reagan, un Noir, Jesse Jackson, est candidat pour la première fois à la présidence de la République. En 1987, l’administration Reagan doit faire face aux déficits persistants du budget et de la balance commerciale supérieurs à 100 milliards de dollars par an. Lors du krach boursier du 19 octobre 1987, l’indice Dow Jones chute de 22,6 %.

6.12.2 Une politique extérieure tendue

En politique extérieure, le président Reagan se doit de régler la crise des otages américains (janvier 1981). En octobre 1983, il déclenche une invasion surprise de la Grenade. En Amérique centrale, il soutient les forces gouvernementales au Salvador, mais aussi les guérillas (sandinistes) menées contre le gouvernement nicaraguayen. Sa seconde présidence est entachée par le scandale de l’Irangate (1986-1987), dû à la vente secrète d’armes à l’Iran, servant au financement de la Contra antisandiniste au Nicaragua.

En avril 1986, les États-Unis lancent un raid aérien contre la Libye, en réponse à des attaques terroristes antiaméricaines. Ronald Reagan et son secrétaire d’État, Alexander Haig, abandonnent la politique de détente vis-à-vis de l’URSS. En 1983, les relations américano-soviétiques se dégradent après l’annonce par Reagan d’une Initiative de défense stratégique (IDS), communément appelée « la Guerre des étoiles «. Toutefois, le processus de désarmement est relancé par deux rencontres entre Ronald Reagan et le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, en novembre 1985 et en octobre 1986. En décembre 1987, ils signent un traité de destruction des missiles à courte et moyenne portée.

6.13 La présidence de George Bush (1989-1993)
6.13.1 La récession économique

La présidence du républicain George Bush, dans le prolongement idéologique de celle de Ronald Reagan, doit gérer les déficits fédéraux du commerce extérieur et du budget, puis la grave récession de l’économie américaine, de 1989 à 1992. Celle-ci amplifie la crise économique et urbaine, et exacerbe les clivages socio-ethniques. En avril 1992, les États-Unis connaissent, à Los Angeles, l’une des émeutes les plus violentes de leur histoire (60 victimes). Elle est provoquée par l’acquittement de quatre officiers de police, blancs, accusés d’actes de brutalités, avec preuves vidéo à l’appui, à l’encontre d’un suspect noir, Rodney King, un an plus tôt.

6.13.2 Les États-Unis, unique superpuissance

Sur la scène internationale, l’effondrement de l’URSS entre 1989 et 1991 renforce considérablement la suprématie politique et militaire des États-Unis, désormais la seule superpuissance. En décembre 1989, plus de 24 000 soldats américains envahissent Panamá pour déposer le général Manuel Antonio Noriega Morena, que les États-Unis désirent extrader et inculper pour trafic de drogue (opération « Just Cause «). Puis, en 1991, les États-Unis prennent la tête, avec plus de 500 000 soldats américains, de la coalition internationale contre l’Irak lors de la guerre du Golfe. Ils poursuivent leur politique de négociations dans le conflit israélo-arabe et, après l’effondrement du bloc communiste, développent leurs relations avec les pays de l’Europe de l’Est.

Les Américains participent activement au 8e cycle de négociations entamé au sein du GATT (Uruguay Round, 1986-1993) portant sur la libéralisation des échanges dans le domaine des marchandises et des services.

6.14 Les présidences de Bill Clinton (1993-2001)
6.14.1 Le premier mandat de Clinton

La récession favorise le retour des démocrates au pouvoir avec l’élection de Bill Clinton, en novembre 1992, qui marque un changement de génération à la tête de l’État. Dès décembre est lancée, sous couvert des Nations unies, l’opération « Restore Hope «, appuyée par plus de 20 000 soldats américains, afin de rétablir la paix et d’aider à la distribution de l’aide alimentaire en Somalie. En janvier 1993, les États-Unis signent le traité de désarmement nucléaire START II, négocié avec le président russe Boris Eltsine.

Bénéficiant de l’amorce d’une reprise économique (1993), Bill Clinton concentre ses efforts sur la politique intérieure. Il entend mettre les questions sociales au cœur de sa politique, notamment celles de l’éducation et de la santé. Son épouse, Hillary Clinton, est désignée pour diriger une commission chargée de préparer d’urgence une réforme de la sécurité sociale. Il prend également des mesures pour lutter contre la criminalité et pour réduire le déficit budgétaire. Il abroge les ordonnances restreignant le droit à l’avortement et cherche à mettre fin à la discrimination des homosexuels dans l’armée.

Parallèlement, il défend avec succès la libéralisation des échanges commerciaux au sein des négociations du GATT puis de l’OMC. Clinton réussit à convaincre le Congrès de ratifier l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), supprimant les droits de douane entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. L’Alena entre officiellement en application le 1er janvier 1994.

En politique étrangère, Bill Clinton maintient le soutien américain au président russe Boris Eltsine et poursuit la politique de réduction des armements, inaugurée par ses prédécesseurs (accord de dénucléarisation de l’Ukraine, 1994). En septembre 1993, à la Maison-Blanche, il préside la signature d’un accord de paix historique, l’accord de Washington, entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en présence du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et du président de l’OLP Yasser Arafat. Clinton refuse toute intervention militaire américaine en ex-Yougoslavie, mais joue un rôle actif dans la recherche d’un règlement pacifique et politique du conflit yougoslave. Le plan de paix américain est finalement accepté par les belligérants au terme d’une longue négociation, dont la phase finale se déroule aux États-Unis. Face à un Congrès et à un électorat peu enclins aux engagements internationaux, l’administration Clinton achève le retrait des troupes américaines en Somalie, le 25 mars 1994.

L’année 1996 ponctue six années consécutives de croissance, avec un chômage en baisse, une réduction du déficit budgétaire et la création de millions d’emplois. Mais les problèmes de sécurité restent très sensibles. Ainsi, le 25 juin 1996, un attentat contre une base militaire américaine en Arabie saoudite fait 19 morts. Un nouvel attentat est perpétré le 27 juillet à Atlanta, durant les jeux Olympiques.

6.14.2 Le second mandat de Clinton
6.14.2.1 La menace de l’impeachment

Réélu en novembre 1996, Bill Clinton devient le premier démocrate depuis Franklin D. Roosevelt à obtenir un second mandat présidentiel.

L’affaire Paula Jones — du nom de la jeune femme accusant le président américain de harcèlement sexuel —, puis l’affaire Monica Lewinsky défrayent durablement la chronique : accusé en 1998 par le procureur Kenneth Starr de subornation de témoins et d’obstruction à la justice après son témoignage déposé sous serment, dans le cadre de l’affaire Paula Jones, sur les relations sexuelles qu’il aurait eues avec une stagiaire de la Maison-Blanche, Monica Lewinsky, Bill Clinton est poursuivi devant le Congrès américain. Sur la base du rapport Starr, la Chambre des représentants vote l’ouverture d’une enquête pouvant aboutir à la destitution (impeachment) du président. Les résultats des élections législatives de novembre 1998, bien que traduisant le soutien de l’opinion publique à un président bénéficiant de bons résultats économiques, n’empêchent pas le vote de sa mise en accusation par la Chambre en décembre, et la transmission du dossier au Sénat pour confirmation. Ouvert le 14 janvier 1999, le procès s’achève le 12 février par l’acquittement de Bill Clinton qui conserve une grande popularité au sein de la population américaine.

6.14.2.2 Un climat économique particulièrement favorable

Le second mandat de Bill Clinton est marqué par une économie américaine revigorée et à nouveau conquérante : forte croissance, réduction sensible puis annulation du déficit budgétaire, taux de chômage et d’inflation très faibles et fusions de « géants « dans différents secteurs d’activité — industries automobile et pétrolière, télécommunications —, soit autant d’indicateurs et de signes positifs marquant le retour des États-Unis en tant que « superpuissance « économique.

Le secteur informatique et la nouvelle économie (articulée pour l’essentiel autour de l’Internet et des nouvelles technologies) sont toutefois contraints d’affronter de graves crises susceptibles de remettre en cause leur rôle prépondérant au sein de l’économie du pays : les sociétés Intel et Microsoft sont ainsi conduites devant la justice par la Commission fédérale du Commerce américaine pour comportement monopolistique, tandis que les valeurs boursières du NASDAQ (voir Bourse des valeurs) subissent au début de l’année 2000 une baisse sans précédent, annihilant une hausse spectaculaire quelques mois auparavant. Après leurs succès à l’OMC, en avril 1999, dans le conflit de la banane qui les oppose à l’Union européenne, les États-Unis comptent également remporter la « bataille « du bœuf aux hormones et obtenir gain de cause sur la question des organismes génétiquement modifiés (OGM). Au final, les huit années de la présidence Clinton correspondent à la plus longue période d’expansion économique de l’histoire américaine.

6.14.2.3 Les États-Unis, « gendarmes « du monde ?

La politique extérieure des États-Unis entre 1996 et 2000 est marquée par un retour en force de la diplomatie américaine sur la scène internationale : Kosovo, Union européenne, OTAN, Afrique, Chine, Proche et Moyen-Orient, Iran, Irak, Afghanistan, Corée du Nord, Panamá, Cuba et essais nucléaires sont autant de dossiers sur lesquels la première puissance mondiale se montre très présente.

En juillet 1999, des sanctions financières et commerciales sont prises contre l’Afghanistan et le régime des talibans et, après la mise en application par l’Union européenne de l’embargo sur la viande en provenance des États-Unis et du Canada, l’OMC valide le principe d’une « riposte « consistant à taxer les produits européens d’un droit de douane de 100 %. Les Américains affichent également clairement leur volonté d’élargissement de l’OTAN aux pays d’Europe de l’Est et présentent, par l’intermédiaire de Bill Clinton lors de son voyage dans plusieurs pays africains en février et mars 1998, leur projet d’un nouveau partenariat avec l’Afrique.

En outre, les États-Unis continuent à affirmer leur politique de lutte contre le terrorisme international. En riposte à deux attentats à la bombe qui frappent, en août 1998, les ambassades américaines de Nairobi (au Kenya) et de Dar es-Salaam (en Tanzanie), les Américains lancent des frappes aériennes contre des sites supposés « terroristes « au Soudan et en Afghanistan.

Face à un Congrès majoritairement et inconditionnellement favorable aux positions du gouvernement israélien, l’administration américaine reste dans un premier temps impuissante à relancer le processus de paix israélo-palestinien, bloqué depuis l’accession au pouvoir de Benyamin Netanyahou. Le président Clinton organise toutefois un sommet avec le Premier ministre israélien et Yasser Arafat, et parvient à faire signer aux deux protagonistes un mémorandum pour relancer le processus de paix (Wye Plantation, octobre 1998). En l’an 2000, ils échouent en revanche à relancer les négociations entre la Syrie et Israël.

Le président Clinton adopte une attitude très ferme lors de la crise avec l’Irak (fin 1997-début 1998), dont les dirigeants décident de renvoyer les inspecteurs de l’ONU chargés de surveiller le désarmement irakien après la guerre du Golfe. En décembre 1998, l’administration américaine s’engage avec le Royaume-Uni contre l’Irak dans le but de forcer Saddam Hussein à accepter le contrôle du désarmement par l’Unscom, la commission spéciale des Nations-Unies (opération « Renard du désert «). Les relations avec l’Iran s’assouplissent mais la participation iranienne à des actes de terrorisme international est à nouveau dénoncée par l’administration américaine.

La première puissance mondiale ne peut, en outre, empêcher l’Inde de procéder à des essais nucléaires souterrains qui créent des tensions dans la région, notamment avec le Pakistan et la Chine, deux pays particulièrement influents en matière de politique de sécurité menée par les États-Unis en Asie. En visite officielle en Chine (juin 1998), Bill Clinton s’adresse librement aux Chinois, critiquant la répression des manifestations de Tian’anmen, plaidant pour le respect des droits de l’homme et préconisant une ouverture démocratique. Parallèlement, il y réaffirme que Taïwan n’a pas de vocation à l’indépendance. En novembre 1999, les deux pays concluent, après treize années de pourparlers, un accord sur l’adhésion de la Chine à l’OMC.

Le 24 mars 1999, les États-Unis s’engagent en Yougoslavie, aux côtés de 13 des 19 membres de l’OTAN (opération « Force alliée «), après que Slobodan Milošević a refusé le plan de paix sur le Kosovo, élaboré au sommet de Rambouillet en début d’année. Après l’accord signé avec Milošević prévoyant le retrait des forces serbes du Kosovo, les États-Unis se voient confier l’un des cinq secteurs d’occupation de la province.

6.15 Les présidences de George W. Bush
6.15.1 Le premier mandat de George W. Bush
6.15.1.1 Le feuilleton judiciaire de l’élection présidentielle

Le 7 novembre 2000, l’élection présidentielle opposant le républicain George W. Bush au démocrate Al Gore donne lieu à un véritable feuilleton judiciaire aboutissant à un nouveau décompte manuel des voix en Floride, à une bataille d’avocats devant les tribunaux, puis à la saisie de la Cour suprême par les républicains. Après cinq semaines de rebondissements, celle-ci tranche le 12 décembre. En refusant le décompte manuel des 450 000 bulletins litigieux de Floride, — ordonné par la Cour suprême de Floride — cinq juges contre quatre désignent de facto George W. Bush nouveau président des États-Unis. Arguant que le temps manque pour une telle procédure, ils préfèrent éviter une crise institutionnelle, quitte à prendre une décision éventuellement injuste. Du fait du système des grands électeurs, George W. Bush devient le 43e président des États-Unis sans avoir recueilli la majorité des suffrages populaires, cas de figure qui ne s’était pas produit depuis l’élection de Benjamin Harrison en 1888.

L’élection du républicain George W. Bush, fils de George Bush (qui a été président de 1989 à 1993), intervient à un moment où l’économie américaine connaît un fort ralentissement. Pour y faire face, Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), procède à une baisse des taux d’intérêt, tandis que George W. Bush s’engage en faveur de la création d’une Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) et refuse d’appliquer le protocole de Kyoto (1997) sur la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, jugeant les mesures prévues trop coûteuses pour l’industrie américaine.

Sur le plan intérieur, le nouveau président donne des gages aux franges les plus conservatrices de la société américaine en annonçant l’arrêt des subventions au planning familial ou la reprise du programme de bouclier antimissile.

6.15.1.2 L’onde de choc du 11 septembre 2001

Le 11 septembre 2001, le World Trade Center (symbole de la puissance économique et financière du pays et fleuron architectural de New York) et le Pentagone (centre névralgique de la défense américaine situé à Washington) sont victimes d’un attentat sans précédent dans l’histoire du terrorisme mondial. Percutées par des avions civils détournés, les célèbres tours jumelles de la métropole new-yorkaise sont totalement détruites et l’aile ouest du Pentagone gravement endommagée. Le bilan s’élève à 2 985 morts. Le traumatisme est immense dans un pays qui découvre sa vulnérabilité.

George W. Bush, qui considère ces attentats comme un acte de guerre, appelle à la mise en place d’une coalition internationale contre le terrorisme. La riposte (opération « Liberté immuable «) commence le 7 octobre 2001 avec les premières frappes américano-britanniques sur l’Afghanistan où les talibans protègeraient Oussama Ben Laden, accusé d’être à l’origine des attentats. Les bombardements visent à s’assurer la maîtrise du ciel afghan, à détruire les installations du réseau de Ben Laden et à permettre la progression de l’Alliance du Nord en pilonnant les positions des talibans sur les lignes de front. Dans le même temps, les États-Unis doivent faire face à la maladie du charbon qui contamine une quinzaine de personnes en un mois et en tue cinq ; des courriers contaminés sont reçus par les plus hautes instances de l’État et par plusieurs journaux et chaînes de télévision. La psychose grandit dans la population tandis que l’enquête piétine et qu’aucune hypothèse n’est écartée. L’administration Bush crée un nouveau ministère de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security) et fait adopter une loi anti-terroriste, appelée Patriot Act. Sur le plan économique, la récession devient effective : le taux de chômage monte à 5,4 %, son chiffre le plus élevé depuis 1996.

6.15.1.3 Le concept de « guerre préventive « et la crise irakienne

En décembre 2001, George W. Bush annonce le retrait des États-Unis du traité ABM. Signé en 1972 par Richard Nixon et Leonid Brejnev, ce traité limite les systèmes antimissiles, or, depuis plusieurs mois, George W. Bush a confirmé son intention de relancer le projet de bouclier antimissile américain. Les attentats du 11 septembre ont renforcé sa certitude selon laquelle le système de défense issu de la guerre froide est inadapté au monde actuel. Aux stratégies de dissuasion et de containment (« endiguement «), qui ont prévalu dans les relations internationales au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le président américain entend substituer le concept de guerre préventive (promu par son secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld) afin de se prémunir de toute menace.

En janvier 2002, lors de son discours sur l’état de l’Union, George W. Bush désigne l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord comme un « axe du mal, armé pour menacer la paix du monde «. S’attaquant d’abord à l’Irakien Saddam Hussein, qu’il accuse de parrainer le terrorisme et de posséder des armes de destruction massive, les États-Unis obtiennent du Conseil de sécurité de l’ONU le vote d’une résolution ordonnant à Saddam Hussein de détruire tous ses programmes d’armes de destruction massive sous peine d’un recours à la force (résolution 1441 du 8 novembre 2002). En dépit de l’acceptation par l’Irak du retour sans conditions des experts en désarmement de l’ONU, et de sa collaboration, certes tardive, à leur mission, les États-Unis persistent dans leur volonté de mener une guerre contre l’Irak afin de renverser le régime de Saddam Hussein, et ce même sans l’aval de l’ONU. Soutenus par le Royaume-Uni et l’Espagne, les États-Unis sont cependant confrontés à l’opposition de nombreux pays (dont la France, l’Allemagne, la Russie et la Chine), qui préconisent au contraire, à l’instar de l’opinion publique internationale, la poursuite et le renforcement des inspections pour mettre fin à la crise irakienne. Face à un Conseil de sécurité majoritairement opposé à une intervention militaire en Irak, les États-Unis décident de se référer à la résolution 1441, dont le non-respect cautionne selon eux une offensive immédiate. Le 18 mars 2002, le président américain lance un ultimatum de 48 heures à Saddam Hussein pour qu’il quitte le pouvoir. À cette date, plus de 200 000 militaires américains sont stationnés à proximité de l’Irak et l’offensive américano-britannique est lancée le 20 mars. L’opération « Liberté de l’Irak « dure jusqu’à la fin du mois d’avril. Les bombardements intensifs de Bagdad sont menés parallèlement à la progression à terre des forces américano-britanniques qui, à la suite de l’effondrement rapide du régime de Saddam Hussein, s’attachent à « sécuriser « le pays. Le 1er mai, Georges W. Bush annonce la fin des « opérations de combat majeures « mais la poursuite de la « guerre contre le terrorisme «.

6.15.2 Le second mandat de G.W. Bush
6.15.2.1 La réélection de George W. Bush sur fond de guerre en Irak

Alors que les troupes de la coalition sont confrontées à une résistance armée multiforme, la restauration de la stabilité et de la sécurité en Irak s’avère plus difficile que prévue pour l’administration Bush. Plusieurs facteurs contribuent en outre à la déstabiliser : l’enlisement de la guerre en Irak, avec son coût matériel et humain ; la révélation, en mai 2004, de tortures infligés à des prisonniers irakiens par des soldats de la coalition à la prison d’Abou Ghraib ; l’absence de preuves de l’existence d’armes de destruction massives en Irak.

En outre, à l’approche de l’élection présidentielle du 2 novembre 2004, le candidat George W. Bush doit faire face à son rival démocrate, le sénateur John Kerry, un vétéran du Viêt Nam qui axe également sa campagne sur la sécurité et la politique étrangère — il prédit que, sous son mandat, l’Amérique sera « plus forte à l’intérieur « et « plus respectée à l’extérieur « —, mais aussi sur les questions économiques et sociales (limitation des baisses d’impôts, amélioration de la couverture médicale, hausse du salaire minimum), un domaine où le bilan de l’administration Bush est principalement marqué par un déficit budgétaire record et des pertes d’emploi massives. George W. Bush se pose quant à lui en chef de guerre ferme et résolu, totalement engagé dans la lutte contre le terrorisme, et il fait des questions de morale et de société ses principaux chevaux de bataille, en défendant les valeurs familiales traditionnelles et en s’opposant en particulier à l’avortement, au mariage homosexuel et à la recherche sur les cellules souches embryonnaires.

Au terme d’une campagne médiatique sans merci, avec une forte polarisation partisane sur fond de guerre en Irak, ses positions conservatrices et son rôle de leader donnent l’avantage au président sortant. George W. Bush remporte une victoire d’une ampleur inattendue (51 % des suffrages), marquée par la plus forte participation électorale depuis 1968 et appuyée par le Parti républicain qui se renforce au Congrès et à la Chambre des représentants. Condoleeza Rice, nommée secrétaire d’État, devient la première femme noire à diriger la diplomatie américaine.

La première moitié du second mandat de George W. Bush est globalement marquée par une série d’échecs. Sur le front intérieur, il ne parvient pas à faire adopter son projet de réforme de la sécurité sociale ; il est également très critiqué pour sa gestion de la crise lors de l’ouragan Katrina (août 2005), qui laisse sans toit des dizaines de milliers d’habitants de La Nouvelle-Orléans, pauvres et Noirs américains pour la plupart. L’enlisement de la guerre en Irak — avec 140 000 militaires américains stationnés sur le territoire irakien et plus de 2 800 soldats tués entre le début de l’offensive en mars 2003 et octobre 2006, et un coût s’élevant à 320 milliards de dollars — contribue aussi considérablement à alimenter un fort rejet de la population à l’égard de l’administration Bush. Celui-ci explique en grande partie la victoire des démocrates au Congrès lors des élections générales de novembre 2006, entraînant le premier changement de majorité depuis 1994.

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